Nintendo Switch

Mosaic

Test Switch

Mosaic

Par Guyoon - Le 25/01/2020 à 19:00

À travers leur nouveau jeu, le studio Krillbite tente de nous faire comprendre que l'homme est un fragment de pierre dans la mosaïque de la société. Sans surprise, l'assemblage est réussi, mais à quel prix ?

Une direction artistique en low poly qui fait mouche !

Avec ses personnages élancés et polygonaux, Mosaic a un certain charme. Mais malgré ses graphismes sans textures, le jeu a la mauvaise habitude de toussoter par momentS. Ces freezes et ralentissements agaçants et incompréhensibles sont capables de ruiner une scène pourtant pleine de sens et de métaphore. Oui parce que Mosaic excelle à ce sujet. Sans trop vous en dévoiler, vous comprendrez que l'homme que vous incarnez à l'impression d'être dans une boÎte sur une chaine de distribution, incapable de bouger, de changer. Les objets, personnages et décors du quotidien, créés par l'homme, industrialisés, sont gris, noirs, maussades. On évolue dans une mégalopole futuriste et froide. Le contraire de la faune, de la flore et des éléments extérieurs qui bouleversent le quotidien morose de ces habitants lobotomisés par la société. Ainsi, les couleurs apparaissent comme un guide pour s'échapper de la routine quotidienne. Notre personnage, à la mine constamment triste et fatiguée, sera sujet à plusieurs hallucinations plus ou moins agréables. Certaines sont surprenantes et la mise en scène est assez bien amenée pour appuyer le propos même si quelques soucis de caméra sont à noter.

Tout ceci a donc un sens, malheureusement le joueur doit subir tout ça. La lenteur du personnage et la répétitivité des journées sont des choses volontaires mais contraires au plaisir ludique qu'on peut ressentir en jouant à un jeu vidéo. Cependant, on comprend que si notre avatar trottinait, cela casserait l'ambiance déprimante du jeu. Ce n'est pas Mosaic qui vous sortira de votre quotidien, au contraire ! La maxime Métro Boulot Dodo est utilisée jusqu'à épuisement, jusqu'à étouffement. Chaque jour, il faudra lever son personnage, obligatoirement lui brosser les dents et arpenter ce long chemin jusque dehors. Là, des centaines de personnes toutes vêtues de noir vont au travail, robotiquement. Vous suivez la foule, attendez le métro et arrivez au travail. Dans ce gigantesque Open Space, des centaines de travailleurs sont collés à leur écran d'ordinateur dans leur box grisâtre. Vous êtes le seul habillé d'une chemise blanche et on devine que vous êtes l'élu, tel un Néo de Matrix, qui va sauver l'humanité de cette boucle sans fin. Après quelques jours, on nous épargne le trajet en ville avec une mise en scène sympathique.

Un peu de gameplay mais pas trop

Un mini-jeu de casse-tête représente le travail. Le côté monotone et monochrome y est bien présent. Il s'agit de construire des bases d'extraction pour que tout un tas de petits points atteignent le jalon positionné en haut de l'écran. Le jalon dit constamment « PLUS !, PLUS ! » pour nous forcer à monter plus vite, à produire plus vite. Une tache colorée, en contraste avec le reste, représente l'ennemi. On nous ordonne de « Réprimer l'insubordination ». Un terme autoritaire et bien ancré dans un monde du travail froid où seul le rendement compte. Guerre passionnante, on attend qu'une chose de ces phases, qu'elles finissent pour que l'histoire continue à se dérouler. A savoir que ce mini-jeu est jouable au tactile tout comme le déplacement de votre avatar et l'utilisation de son smartphone. Agréable.

Mosaic est un Walking Simulator, l'histoire est plus importante que le gameplay. Un bouton contextuel, assigné à la touche A, vous permet des choses bateaux comme ouvrir une lumière ou se brosser les dents. Cette partie réaliste et volontairement chiante ressemble à Heavy Rain. L'autre bouton de la manette sollicité est le Y qui permet de zieuter votre portable. Les messages que vous recevez montrent que vous avez peu d'amis et que vous ne vous en souciez pas. Votre patron vous harcèle par SMS avec ses remarques. Il vous demande d'accélérer la cadence de marche pour arriver au travail ou soustrait de l'argent de votre salaire en cas de retard. Une partie application est disponible. Vous téléchargerez BlipBlop, le jeu mobile populaire dans lequel il faut faire des Blip pour avoir des Blop. C'est une satire du système de rétention, d'attraction des jeux mobiles avec ses multiplicateurs de points, ses bonus qui n'en sont pas et ses niveaux avec des étoiles. Plus tard, vous pourrez accéder à une application de rencontre similaire à Tinder où vous choisirez ou non une compagne. Personnellement, je n'ai jamais réussi à trouver quelqu'un.

Court mais qui fait réfléchir

Un jour que vous vous lavez les dents, un poisson apparaît dans votre lavabo. Il s'agit de votre conscience qui va alors vous faire ouvrir les yeux, peu à peu, sur le rouage infernal dans lequel vous êtes enfermé. En allant au travail, il arrive que notre personnage aime une chose peu ordinaire. Une pelote de laine colorée apparaît alors au-dessus de sa tête et si on valide, un flux de couleur englobera son corps. On sent que ce petit moment a été une bulle d'air dans cet océan de monotonie ! Je ne vous conterais pas toute l'histoire afin de découvrir par vous même cette chouette fin. De toute façon, vous en verrez rapidement le bout puisque la durée de vie s'élève à 4 heures, dans la moyenne pour un Walking Simulator. Heureusement qu'on ne peut pas courir, le jeu serait encore plus court. En tout cas, Mosaic a cette qualité de nous faire réfléchir sur notre propre utilité dans la société. Toutes ces métaphores peuvent nous toucher, surtout si nous travaillons et nous levons chaque jour pour effectuer chaque jour la même chose, la même routine.

 

5
Mosaic est un jeu intelligent, peut-être trop. En voulant faire ressentir la monotonie du quotidien, l'oppression hiérarchique du travail et la futilité de cette société vouée a 2 choses : produire et consommer, le joueur peut finir par s'ennuyer. Les balades du personnage, terriblement lente, sont pourtant bien mises en scène mais elles sont freinées par une caméra pas toujours optimale et des chutes de framerate et freeze incompréhensibles. Si vous passez outre ces défauts, vous passerez un court et bon moment grâce à sa DA maitrisée et à sa bande-son envoutante.

  • Superbe direction artistique
  • Bande son de qualitée
  • Le propos qui dénonce
  • Lent
  • Chutes de framerate et freeze
  • Caméra folle parfois
  • Court

Guyoon

Cartoon-Master, la rubrique bi-mensuelle de NM à ne pas rater
Pas d'images pour ce test.