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Mortal Shell: Complete Edition

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Mortal Shell: Complete Edition

Par Kosmo56 - Le 02/01/2023 à 12:13

Dark Souls ! Depuis 2011, ce nom provoque chez les joueurs des tremblements convulsifs causés par la peur et le stress post-traumatique. Non, pas vraiment, mais il est indiscutable que la série de From Software a marqué l'industrie, remis au goût du jour la difficulté dans les jeux, et a popularisé une narration immersive et minimaliste. De nombreux prétendants se prétendent Souls-like, mais peu arrivent à la cheville de l'original. Qu'en est-il de Mortal Shell et de son portage sur Switch ? Celui-ci est-il bon à enterrer ou saura-t-il se démarquer ?

Vous êtes mort. Enfin, non, c'est plus compliqué que ça.

Mortal Shell commence, comme de coutume pour les Souls-like, de manière bien mystérieuse. Vous êtes un esprit sans visage, émergeant d'une mer brumeuse dans une contrée toute aussi nuageuse. Titubant dans des ruines, un esprit vous attaque, puis un autre. Vous vous défendez à l'aide d'une épée longue glanée sur le chemin, mais en vain. Un esprit triomphe, et vous êtes avalé par un poisson de la mer de brume avant d'être rejeté dans une grotte souterraine. Après vous en être extrait, un cadavre vous accueille... littéralement. D’instinct, vous prenez possession du macchabé, et par la même adoptez ses caractéristiques. Peu à peu, vous devrez retrouvez des bribes de ses souvenirs afin de rendre votre enveloppe plus efficace en combat. En parcourant Fallgrim, une terre inhospitalière et mystérieuse, pourrez-vous comprendre toute l'étendue de votre quête, ou bien même la raison de votre existence ? Ce qui est certain, c'est que vous êtes observé par des puissances supérieures.

Oui, Mortal Shell ne cherche pas à cacher son inspiration : un monde au bord de l'extinction où la violence règne, des décors sombres et froids, une narration obscure à rassembler grâce à des descriptions d'objets et un gameplay lent et délibéré où la mort vous côtoie à tout moment. Il y a de quoi avoir des flashbacks. Mais est-ce que Mortal Shell aurait tout copié sur son illustre voisin ? Et bien non. En son cœur, le jeu adopte la formule de Dark Souls, bien entendu, mais se pare de bien assez d'idées neuves pour valoir ne serait-ce qu'un coup d’œil. Vous commencerez à l'orée de Fallgrim, une zone de forêt et de marécages peu avenante, qui vous sert de point central. De là, vous pouvez voyager vers une des quelques autres zones, comme des catacombes, une ancienne tour magique, ou un temple abandonné, chacun servant de « niveau » et recelant un boss. Une fois ces zones terminées, vous l'aurez deviné, vous aurez accès à la fin du jeu. A vous donc, de faire preuve de ténacité et d'apprendre à naviguer dans les niveaux tortueux et remplis d'ennemis et de pièges, le tout avec très peu de checkpoints. Non, pas de feux de camp pour vous, mon cher.



Alors comment fait-on pour avancer ? Devra-t-on farmer l'expérience et monter en niveau ? Non. De manière étonnante, même si Mortal Shell propose des améliorations de personnage en échange de Goudron (les Âmes de ce jeu) et de Lueurs (une autre ressources à collectionner), presque aucune n'est un boost de statistiques, et chaque amélioration ne peut être prise qu'une seule fois. Votre marge de progression est donc extrêmement limitée. De même, votre arme peut-être améliorée un certain nombre de fois seulement. Vous devrez donc maîtriser le jeu afin d'avancer, et non pas compter sur les chiffres cachés dans le code. Un choix qui peut paraître déroutant, mais qui rend également accessible tout le contenu dans l'ordre de votre choix sans vous prendre par surprise, et rend tous les combats importants. Votre habileté sera récompensée, ce qui est un des piliers des « Souls. » Mais il y a aussi d'autres surprises.

En fait ça devrait s'appeler « Mortal ShellS »

Mortal Shell possède deux mécaniques de gameplay le rendant vraiment unique. La première est que le corps que vous possédez au début ne sera pas le seul. Guidé par des visions, si vous trouvez la crypte, vous pourrez trouver d'autres corps à habiter, quatre en tout, chacun avec ses propres particularités. De plus, si votre barre de vie venait à se vider, vous avez une deuxième chance de réintégrer votre enveloppe charnelle si vous y arrivez sans vous faire toucher. Les différents corps à habiter se démarquent par des statistiques différentes, avec un érudit robuste, mais lent, un acolyte rapide à l'esquive incroyable et à l'endurance peu commune, ou un chevalier moyen partout. Chacun peut-être amélioré séparément, vous donnant au fur et à mesure leur point de vue de l'histoire, mais débloquant également des pouvoirs spéciaux leur étant propre, comme l'usage de poison, le fait de régénérer votre endurance, ou de rendre vos contres encore plus mortels. Vous n'avez pas besoin de tous les jouer mais plutôt de trouver celui qui vous plaît et de le maîtriser pleinement. D'ailleurs, les objets que vous trouverez seront également à maîtriser, une idée sympathique vous demandant d'utiliser plusieurs fois les objets afin de débloquer leur plein potentiel. Même les objets semblant dangereux peuvent devenir utiles si vous prenez le temps d'y penser.

Il en va de même pour les armes. Au nombre incroyable de quatre, elles seront débloquées après un duel contre leur porteur, et offrent chacune leur propre façon de jouer, et leur progression, offrant des dégâts élémentaires, par exemple. Ainsi, en cherchant un peu, vous trouverez vite votre combo favori, et vous pourrez commencer à débiter du bandit en rondelles. Le système de combat n'a rien d'exceptionnel, vous permettant d’enchaîner les attaques faibles, de placer une attaque lourde ou sautée, ou de contrer un coup, et même de riposter en volant de la vie si votre jauge de détermination est assez haute. Classique mais efficace, et c'est d'ailleurs en combattant que vous rencontrerez la deuxième mécanique unique du jeu.

Vous avez le pouvoir de vous changer en pierre pour une période illimitée ou jusqu'à ce que vous ayez subi trop de dégâts, ce toutes les cinq secondes, et quand vous voulez, avant de reprendre l’animation en cours. Cela pourrait sembler inutile, ou anecdotique, mais change en fait totalement la dynamique du combat. Vous voulez retarder votre coup ? On se change en pierre. Vous avez mal jaugé quelque chose et vous allez vous faire décalquer ? Changez-vous en pierre. Pas envie d'esquiver ? La pierre, ça n'a pas mal. Cette période d'invincibilité totale et renouvelable est très simple, mais incroyablement efficace si vous savez l'utiliser pour changer le rythme des combats. Vu que vous ne pourrez jamais être bien plus fort que vos ennemis, cet outil vous donne l'opportunité de véritablement maîtriser les combats. Et une fois les combats dans la poche, Mortal Shell ne vous résistera pas bien longtemps.

Complet, ça ne veut pas dire long

Mortal Shell est donc un « Souls-like » sympathique proposant de nouvelles idées, mais il n'est pas sans défauts. Pour commencer, le gameplay est lent, très lent. Plus lent que celui de Dark Souls 2. Vous aurez constamment l'impression d'avancer dans de la mélasse, et même l'arme la plus rapide se révèle être lente, et ne vous donne pas l'opportunité de jouer avec vos réflexes. On s'y fait, mais cette lenteur peut devenir un véritable souci si vous cherchez à contourner des adversaires, dont les coups seront guidés vers vous de manière peu réaliste, par exemple. D'ailleurs, l'IA des ennemis est très simpliste et exploitable, et certains ont même quelques bugs d'animation. Le manque de progression par leveling n'aidera pas non plus une impression de stagnation présente dans tout le jeu. En plus, celui-ci est vraiment très court. Une fois le système de combat en main, comptez moins de 10 heures pour en voir le bout, et peut-être 3 de plus pour terminer tout le contenu. Cette version complète apporte un mode « rogue-like » étrange et très peu à sa place dans un jeu où mourir est si aisé, mais il pourrait servir de distraction quelques heures de plus. Il a au moins le mérite d'être vite disponible, et de vous permettre d'essayer toutes les armes et enveloppes à loisir.

La Switch ne rend également pas justice à Mortal Shell. Le jeu n'est pas très inspiré visuellement, avec ses zones sombres et ses designs peu novateurs, mais sur Switch, vous y jouerez comme si vous aviez enlevé vos lunettes : tout est flou, la résolution d'image est mauvaise, et la framerate se casse la figure régulièrement, tournant plus souvent à 20 que à 30 FPS. Les musiques sont oubliables, pour le peu que vous entendrez, et le sound design n'a rien d'exceptionnel. Cette version complète vous propose une bande-son alternative par le groupe Rotting Christ, mais celle-ci pourrait ne pas vous plaire, ou sembler hors de propos. Ce fut mon cas. Difficile dans ces conditions de ne pas penser que Mortal Shell est un clone sans-âme de la série des Souls, alors qu'il n'en est rien : les bonnes idées sont simplement dans le gameplay. Si la Switch est la seule plate-forme sur laquelle le jeu vous est accessible, il reste jouable, mais flou et lent. Les textes sont aussi très petits, et peuvent être difficiles à déchiffrer en mode portable, même sur une Switch OLED. En clair, une présentation qui laisse à désirer.

6
Si vous ne jurez que par les « Souls-like », ou la série mère elle-même, Mortal Shell pourrait très bien vous intéresser, et ses idées novatrices vous pousser à le terminer. Pour les autres, c'est un jeu lent, demandant de vous de la perfection ou presque, et ne vous donnant que peu de moyens afin d'y arriver. Pas de retour triomphal à la première zone, vous subirez toujours autant les ennemis. En plus, les problèmes techniques sont très évidents. Au moins, le jeu est court, mais est-ce un défaut ou une qualité ? A réserver donc, aux curieux, et aux acharnés.

  • Des idées novatrices et efficaces
  • Gameplay solide
  • Exigeant sans être trop difficile
  • Une résolution aux fraises
  • Que c'est lent
  • Durée de vie un peu faiblarde