Avis aux fans de palmipèdes, le studio berlinois Happy Broccolis Games va vous gâter en ce mois de mai 2024 avec Duck Detective : the Secret salami, un titre entièrement en anglais qui nous plonge dans un « whodunit » grandeur nature où la traque d’un voleur de déjeuner pourrait bien prendre une tout autre tournure.
Starduck Crusaders
Tout part en vrille dans la vie du détective Eugene MacQuacklin : sa femme l’a quitté et il est fauché comme les blés. Se réfugiant dans le pain de mie pour oublier sa peine, notre héros reçoit bientôt une lettre anonyme l’invitant à se rendre dans une entreprise où sévit un criminel des plus originaux. Le voilà donc parti chez Bearbus, une compagnie dont les excentriques employés sont victimes d’un odieux voleur de déjeuner connu sous le nom de « Bandit salami ». Qui se cache réellement sous ce curieux sobriquet ? Et quelles sont ses véritables motivations ?
On l’aura bien compris dès le synopsis : Duck Detective est jusqu’au bout des palmes une gigantesque parodie de polars où s’entremêlent intrigues absurdes, suspects à côté de la plaque, retournement de situation ubuesques et dialogues savoureusement drôles. Le tout sublimé par un doublage de grande qualité porté par des acteurs de voix habités par leurs rôles. Du long des quelque trois heures composant l’aventure, impossible de s’ennuyer une seule seconde dans ce scénario qui ne se prend jamais totalement au sérieux, mais qui sait offrir un divertissement des plus agréables. Et à dire vrai, c’est précisément pour cette ambiance complètement décalée et ces échanges déjantés que l’on se prendra totalement au délire, et pas tellement pour le reste.
Un canard dans la ville
Coincé avec sept employés tous plus suspects les uns que les autres, notre héros devra user de la panoplie classique du détective en herbe pour parvenir à démasquer le coupable. Au joueur de déplacer son personnage dans les différentes pièces de la compagnie de bus pour inspecter les éléments du décor et dialoguer avec les personnages présents. Le tout, afin de débloquer des « mots-clés » utilisables ensuite pour compléter les blancs dans les phrases et faire avancer les déduc(k)tions d’Eugene.
Autant le dire d’emblée : ce n’est pas son gameplay et sa façon de voir le métier de détective qui donne son intérêt au titre. Car si les solutions aux mystères sont bien orchestrées, le chemin pour y parvenir, lui, est déjà plus laborieux. Entendons-nous : la simplicité, voire le simplisme du gameplay ne choque pas particulièrement vu la durée de vie très restreinte du titre, et en ce qu’il permet de se concentrer davantage sur l’histoire. Encore faut-il comprendre comment obtenir ces conclusions sans passer par le concours quasi exclusif du hasard. Car il n’es pas rare de buter sur des phrases à compléter tant il est difficile d’user de logique dans ce bric-à-broc d’indices distribués aléatoirement et dont l’usage futur n’est que rarement perceptible, au point qu’on les oublie aussi vite qu’on les reçoit. La possibilité d'interroger les suspects sur certains d'entre eux est d'ailleurs plus présent pour la blague qu'autre chose car personne n'aura jamais rien à vous apprendre à leur sujet.
Côté rythme, difficile de ne pas saluer l’efficacité d’un titre qui nous amène jusqu’à sa conclusion sans réel temps mort, notamment par l’incorporation de « sous-enquêtes » dans l’enquête qui font repartir l’intérêt régulièrement. Revers de la médaille : les révélations s’enchainent à grande vitesse, au détriment de la cohérence, surtout vers la fin du jeu où l’on passe du coq à l’âne sans toujours bien comprendre comment on en est arrivé là.
Ça casse bien trois pattes à un canard
Rappelant Paper Mario avec ses personnages représentés sous la forme de pions en papier, Duck Detective retranscrit un univers coloré et tout en rondeur, en décalage total avec ses protagonistes aux personnalités loufoques. Stressé, désabusé, fomenteur de complots ou benêt assumé, chacun de ces suspects potentiels est attachant à sa manière et on prend un réel plaisir à découvrir ces facettes extrêmes de leurs personnalités. Côté ambiance, rien d’extravagant puisque le jeu restera ici très classique avec une ambiance sonore discrète et un environnement de travail conforme à ce que l’on attendrait d’une compagnie de bus au bord du burn-out.