Drizllepath: Deja Vu est une réécriture du premier jeu de Tonguç Bodur, un développeur spécialisé dans les walking simulator à dimension philosophique. Ce dixième jeu vient boucler la boucle en proposant sa première œuvre dans une toute nouvelle plastique avec quelques suppléments. Le jeu est-il à la hauteur de ses ambitions visuelles, de sa volonté de nous faire voyager et de proposer une expérience aussi relaxante qu'enrichissante ? C'est ce que nous allons tenter de découvrir en quelques lignes.
Une invitation au voyage
DrizzlePath: Deja Vu est un walking simulator des plus conventionnel dans son approche, vous incarnerez un être en vue FPS qui marche et ne fait que marcher. Votre objectif sera donc de marcher du début du jeu jusqu'à la résolution du jeu, la fin de la balade prévue. Vous ne pourrez ni interagir avec le décor, ni faire une quelconque autre action que choisir le rythme de votre balade en marchant, en courant ou bien encore en vous arrêtant pour profiter du paysage ou des quelques petits instants de narrations que le jeu saupoudrera au fur et à mesure de votre marche. Ces quelques tirades philosophiques, bien que très cryptique et métaphorique (avis aux amateurs de philosophie prise de tête pour un propos plutôt creux), permettent néanmoins de rythmer l'aventure et de lui donner un semblant de sens. La musique du jeu sera elle aussi votre allié lors de la petite heure de jeu qui attendra ceux qui désireront se lancer à cœurs ouverts dans la balade, la bande-son est l'un des plus gros points forts du jeu, plus qu'efficace celle-ci est mémorable et contribuera fortement à l'immersion que l'aventure permet à certains moments.
Le jeu a le bon goût de ne pas s'étirer inlassablement tel "du beurre étalé sur une trop longue tartine", pour reprendre le grand sage Bilbo, celui-ci est court, il ne fallut qu'une cinquantaine de minutes pour en voir le bout, mais efficace et bien rythmé. De plus le jeu révolutionne le genre du walking simulator en ne proposant pas simplement qu'une touche pour courir mais aussi une touche pour lancer une course ou une marche automatique dans une direction, c'est proprement incroyable et rend l'expérience bien moins pénible que certains autres jeux de ce genre. Le jeu est atmosphérique visuellement et auditivement, les paysages convoqués à la fois par ses étendus d'environnements qui se renouvellent assez bien et par son ambiance sonore et musicale excellente font de Drizzlepath: Deja Vu une ode aux balades qui vous font penser à tout et à rien.
Escapade au pays des limitations techniques
Nous l'avons dit plus haut, l'histoire de Drizzlepath n'est ni mémorable ni extrêmement compréhensible d'ailleurs. Les quelques textes déclamés par la voix off en anglais sous-titré (le jeu ne propose aucun doublage traduit) le sont avec passion mais c'est plutôt sur le pant littéraire que le bât blesse. Sans être mal écrit, le jeu ne donne pas envie de s'intéresser à son histoire, vous marchez, vous vous baladez et cela suffit probablement. À notre sens les phases de narrations ne permettaient que de relancer le rythme du jeu entre deux environnements et de signifier que nous progressions effectivement dans la bonne direction, celle de la résolution du jeu, celle de la fin de la balade.
Cependant l'aspect littéraire est loin d'être le plus gros point noir du jeu, ce qui pêche le plus c'est sa technique. Le jeu est plutôt laid et souffre de grosses lacunes techniques, si la balade est belle artistiquement, attendez-vous à voir du clipping, de l'aliasing et des textures baveuses. Clairement ce jeu n'est pas une claque visuelle ni un titre à acheter pour ses graphismes. L'immersion prend un sacré coup mais n'entrave que finalement très peu l'atmosphère globale du jeu. Le dépaysement et le sentiment de découvrir de nouveaux lieux rendent l'expérience plutôt bonne compte tenu des lacunes techniques du titre.
