Nintendo Switch

Dex

Test Switch

Dex

Par Rubix_Man - Le 04/08/2020 à 10:00

Le genre « cyberpunk » dont on considère qu’il est apparu vers les années 80, est un univers où, la plupart du temps, une vision pessimiste et crue d’un avenir plus proche que lointain, où la technologie fait loi et le transhumanisme s’est installé pleinement dans une société où les inégalités sont particulièrement prononcées. Un thème qui offre de nombreuses possibilités scénaristiques et qui semble avoir attiré l’attention de Dreadlocks LTD., les développeurs derrière le jeu d’action-plateforme-RPG Dex, dont nous vous proposons le test aujourd’hui.

Un univers sombre… en tous points

Dans ce jeu, vous incarnez Dex, une jeune femme aux cheveux bleus forcée de quitter son appartement après avoir été prévenue par une étrange personne de son arrestation (et probablement exécution) imminente. Ni une ni deux, notre personnage s’enfuit à toutes jambes et se retrouve dès lors impliquée dans une sombre affaire mélangeant politique et technologie avancée. A partir de là se suivront diverses quêtes qui viseront à révéler au grand jour les desseins des personnes ayant voulu vous éliminer, sans même que vous ne sachiez au départ pourquoi. Qu’on se le dise, si le scénario possède un certain potentiel et semble avoir été longuement travaillé, le résultat est malheureusement assez inégal. En effet, outre le fait que les thématiques développées donnent la désagréable impression d’avoir été déjà entendues dans de nombreux films, romans et même jeux-vidéo, on aurait pu espérer que la trame principale se démarquerait par la qualité de ses dialogues, la profondeur de ses personnages. Malheureusement, ce n’est pas franchement le cas. Sans être de la faute des traducteurs, les échanges entre les personnages sont assez plats, froids, clichés et maladroits.

Cette remarque est en fait valable pour l’ensemble du titre. Pour exemple, concernant l’esthétique générale, il y manque un certain degré de finition qui donne un sentiment d’inachevé, disons plutôt une rigidité constante. En clair, Dex ne brille pas par son originalité, malgré un rendu plutôt correct dans l’ensemble. Ca n’est pas laid, simplement impersonnel, et d’un point de vue pratique, peu lisible pour le joueur. Les environnements, pour la plupart vraiment sombres et insaturés, peinent à rendre les plateformes faciles à discerner. Quant aux animations des personnages, elles semblent rigides et manquent elles aussi de lisibilité, d’impact, ce qui rend les affrontements facilement ennuyeux.

Ces derniers demandent de l’attention et de l’adresse. Alternant corps à corps et armes à feu, les combats exigent une bonne lecture des mouvements de vos adversaire afin de savoir quand parer, esquiver et passer à l’offensive. Encore une fois, l’idée est bonne mais est mal exécutée : la rigidité omniprésente, tant dans l’animation des personnages que dans leurs mouvements rend les joutes lourdes et imprécises. L’amélioration des capacités de votre avatar améliore quelque peu la fluidité des combats, mais la base même est instable, ce qui fait que tous les affrontements se ressemblent, des plus petits ennemis jusqu’aux boss.

Combats et Hacking

Tout au long de votre aventure, Dex vous envoie aux quatre coins d’une ville allant de son centre-ville lumineux à ses bas-fonds où règnent de vilaines personnes mal intentionnées mais lourdement armées. Les développeurs mettent en avant l’aspect exploration de leur petit bébé, et sur ce point ils n’ont pas tort : Harbor Prime regorge de boutiques, de maisons à fouiller, d’endroits mystérieux où vous trouverez des objets essentiels ou non à vos différentes quêtes. En effet, la trame principale ne constitue pratiquement que la moitié de la totalité de ce qu’a à offrir le jeu. A chaque coin de rue se trouve une ou plusieurs personnes qui auront besoin de votre aide, en échange, bien entendu, d’une rémunération plus ou moins importante. Ces quêtes annexes n’ont pas forcément moins d’intérêt que l’aventure principale ; elles se révéleront même parfois nécessaires à votre progression car elles vous permettront d’obtenir argent et expérience afin de faciliter votre quête de vérité.

Il est par contre assez dommage d’être obligé d’en arriver là, la faute, comme précisé plus haut, à des affrontements imprécis et souvent injustes qui nécessitent donc d’aller enchaîner les quêtes annexes dans l’espoir d’avoir assez d’expérience pour pouvoir se munir d’armes et de plus de force de frappe. Vous mourrez souvent dans Dex des suites d’une difficulté mal dosée : trois ennemis pourvus de mitraillettes pourront facilement mettre votre barre de vie à genoux sans que vous n’ayez d’autre choix que de foncer dans le tas en croisant les doigts pour que vos adversaires périssent avant vous. Les développeurs ont bien dû en avoir conscience puisque la version « enhanced » disponible sur la Nintendo Switch (Dex est sorti initialement en 2015 sur Steam) tente de palier à ce problème en permettant au joueur d’effectuer de nombreuses « save states ».

Dex propose aussi une variation de gameplay plutôt intéressante, à savoir la possiblité de hacker en entrant dans le « cyberespace », sorte de matérialisation des données numériques, permettant d’obtenir des informations cruciales lors de vos quêtes. Le jeu prend alors la forme d’un twin-stick shooter où vous contrôlez un genre de vaisseau, vu en vue dessus, qui vous permet ou bien de recueillir des données, ou bien de neutraliser des radars en vous infiltrant dans leurs réseaux. Bien entendu, ces systèmes numériques sauront se défendre et enverront à vos trousses toute une gamme d’entités numériques chargées de vous barrer la route. C’est là encore que le bas blesse. L’idée est bonne, certes, mais l’exécution est toujours aussi bancale. Vos options de défense sont trop faibles comparées au nombre impressionnant d’ennemis sur votre chemin, sans compter que certains d’entre eux ont une cadence de tir bien trop élevée. Ajoutez à cela que la caméra a le bon goût de rendre invisible (mais pas inoffensif) tout ce qui se trouve à moins de trente centimètre de votre vaisseau et vous vous trouvez très rapidement et dans la plupart des cas encerclé par une horde de bidules rouges et violets drainant votre vie à toute vitesse.

Humain 2.0

Dans cet univers cyberpunk, votre personnage se retrouve rapidement à devoir passer sur le billard afin de devenir un humain 2.0, une version améliorée de vous même. En l’échange de sommes à l’importance variable, vous pourrez vous équiper de bonus vous facilitant grandement la tâche (force augmentée, régénération permanente, etc.). Enchaînez les ennemis et les quêtes et vous monterez en niveau, vous permettant ainsi d’acquérir d’autres compétences à débloquer via une sorte d’arbre de talents rangés par catégorie, comme par exemple de nouvelles attaques, plus de vie maximale, une meilleure visée ou d’autres facultés plus originales comme améliorer vos dons en matière de crochetage de serrure ou bien des possibilités de discussion plus avancées avec vos semblables.

Ce dernier aspect a son importance : suivant les questions/réponses que vous apporterez à vos différents interlocuteurs, plusieurs solutions s’offrent à vous quant à la résolution des quêtes. Vous pouvez proposer à une personne d’aller voler quelqu’un afin d’arriver à résoudre un problème urgent et choisir de le dénoncer par la suite à la personne volée. Vous pouvez aussi ne pas le faire, ce qui changera bien entendu le dénouement de votre quête. Il en va d’ailleurs de même dans votre approche, disons physique, de la résolution d’une quête. Vous pouvez opter pour l’infiltration ou l’action. Malheureusement, comme dans la plupart des jeux proposant ces deux options, c’est bien souvent l’action qui est la plus intéressante car elle présente un rapport risque/bénéfice moins inégal.


Enfin, à l’issue des quinze heures (en moyenne) passées à traverser cet obscur univers futuriste, trois fins différentes viendront clore cette aventure en fonction de vos choix effectués au cours du jeu, ce qui peut apporter une certaine rejouabilité mais Dex manque par trop de finition pour se rendre véritablement intéressant sur le long terme. Passées les quelques premières heures à découvrir les mécaniques branlantes du jeu, on se rend vite compte que Dex n’a pas grand-chose de plus à offrir. Monotone et somme tout assez classique, c’est une véritable impression de potentiel mal exploité qui nous envahit après avoir parcouru cette aventure à l’univers pourtant largement exploitable.

5.5
Dex n’est pas vraiment un mauvais jeu, loin de là. Ses qualités sont nombreuses et le potentiel est là, mais il pêche par son manque d’originalité, de personnalité et surtout son manque de finition qui rend l’aventure très imprécise et difficilement appréciable. Si toutefois vous êtes un fan de ce genre d’univers, il est probable que vous y trouviez votre bonheur, bien qu’il vous faudra sans nul doute fermer les yeux sur les nombreuses inégalités de ce titre au potentiel mal exploité.

  • Un univers cyberpunk intéressant
  • De nombreuses quêtes annexes variées
  • L'intrigue a quand même du potentiel
  • Scénario vu et revu
  • Des affrontements et des animations rigides
  • Séquences de piratage mal développées
  • Environnement peu lisible
  • Difficulté mal dosée