On dit souvent, et avec raison, que les graphismes d'un jeu ne laissent en rien présager de sa qualité. On dit aussi qu'une bonne direction artistique survivra bien plus longtemps que des graphismes vieillissants. Mais il faut bien avouer que quand un jeu possède les deux, comme Curse of the Sea Rats, avec un soin si apparent dans sa réalisation, on ne peut qu'être attiré. Alors Maître Rat ? Est-ce que votre ramage se rapporte à votre... euh... pelage ?

Une opportunité rat...re

L'histoire se passe sur les côtes d'Irlande à la fin du 16ème siècle. L'équipage d'un navire Anglais, attaqué par une sorcière, se voit transformer en rats anthropomorphiques et échoués sur une plage pendant la bataille. Le fils du capitaine est fait prisonnier par la magicienne, et le récupérer sera dangereux. Qui répondra à l'appel du devoir ? Et bien personne. Fichus Anglais... Mais quatre prisonniers de guerre, destinés à être exécutés, sont choisis pour mener à bien cette tâche dangereuse en échange de leur liberté. Et bien entendu, de leur humanité. C'est un pari risqué, mais dont l'issue pourrait dépasser toutes les attentes des condamnés. Et quand ils s'aperçoivent qu'ils ont avec eux une amulette dont le pouvoir rivalise avec celle de la sorcière Flora, les dés sont jetés, et l'aventure attend.

Ces quatre personnages sont tous jouables dans ce jeu de plate-forme exploration, largement inspiré de Castlevania et Metroid, mais aussi de titres plus récents comme Hollow Knight. Vous devrez donc parcourir un monde en 2D immense, et en débloquer des accès au fur et à mesure que vous trouverez des nouveaux pouvoirs, des clés, et des rat-courcis. Du classique, mais avec une dimension RPG, puisque vos personnage prendront des niveaux et s'amélioreront grâce à un petit arbre de talent, et un accent sur le combat plutôt que sur les énigmes. Chacun des personnages se joue globalement de la même façon, mais ont également leurs points particuliers qui justifient de changer de protagoniste, ou d'avoir un préféré.

Ces personnages sont David Douglas, Buffalo Calf, Bussa et Akane Yamakawa. David est un colon américain condamné pour ses actes de rébellion. Il vous servira de touche-à-tout, sans faiblesse ni talent particulier. Buffalo Calf est un Natif Américain condamné pour avoir combattu les Anglais. Il fait office de « voleur » du groupe, en étant plus fragile, mais aussi plus rapide que les autres. Il peut également lancer des couteaux une fois en l'air et faire des coups critiques par derrière. Bussa est un ancien esclave Jamaïcain qui s'est rebellé. Véritable tank, il manque de portée et de vitesse, mais peut se défendre contre les attaques ennemies sans soucis de timing et même récupérer de la vie. Quant à Akane, elle est à la poursuite du médaillon et se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Elle possède un naginata qui lui donne une portée considérable et est une pro du déplacement rapide, mais se révèle technique à jouer. De quoi varier les plaisirs. Et si vous voulez en voir plusieurs en action en même temps, un multijoueur local est disponible pour deux, trois ou même quatre joueurs !

Bienvenue en Irlande

Quand on démarre le jeu, la première chose qui interpelle l’œil sera l’animation des personnages. Ennemis ou amis, tout le monde est animé dans un très beau style dessiné à la main, soigné et plein de personnalité. Un vrai régal pour les yeux. La plupart des dialogues sont également doublés pour un maximum de vie à l'écran, mais sans tomber dans l'excès d'avoir des personnages qui crient toutes les 3 secondes. Les décors, eux, sont réalisés dans une 3D basique, mais stylisée, qui colle très bien avec l'ambiance des différents décors. Et vous allez en voir des décors, entre les côtes, les marais, les forêts, les cairns et autres lieux divers et franchement enchanteurs, d'autant plus que chaque zone possède un thème musical très réussi. Il n'y a pas à dire, Curse of the Sea Rats à une superbe réalisation pour un jeu 2D.

Le gameplay n'est pas en reste, même s'il n'atteint pas les mêmes sommets. Le jeu est principalement basé sur le combat, et celui-ci est réussi : vous pouvez frapper et parer les coups au début du jeu, puis vous débloquerez de la magie propre à chaque personnage, ainsi qu'une ruée et des super-attaques. De plus, vous tapez fort, et les ennemis aussi, rendant chaque combat bref et haletant. Des boss vous barreront la route et ils sont tous intéressants, avec des patterns à apprendre et, parfois, des secondes formes surprenantes. Tant que nos rats restent à se battre, tout va bien, mais quand on commence à se promener, les choses deviennent un peu moins bonnes. En effet, les pouvoirs de déplacement sont peu nombreux et pas très intéressants puisqu'il s'agit principalement d'un double-saut, et d'un super saut. Rien qui fasse rêver, et surtout rien qui ne rivalise avec les panoplies de Samus, Alucard ou du Chevailer. Du coup, l'exploration, s'il elle reste plaisante, est en demi-teinte, et les puzzles environnementaux sont inexistants, à l’exception de quelques murs cassables. Pas qu'on s'ennuie, toutefois, car les zones sont bien conçues et remplies d'ennemis, mais les explorateurs pourraient y trouver à redire, surtout ceux qui parcourent toutes les zones plusieurs fois pour tenter le 100%. Les quelques secondaires proposées sont elles aussi très classiques, mais si vous êtes rusés, vous pouvez tomber sur l'objet à chercher avant même d'avoir la quête, ce qui épargne quelques trajets inutiles.

Tout du long de l'aventure, vous rencontrerez divers personnages, marchands ou donneurs de quêtes, qui rendront ce joli monde vivants, et vous serez aussi interrompu, quelquefois, par des scènes vous montrant les déboires de l'équipage de Flora qui, malgré qu'ils soient vos ennemis, se révèlent plutôt attachants tant ils sont idiots. Vous trouverez également des trésors, inutiles, mais souvent des références drôles à d'autres jeux ou médias. Oui, le monde Curse of the Sea Rats est mémorable et vivant, et vous saurez toujours où aller car à une carte pratique et des points de téléportation éparpillés ici et là. Il y a même une zone entière quelque peu cachée, avec un boss et une récompense. Mais alors, ce jeu serait-il exempt de défauts ?

Quelques petits rat-és

Curse of the Sea Rats a compris ce qui faisait un bon jeu de plate-forme exploration, et le fait bien, malgré son accent sur le combat. Mais, lors de ce test, quelques petits soucis techniques sont venus gâcher quelque peu le plaisir de jeu. Lors de scènes intenses, quelques rares chutes de framerate ont été constatées, et il faut bien dire que les mouvements des personnages peuvent sembler raides par moment. De plus, certains personnages ne répondaient pas à certains protagonistes lors des dialogues, forçant un soft reset sous peine d'être coincé dans un dialogue non-existant. Quelques autres petites erreurs techniques, comme des mauvais placement de dialogues nous ont fait hausser un sourcil également. Toutefois, les développeurs ont d'ors et déjà annoncé un patch corrigeant la plupart de ces erreurs.

En terme de véritable défaut, donc, on pourra garder la sensation, par moment, d'un gameplay un peu raide et manquant d'impact malgré les coups, d'où la préférence de votre serviteur pour Akane, qui a le loisir de frapper à partir d'une distance raisonnable. La difficulté étant relativement élevée, et progressant bien avec le jeu, sauvegarder souvent sera primordial. Mais on pardonnera vite à un jeu si charmant et bien ficelé.

C'est véritablement LA raison qui fait qu'on reviendra : l'écriture est très bonne, souvent très drôle, et le monde est cohérent, autant que puisse l'être un monde où des rats humanoïdes chassent une sorcière en tout cas. On sent le soin, le souci du détail apporté à ce titre par ses créateurs, de la traduction faite par un humain et non pas automatique (ça se sent) aux subtiles altérations du monde après nos actions. Ce sont souvent ces petites touches qui rendent un bon jeu excellent et là, nous sommes en plein dedans ! Vous avez devant vous une bonne dizaine d'heures d'exploration mémorable.