Nintendo Switch

CRYMACHINA

Test Switch

CRYMACHINA

Par Thatgunman - Le 31/10/2023 à 18:45

Aquria produit rarement des titres autres que des jeux dérivés, principalement des jeux Sword Art Online. Cependant, lorsque le studio se lance dans des créations originales, l'expérience s'avère généralement convaincante. Des exemples comme The Caligula Effect ou Attack of the Friday Monsters! nous donnent hâte de découvrir la prochaine œuvre originale de ce studio basé à Yokohama. Après avoir dévoilé les premiers instants de jeu dans une démo, CRYMACHINA se rapproche de sa date de sortie prévue pour le 27 octobre. Avec une concurrence féroce en cette fin d'année, reste à voir si CRYMACHINA parviendra à briller parmi la nuée qui s’annonce?

Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur.

Un scénario retors

Le début d'un jeu où le personnage principal meurt est plutôt inhabituel. Lorsque Lebel Distel retrouve conscience après sa mort, cela se passe 2000 ans après que l'humanité a disparu. Une pandémie a réduit la population terrestre de 20%, entraînant une guerre acharnée entre les survivants pour s'approprier les ressources de la Terre, rendant notre planète inhabitable. Les quelques ingénieurs survivants ont créé huit machines surpuissantes, appelées les Deus ex Machina, pour embarquer dans une sorte d'arche de Noé à la recherche d'un nouvel endroit où recréer l'espèce humaine. Lebel était l'un des êtres humains décédés lors de cette pandémie qui a touché l'humanité. Sa conscience a été numérisée et transférée dans des corps synthétiques.

Au moment de son réveil, Lebel fait la connaissance d'Enoa, une mystérieuse jeune fille qui s'avère être l'une des Deus ex Machina, chargée de la reconstruction de la psyché de l'humanité. Cependant, la disparition du premier Deus ex Machina a mis en péril la tâche de reconstitution de l'humanité. Pour accomplir cette mission, Enoa recrute Lebel pour collecter des données de personnalité, qui seront ensuite insérées dans un monde virtuel. En effet, Enoa possède la capacité de convertir la matière en données numériques, ce qui facilite grandement l'opération.

Tout ce récit n'est que le point de départ d'une aventure qui ne se privera pas de vous immerger dans un flot d'informations. De nombreux joueurs l'avaient déjà remarqué lors de la version de démonstration, CRYMACHINA est particulièrement bavard. Ces préoccupations se confirment rapidement, avec des dialogues qui se déroulent entre les missions, pendant les missions, avant les combats de boss, pendant les combats de boss, en somme, à tout moment. En fin de compte, cela ne pose pas tellement de problème : il y a peu de répétitions, et malgré la gravité de certains sujets, les dialogues sont souvent empreints d’une touche de légèreté. Cependant, cela ne signifie pas que l'ensemble soit facilement digestible. Entre les termes issus de différents jargons techniques et les développements de l'univers, parfois proches de considérations superficielles, il y a de quoi se perdre. Néanmoins, il est indéniable que cela fait partie du charme du jeu, et la compréhension globale de la structure de l’univers procure une grande satisfaction, à la manière d'une bonne histoire de science-fiction. Il est nécessaire d'avoir un bon niveau en anglais (car le jeu n'a pas bénéficié d’une localisation française), mais les efforts déployés par les développeurs pour construire une base solide pour le jeu portent rapidement leurs fruits. Suivre les aventures des personnages, découvrir les raisons des conflits entre les Deus ex Machina, les liens qui unissent les machines aux humains, ainsi que les souvenirs de ces derniers, devient un réel plaisir.



Dynamique, mais répétitif

CRYMACHINA est présenté comme un action-RPG, mais il a davantage l'allure d'un jeu d'action que d'un RPG traditionnel. Bien qu'il propose un système de niveaux, des capacités variées et des statistiques, ces éléments semblent en retrait par rapport à l'accent mis sur les combats contre les machines. Les environnements explorés fonctionnent davantage comme des missions dans des zones linéaires de petite taille. En pratique, la progression se déroule de manière assez prévisible : vous avancez dans les niveaux, éliminez les ennemis mineurs, résolvez quelques énigmes plutôt symboliques, puis affrontez le boss pour accéder au niveau suivant. La découpe des niveaux de cette manière limite les surprises, créant une certaine monotonie. En raison de cette linéarité, l'exploration en profondeur est limitée, et il n'est généralement pas nécessaire de revenir sur les niveaux précédents pour les explorer davantage. Les zones optionnelles sont clairement indiquées, évitant ainsi de manquer des éléments essentiels pour progresser.

Le farming d'expérience devient la seule motivation pour revenir dans les niveaux précédemment explorés, en particulier pour mieux affronter les boss finaux, qui s'avèrent plus coriaces que les précédents. Cependant, en raison de la répétitivité des environnements, ces phases de farming peuvent devenir fastidieuses, car des éléments comme la narration et le défi disparaissent presque complètement pendant les quelques heures nécessaires pour atteindre un niveau satisfaisant. Quitte à rendre le jeu linéaire, il aurait peut-être mieux fallu faire l’impasse sur ces phases, d’autant que la durée de vie n’est que d’une quinzaine d’heures.

En ce qui concerne les combats, le système est conventionnel: attaque, esquive et parade. La clef du succès réside dans une gestion stratégique des mouvements en réponse aux actions de l'ennemi, ce qui implique de ne pas bêtement bourriner. Chaque attaque infligée à l'ennemi fait augmenter une jauge d'étourdissement, déclenchant une attaque plus puissante une fois pleine. Les attaques ennemies sont clairement indiquées par des indicateurs lumineux, et l'interface, bien que riche en informations, reste bien organisée. La diversité du jeu réside principalement dans les différentes armes disponibles, chacune ayant des propriétés qui influencent significativement le gameplay. Les souvenirs d'êtres humains collectés après avoir vaincu un Deus ex Machina, qui fait office de boss de fin de niveau, servent à créer un nouvel équipement, indispensable pour progresser dans le jeu. CRYMACHINA n'est pas particulièrement difficile, mais il est essentiel de bien gérer les aspects annexes tels que l'équipement, les statistiques et les niveaux des personnages, car ils peuvent avoir un impact majeur sur l'issue des combats.

Des visuels de toute beauté

CRYMACHINA tourne sur le moteur Unreal Engine 4, ce qui implique que le jeu hérite en grande partie des avantages et des inconvénients courants des portages sur la Nintendo Switch utilisant ce moteur. L'image est légèrement floue, certaines textures apparaissent floues, et l'aliasing demeure perceptible, mais le taux de rafraîchissement reste stable, même en présence d'une variété d'effets de particules qui illuminent l'écran de la Switch. Malgré la répétitivité des environnements que nous avons mentionnée précédemment, la direction artistique du jeu est remarquable. Le design des ennemis, en particulier celui des boss, suscite l'admiration dès les premières heures de jeu. L'incorporation d'éléments organiques dans un contexte de science-fiction relève d'un véritable tour de force, et tout cela est mis en valeur à travers des cinématiques extrêmement dynamiques. La modélisation et l'animation des personnages humains méritent une mention spéciale, donnant l'impression que certaines scènes sont tirées de véritables dessins animés. Les doublages en japonais, qui couvrent l'ensemble des dialogues du jeu, renforcent encore davantage cette impression. Tout comme pour l'intrigue, on peut clairement percevoir l'énorme effort de production nécessaire pour parvenir à ce résultat. Pour sublimer le tout et rehausser l'expressivité des personnages lors des dialogues, les portraits animés rendent un bel hommage au chara-design du jeu.


 

6.5
CRYMACHINA fait partie de ces jeux qui, malgré des une finition inégale, parviennent à captiver les joueurs tout au long de l’aventure. Au bout du compte, ce sont les qualités du jeu, telles que la narration, la direction artistique, le gameplay dynamique et les personnages, qui l'emportent sur ses aspects dirigistes et répétitifs. CRYMACHINA ne s'adresse pas à tout le monde, ne serait-ce que pour sa loquacité, qui est d'autant plus difficile à supporter en raison de l'absence de localisation en français. Cependant, il mérite l'attention des amateurs de science-fiction.

  • Graphiquement au top !
  • Un scénario science-fiction intense
  • Le système de combat, dynamique et accessible
  • La personnalisation du gameplay offerte par les armes
  • Des décors trop répétitifs
  • Le bavardage constant qui ne plaira pas à tous
  • Les niveaux sont trop linéaires
  • Le farming, qui devient rapidement insupportable