Nintendo Switch

Crying Suns

Test Switch

Crying Suns

Par C-Ptique - Le 27/05/2021 à 08:00

Cocorico ! Les français de Alt Shift, qui avaient sorti Not Not – A Brain Buster sur Switch il y a quelques années, réitèrent leur opération avec leur nouveau titre Crying Suns. Se vantant d’avoir déjà vendu plus d’un million d’exemplaires et de tirer ses inspirations de grands classiques de science-fiction comme Dune ou Foundation, on peut se demander si la qualité est bien au rendez-vous ou s’il ne s’agirait pas d’un effet de masse. Verdict.

Un empire spatial s’appuyant trop sur ses machines.

Dans un futur lointain où des clones sont à poil dans les conduits des capsules d’incubation, une créature tentaculaire réveille un de ces individus congelés. On apprend très vite le nécessaire à savoir : nous sommes Ellys Idaho, ou plutôt un de ses clones car l’original est mort, la créature qui nous a réveillé est en fait un robot conscient du nom de Kaliban qui est chargé de garder les lieux, nous sommes sur la planète Géhenna et l’Empire qui règne sur la galaxie est en danger. Idaho est l’un des meilleurs amiraux de l’Empire et forcément, il accepte sa mission par patriotisme.

Ce danger n’est autre que le chaos et le désordre. Pour résumer très vite, toute l’économie impériale reposait sur des Intelligences Artificielles du même acabit de Kaliban et elles se sont toutes désactivées simultanément sans qu’on en connaisse la raison. Du coup, les pirates et les criminels se sont multipliés dans la Bordure Extérieure et la communication avec la capitale a été interrompue. Pour trouver le fin mot de l’histoire, la première piste qu’Idano explore est d’aller à la rencontre de « Mère », la cheffe d’un réseau pirate appelé les « ferrailleurs », qui semble savoir des choses sur cette affaire.

Cette mise en contexte nous prépare à la place prépondérante occupée par le scénario, l’un des piliers de Crying Suns. Tout au long de notre chemin, de nombreux événements se produiront et mettront notre morale à l’épreuve car Idaho et son équipage sont les seuls à représenter l’Empire dans ces régions désolées, ce qui veut dire qu’on tombera parfois sur des ennemis plus forts que nous, il faudra alors accepter de négocier avec les criminels pour atteindre nos objectifs. Par exemple, on peut tomber sur un négrier qui commerce des esclaves et menace de les exécuter si on tente quoi que ce soit, on peut négocier à condition d’avoir un officier suffisamment éloquent, envoyer discrètement une escouade ou passer son chemin pour éviter de risquer la vie des esclaves. Ou encore, on peut choisir de secourir des contrebandiers dans un vaisseau en panne ou les laisser à leur triste sort pour récupérer leur cargaison.

De façon générale, les événements sont nombreux, très variés et imaginatifs, on rencontre des ennemis qui ont besoin d’aide et dont on peut extorquer des informations, des officiers qui acceptent de nous rejoindre, des scientifiques dérangés, la fouille d’épaves, etc… Alors quand on sait qu’il y a un événement ou presque pour chaque planète visitée, il y a de quoi donner envie d’explorer toujours plus cet univers crée par Alt Shift, d’autant que la mémoire défaillante d’Idaho est un bon prétexte pour poser des questions à Kaliban.

Du coup, quand un jeu réussit autant d’exploits, on peut regretter que les retournements de situations soient parfois un peu faciles. À la fin du premier chapitre, pour nous rendre dans un autre secteur de la galaxie, nous avons besoin d’une IA « plieuse » et nous n’en avons pas, mais par chance Kaliban est capable de le faire, même si ce n’est pas sa fonction d’origine. On peut regretter aussi les dialogues qui manquent parfois de finition et donnent l’impression d’être prononcés par des extra-terrestres ou des professeurs comme « Nous allons prendre place à bord d’un vaisseau de guerre de classe oméga » alors qu’il aurait été moins laborieux et plus naturel de dire « Un vaisseau nous attend ».

Des combats sur tous les fronts.

L’autre principal aspect de Crying Suns, ce sont bien sûr ses batailles puisqu’il s’agit d’abord et avant tout d’un tactical-RPG. Au début de chaque chapitre, on peut choisir le type de vaisseau qu’on utilisera, sachant que le choix est inexistant au début puisqu’un seul modèle est disponible mais il s’étoffe au fur et à mesure de notre avancée. Chaque vaisseau dispose de ses caractéristiques (solidité de la coque, nombre d’escadrons à embarquer, capacité de stockage de butin, volume du réservoir de carburant…) et il faut l’avouer, on prend son pied à diriger un vaisseau spatial dès le début du jeu. Il faut aussi choisir les officiers qui nous accompagneront, sachant qu’eux aussi se débloquent au fur et à mesure et qu’ils ont leurs caractéristiques propres (rechargement des armes plus rapide, réparations plus rapides, meilleures trajectoires…). On peut en rencontrer certains lors d’événements et les inviter à bord.

Ces choix sont capitaux et s’avèrent déterminants lors des batailles. La première bataille arrive très vite dès qu’on croise les premiers extra-terrestres ferrailleurs. Pendant une bataille qui se présente sur un plateau avec des cases hexagonales, le but est de détruire le vaisseau adverse et pour ça, 3 paramètres doivent être gérés : les armes de notre vaisseau, les escadrons et la coque de protection. Les armes peuvent faire beaucoup de dégâts mais elles mettent beaucoup de temps pour se recharger. Les escadrons peuvent attaquer le vaisseau ennemi de près mais ils sont très vulnérables, aussi bien par le vaisseau adverse que par ses escadrons. Enfin, la coque de protection est notre rempart de défense, il y a en fait 3 niveaux de coques avant que l’ennemi n’arrive à nous battre et il est possible de la réparer en combat grâce à certains officiers.

Lorsqu’un escadron est détruit au combat, on peut le redéployer après un temps de chargement mais comme il est rafistolé, il n’aura que la moitié de sa santé initiale. Il vaut donc mieux rappeler l’escadron au hangar avant qu’il ne soit complètement détruit car ils ne retrouveront leurs forces de départ qu’après être passés dans une station de réparation (et elles sont rares). Du coup, il est toujours bienvenue de prendre l’ennemi par surprise afin d’avoir l’initiative mais c’est un événement aléatoire.

Les armes tout comme les escadrons sont distingués en plusieurs types. Les armes peuvent être spécialisées dans les tirs contre les escadrons ou contre les vaisseaux amiraux et ont différentes surfaces d’impact (puissant et concentré sur une case, plus diffus pour toucher plus de vaisseaux…). Il en est de même avec les escadrons : les drones sont conçus pour détruire les frégates et les vaisseaux amiraux, les chasseurs sont conçus pour détruire les drones et les frégates sont conçues pour détruire les chasseurs. Bien sûr, l’ennemi possède des unités similaires, il faudra donc jongler entre toutes ces capacités pour remporter les batailles, la tâche est facilitée car on peut suspendre le temps pour analyser la situation.

Les mécaniques sont donc plutôt bien rodées et on prend un malin plaisir à affronter les ferrailleurs, les pirates et autres criminels qui se mettent en-travers de notre chemin ou à trouver un moyen d’éviter le combat lorsque nous ne sommes pas en position de force. Du coup, il est bien dommage que les améliorations que l’on apporte à notre vaisseau ne soient pas conservées dès qu’on commence un nouveau chapitre, il faut tout recommencer à zéro. On peut comprendre l’envie des développeurs de nous conserver un peu de difficulté mais c’est une solution facile, il aurait été plus malin de construire des niveaux avec une difficulté grandissante et progressive. La conséquence, c’est que notre progression n’est pas valorisée et chaque changement de chapitre est un peu démoralisant.

Petite balade dans l’espace.

Le dernier aspect de Crying Suns est l’exploration. Le plus capital est de se réapprovisionner en carburant, ce qui peut se faire en boutique ou près des étoiles car des raffineries s’y trouvent très souvent. Chaque système dispose de plusieurs planètes que l’on peut explorer, chaque planète déclenche un événement. L’exploration est d’autant plus encouragée par la détection d’anomalies autour de certaines planètes, il s’agit d’évènements soit très positifs, soit très négatifs, mais il est impossible de le savoir avant de s’y rendre sur place. On peut donc tout aussi bien tomber sur un vaisseau ennemi qui nous a tendu un piège que d’immenses quantités de ferrailles à récupérer.

Mais l’exploration des systèmes est limitée car les pirates donnent l’alerte sitôt notre entrée dans un secteur, ce qui se traduit par une impossibilité de revenir en arrière, ou du moins une grande dangerosité car les ennemis sont très nombreux dans les systèmes où ils patrouillent. Mieux vaut donc fouiller minutieusement chaque système et poursuivre sa route vers la sortie tout en veillant à sa jauge de carburant, mais gare aux mauvaises surprises.

Certaines planètes peuvent être explorées plus en détail en y envoyant des commandos. Cela peut nous faire gagner gros mais il faut veiller à la dangerosité de la planète au risque sinon que les soldats et l’officier qui les commandent reviennent blessés, voire mort. S’ils affrontent un trop grand danger sur le chemin, on peut ordonner la retraite mais le butin déjà amassé sera abandonné sur place, on peut aussi faire l’inverse, c’est-à-dire prendre le butin et laisser nos hommes mourir sur la planète. Cela ne joue pas vraiment sur le moral des troupes, c’est donc à nous de déterminer de quoi nous avons vraiment besoin.

8.5
Crying Suns est un jeu qui devient rapidement addictif, il sait alterner entre narration, combats et exploration et quand passer de l’un à l’autre. C’est un vrai plaisir d’être aux commandes de son vaisseau spatial à diriger ses troupes pour battre des ennemis et explorer des recoins de l’Univers. Les batailles proposent des mécaniques équilibrées et suffisamment variées avec ce qu’il faut de difficulté pour qu’on prenne beaucoup de plaisir à réfléchir au meilleur moyen d’abattre les adversaires. Le titre avait les moyens de faire carton plein s’il n’avait pas deux ou trois défauts qui entachent le plaisir de jeu, notamment des coupures de son intempestifs et la remise à zéro des améliorations apportées à chaque nouveau chapitre.

  • La narration et l’univers très travaillés qui nous immergent.
  • Les nombreuses possibilités de stratégies et de personnalisation qui rendent chaque bataille unique.
  • Combats épiques et pleins de suspense.
  • La part belle accordée à l’exploration qui nous donne envie de découvrir l’espace.
  • Les événements aléatoires et diversifiés.
  • Le son se coupe parfois brusquement sans raison. Il revient lorsqu’on se rend sur le menu de la Switch et qu’on revient dans le jeu mais pas toujours.
  • L’annulation de toutes nos modifications sur notre vaisseau à chaque nouveau chapitre.
  • Dialogues qui manquent parfois de naturel.