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Burnout Paradise : Remastered

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Burnout Paradise : Remastered

Par Rubix_Man - Le 29/06/2020 à 13:00

En 2004 sortait un certain Burnout 3: Takedown, un jeu de courses complètement déjanté où les voitures explosaient et se crashaient entre elles aussi fréquemment que tombe la pluie sur la Bretagne et la Normandie (j’ai le droit de le dire, je suis normand). Malgré le succès des épisodes le succédant, l’année 2008 marquera plus ou moins la fin de cette série avec Burnout Paradise, Criterion ne s’occupant plus que de son autre série fétiche, Need For Speed. Pourtant, c’est en 2018 que nous vient une version remastérisée de ce dernier titre, sur Xbox One et PS4, et enfin, en ce mois de juin, sur la Nintendo Switch. Amateurs de bolides, de démolitions outrancières et de Camille Saint-Saens, bienvenue ou bon retour dans Burnout Paradise: Remastered.

Take me home to paradise city

Si vous n’avez jamais touché à un Burnout de votre vie, il nous faut tout d’abord commencer par les bases. Burnout est une série de jeux de course à la conduite résolument orientée arcade, comprenez par là que vous n’avez pas affaire à un jeu de simulation de course à la manière de ce que peut être un Gran Turismo ou un Forza. Très simple à prendre en main, le gameplay de Burnout est nerveux, efficace, offensif et a su garder toute son intensité depuis le troisième épisode, légendaire. Burnout Paradise: Remastered ne déroge pas à cette ligne de conduite; la conduite des véhicules est très agréable, les sensations de vitesse sont grisantes au possible et l’accent est clairement mis sur la destruction des automobiles adverses, mise en scène par le biais des “Takedown” qui vous permettront d’obtenir le boost nécessaire à la réussite de vos différentes épreuves.

Car Burnout Paradise: Remastered n’est pas une banale suite de courses se succédant les unes après les autres. Le titre de Criterion, ambitieux, a bien des choses à offrir et de nombreux modes de jeux à proposer. Sachez avant toute chose que contrairement aux épisodes précédents, celui-ci se démarque par son monde ouvert, vous amenant à découvrir Paradise City, une grande ville urbaine à l’esthétique typiquement américaine, regorgeant de circuits qui n’attendent que vos pneus roulant à toute vitesses. Opter pour une exploration libre était un pari risqué; bien souvent, une trop grande liberté offerte au joueur entraîne un ennui dû au fait que le joueur se retrouve lancé dans le vide sans savoir quoi faire pour s’amuser; être en mesure de diriger discrètement tout en laissant une large sensation de liberté demande une grande maîtrise. Rassurez-vous, le level design de cet épisode est une vraie réussite. Les routes, habilement dessinées, créées avec soin et parsemées de raccourcis sont un réel plaisir à parcourir. Quelque peu déroutante de prime abord, Paradise City se laisse découvrir petit à petit et devient de plus en plus savoureuse à mesure que les courses s’enchaînent et que les jours passent.

Une multitude d’éléments ont été judicieusement placés afin d’agrémenter les phases d’exploration. Parmi eux, vous trouverez des panneaux (dans lesquels il vous faudra foncer pour les “collecter”, si l’on peut dire), des raccourcis, mais aussi des véhicules qu’il vous faudra “arrêter” (comprenez qu’il faudra leur faire manger le garde-fou) afin de compléter votre longue collection de voitures disponibles, des véhicules aussi variés esthétiquement que dans leur manière de se conduire et qui gagnent, forcément, en puissance et en intérêt au fur et à mesure de votre progression. Le “but” d’ailleurs de Burnout n’est pas très bien défini, car dépourvu d’histoire. On enchaîne les épreuves afin d’obtenir un permis de plus haut rang et les adversaires en deviennent plus forts. Un intérêt somme toute assez faible mais le plaisir de la conduite est là et se suffit à lui-même, sans avoir besoin de mener le joueur dans une histoire qui, en général, n’apporte pas grand’ chose dans ce genre de jeux. Mais, tout de même, on aurait pas été contre un peu plus de développement.

Le paradis des modes

Si le gameplay de Burnout Paradise: Remastered est d’une efficacité remarquable, il faut tout de même admettre qu’il nous faut autre chose qu’un monde ouvert pour pouvoir en profiter pleinement. Heureusement, le titre de Criterion n’est pas avare en mode de jeux. Bien évidemment, le mode que vous retrouverez le plus souvent est la course, où vous aurez à affronter un maximum de sept adversaires dans des parcours vous amenant d’un point A à un point B, ou, plus rarement, dans des circuits de deux tours ou plus. Une connaissance maîtrisée des routes de Paradise City sera nécessaire, car à l’inverse des épisodes précédents, aucune barrière ne viendra vous empêcher de partir dans la mauvaise direction. La liberté est le maître mot de cet épisode et vous êtes effectivement libre de prendre le chemin qu’il vous plaît afin d’arriver à bon port, avant vos adversaires. Ceci est également valable pour tous les autres modes de jeu, ce qui peut être fortement déroutant pour le joueur débutant. Heureusement, une sorte de GPS vous indiquera un chemin de base à prendre durant les courses si vous ne désirez pas prendre trop de risques.

Outre les courses endiablées, vous trouverez le mode “Traque”, où comme son nom l’indique, des véhicules surpuissants viendront vous empêcher d’atteindre votre objectif, le mode “Road Rage”, où il vous faudra anéantir un nombre donné de véhicules, les “Parcours Burning”, de classiques contre-la-montre à réussir avec une voiture précise afin d’obtenir une version améliorée de cette dernière, et le mode “Cascade”, où vous devrez engranger des points en enchaînant les figures, les sauts, les tonneaux… Ces modes sont placés sur la carte à chaque feu rouge, et c’est là l’un des gros points noir de ce Burnout: l’ergonomie. S’il est toujours plaisant de parcourir Paradise City, il est quand même assez pénible d’avoir à parcourir la carte manuellement, à la recherche d’une mission qui n’a pas été terminée. Si au début du jeu, ce problème ne se fait pas ressentir, si l’on commence à vouloir atteindre le 100% cela devient rapidement désagréable. On peut aussi regretter l’absence de téléportation, qui aurait été bienvenue et surtout l’impossibilité de changer de voiture à tout moment. Cela est particulièrement éreintant dans le cas des Parcours Burning, qui impose d’être en train de conduire le véhicule demandé, sans compter que les lieux où il est possible de changer de voiture ne sont pas légions, situés aux extrémités de la carte et qu’en plus, lors du choix de véhicule, les chargements pourtant rares deviennent beaucoup trop longs.

Voila pour les modes de jeu accessibles via les feux rouges, mais il en est d’autres, accessibles à tout moment, ce sont les “défis”. Chaque route de Paradise City comprend deux défis, un défi contre-la-montre et un défi “Showtime”, où dans chacun d’eux il vous sera proposée de battre le record “hors-ligne” (car il y a un mode en ligne dont nous reparlerons plus tard) défini par les développeurs. Si le premier ne nécessite pas d’explications, le deuxième est une variation d’un mode déjà présent dans les anciens épisodes de la série. A tout moment, il est possible, en pressant simultanément les boutons L et R, de passer dans ce mode où votre voiture devient une sorte de balle rebondissante particulièrement explosive, où vous pourrez foncer à coeur joie en plein dans les voitures avoisinantes afin d’engranger le plus de points. Particulièrement satisfaisant et amusant, le mode “Showtime” résume à lui seul l’âme de Burnout, dépourvu d’une quelconque logique, mais ô combien jouissif et démontrant la maîtrise de Criterion dans ce que l’on appelle le “game feel”. Si l’on ajoute à ça que les développeurs ont eu le bon goût de proposer, outre une playlist résolument hard rock/pop rock, toute une flopée de chef d’oeuvres de la musique classique, comprenez que se retrouver avec un tas de plus de cent-vingt voitures explosées et entassées par le fait d’une voiture légère comme une plume mais aussi dangereuse que de la nitroglycérine sur fond de Clair de Lune de Debussy est un spectacle des plus exquis.

Et le Remastered, dans tout ça?

Tout ce qui a été évoqué jusqu’à présent fait partie de ce que l’on pouvait déjà trouver en 2008 dans Burnout Paradise. Si la Nintendo Switch a toujours cet atout non négligeable de proposer de jouer à bon nombre de jeux originairement de salon en mode portable, encore faut-il que cette appellation de Remastered tienne ses promesses. Comme cela est de coutume, cette version propose l’intégralité des DLC qui étaient proposés à la vente à l’époque, à savoir de nouveaux véhicules (dont des motos), de nouveaux défis en ligne et surtout la Big Surf Island, une île annexée à Paradise City, toujours aussi agréable à explorer comparée à la ville principale, un peu plus axée sur les figures cependant. Un inconvénient à ces DLC inclus est la présence du Time Savers Pack, proposé auparavant à la vente pour ceux qui désiraient avoir à disposition les meilleurs véhicules du jeu. Sortes de cheat-codes, leur disponibilité immédiate dès le lancement du jeu pourra tenter les âmes naïves sans se rendre compte du revers de la médaille, à savoir qu’une grande partie du challenge s’en retrouve largement diminuée, car pour peu qu’on bute sur une épreuve, la tentation est forte de se contenter de prendre la NightHawk GT afin de rouler sur tous nos adversaires sans difficulté, et, comme on dit, “à vaincre sans péril… on évite les ennuis”. Enfin, si la version Remastered nous promet un 60 fps constant et s’y tient tout à fait, agrémenté d’améliorations de textures et d’effets divers, c’est au prix d’une résolution en dents de scie assez décevante notamment en mode portable, qui perd en qualité lors des passages les plus rapides, ceux-là même justement qui demandent le plus de précision afin d’éviter de foncer en contresens dans un véhicule qui n’avait pourtant rien demandé à personne.

Avant de finir, quelques mots sur les modes multijoueurs. Commençons par le mode en ligne, auquel je n’ai pas eu, pour ma part, l’occasion d’en explorer toutes les facettes pour la simple et bonne raison que je n’ai trouvé absolument personne en ligne pour effectuer une course, je ne peux donc donner mon opinion sur la qualité de ce type d’affrontements. En revanche, j’ai pu m’essayer au mode Freeburn, qui propose d’effectuer une série de défis spécifiques au mode en ligne, amusants surtout entre amis plutôt qu’entre inconnus, l’impossibilité de communiquer d’une quelconque manière ôtant beaucoup à l’intérêt de ce mode. Concernant le multijoueur local, c’est au travers d’un ancien DLC du jeu original de 2008, forcément inclus dans la version Remastered, que l’on peut le trouver. Il s’agit du mode Party Crash, que l’on peut voir comme un Mario Party qui propose une succession d’épreuves rapides appartenant à l’une des trois catégories (Vitesse, Cascade, Aptitude) à effectuer chacun son tour en se passant la manette. Si ce mode reste très amusant en soi, et promet des parties rapides où tout le monde peut s’y retrouver, il est quand même regrettable de n’avoir pas de vrai multijoueur local à disposition.

8
Burnout Paradise: Remastered est une vraie réussite sur de nombreux points. Son gameplay nerveux, son ambiance complètement folle, sa maniabilité exemplaire, son level-design parfaitement maîtrisé et son contenu dantesque accompagné de tous les DLC du titre original en font l’un des meilleurs jeux de course arcade de la Nintendo Switch (et plus si affinités). Cependant, la qualité du portage, aléatoire d’un point de vue graphique, ainsi que son prix, bien trop élevé pour un jeu de douze ans, sont des défauts qui pourront en faire reculer beaucoup. Si toutefois vous pouvez passer outre ces détails ennuyeux, vous passerez certainement de longues heures à découvrir, ou redécouvrir, les routes de Paradise City.

  • "Game-feel" et gameplay excellents, facile à prendre en main
  • Un open-world réalisé avec soin
  • De nombreux modes de jeux
  • Plus de cent véhicules différents
  • Toujours joli pour un jeu de 2008
  • Du contenu à foison
  • Changement de véhicule laborieux
  • Pas de "fast-travel"
  • Qualité d'image en dents de scie
  • Trop cher pour un remaster de 2008