Seid ihr das Essen ? Nein, wir sind der Jäger ! Inutile de réellement s’épancher sur le succès planétaire que fut Attack on Titan ces dernières années et son impact sur le monde du manga en général. C’est une œuvre intelligente, dérangeante, avec un univers original, bien écrit et bien pensé, possédant des personnages forts et charismatiques, un nombre incroyable de twists imprévisibles, et des scènes d’action complètement folles. Rajoutez à ça une animation réussie, un opening légendaire, et une bande-son qui ne l’est pas moins, et vous obtenez une série animée qui aura marqué au fer rouge de nombreux spectateurs. Votre serviteur ici présent en fait partie. Et pourtant, dire qu’adapter Attack on Titan en jeu vidéo est un exercice périlleux serait un doux euphémisme. Si certaines franchises comme One Piece ou Dragon Ball peuvent aisément se voir décliner en jeu d’aventure ou de combat, difficile d’imaginer la même chose pour Attack On Titan, tant c’est une œuvre centrée sur ses personnages et son histoire (une bonne partie du manga n’est finalement que politique et exposition). Et pourtant, la proposition faite par Oméga Force en 2016 avec Attack on Titan : Wings of Freedom avait su surprendre son monde, avec ses forces mais aussi ses faiblesses. Nous en arrivons aujourd’hui au second opus, reprenant une grande partie du gameplay du premier jeu, tout en corrigeant certains défauts. Lesquels ? Nous allons voir cela.
I) Cage dorée, prison de sang
1) Ce jour-là, l’humanité s’en est rappelée…
Mais d’abord, pour les personnes n’ayant pas eu l’occasion de se pencher sur l’œuvre (qu’attendez-vous… ?), remettons les choses en contexte. L’attaque des titans se passe dans une uchronie. Une uchronie, si vous ne le savez pas, est un univers qui s’apparente au nôtre, mais où, à un moment donné de l’histoire, il y a quelque chose d’imprévu qui a fait partir l’univers dans une autre direction. Pour être plus clair : Wolfenstein est ce qu’on appelle une uchronie, puisqu’il part de l’histoire que nous connaissons, en imaginant que les nazis ont gagnés. Idem pour Homefront… Vous avez compris l’idée.
Dans Attack on Titan, cet évènement qui vient bouleverser l’Histoire, c’est l’apparition des titans. Monstres à forme humaine de taille et de forme diverses, quasiment invincible, sans aucun autre but que de dévorer humains après humains sans s’arrêter. Ils ont failli exterminer l’humanité dans son ensemble sans qu’elle ne puisse rien faire. Ce qui l’a sauvée, c’est l’apparition de trois murs, gigantesques, derrière lesquelles l’Humanité a pu se réfugier. Refuge qui s’est transformé en prison, puisqu’une centaine d’année plus tard, les hommes y sont toujours coincés… Et pour l’essentiel, s’en accommodent très bien.
C’est là que nous retrouvons notre personnage. Un enfant parmi tant d’autres, dans le district de Shiganshina. Au moment fatidique ou les titans sont venus rappeler à l’humanité son statut précaire… L’apparition d’un titan colossal, dépassant les murs, est venu tout remettre en question. Il détruit le premier mur, vous laissant face à la terreur des titans… Ce jour-là, l’humanité a perdu sa première enceinte, et, inspiré par un jeune garçon appelé Eren, qui, tout comme vous, a tout perdu, vous vous êtes juré de vous venger de ces titans qui vous ont tout pris.
2) Une aventure très personnelle
Qu’est-ce qu’une bonne adaptation de manga en jeu vidéo ? Non, ce n’est pas la bonne question. Comment une adaptation peut-être elle dépasser le statut de simplement « bonne » ? On l’a vu avec un jeu comme Dragon Ball Fighter Z, avoir une esthétique similaire ne suffit pas, il faut davantage… Et un jeu comme A.O.T 2 offre une piste de réflexion assez intéressante. En effet, vous ne suivez pas l’histoire d’Eren, de Mikasa, ou d’Armin. Vous suivez votre histoire à vous, simple soldat, même pas parmi les meilleurs.
De cette manière, l’aspect « vie quotidienne » du joueur est très important. Ainsi, contrairement au premier opus, vous être libre d’explorer une petite zone de jeu, composée d’une petite ville, des baraquements, de la zone d’entrainement et bien d’autres, au travers desquels vous allez vivre ce que le jeu appelle « votre vie quotidienne ». Concrètement, ça prend la forme d’un très léger « dating sim ». Vous allez parler à chacun des personnages afin d’augmenter votre niveau d’entente avec eux. C’est important de le faire, étant donné le fait que c’est le seul moyen que vous avez de gagner des compétences.
L’astuce de Tecmo, c’est que cela permet d’en apprendre davantage et de manière vraiment personnelle sur certains personnages que le manga ne fait qu’évoquer. Encore une fois, le manga regorge de personnages tous plus intéressants les uns que les autres, et tous ne peuvent pas être exploités à part égal. Tout cela se fait au travers d’un journal que votre personnage écrit tout au long de l’aventure… Et qui est la trace de votre passage au sein de ce monde. Cela signifie t’il que d’ici à la fin du jeu, votre personnage mourra ? A l’heure où j’écris ces lignes, je n’en suis pas encore là. Mais le fait que le jeu parvienne à me faire redouter cette perspective montre son efficacité.
II) Résister encore et toujours à l’envahisseur
1) La danse de l’air…
Les titans sont des êtres d’une puissance incroyable. Ils n’ont pas besoin de se nourrir, bénéficient de capacités de régénération sans pareil, et bien sûr, d’une force égale à leur taille. Ils n’ont aucun point faible… Ou presque. Une petite zone au niveau du cou. Si elle est tranchée, le titan tombe raide mort. Une petite faiblesse inexploitable pour les pauvres humains que nous sommes… Et pourtant. L’humanité a inventé tout un système : Le dispositif de manœuvre tridimensionnelle. Sous un nom aussi complexe se cache un principe très simple : Il s’agit d’un système complexe permettant de se déplacer dans les airs au travers d’un mécanisme de grappin et de gaz. Ce dispositif permet donc aux humains d’atteindre le point faible des titans, et de les tuer. Cela reste très risqué car très situationnel ; S’il n’y a aucun endroit auquel s’accrocher, ce dispositif devient inutilisable…
En jeu, l’idée est la même. Vous vous déplacer en fendant les airs, entre les arbres et entre les bâtiments, à très grande vitesse. C’est sur cette base que se pose la première réussite de gameplay du jeu : le fait même de se déplacer procure des sensations qui sont grisantes. Pour attaquer les titans, vous les cibler avec le lock, et vous accrochez à eux avec votre grappin. Vous tournez autour, jusqu’à avoir l’angle d’attaque que vous voulez… Et vous lui assener un violent coup. Si le seul moyen de tuer un titan et d’atteindre son cou, il est possible de lui couper bras et jambe afin de restreindre ses mouvements et de gagner des objets supplémentaires. Objets qui vous serviront ensuite à améliorer votre équipement. Et la boucle et boucler.
2) … Le retour sur Terre
Tout ce système fonctionne très bien, mais possède un gros défaut, qui, selon votre point de vue, pourra ne pas en être un. Le jeu ne propose que ça, sur un nombre de cartes relativement restreint, tandis que tout cela souffre d’un relatif manque de variété -ici du cadre forcément restreint que propose le manga-. Tout cela accentue donc le fait que, bien que très différent des musous, le jeu se révèle infiniment plus répétitif que ces derniers. Autrement dit, le plaisir jouissif de trancher du titan existe… Mais à petite dose.
Graphiquement parlant, ce n’est pas la joie. Si la modélisation des personnages est tout à fait correcte (il y a même moyen de beaucoup s’amuser en créant son personnage). On ne peut pas en dire de la modélisation des décors qui souffrent de textures très pauvres. Malgré tout, force est de reconnaître que la direction artistique du jeu, tant visuellement qu’en terme de bande-son, respecte parfaitement l’univers du manga. Enfin, si l’on déplore quelques chutes de framerate, Tecmo a tout de même pris le soin de sortir un portage honnête pour rendre le jeu parfaitement jouable. Autrement dit, on est très loin de la catastrophe industrielle que représentait la version Vita du premier jeu. Ouf.