Si vous êtes nostalgique des premiers Survival Horror des années 90 et que vous pensez avoir déjà fait tous les jeux du genre existants, réjouissez-vous car Alisa Developer's Cut, un jeu initialement sorti en 2021, vous invite à retrouver l’esprit mais aussi toutes les sensations de ces grands classiques de l’horreur qui ont bouleversé l’histoire des jeux vidéo et des générations de joueurs.
*Test d'Alisa Developer's Cut sur Nintendo Switch réalisé à partir d'un exemplaire de jeu remis par l'éditeur
Alice au pays des cartes mères vieilles
Tout commence lorsqu’Alisa une enquêtrice (à priori française) du début du siècle dernier est missionnée pour retrouver un mystérieux voleur. Alors qu’elle se lance à sa poursuite, telle Alice courant après le lapin blanc, Alisa bascule de l’autre côté du miroir dans un monde étrange et fantastique…
Habillée comme le célèbre personnage de Lewis Carrol (version Disney sous acide tout de même), Alisa se retrouve prisonnière d’un très curieux manoir rempli d’énigmes, de portes fermées aux drôles de serrure, de créatures bizarres et d’automates meurtriers. Arrivera-t-elle à survivre dans cette énigmatique « maison de poupée » et à faire le lien avec sa mission initiale ?
Alisa Developer's Cut est un hommage aux premiers Survival Horror sortis sur CD-Rom et PS1 dont il reprend l’esthétique et le gameplay comme s’il avait été développé à la fin des années 90. Image en 4/3, décors précalculés, cadrages cinématographiques imposés, monstres bizarroïdes impitoyables et héroïne en 3D raide comme un piquet et lente comme une momie d’escargot cul-de-jatte : tout y est comme à la grande époque.
C'est carré
On pourrait presque croire à un remaster en HD d'un ancien titre oublié tant il restitue à la perfection le feeling des pionniers du genre. Comme dans un remaster, le jeu propose d'ailleurs des contrôles « modernes » en option, bien plus pratiques que les contrôles "tank" pour déplacer son personnage et éviter de le faire reculer lorsqu’on veut le faire avancer. A priori, il y a aussi une aide à la visée, là encore pour éviter de tirer au plafond lorsqu’un ennemi rampant vous agrippe les pieds... A priori, car autant être prévenu, vous allez tirer au plafond, ça fait partie du game;
Il n'y a pas à tortiller du popotin (sauf si vous insistez), l’esprit des premiers Survival est bien là. Les développeurs d’Alisa n’ont pas succombé à la tentation d’apporter une foule d’améliorations de gameplay ou de qualité de vie pour faciliter l'aventure. Ils ont respecté le cahier des charges des jeux de l'époque à la lettre. Pour descendre un escalier par exemple, ce n’est pas automatique. Il faut appuyer sur le bouton d‘action, avec impossibilité d’agir et de sortir son arme même quand un monstre nous attend en bas des marches. Et si vous ramassez une clé, n’espérez pas ouvrir la porte verrouillée directement, il faudra vous rendre dans le menu des items pour la sélectionner; idem pour utiliser un médikit.
La mécanique du cœur
Le jeu pourra d’ailleurs paraître assez difficile (surtout pour les nouveaux venus) et pas simplement à cause de son gameplay aride. Les ennemis ont tendance à pulluler dans tous les coins et les munitions comme les médikits sont rares. Il est cependant possible d’en acheter grâce aux rouages des automates détruits qui servent ensuite de monnaie.
Ainsi, plus on détruit d’automates plus on engrange de la monnaie. Malgré cela, comme dans tout bon Survival, il sera parfois plus judicieux d’éviter certains ennemis.... A quoi bon passer trois plombes à essayer d’exploser une poupée tueuse qui risque de vous enlever trois quarts de votre vie et ne même pas vous donner de quoi vous acheter un médikit ? Bon, au moins, vous pourrez sauvegarder votre partie- les sauvegardes coûtant un rouage ! A condition bien sûr de trouver la salle de sauvegarde.
Cauchemarrant
Heureusement, plus on joue, plus le jeu vous offre de possibilité de vous en sortir avec des armes différentes mais aussi des tenues vous octroyant différents avantages pour affronter la horde de poupées, de clown et de fantômes qui hante les couloirs. On apprécie d’ailleurs la variété des ennemis, des lieux et des situations étranges que l’on rencontre tout au long du jeu, mais aussi l'humour ! Le jeu est en effet très "drôle" avec des scènes parfois inattendues ou totalement absurdes. On est littéralement plongé dans un cauchemar délirant ou l'épouvante se dispute à l'insolite.
Evidemment, Alisa Developer's Cut contient de nombreux casse-têtes qui réussissent le tour de force d’être à la fois très familiers mais suffisamment originaux pour stimuler nos petites cellules grises et nous donner envie de les résoudre.
Alisa Developer's Cut est un jeu conçu pour les « nostalgeek ». Tout est fait pour nous ramener dans les années 90 et nous faire retrouver des frissons que l’on pensait pourtant perdus à tout jamais. On pense évidemment aux premiers Alone in The Dark et Resident Evil mais aussi à Clock Tower ou Parasite Eve. Si vous connaissez et aimez ces jeux qui ont donné leurs lettres de noblesse au genre, vous ne pourrez qu'être conquis par Alisa Developer's Cut. Par contre, si pour vous les Survival Horror c'est Resident Evil VILLAGE ou Alan Wake 2, vous aurez sans doute plus de mal et il vous faudra sans doute un peu plus de temps avant de succomber aux charmes d'Alisa (ou de succomber tout court).
PS1 forever
Alisa Developer's Cut n'a sinon pas vraiment de défauts si ce ne sont ceux que l'on pointait déjà à l'époque des premiers Resident Evil comme son gameplay rigide ou son système de cadrages imposés qui limite la vue. Il y a bien quelques bugs comme les commandes qui passent tout d'un coup en mode tank, et des passages qui peuvent agacer comme une mort inévitable qui oblige à recommencer un long segment à cause du système de sauvegarde archaïque. Il y a aussi le gameplay du jeu qu'il faut impérativement apprivoiser sachant que même avec les contrôles modernes, votre personnage se mettra souvent à reculer tout d'un coup à cause d'un changement brutal d'angle de caméra ce qui vous horripilera au plus haut point surtout avec un monstre lâché derrière... Pour autant, ces "défauts" aussi pénalisant soient-ils ne viendront pas perturber le feeling PS1 du jeu- au contraire même!.
De ce point de vue, Alisa Developer's Cut est extrêmement bien réalisé dans ses moindres détails jusque dans sa bande son, très travaillée, incluant des thèmes adaptés, des bruitages tout droit sortis de Resident Evil 1 et même un doublage voix caricatural (en anglais) parfaitement raccord avec les jeux de l'époque.
Notez que la version Developer's Cut d'Alisa est une mise à jour du jeu original publiée en 2022 qui lui apporte quelques améliorations et corrections mais aussi de nouvelles tenues, de nouveaux monstres, de nouvelles cinématiques et même un nouveau "game +' qui incite à recommencer l'aventure sachant que le jeu de base vous prendra entre 6 et 8 heures pour en voir le bout (en fonction de vos aptitudes à survivre...)
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