Le Cyberpunk a décidément bien la côte en ce moment, de nombreux univers reprenant ce thème popularisé par des films comme Blade Runner ou Akira. Le studio espagnol 2Awesome Studios se fraie son chemin dans la brèche et nous propose d’explorer son univers futuriste dans Aeon Drive, jeu au style pixel-art léché et au gameplay ultra-dynamique.
Jack, les mondes parallèles
Dans Aeon Drive, on contrôle Jack qui arrive dans la ville de Neo-Barcelone suite à une course-poursuite à travers les dimensions. Une fois sur place, elle devra chercher les 10 Drive Cores éparpillés dans la ville pour réparer son vaisseau… C’est donc pas moins de 100 niveaux qu’il faudra parcourir. Vous aurez à votre disposition 30 secondes par niveau, ce qui paraît bien peu pour des niveaux labyrinthiques, mais pour pallier cela, des appareils de distorsion du temps sont disséminés un peu partout pour vous laisser quelques précieuses secondes de répit. Evidemment, plus le jeu avance, plus ces capsules se font rares, et moins les marges de manœuvres seront larges.
T’endors pas, c’est l’heure de mourir
Le titre se présente comme un jeu de plateforme du style die & retry, doté d'une palette de mouvement semblant ordinaire : un bouton d’attaque, une glissade et des sauts muraux. Si on a déjà joué à un jeu de plateforme de ces dix dernières années, on ne devrait pas mettre trop de temps à retrouver ses marques. Cet ensemble se retrouve cependant chamboulé par une téléportation qui peut être enclenchée après un lancer de couteau. Les déplacements étaient déjà extrêmement fluides et précis, mais la téléportation permet d’atteindre un nouveau niveau en termes de plaisir de jeu en plus d'offrir de nombreuses situations exploitant cette mécanique. A l’instar d’un Super Meat Boy, les commandes répondent parfaitement. Si la comparaison peut sembler parvenue, elle est en certains points pertinente, puisque la mort récurrente dans ces deux jeux n’est absolument pas frustrante grâce à une maniabilité irréprochable. Pas de lancers de manettes de prévus, d’autant que l’architecture des niveaux va aussi dans ce sens. Ils sont courts et possèdent de nombreux embranchements, favorisant ainsi l’expérimentation et donnent de ce fait une bonne dynamique lors du parcours des niveaux.
Aeon Drive implante deux modes multijoueur : un mode coopératif, ou l’on passe le relais à l’autre joueur en cas de mort, et un mode compétitif où l’on fait la course au meilleur temps. Le premier mode est intéressant si l’on joue avec quelqu’un de moins expérimenté. Le joueur émérite peut ainsi prendre la suite en cas de blocage, et franchir les pics de difficulté plus aisément, tout en montrant la marche à suivre. Le second est un peu plus situationnel, puisqu’il faut trouver un joueur d’un niveau plus ou moins similaire. Mais pas de soucis, si vous êtes actuellement aujourd’hui limité à un mode multijoueur local, les développeurs ont prévu d’y ajouter un mode en ligne plus tard dans l’année.
Une direction artistique soignée
Le pixel art a certainement été l’un des styles graphiques les plus prolifiques chez les développeurs indépendants depuis la renaissance du secteur au milieu des années 2000. Contrairement à beaucoup de ses semblables, 2Awesome Studios a opté sur un style plus détaillé, se reposant sur les nuances de couleurs. Le jeu étant décomposé en 10 mondes, chacun d’entre eux a bénéficié d’un soin tout particulier. Le niveau de détail est impressionnant et le style Cyberpunk leur donne un cachet unique. Diversité dans les décors, d’accord, mais il aurait fallu penser à une répercussion ludique, puisque les ennemis restent toujours les mêmes et peu d’éléments viennent casser la routine. La structure des niveaux reste la même, et seuls les interrupteurs apporteront un vent de fraîcheur. Heureusement, le jeu ne dure que 3 heures, les répercussions de ce manque de nouveauté ne sont pas dommageables. Aeon Drive mise avant tout sur sa rejouabilité et la chasse au meilleur temps (grâce à un classement apparaissant à la sélection des niveaux) pour gonfler sa durée de vie.
La partie sonore, composée d’une dizaine de morceaux du genre synthpop, est dans la même tonalité que le reste du jeu, c'est-à-dire très soignée. Elles collent bien à l’action et sont suffisamment variées pour ne pas pousser à couper le son en pleine session de speedrun d’un niveau. Aeon Drive a aussi bénéficié d’un doublage des parties scénarisées, avec Kira Buckland (dont le CV interminable mentionne de nombreux jeux, comme NieR Automata, Ace Attorney ou encore Danganronpa) comme voix de l’héroïne. L’effort est appréciable, tout comme la localisation française des dialogues, même si la partie scénarisée passe clairement au second plan.