Contexte
Novembre 2002, la GameCube vient de fêter son premier anniversaire. Complètement inconnus du grand public, les développeurs de Silicon Knights baptisent alors le genre du survival-horror sur la console Nintendo, avec Eternal Darkness : Sanity’s Requiem.
Si la presse émettra des avis très positifs sur le jeu, les ventes ne suivront pas. Il ne faudra pas chercher bien loin pour trouver la raison d’un tel échec commercial : le public visé par ED n’est pas celui qui possède la NGC. Aujourd’hui, nous les joueurs qui avions boudé ED lors de sa sortie, avons grandi et pouvons mieux apprécier un tel titre.
Les Ténèbres arrivent…
2000 Ap.J-C ; Rhode Island, USA.
L’histoire débute sur le meurtre d’Edward Roivas, le grand-père de l’héroïne, Alexandra. Devant l’inefficacité de la police, Alex décide de mener ses propres investigations autour de la scène du crime, le manoir familial. Elle ne tardera pas à découvrir, dans une aile cachée de la maison, le Livre des Ténèbres Eternelles. C’est à ce moment précis que le joueur tombe dans le monde ésotérique et maléfique d’Eternal Darkness.
La lecture du Livre va amener la jeune psychanalyste devant de terribles réalités. La Terre appartenait autrefois à une civilisation ultra-avançée appelée les Anciens. La dérive des continents a entraîné la disparition de ce peuple, dont seul quatre membres ont survécu, attendant leur heure.
Ulyaoth, Xel’lotath, Chattur’gha et Mantorok sont les doux noms de ces Demi-dieux qui vont alimenter vos prochains cauchemars.
Ne paniquez pas, vous n’aurez pas à tous les affronter en même temps. Votre principal adversaire s’incarnera en Pius Augutus, commandant romain damné. Corrompu par l’esssence de l’un des Anciens, celui-ci va tout mettre en œuvre pour préparer la venue de son maître dans notre monde.
Plus Horror que Survival
Eternal Darkness propose un scénario riche qui va vous prendre aux tripes. Ce sont douze Élus que vous allez incarner, au travers des récits du Livre. La plupart ne sont des pas des super héros, juste des types comme vous et moi qui étaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Un bon conseil, ne vous attachez pas trop à ces personnages, car de toute façon la majorité d’entre eux clôtureront leur chapitre par une fin atroce.
C’est qu’ils sont belliqueux ces Anciens. Vous allez en tâter du zombi, de la momie, du voleur d’os…
Mais à l’inverse de Resident Evil, ce ne sont pas les combats qui font la richesse d’ED.
Durant votre exploration, il vous faudra surveiller trois barres indiquant la situation de votre personnage. Outre les classiques jauges de santé et de magie, c’est la barre de santé mentale qui nous intéresse ici. Croiser son regard avec celui d’un monstre, tuer un innocent entraîne la baisse du niveau de cette jauge.
Vous entrez alors dans le diabolique jeu des hallucinations d’Eternal Darkness. La caméra bascule, vous entendez des cris de bébés et des pleurs de femme, du sang coule sur les murs ... Voici les premières manifestations de la folie! Mais lorsque vous commencerez à vous enfoncer dans le sol ou à voir des ennemis imaginaires, c’est bien dans les Ténèbres que vous avez sombré.
Les développeurs de Silicon Knights ont su jouer avec ce système d’hallucination de telle façon que le joueur est constamment mal à l’aise et conditionné par le faible équilibre mental du personnage qu’il joue.
Mais la réelle force de ces visions c’est que certaines d’entre elles, les plus rares et les plus violentes, ont directement effet sur le joueur. Je mets au défi n’importe quel lecteur de ne pas flipper un bon coup quand il apprendra qu’une sauvegarde a échoué et que sa carte mémoire a dû être formatée. ;)
Comme tout mal a un remède, le fait d’achever ses adversaires vous permet de regagner de la santé mentale. Le sort de récupération de Xel’lotath jouera le même rôle.
Heroes of Fight&Magic
Pas très folichon le système de combat par contre …
Une fois en face d’un monstre, vous n’aurez qu’à le locker, viser une région de son corps (tête, torse ou bras) et taper. Il est également possible de frapper plusieurs ennemis en même temps, mais la faiblesse de ces coups rend cette action un peu inefficace.
L’arsenal est varié : épée, masse, pistolet, arbalète, lance-grenade.. Bien entendu, votre armement dépendra de l’époque où vous vous trouverez.
Non, si il y a un point où il faut s’arrêter, c’est bien le système de magie.
Vous êtes nul en français? L’anglais ne vous a jamais inspiré?
Et bien il n’est jamais trop tard pour se mettre à une nouvelle langue! Pourquoi ne pas apprendre l’Ancien? C’est que dans Eternal Darkness, ce noble dialecte vous sera diablement utile!
Petit cours :
Il existe 15 runes magiques, chacune correspondant à un mot. Durant votre aventure, vous trouverez des cercles qui vous permettront de juxtaposer ces runes afin de former une phrase magique.
Par exemple Narokath Santak Chattur’Gha signifie Absorber son corps avec le pouvoir de Chattur’gha . Bien entendu, cela ne veut rien dire, mais dans la pratique, ce sort permettra de vous guérir. Les possibilités sont nombreuses, il existe une cinquantaine de combinaisons de runes différentes.
Chaque sort s’accompagne de son petit effet : les symboles des runes que vous avez invoqué vous encerclent et s’illuminent une à une. La voix de l’Ancien que vous avez aligné récite alors la formule dans une mise en scène ésotérique remarquable.
Nintendo 64 mon amour
Vous l’aurez compris, j’ai complètement accroché au scénario et à l’ambiance de ce survival-horror.
Mais quand est-il de la réalisation?
*Grince des dents*
A vrai dire, Eternal Darkness devait à l’origine sortir sur Nintendo 64. D’abord annulé, il a ensuite été « remanié » pour son arrivée sur GameCube.
Le résultat est peu convaincant, tant au niveau des graphismes que de l’animation. En gros on a l’impression de jouer à une DC en début de vie. Cela n’empêche pas le titre d’avoir une réelle patte esthétique qui nous plonge dans l’ambiance morbide du jeu. La variété des décors est là, même si on passe la plupart du temps sous terre. Un temple cambodgien abandonné, les souterrains de la Cathédrale d’Amiens, une citée cachée près de Babylone, voici quelques-uns de vos lieux de vacances … morbides .
Question son, les musiques jouent leur rôle en nous mettant mal à l’aise, dommage qu’elles se comptent sur les doigts de la main. Leur réalisation est correcte et les thèmes collent avec les lieux visités.
Un conseil, jouez à Eternal Darkness avec un bol de pop-corn à côté de vous, car les cinématiques sont très nombreuses. Les voix des personnages bénéficient d’un excellent doublage en anglais. Doublage faisant ressortir les émotions des Elus face à leur tragique destinée.
Eternel Eternal
On connaît la grande longévité des Resident Evil, en est-il de même pour le survival de Nintendo?
La réponse est oui. Si il faut approximativement une douzaine d’heure de jeu pour boucler le mode Histoire, on y revient en revanche très facilement.
D’autant plus que pour découvrir la vraie fin, il faudra terminer le jeu dans les 3 alignements (rouge, bleu, vert). A chaque alignement correspondent des monstres différents, des cinématiques différentes, un boss différent et une fin différente .. Rien que çà.
Vous risquez d’être appâter par l’envie de découvrir toutes les hallucinations . J’en suis personnellement à ma 3eme partie, et le jeu me surprend toujours. ?
La somme de ces éléments fait qu’ED a une durée de vie potentielle énorme comparée à d‘autres survival horror. On regrettera peut-être l’absence d’un mode multi joueur en coopération avec hallucinations collectives à gogo.
Fin? Qui a dit fin?
Si cette présentation d’Eternal Darkness vous a plu, ou que vous connaissiez déjà le jeu, vous allez être ravi d’apprendre que Silicon Knights compte réaliser un second épisode bientôt.
A l’heure actuelle, ils développent Too Human pour la XBox360 (sortie en juillet), mais Tom Dyack, le Big Boss de l’entreprise a avoué qu’Eternal Darkness 2 était son plus grand souhait.
Vu le succès de la Wii, il y a des chances que Tom rompt son contrat d’exclusivité avec Microsoft et revienne vers Nintendo. De plus Big N possède plus de 30% du capital de Silicon..
Les Ténèbres arrivent…ou pas.
