Nintendo 3DS

Yo-kai Watch

Test 3DS

Yo-kai Watch

Par rifraff - Le 30/04/2016 à 17:19

Licence cross-média typique des productions level-5, Yo-kai Watch  débarque enfin en Europe avec la diffusion de la série animée sur les chaînes du câble et du satellite Boing et Cartoon Network, et surtout, la sortie du premier jeu sur 3DS près de trois ans après son arrivée au Japon. Véritable phénomène de société au  Japon, au même titre que les Pokémon, Yo-kai Watch a déjà eu  plus de mal à trouver son public aux Etats-Unis où la licence (débarquée l’été dernier) n’a pas suscité- jusqu’à présent du moins, un enthousiasme débordant. En sera-t-il autrement en Europe ? Et que vaut réellement ce premier jeu ?

 

Histoires de Yo-kai japonais

Le titre commence lorsque Nathan, un jeune garçon d’une dizaine d ‘année (mais le joueur, et c’est un bon point, peut aussi choisir de diriger une jeune fille prénommée Katie) trouve au beau milieu d’une forêt alors qu’il chasse des insectes, un distributeur de jouets surprises ! Et oui, le même que vous trouverez peut-être dans votre supermarché après la sortie du jeu. A la différence qu’après avoir tourné le verrou, ce n’est pas une figurine ou un jouet que Nathan récupère dans une petite boule mais un véritable Yo-kai. Les Yo-Kai sont des sortes de fantômes qui vivent dans un univers parallèle mais viennent régulièrement dans le nôtre pour y semer la zizanie, envoûter des objets, pourrir une ambiance, terroriser ou posséder des personnes. Contrairement aux fantômes classiques, ce ne sont pas nécessairement des esprits de personnes décédés mais des entités surnaturelles qui peuplent notre quotidien et l’influencent sans qu’on ne le remarque.

Beaucoup de Yo-kai vont et viennent sans poser de problèmes particulier, et si certains malgré tout sont agressifs, la plupart sont très pacifiques. Evidemment, logiquement, personne n’est en mesure de les voir mais ce n’est pas le cas de Nathan (ou de Katie)  qui accède à cette nouvelle dimension grâce à une montre spéciale : la Yo-kai Watch (et oui, la même que vous pourrez trouver, là encore dans vos magasins préférés, à côté des distributeurs de Yo-Kai, des bonbons, des autocollants et des peluches Yo-kai).  

La Yo-kai Watch permet de faire pas mal de choses. Elle est un peu aux Yo-kai ce que le Pokédex est aux Pokémon en un peu plus perfectionné. D’abord, elle donne une indication sur l’heure ce qui est toujours utile pour une montre mais surtout, elle permet de repérer et de reconnaître certains Yo-kai cachés dans le décor et aussi d’en invoquer car comme avec les Pokémon tout se termine très souvent par un combat dans  Yo-kai Watch même s’ils sont totalement différents de la licence de Game Freak et qu’ils demanderont un vrai temps d'adaptation.

S;O.S Yo-kai

Le premier Yo-kai rencontré se prénomme Whisper, c’est un Yokai valet qui va jouer les guides en restant aux côtés du héros tout le long du jeu pour lui en expliquer les subtilités et les secrets. Yo-kai Watch se déroule dans la petite ville de Granval-sur-Mer qui pourrait être une banlieue pavillonnaire française quelconque s’il n’y avait quelques détails et des lieux typiques nous renvoyant au Japon.  Si vous connaissez,Doraemon - c’est un peu le même genre d’univers avec une vision très propre et très fifties du monde (avec le papa qui lit le journal pendant que maman fait des tartes, etc…) La ville est plutôt grande et elle se parcourt en long et en large avec une grande liberté de mouvement même si certains quartiers se dévoilent au fur et à mesure des rebondissements de l’intrigue. Une intrigue qui au départ se contente d’avancer au gré de petites missions (aller parler à machin puis rendre visite à truc pour rendre le bidule à chouette) mais qui se développe gentiment au fur et à mesure de sa progression.

La ville n’est pas très animée (hormis deux ou trois voitures et quelques passants) mais regorgent de surprises avec de nombreux bâtiments à visiter- toujours parfaitement modélisés avec un joli sens du détail. C’est un vrai plaisir de la parcourir et d’en découvrir les secrets, de jour comme de nuit, soit en suivant les balises de l’histoire sur la carte en 2D et les différents icônes qui s‘affichent sur le plan en 2D de l’écran tactile, soit en farfouillant un peu partout, au gré de ses envies ou en suivant le radar du jeu qui indique la présence proche d’un Yo-Kai dans le coin.  Les Yo-kai peuvent être partout : dans l’herbe, sous un arbre, sous une voiture, dans une poubelle ou simplement au coin d’une rue ou dans une maison.  A tout moment, le joueur peut passer en mode « loupe » pour scanner grâce à l’écran tactile les quatre coins de l’écran et voir s’il n’y a pas un Yo-kai invisible qui s ‘y cache. Dans certains endroits, la vue bascule à la troisième personne, et là encore il faut chercher au stylet le Yo-kai qui  se cache quelque part pour le faire apparaître. 

Lorsque cela arrive, Nathan essaie alors de devenir l’ami de ce Yo-kai grâce à une simple discussion ou en lui remettant les idées en place avec un petit combat. Il n’y a pas de combats aléatoires dans  Yo-kai Watch, c’est le joueur qui va, presque toujours, à la rencontre des Yo-kai pour essayer d’en faire des alliés de gré ou de force.Tous les Yo-kai  avec lesquels Nathan se lie d’amitié se matérialisent sous forme de médaillon, et peuvent ensuite être appelé pour venir combattre pour lui. Cependant, le joueur est obligé de sélectionner seulement six Yo-kai à la fois pour combattre qu’il place dans une « roue Yo-Kai » qu’il peut agencer et faire tourner sur l’écran tactile. C’est en quelque sorte le deck du héros que le joueur fait évoluer au gré de ses rencontres. Les combats se font généralement à trois contre trois. Les trois premiers Yo-kai en haut de la roue Yo-kai sont ceux en première ligne qui combattent les trois vilains en face. Quand un de ses Yo-kai est K.O, le joueur doit faire pivoter sa roue pour qu’un autre Yo-kai prennent sa place.

Yo-kai contre Yo-kai

A dire vrai, lorsque les combats s’enclenchent, le joueur n’a pas grand-chose à faire puisque le joueur ne peut lancer qu’une seule « grosse » attaque, l’âmultime et donner des objets aux Yo-kai pour les booster ou les soigner via des mini-jeux tactiles.  Sinon ce sont les Yo-kai qui font quasiment tout le travail. Ils attaquent tout seul avec quatre stratégies (Attaque, Technique, Garde et Envoûtement) en fonction de leur force et de leur rang mais aussi de leur appartenance à telle ou telle tribu (il y en a huit en tout).

Au départ, c’est un système qui décontenance puisqu’une grosse partie du travail se fait avant le combat en sélectionnant les bons Yo-kai  et qu’au départ il n’y a pas beaucoup de choix et que les subtilités des Yo-kai sont mal connues. Cependant petit à petit, on se prête au jeu d’autant plus qu’il est impossible de rester les bras ballants pendant les combats puisqu’il faut s’arranger pour qu’il y ait toujours au moins un Yo-kai de valide en position de combat, qu’il faut aussi lancer l’Âmultime dès qu’un Yo-kai le peut (par le biais d’un petit jeu tactile) mais aussi soigner et purifier les Yo-kai qui en ont besoin afin qu’ils puissent repartir au combat (là encore via un jeu sur l’écran tactile).

 A l’arrivée les combats sont sûrement ce qui trahit le plus le côté enfantin du titre, avec son mélange étrange d’action, de jeux tactiles et de « stratégie » mais aussi ce qui risque de déplaire à pas mal de joueurs à cause de sa difficulté aléatoire. Il arrivera parfois de perdre sans que l'on ne comprenne très bien pourquoi.... Seulement, il serait dommage de trop se formaliser de ces étranges combats qui restent amusant et permettent à tout le monde de s’amuser sans (trop) de prise de tête.

De plus avec le temps et un peu d’investissement, il est aussi possible de se confectionner un vrai deck de combat.  Et puis, les développeurs ont eu la bonne idée de diversifier les actions et les séquences de jeu, ce qui fait que  Yo-kai Watch est un jeu très riche qui se renouvelle et donne envie d’aller plus loin pour découvrir la suite. Les combats ne sont qu’une petite partie du jeu qui est une vraie invitation à l’aventure et propose tout un tas de rencontres délirantes et d’activités plus ou moins obligatoires comme la chasse aux insectes ou la pêche qui peuvent détendre entre deux recherches de Yo-kai. Il y a aussi des passages plus intrigants ou stressants qui demandent d’être fait d’une traite…

Le jeu est en outre très drôle et très bien écrit avec de bons personnages (jusque dans ses seconds rôles) et une histoire à rebondissements très agréable à suivre. Certaines situations et certaines répliques sont vraiment hilarantes. On retrouve d’ailleurs la fraîcheur et le vent de folie qui souffle dans la série animée dont les premiers épisodes peuvent servir de soluce tant ils partagent la même trame.

 

Yo-kai-juice

Evidemment, les vraies stars du jeu restent les Yo-kai, des personnages qui sont, là encore, dans la majorité des cas, très bien conçus. Tour à tour drôles, surprenants, bizarres ou dégoûtants voire carrément effrayants, les Yo-kai ont été bien pensés avec un côté outrancier pleinement assumés.  Les Yo-kai ont en outre un côté japonais bien plus affirmé que les Pokémon, qui les identifie bien. C’est un véritable plaisir de tous les rencontrer d’autant plus que certains ont des histoires incroyables (et souvent absurdes). Et si on prend plaisir à leur trouver des noms pour mieux se les approprier, il faut souligner que la version française est excellente. Les noms trouvés pour chaque Yo-kai font souvent mouche avec des délires et des jeux de mots très amusants. Il faut aussi préciser que de nombreux passages disposent de voix, là encore en français et que Nathan comme Katie ont droit à leurs répliques.

Le jeu regorge aussi de passages animés qui rend l'ensemble très cohérent et très agréable à suivre. Plus que Pokémon, on pense (encore une fois) à  Doraemon  mais aussi à Tim Burton ou encore à certaines œuvres de Miyazaki.

Dans l’ensemble, il faut reconnaître que Yo-kai Watch a été très bien conçu. Non seulement le jeu est très bien réalisé avec des mécanismes frais et amusants pour petits et grands (enfants) mais on apprécie vraiment le sens du détail (Nathan qui enlève ses chaussures pour rentrer chez lui, par exemple). Graphiquement le jeu est très propre et coloré (avec une belle 3D qui renforce les détails) et sa bande son est à l'avenant, soignée avec de belles musiques et des bruitages aprfaitement dans le ton. Sans reparler du doublage qui est réussi. 

Alors bien sûr, on sent bien que le jeu a été conçu pour à la base les enfants mais aussi pour vendre des produits dérivés : du distributeur de Yo-kai perdu au milieu d’une forêt (il fallait oser) à la fameuse montre du titre avec ses médaillons pour invoquer les Yo-kai en passant par Jibanyan, le mignon petit Yo-kai concurrent direct de Pikachu. Pour autant, loin d’être cynique tous ces éléments obligés ne prennent bizarrement jamais le pas sur la fraîcheur qui se dégage du titre.

A noter que le jeu propose quelques petits à côté plus ou moins sympathiques comme une anecdotique fonction Photo Yo-kai qui permet de se prendre en photo avec des Yo-kai, un mode duel pour affronter les Yo-kai d'un autre joueur possédant le jeu via la connexion sans fil et une fonction StreetPass qui permet de récupérer des "Yo-kai errants".

 

 

8
Yo-kai Watch est une réussite tant dans la forme que dans le fond qui loin de simplement copier les Pokémon construit sa propre légende avec ses codes et ses mécanismes de jeu. Tour à tour, drôles, poétiques, adorables ou repoussants, absurdes ou délirants voire parfois carrément effrayants les Yo-kai sont les vraies vedettes de cet univers étrange et merveilleux que les petits et grands enfants prendront plaisir à découvrir. Il  y a du Lewis Carrol et du Miyazaki dans ce Yo-Kai Watch qui pour un coup d'essai est un joli coup de maître. C'est officiel : si a 7 ans, t'as pas de Yo-kai Watch... C'est que t'as raté ta vie (de gamer !)

  • L'univers
  • Les Yo-kai, la plupart très réussis
  • Réalisation soignée
  • La ville ouverte
  • Variété des situations
  • L'humour
  • Belle version française
  • Les combats à apprivoiser
  • Manque peut-être un peu de profondeur
  • Une difficulté aléatoire