Wario Ware est une série de jeux née sur Game Boy Advance en 2003 avec WarioWare, Inc.: Minigame Mania. On y découvre le jubilatoire Wario, le double maléfique de Mario, toujours aussi cupide, grossier , bête, méchant et fier de l'être, dans une série de micro-jeux demandant autant de réflexion que de réflexes, le but étant bien souvent de deviner ce qu'il faut faire en moins de trois secondes... Devenu, comme de nombreux jeux Nintendo, un genre à part entière, les jeux de la série Wario Ware se distinguent néanmoins autant par leur esprit créatif que par leur style graphique unique et inimitable. Disparu de nos consoles depuis 2010 et l'épisode Nds / Wii,  Wario Ware : Do It Yourself (en mettant de côté, le spin off décevant sorti sur Wii U en 2013, Game & Wario) la série Wario Ware fait aujourd'hui un retour fracassant avec un épisode inédit (ou presque) exclusif à la 3DS. Alors  le père Wario est-il vraiment de l'or dur ? 

L'or dur de Nintendo

Wario Ware Gold est un jeu qui dès le départ se présente bien grâce à un mode histoire délirant, illustré avec de nombreuses cinématiques animées et parlées entièrement localisées en français ! C'est d'ailleurs une première sur portable qui nous permet d'apprécier la voix française de Wario et de ses comparses. Et si les puristes y trouveront peut-être à redire,  pour la grande majorité des joueurs, notamment les plus jeunes, ce sera, à coup sur, un plus qui permettra de mieux suivre l'intrigue à la façon d'un dessin animé et surtout d'en savourer l'humour. Car, bien évidemment, une fois n'est pas coutume, le jeu est très amusant avec des gags délirants et gentiment scato (voir l'histoire de la couronne de Wario) un bel habillage mais aussi des mini jeux totalement barrés.

Wario Ware Gold est une fête

Tout commence lorsque Wario, à cours de liquidités, décide de créer un grand tournoi de jeux vidéo dont il pourrait faire payer les participants et les spectateurs. Il contacte alors, Mona, Jimmy, Ashley et toute la clique des habitués de la série pour qu'il confectionnent des mini jeux répartis en trois ligues : la ligue pouce-pouce regroupant des jeux utilisant la croix et les boutons, la ligue gyro-gyro dans laquelle tous les jeux nécessitent que l'on bouge la console et la ligue touche-touche impliquant de jouer avec l'écran tactile en cliquant ou en traçant (au stylet ou au doigt).

En pratique, le joueur choisit la ligue qu'il lui plait et enchaîne les micro jeux qui se succèdent en rafale dans un ordre aléatoire. Chaque ligue est divisée en cinq parties de dix à quinze micro-jeu sachant que le dernier est un niveau spécial qui fait office de boss.  Au début et à la fin de chaque partie,  une petite cinématique rigolote fait avancer l'intrigue. Une fois les trois ligues terminées, une ligue spéciale en trois parties se débloque et s'amuse à mélanger les micro-jeux avec des gameplays différents, histoire de corser un peu le challenge : boutons, tactile,  gyroscope et même micro, tout y passe !  Cependant, les habitués de la série ne seront pas trop décontenancés puisque une bonne partie des micro-jeux proviennent des précédents épisodes dont Wario Ware Gold est une sorte de synthèse. Les  jeux de la ligue pousse-pousse viennent ainsi pour la plupart du premier opus sorti sur GBA, ceux de la ligue Touche-Touche ses sont échappés de l'épisode Touched! de la NDS et les micro-games de la ligue gyro-gyro sont un recyclage de l'épisode (rare) de la Game Boy Advance Twisted! dont la cartouche incluait un capteur de mouvement !

Mini-Game of Trône

Si vous connaissez la série, vous retrouverez immédiatement vos marques car il n'y a réellement rien de nouveau sous le soleil... Et si Wario Ware Gold est votre premier jeu de la licence, vous n'aurez aucun mal à vous y retrouver sachant que lors des premières parties, la difficulté consistera d'abord à comprendre ce qu'il faut faire avant même d'essayer de le faire comme il faut ! Sinon, au niveau des commandes, rien à dire : tout répond parfaitement même avec les micro-jeux nécessitant le gyroscope ou le micro. A l'arrivée, tous les mini jeux se révèlent bien pensés chacun avec ses propres règles, son univers et ses graphismes mélangeant les genres avec style. Et même si on regrettera que le jeu n'utilise pas la 3D auto-stéréoscopique de la console, on ne pourra (une fois encore ) que succomber à ce patchwork de styles et d'influences diverses qui mis côte à côte fait tout le charme et la singularité de la licence. Evidemment chaque joueur aura ses mini jeux préférés (et ceux qu'il aime moins...) mais les gamers auront du mal à ne pas craquer pour les micro-jeux inspirés par de grands classiques Nintendo comme le premier Zelda ou Zelda Ocarina of Time,  Metroid, StarFox, Mario Kart ou encore Baloon Fight. Des petites séquences qu'on ne se lasse pas de découvrir... A contrario, on mettra un bémol sur "les boss" qui n'en sont pas vraiment et qui déçoivent un peu car très facile et manquant pour la plupart, cruellement d'originalité (comme le bowling tactile par exemple.)

Wario Ware en mode aware

Globalement, le jeu est d'ailleurs très facile, voire même trop facile. Le mode Histoire qui est le passage obligé pour commencer le jeu, se termine très rapidement.  Il y a finalement peu de ligues et les micro-jeux sont assez classiques dans l'ensemble et peu compliqués. De plus, il y a un système de "continue" qui permet, contre quelques pièces, de continuer à jouer en reprenant au dernier micro-jeu perdu (et non en recommençant la partie ou la ligue) ce qui fait que l'on ne perd jamais vraiment surtout qu'au départ, il est facile de récolter beaucoup de pièces.  On en récupère à foison chaque fois que l'on joue et on peut aussi facilement en récupérer en scannant quelques amiibo (trois par jours) A cause de cela, le jeu donne l'impression de manquer cruellement de challenge et comparé aux autres épisodes d'être vraiment plus facile.

Seulement, une fois le mode Histoire terminé, c'est évidemment là que les choses sérieuses commencent vraiment.  C'est à partir de là que chaque partie de chaque ligue peut être rejouée en tentant de battre les records. Dans le mode Histoire, chaque partie s'arrête au boss alors qu'une fois le mode histoire terminé, les mini jeux continuent après le boss et on découvre de nouveaux micro jeux ou les mêmes mais en version plus "difficile". Et comme toujours, plus on réussit de micro-jeux plus le rythme s'accélère, et plus les micro-jeux suivants sont difficiles et ainsi de suite.

Le radin des délires

Avec les pièces récoltées  après chaque mini jeu, il est possible aussi de débloquer différents bonus aléatoirement : des mini jeux (des versions longues des micro-jeux ou des jeux à score) des cartes de personnages, des images à collectionner sur les différent produits commercialisées par Nintendo au cours des années et un délirant mode doublage qui invite les joueurs à refaire les voix des cinématiques du jeu. L'occasion de constater que ce n'est pas si facile que ça de trouver le bon ton et la bonne voix pour doubler Wario et ses comparses. Il est aussi possible de jouer aux micro-jeux en ajoutant des défis et de la difficulté : une vitesse des mini jeux plus ou moins accrue ou encore des pénalités... On retrouve aussi le cultisme (et hyper stressant) mode Gamer Furtif, dans lequel il faut jouer aux micro-jeux sans se faire griller par sa furie de mère... A noter que le jeu permet de débloquer un mode deux joueurs... Malheureusement il est très limité puisque les deux joueurs ne peuvent jouer qu'à une série de micro-jeux identiques jusqu'à ce que l'un des deux perd... Il faut en outre  que le deuxième joueur possède aussi le jeu ce qui limite forcément sa portée...  Au final,  s'il y a, comme toujours, énormément de choses à débloquer,  la plupart ne sont pas transcendantes.  Il y a du remplissage (des séries de cartes, de numéros ou d'objets...) mais aussi beaucoup de doublon sachant qu'il faut énormément de pièces pour tout débloquer et donc qu'il faut jouer et rejouer aux mêmes micro-jeux ce qui peut vite devenir lassant. De plus, ce qui est débloqué, l'est aléatoirement ce qui ajoute encore à la frustration et à l'envie de lâcher assez vite sa console. Pour un jeu qui fait la synthèse des épisodes déjà sortis, il y avait pourtant moyen de proposer des à-côtés délirants utilisant bien les spécificités de la console (micro, double écran, tactile, etc...) simplement en piochant dans ce qui existe déjà...

Conclusion

Wario Ware est une série culte et Wario Ware Gold arrive à point nommé pour nous le rappeler. La série n'a aucun équivalent et sa formule fonctionne toujours autant. Au fil des épisodes, un univers plus ou moins (in)cohérent s'est mis en place et on prend désormais véritablement plaisir à le retrouver notamment grâce à ses personnages hauts en couleurs : Penny la collégienne scientifique qui rêve de devenir chanteuse, Ashley, l'apprentie sorcière, Mantis et son disciple Cricket, Jimmy T., Dr Crygor, Mona, Dribble & Spitz ou encore la petite nouvelle Lulu, etc. C'est d'ailleurs clairement ce qui "sauve" le jeu et lui permet de se distinguer. Pour une fois, c'est l'univers et l'humour délirant "pipi-cra-cra", plus que les micro-jeux que l'on retient et plébiscite dans Wario Ware Gold. 

Cependant, que l'on ne s'y trompe pas, Wario Ware Gold reste un bon petit jeu qui trouvera aisément sa place dans votre ludothèque. Idéal pour des petites sessions de jeu, Wario Ware Gold vous fera passer à coup sur de bons moments. Certes, le jeu ne révolutionne pas la série et fait un peu office de condensé de la série en se contentant de collecter des micro-jeux qui ont déjà fait leurs preuves lors des épisodes précédents.  De plus, son contenu est malgré tout un peu maigre (même s'il y a, paradoxalement beaucoup de choses à débloquer) mais il pourra facilement vous occuper quelques bons après midis. Il ajoute en outre un nouveau titre au catalogue déjà bien rempli de la 3DS dans une période où les nouveaux jeux se font de plus en plus rares. Wario Ware Gold est un épisode qui fait un peu office de conclusion de près de quinze années de délire. On imagine bien désormais la série débarquer sur mobile ou faire sa mue sur Nintendo Switch... On espère qu'à l'avenir, elle saura nous surprendre tout en gardant ses spécificités qui font qu'on l'aime toujours autant après tant d'années...