En 2013, la 3DS accueillait Kirby Triple Deluxe,  un épisode classique mais o combien efficace de Kirby, la petite boule rose de Hal Laboratory. Trois ans plus tard, revoilà Kirby dans Kirby : Planet Robobot, un épisode qui se situe clairement dans la continuité du précédent, tout du moins dans la forme Saura-t-il se renouveler, dans le fond, sans tomber dans les travers des suites opportunistes et sans génie ?

Kirby et les Robots

Tout commence, comme souvent avec Kirby par l’arrivée fracassante d’un affreux jojo qui rompt la quiétude du monde enchanteur dans lequel vivent Kirby et ses amis. Cette fois-ci il s’agit d’un vaisseau spatial en forme d’araignée géante qui pose ses sales pattes sur différents lieux emblématiques de la planète Pop qui se retrouve aussitôt contaminée et envahie par des machines et des robots fabriqués par la société Haltmann. A partir de là, Kirby va se rendre dans chaque environnement infecté et faire un peu le ménage, en se débarrassant des vilains robots et en remontant le long de chaque patte afin de les arracher une à une jusqu’à atteindre le dernier monde, le corps de l’araignée, dans lequel Kirby va devoir affronter le «big boss » de l’entreprise et du jeu. 

Kirby Quadruple Deluxe

Les fans de Kirby le savent. Il existe deux sortes d’épisodes avec Kirby : les « classiques » dans lequel on peut ranger le premier épisode et qui sont construits principalement autour de Kirby et de sa capacité à absorber les pouvoirs de ses ennemis pour les utiliser ensuite, et les épisodes plus expérimentaux comme l’étonnant Kirby : le Pinceau du Pouvoir qui se joue entièrement au stylet en traçant des lignes, le magnifique Kirby : Au fil de l’Aventure ou Kirby illustre  à la perfection la maxime « la vie ne tient qu’à un fil » ou encore Kirby Mass Attack, une sorte de LocoRoco au pays des Kirby.

Kirby : Planet Robobot est clairement un épisode classique dont la forme est exactement la même que celle de Kirby Triple Deluxe, l’épisode précédent qui pour sa part s’appuyait sur l’épisode Kirby’s Adventures Wii, la possibilité de jouerle mode principal à plusieurs en moins- ce qui est d’ailleurs, malheureusement encore le cas ici...

Une construction classique...

Une fois encore, le jeu est séparé en six mondes, eux même découpés en cinq ou six niveaux (plus un niveau spécial) le dernier niveau étant réservé au boss de l’étape. Sinon chaque niveau est construit comme de nombreux jeux de plateforme 2D à la différence qu’on y trouve plusieurs plans demandant aux joueurs de passer de l’un à l’autre.

Visuellement, Kirby : Planet Robobot est très réussi dans un style cartoon et coloré (avec des textures basiques) et dans la droite lignée des épisodes Wii et 3DS précédents avec des environnements (sur plusieurs plans) variés et soignés, fourmillant de détails en mouvements et de beaux effets (notamment de lumière ou de reflets). Mais si en 2D les graphismes sont charmants, avec la 3D activée, ils sont tout simplement époustouflants.  C’est une fois encore du grand art et l’un des points forts du titre. Celles et ceux qui apprécient l’effet 3D se régaleront avec Kirby : Planet Robobot qui multiplie les séquences et les mécanismes de jeux conçus pour en profiter.  

L'effet 3D au coeur du gameplay

La 3D est d’autant plus agréable que la mise en scène du jeu s’est sophistiquée avec des plans dynamiques et des travellings au début ou même pendant les niveaux rappelant un peu la réalisation de Donkey Kong Country : Tropical Freeze sur Wii U. Comme Kirby Triple Deluxe, Kirby : Planet Robobot est donc un jeu qui utilise l’effet 3D comme un élément de gameplay à part entière au point que certains obstacles seront difficiles à passer en 2D. On le déconseillera donc aux joueurs possédant une 2DS. Cependant, pas de panique car il n’y a aucun obstacle rédhibitoire dans Kirby : Planet Robobot...

Comme l’épisode précédent, l’intérêt du jeu ne se situe pas dans sa difficulté ni même dans ses game over qui font d’ailleurs partie des légendes urbaines autour de Kirby : Planet Robobot. Bien que les niveaux soient longs et tortueux, il n’y a pas de checkpoint dans les niveaux- ou presque. Chaque niveau  est découpé en plusieurs petites zones et si jamais, il se passe un souci, Kirby se retrouve instantanément au début de la dernière zone traversée. A dire vrai pour perdre une vie, il faut vraiment le vouloir même contre un boss (en tout cas les premiers) et il arrivera sans doute plus souvent de se jeter volontairement dans un trou, afin de pouvoir recommencer un passage précis que d’y tomber par mégarde !

Le Kirby à l'ouvrage

L’intérêt de Kirby : Planet Robobot se situe dans sa construction et ses différents passages en forme d’énigmes que le joueur s’amusera à résoudre. C’est une fois encore « l’école Nintendo » dans toute sa splendeur : on joue pour le plaisir de jouer et de « déjouer » les pièges concoctés par les développeurs. Le joueur ne subit jamais le jeu et ce n’est pas la frustration et l’envie de se dépasser qui le motive pour avancer, mais tout simplement l’envie de jouer. Alors parfois cette construction se retourne un peu contre le jeu car à quoi cela sert d'élaborer des stratégies pour éliminer des boss si en lui fonçant dessus on finit par l'avoir de la même façon sans même avoir perdu un point de vie..

Comme on le répétera toujours, dans les (bons) jeux vidéo, c'est le personnage qui détermine l’action. C’est-à-dire que c’est le pivot central du gameplay autour duquel s’articule toute la mécanique de jeu. Tout le level design de Kirby : Planet Robobot est donc construit autour des spécificités du personnage central et puisque Kirby est un caméléon, tout l’intérêt du soft est de réussir à utiliser Kirby avec la bonne spécificité au bon moment.

La construction de chaque niveau est classique avec un chemin tout tracé permettant au joueur de le terminer simplement et différents embranchements l’incitant à farfouiller dans tous les coins afin d’y ramasser les items qui s‘y cachent. Dans chaque niveau il y a trois cubacodes cachés dont une partie se ramasse très facilement (permettant notamment d’ouvrir la porte du boss de chaque monde) et d’autres bien plus compliqués à dénicher- surtout les derniers bien évidemment; C’est dans la collecte de tous les cubacodes de tous les mondes que réside le vrai challenge de Kirby : Planet Robobot. Un challenge que l’on peut agrémenter de la quête aux autocollants (qui remplacent les pendentifs du jeu précédent) qui sont, eux-aussi, cachés, là encore un peu partout dans les niveaux

Un gameplay calibré et... classique

Du point de vue du gameplay, la majeure partie du jeu reprend celui du titre précédent et ne pose quasiment aucun problème. Tout est parfaitement calibré et se joue dans la majorité des cas d’une façon classique (stick et boutons). Sans pouvoir, Kirby marche, court et s’il ne peut frapper les ennemis il peut tout de même glisser en donnant un coup de pied. Il peut sinon voler et survoler les obstacles et puis surtout il peut aussi avaler les ennemis qu’ils rencontrent soit pour les recracher sous forme de projectile, soit pour s’en approprier les pouvoirs.

Pour les habitués, rien de très nouveau à ce niveau-là. On retrouve les pouvoirs habituels de la série et beaucoup en provenance, encore une fois, de l’épisode précédent. Il y a plus de 25 pouvoirs dans le jeu dont trois nouveaux, apportant un semblant de fraîcheur : la transformation en Docteur Kirby qui envoie des gélules, le "poison" qui permet à Kirby de créer des nuages de gaz toxiques et le pouvoir PSY qui permet à Kirby de déplacer des éléments avec sa pensée. Ces trois pouvoirs sont bien entendus mis en vedette durant le jeu (comparés à d'autres totalement délaissés) et même obligatoires pour résoudre certaines énigmes du jeu (généralement pour ramasser un cubacode).

Mon Kirby, ce robot

Evidemment, la vraie nouveauté du jeu réside dans l'utilisation des armures robots.C’est la trouvaille du jeu qui lui permet de se distinguer du titre précédent et d’obtenir instantanément une identité propre. A différents moments précis, Kirby peut enfiler une armure sachant qu’une fois dans l’armure, il ne peut l’enlever que dans des endroits spécifiques. C’est un peu le pendant du mode Supernova du titre précédent qui transformait Kirby en géant. Ici tout d’un coup Kirby devient super puissant et peut détruire des blocs qui étaient jusque-là incassables. En contre partie il ne peut plus voler et devient un peu plus pataud et lourd dans ses déplacements. Heureusement, Kirby reste Kirby et même avec une armure, Kirby peut subtiliser les pouvoirs de certains ennemis transformant ainsi son robot qui peut tour à tour envoyer des bombes qui marchent, cracher des flammes, de la glace ou avoir de grosses scies circulaires à la place des bras. Il peut aussi se transformer en voiture ou encore en avion pour des séquences de shoot endiablées. Là encore, le jeu demandera de choisir la bonne armure au bon moment pour résoudre  certaines énigmes du jeu. C'est une évidence, l'utilisation des armures est particulièrement grisante même si on regrette que trop souvent, le premier ennemi rencontré près de l'armure-robot est celui qu'il faut scanner pour résoudre le prochain casse-tête...

Pour résumé, dans Kirby : Planet Robobot le joueur doit composer avec plusieurs plans, en passant de l’un à l’autre (de préférence en utilisant l'effet 3D) pour tenter de résoudre les énigmes de chaque niveau, en choisissant entre plus d’une vingtaine de pouvoir différents pour se transformer mais aussi en portant des armures là encore transformables en une douzaine de modèles différents... Autant dire que le gameplay du jeu est riche et qu'on ne s'ennuie jamais en jouant surtout que le titre réserve pas mal de petites surprises qui viennent casser les habitudes.

Alors certes, le jeu ressemble à s’y méprendre au titre précédent au point qu'il peut presque faire figure d'add-on si on excepte les armures mais aussi l’aspect mécanique qui remplace l’ambiance bucolique de Kirby Triple Deluxe. On retrouve d'ailleurs énormément d’éléments, de sprites et de décors déjà utilisés dans le jeu précédent et qui reviennent ici sous forme de machines ou encore d’hologrammes. A différents moments, on affronte d'ailleurs des boss qui viennent de Kirby Triple Deluxe  et qui sont à peine transformés tout en gardant les mêmes attaques et les mêmes animations... La plupart du bestiaire a de toute façon déjà été utilisé et vu par ailleurs, et malgré le plaisir que l’on prend à jouer on ne peut pas nier le recyclage jusque dans les phases bonus du jeu qui sont les mêmes d'un jeu à l'autre. La bande son du jeu est aussi très proche du titre précédent avec de nombreux morceaux identiques. Elle n'en reste pas moins très agréable, alternant des ambiances et des sonorités diverses bien dans l'esprit de la variété des environnements.

De nombreux modes de jeu

L’aventure principale de Kirby : Planet Robobot se termine assez vite en ligne droite avec un combat contre un boss vraiment épique… Evidemment si on veut ramasser tous les cubacodes et explorer chaque recoin de chaque niveau, la durée de vie est plus que satisfaisante surtout que le jeu inclut d'autres modes pour faire, à priori, durer le plaisir.. D'abord Les Defis 3D de kirby, une sorte de petit casse-tête en 3D et L'attaque des Kirby, un mode multijoueur avec une cartouche (qui peut se jouer seul) demandant d'attaquer avec quatre Kirby différents ennemis.. Deux petits modes très courts dont on peut se demander s'ils n'annoncent pas des versions plus copieuses (et payantes) sur l'eShop comme ce fut le cas avec les modes de Kirby Triple Deluxe, Kirby Fighters Deluxe et Dedede's Drum Dash Deluxe. Deux autres modes sont disponibles L'un qui s'appelle l'Arène, sur lequel on passera vite et un dernier qui s'apparente à un véritable game + et permet de refaire le jeu, sans Kirby et avec beaucoup plus d'obstacle pour ceux qui aiment se compliquer la vie.

A noter que le jeu sort en boutique en même temps qu'une nouvelle série de quatre amiibo qui chacun octroie un pouvoir spécial à Kirby...