ui e toi

Philipe #8

Résumé de l’épisode précédent: Philippe kiffe Philipe.


Tout déprimé que j’étais de constater à quel point Philippe était content, je décidai de passer la journée à dormir, comme un grosse loque. Loque, lotte! La lotte c’est un poisson!! Gnahahah hi hé ho hou! Hum. Bref, ça tombait bien, de toute façon, je pouvais pas m’occuper autrement qu’en dormant, dans ce saladier de merde.
Je piquai donc un petit roupillon. Mais ne vous inquiétez pas, je l’ai rendu, après (je suis en forme moi) (oui mais en forme de quoi?) (feur!!).
Mais, au bout de deux petites heures de sommeil, un bruit familier me réveilla. La porte d’entrée. Ça ne pouvait pas être l’autre abruti, il ne finit sa journée que bien plus tard… Bon, certes, il aurait très bien pu avoir déjà été viré, mais, je réalisai bien vite que quelque chose clochait… En effet, je ne l’avais pas entendu se cogner la tête contre le lustre de l’entrée, ce qu’il ne manquait jamais de faire. Encore plus suspect, il ne cria pas « Philipeeeeeeee où es-tu mon petit bichon euh ma petite sardine!! PTDLOL!!» (oui, il faisait la même blague tous les soirs). Et encore encore plus suspect, c’est une femme qui apparut devant moi, dans la cuisine. Il y avait définitivement quelque chose de très louche dans tout ça. Très vite, la jeune femme commença à tout m’expliquer:
« Ah te voilà toi, c’est donc de toi qu’il parle tout le temps, hein, oui ne nie pas, je le sais, ça se voit, de toute façon tu ne pourrais pas me le cacher, je ne suis pas une femme comme les autres moi vois-tu, j’ai toujours senti quand quelqu’un me mentait ou essayait de me dissimuler la vérité, et oui, je suis comme ça, alors je te conseille de jouer cartes sur table avec moi, et pas des cartes routières, non non, je te parle bien de cartes comme celles qu’on pourrait trouver dans ses casinos de euh tu sais la ville dans le désert euh dans la Manche je crois, enfin, tu comprends? Enfin, je veux dire, est-ce que tu comprends au moins quand je te parle, parce que je parle de trucs importants, hein! Plus importants que la langouste de la fête du homard de mon village natal de Tucson, Arizona, dans l’Oregon. T’es vraiment comme ton maître toi, on te parle, et on a l’impression que t’écoutes, mais est-ce que tu écoutes vraiment? Est-ce que tu comprends que parfois on a besoin d’être écouté? C’est pas pour dire, mais t’as pas l’air de quelqu’un à qui on peut se confier, hein, si tu vois ce que je veux dire, alors que moi, je suis gentille, serviable, bon des fois on me dit que je suis un peu coconne, mais il paraît que c‘est pas de ma faute, et de toute façon je suis pas coconne, hein, entre nous, je sais bien que je suis plus maligne que la majorité des personnes ici présentes, mais bon, c‘est quand mon père il m‘avait demandé d‘abattre le vieux Tom, c‘était le nom du grand pin au fond de notre champ, et bien il m‘était tombé dessus, le pin hein pas mon père, eh eh, enfin bref. Tout ça pour dire que ma mère, et ma grand-mère avant elle ont transmis cette ligne de conduite dans ma famille depuis près de 12 générations depuis, ça remonte à l’Antiquité, tu vois, c’est autre chose que l’histoire d’une quoi d’une sardine, eh, non mais et lui il parle de toi, et moi il parle de moi tu crois et bah non il parle pas de moi. Alors peut-être que tu…»
Tout en parlant -avait-elle seulement repris sa respiration une seule fois?-, elle avait dissimulé mon saladier sous un torchon, puis l’avait soulevé, et emporté avec elle… Et bientôt, je réalisai que j’étais dans une voiture, roulant à vive allure vers l’inconnu et laissant derrière moi une vie bien pourrave. Je fus soudain traversé d’un frisson d’excitation.