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Philipe #4

Résumé des épisodes précédents: Philippe a avalé Philipe. Ce dernier est dans la merde. Ahah.

« Je commençais à me sentir à l’étroit dans cet estomac, ça secouait dans tous les sens depuis un bon quart d’heure… Au moins, j’appris le prénom de mon hôte quand il croisa sa voisine.
"Heyyyy madame Jeanne à l'huile !
- …
- Heyyyyy à l'huile !
- …
- C’est moi m’dameuhh! Philippeuhh! Votre voisin, vous savez à l'huile !"
- …
Apparemment, la voisine l’ignora, et Philippe continua sa route en sautillant. Il était bien joyeux le bougre. Personnellement, je devais avoir vomi la moitié de mon poids depuis que j’étais rentré là-dedans, et je nageais dans tout ça, complètement shooté par le manque d’oxygène. C’était pas beau à voir. Dans un effort surhumain (ou plutôt sursardinien oh oh oh), je recherchais dans ma petite tête comment me sortir de cette fâcheuse posture. Je pouvais toujours essayer de remonter par là où j’étais entré… A tâtons, je longeai la paroi intérieure dans l’espoir de trouver une issue. Je commençais à me sentir mal… Et bientôt, je sombrai dans un profond sommeil pas réparateur du tout. Je fus réveillé par une drôle de sensation. Comme si je baignais dans humm des Miel Pops enrobés de Nutella et ramollis par du lait périmé. Je compris bientôt que c’était le cas. Mine de rien, cet apport de protéines me donna un bon coup de fouet. Je repris mes recherches avec encore plus d’ardeur, bien que la couche de bouillie de Miel Pops recouvrant les parois rende ma mission encore plus complexe. Mes yeux avaient commencé à s’habituer à l’obscurité, et apparemment, Philippe était de sortie. Le temps devait être superbe, les rayons du soleil perçaient au travers de sa peau et irradiaient l’estomac d’une superbe lumière orangée. Je pouvais maintenant discerner les particules de Nutella en suspension, flottant de-ci de-là, et… fichtre! Elles semblaient comme aspirées par un minuscule trou, situé tout au fond de l’estomac! Mais oui! Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt! Ce n’était pas l’entrée qui fallait chercher, mais la sortie! Gnahahah! Bah oui! Complètement défoncé par le manque d’oxygène -qui anesthésiait la douleur due aux sucs gastriques-, je me mis à pousser comme un malade là où toutes les particules de bouffe se rassemblaient en un petit tas. Toutes mes nageoires s’activaient, dans tous les sens, et rapidement je sentis que le trou commençait à s’élargir! Plus qu’un petit effort et… Soudainement, je fus aspiré en avant, traversant quelques mètres d’intestins en une poignée de secondes, appréciant les différents niveaux de digestion des aliments, jusqu’à ce que je sois finalement bloqué par une masse plus épaisse, dans laquelle je ne pouvais plus nager… C’était du caca! Je continuais à me débattre comme un beau diable, je sentais que chaque fois que j’arrivais à toucher une paroi, celle-ci se rétractait, me poussant davantage en avant… Gnah! Gnah! Je me secouai tellement que j’avais fini par faire un demi-tour, et maintenant ma queue était à l’air libre, alors que j’étais proche de la suffocation… Enfin, je sentis qu’on m’attrapait par la queue, et la seconde suivante, j’étais à l’air libre, bien que recouvert de caca. Philippe ne dut pas me reconnaître, car la lueur d’admiration dans son regard de l’autre soir avait disparue, laissant la place à un dégoût bien plus rationnel. Il me balança dans l’évier en laissant l’eau me couler dessus. Il disparut quelques instants, puis revint avec un bocal dans lequel il m’installa.