ui e toi

Philipe #2

« Cela faisait bientôt une minute qu’il me fixait, droit dans les yeux, me recrachant de temps en temps une petite bulle au visage, sans rien dire. Immobile. Complètement fasciné. Je sais que je suis super sexy pour une sardine, mais je suis pas trop pour les mélanges interraciaux. Surtout avec un humain comme ça. Bouerk. Quel regard vitreux. Soudain, il crispa ses muscles, comme on fait avant de réaliser un effort surhumain. Il prenait son courage à deux mains. Il allait finalement oser prendre la parole!...

" Tu veux être mon amie à l'huile?
- *c’est quoi ce con*
- Oh, ne sois pas timide à l'huile !
- *abruti*
- Tu sais, je te trouve très belle à l'huile.
- *mon Dieu*
- Ah oui, et pourtant, j'en ai vu des sardines ! Des à l'huiles, des au vinaigre, des à la poêle, des comme toi et plein d'autres encore ! Mais toi, t'es de loin la plus belle de toutes à l'huile!
- *à la poêle??? Mais il va vraiment pas bien ce mec-euuuh!!*
- Roh tu m'agaces ! A quoi ça sert d'être belle si on peut pas parler à l'huile?
- Mais t'es con toi, chuis une sardine, et une sardine ça parle pas.
- Ah bon? Ah ben oui, désolé sardine, je voulais pas te vexer à l'huile !
- *il n’a pas remarqué ma ruse, gnahaha*
- Bon ben à plus tard, peut-être, enfin j'espère ! Tu sais, je crois que nos destins sont étroitement liés... Non, pas la peine de me répondre, je sais que tu peux pas parler, et d'ailleurs, je n'avais pas l'intention de t'écouter à l'huile !
- *et j’avais pas l’intention de parler, ça tombe bien, eh*
- Heu ! Enfin, ce que je voulais dire c'est que heu... tu vois hein? Enfin je veux dire... tu me comprends n'est-ce pas? Bien sûr que si t'avais parlé je t'aurais écoutée, mais comme tu parles pas, je t'écouterai pas, hein, à l'huile?
- Dégages.
- Tout de suite à l'huile !"

Il commença à se débattre dans tous les sens, mais il me sembla qu’il était en fait incapable de respirer sous l’eau, alors il manquait certainement un peu de peps. Le poids de ses vêtements imbibés s’additionna à celui de l’haltère et à celui de sa stupidité. C’est même plutôt ce dernier qui l’empêcha de se tirer de cette fâcheuse posture, et, bien vite, ses yeux se fermèrent. Un sourire débile s’afficha sur son visage. Le sourire s’agrandit… De plus en plus grand… Et brusquement il ouvrit la bouche en prenant une grande inspiration et je fus catapultée au fond de son estomac. Et je dois bien admettre qu’il y a plus agréable, comme sensation, que celle d’être avalé par un gars qui pue autant du bec. »