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Philipe #10

Résumé de l’épisode précédent: Philipe est emprisonné chez Marie, qui est jalouse de Philippe, qui kiffe Philipe.

Marie cousait maintenant avec application des petites chaussettes, taille 2 ou 3, en gros, et donc comme elle était pas douée, ça mettait du temps. Alors je pus en profiter pour échafauder à nouveau un plan afin de m’échapper. D’après mon expérience et ce que je savais sur ma kidnappeuse, ça allait être très chaud. Peut-être même plus que du cacao (ce qui est déjà très chaud). Elle était terriblement motivée. Ce qui n’allait pas tarder à se confirmer.
Cela devait faire deux bonnes heures qu’elle cousait des chaussettes pour Playmobile accroupie sur son lit, quand elle décida soudainement de se redresser en hurlant, un peu comme un fourmilier doit hurler quand il se rend compte qu’au lieu de farfouiller dans une fourmilière, sa langue farfouillait en fait dans le cul d’un ours en hibernation.
« ON PASSE AU PLAN B!!!!!!!!!!!!!!!!! » hurla-t-elle.
Elle se rua sur le téléphone, dans le salon. Elle prit soin de dissimuler sa voix en mangeant un mouchoir avant de décrocher le combiné (oui bon elle se souvenait que y‘avait un truc à faire avec un mouchoir mais elle savait plus quoi exactement). Je n’entendis pas très bien ce qu’elle dit, enfin bon c’est surtout que je vais pas copier-coller le dialogue qui se trouve dans la partie écrite par Jack - ce serait ridicule et inutile, convenons-en.
Toutefois! Je pus entendre plusieurs fois le nom de « Philippe », ce qui confirmait ce que je pensais: elle téléphonait à Philippe. D’un autre côté, c’était pas bien dur, ça devait être la seule personne qu’elle appelait de temps en temps (bon ouais sûrement plusieurs fois par jour en fait), à égalité avec son grand-père, danseur de java dans la Creuse. Elle devait réclamer une rançon ou euh l’obliger à se séparer de moi, un truc dans le genre. Puis, soudainement, je fus pris d’un horrible pressentiment. Et si, ne sachant plus quoi faire pour gagner les faveurs de Philippe, elle décidait de me supprimer? Ce n’était pas impossible, elle semblait assez, hum, instable. Merdeuh. Je n’allais quand même pas crever assassiné par une malade mentale. Quoique, si c’était ça ou passer le reste de mes jours chez un autre malade mental… Bon, non, je me posai quelques instants, et repris mon calme. Cette fois, il fallait que je m’évade. Je regardai rapidement tout autour de moi… Rien…
Puis j’entendis Marie s’exclamer toute seule dans la pièce d’à côté:
« Ah la la, je n’espère vraiment pas que Philippe ne pourrait peut-être pas être en mesure d’être absent lorsqu’il ne se rendra pas chez moi. Tout ça me donne mal à la tête, je me ferai bien un petit thé au goût de café, oh la la, oui oui, vraiment »
Ce qui me donna une idée… Mais je la garde pour moi pour le moment, je vous laisse encore un peu de suspense. Bref, Marie revint dans la pièce, une tasse de thé à la main. Elle la posa à côté de mon saladier, et commença à me raconter la conversation. Apparemment Philippe n’allait pas venir me chercher ici dans une heure ou deux, le temps qu’il trouve l’adresse. Blablabla, et finalement:
« Olala, le thé tout ça tout ça, ça me donne envie d’être fatiguée, je vais sombrer dans un profond sommeil réparateur avant que Philippe n’arrive pas, comme ça je serai en forme pour ne pas l’accueillir »
Elle s’allongea sur son lit, entre la gare et la poste, et sombra dans un profond sommeil réparateur. Elle avait pas vraiment besoin de se réparer vu qu’elle avait rien glandé de la journée, mais bon, faut bien que l’histoire avance hein.
Je profitai donc de son profond sommeil réparateur pour mettre à exécution le plan que je venais d’imaginer. En effet, peu de personnes le savent, mais les sardines ont un pouvoir spécial. Bon, ouais, la plupart des sardines l’ignorent aussi. C’était passé un soir sur Arte et j’étais le seul être vivant du pays à l’avoir regardé. Ils disaient qu’au contact de thé au goût de café, les sardines devenaient immatérielles. Comme la fumée d’un barbecue au milieu d’une nappe de brouillard, par exemple. Je pris donc mon élan et plongeai de mon saladier dans la tasse thé au goût de café que Marie avait oublié à côté de moi. Et je devins immatériel. Je comptais pouvoir m’échapper, parce que le thé était maintenant froid, et Marie allait probablement le vider dans l’évier, et bé oué.
Mais, on frappa à la porte. C’était Philippe. Marie le fit entrer, et Philippe voulut boire du café. Et Marie lui tendit la tasse qui me contenait, dissout au milieu du thé au goût de café. Et Philippe me but, et pour la seconde fois, je me retrouvai dans son estomac.