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Sharknecdote #4 - Le Krach du jeu vidéo

Par sharkun - Le 05/07/2015 à 00:07

Mystères, rumeurs, fakes, jeux annulés, mèmes, creepypasta (des pâtes qui font peur, tout à fait)... la rubrique Sharknecdote fait le point et l'encyclopédie de toutes les légendes urbaines et anecdotes sympathiques vidéoludiques, de quoi étendre un peu la culture des geeks que vous êtes. Si la plupart paraissent de prime abord totalement incroyables, ne vous méprenez pas, beaucoup y croient et il est bon de savoir que même dans le milieu du jeu vidéo, des éléments inexplicables et inexpliqués existent. Le but ne sera pas de savoir si telle ou telle histoire est vraie ou non, mais d'en parler afin de vous la faire découvrir sous tous les angles, de savoir comment tel ou tel buzz s'est propagé et de savoir ce qui en est à l'origine. Certaines histoires sont très connues donc ne vous attendez pas à découvrir quelque chose à chaque fois, et je sais que ça sera difficile (surtout pour vous popopooo ce que je vous mets) mais vous n'êtes pas le centre du Monde il est possible que vos petits camarades n'en aient pas entendu parler. Peace. 

 
Sharknecdote #4 - Le Krach du jeu vidéo 
 

 
 
Le commencement

On est parti pour le quatrième numéro de Sharknecdote, ne se concentrant non pas sur une légende urbaine vidéoludique cette fois-ci ou un jeu annulé, mais bien sur un fait réel, un fait ayant bien existé. C'est en 1983, principalement en Amérique, qu'a eu lieu ce qu'on appelle le Krach du jeu vidéo, ou Krash/Crash selon les langues et les préférences, la période la plus sombre de l'industrie vidéoludique (ah vous pensiez qu'il s'agissait de la sortie de Wii Music vous aussi) et pour cause : de nombreuses entreprises du secteur durent déclarer faillite et le jeu vidéo était bien parti pour n'être qu'une mode éphémère. Bien qu'on parle de Krach pour bien signifier que cette industrie s'effondrait, il 'agit bien évidemment d'une crise majeure avant tout pour les jeux vidéo mais aussi et surtout les entreprises qui étaient liées. Les raisons, il y en a plusieurs mais certaines sont plus importantes et plus probantes. Beaucoup d'entre-nous n'ont pas vécu cette crise et donc ignore son existence mais il convient de repréciser qu'elle est considérée comme la période la plus sombre de l'histoire du jeu vidéo dans la mesure où elle a failli le faire disparaître. Du moins, c'est ce qu'on pensait à l'époque.

Tout d'abord, en 1972, le jeu vidéo va commencer sa petite expansion en Amérique, notamment grâce à la société Atari qui détient le plus de part de marché dans ce secteur. Beaucoup de jeux vont, dans les années 70, avoir énormément de succès comme Pong délivré sur des bornes d'arcade. On peut considérer ce jeu comme étant le point de départ de la croissance soudaine du jeu vidéo à ce moment-là bien que d'autres jeux comme Asteroids rencontrèrent également beaucoup de succès. Le secteur attire alors de plus en plus de sociétés et de nouveaux éditeurs font leur apparition en raison du succès grandissant des jeux vidéo à mesure que les années 80 approchent. Le problème, c'est que le marché a attiré un peu trop de société et se retrouve désormais  inondé de jeux vidéo avec l'apparition de tous ces éditeurs au début des années 80. Les sociétés préfèrent, de manière évidente, la quantité à la qualité pour tirer le plus de bénéfices possibles. A partir du moment où un jeu a du succès, on s'amuse à le recopier. L'exemple souvent cité est celui de Pac-Man, souvent copié sur console mais jamais égalé, avec des versions bâclées graphiquement parlant et déjà archaïques pour l'époque.

Le jeu vidéo, un simple effet de mode ? 

Petit à petit, alors que le nombre de jeux vidéo produits augmentent de manière considérable, de l'autre côté le nombre de joueurs diminuent énormément. En effet, le public se lasse de plus en plus de tous ces jeux et ne s'y retrouvent plus parmi tout ce qui est proposé. Les quelques jeux de qualité sont passés sous silence et vendu à un prix réduit dû aux jeux de basse qualité vendus à bas prix. Résultat, les constructeurs mettent la clef sous la porte les uns après les autres. Les quelques jeux de qualité sont noyés sous toute la flopée de mauvais jeux produits par paquets. Selon un responsable de Mattel interviewé à l'époque, les sociétés veulent tellement tirer profit de ce marché croissant qu'en une année de production vidéoludique, l'équivalent de deux années a été produite. Malheureusement, il n'y a pas que ça. A cette période, lorsqu'un jeu ne marchait pas on le renvoyait à l'éditeur en échange d'argent. Vous avez deviné, le nombre de jeux renvoyés aux éditeurs battaient un record hallucinant et les sociétés n'ayant plus d'argent, en raison de ce système mais aussi des ventes faibles réalisées ces derniers mois, déclarèrent faillite les unes après les autres. Les jeux ne pouvant être remboursés ou même renvoyés aux éditeurs ayant fait faillite, les détaillants distribuent tous les jeux au rabais. Comme dit précédemment, les jeux, à l'origine vendus à une trentaine d'euros dégringolent à 5 euros, y compris les quelques bons jeux ayant nécessités beaucoup de temps de travail. Le public commence à croire que le jeu vidéo n'est qu'une petite mode éphémère qui a fait son temps et considère qu'il faut passer à autre chose.

E.T. et les micro-ordinateurs sonnent le glas 

Une autre raison de l'existence de cette crise, c'est l'arrivée des micro-ordinateurs dans les foyers, concurrents directs des consoles de salon. Les micro-ordinateurs étaient auparavant réservés aux professionnels, à un prix dépassant facilement les 1000 dollars et seulement dans certains magasins particuliers. A partir de 1983, des ordinateurs à bons prix (350 dollars généralement) pouvant se brancher sur les télévisions font leur apparition et mettent encore plus au fond les consoles de jeu vidéo qui se trouvent de nouveaux concurrents alors que les éditeurs et constructeurs de jeu vidéo rencontrent déjà d'énormes difficultés financières. Les arguments des micro-ordinateurs les plus mis en avant sont les graphismes supérieurs, une meilleure qualité sonore, une plus grande mémoire et des jeux plus sophistiqués que ce que proposent les consoles de salon à l'époque. De plus, les publicités mettaient en avant le fait que les micro-ordinateurs pouvaient faire du traitement de texte et d'autres choses servant aux activités professionnels. On peut résumer cette vague de publicité contre les consoles de salon par un slogan très connu : "Pourquoi acheter à vos enfants des consoles de jeux et les distraire de l’école alors qu’un ordinateur prépare leur entrée à l’université ?" de la société Commodore.

Quand on parle du Krach du jeu vidéo, on parle également du jeu E.T. The Extra-Terrestrial (E.T. l'Extra-terrestre en français), considéré comme le pire jeu vidéo au Monde (oui oui lâchez Wii Music un peu ne soyez pas aussi bornés que l'auteur de cette news voyons). Sorti en 1982 sur Atari 2600, E.T. The Extra-Terrestrial reprend certains éléments du film de Steven Spielberg ayant eu un succès fou cette même année. Atari discute avec Steven Spielberg et Universal Pictures afin d'avoir les droits du film pour l'adapter en jeu vidéo. Les négociations aboutiront en Juillet ne laissant qu'un délai de 6 semaines pour finir le jeu au game designer Howard Scott Warshaw, développeur d'un ayant eu un grand succès auparavant : Raiders of the Lost Ark. En 6 semaines Warshaw devait avoir terminé le jeu afin de pouvoir le sortir le premier Septembre 1982, soit la date limite pour pouvoir distribuer le produit pendant la période d'achat de Noël à l'époque. En aussi peu de temps, le jeu fut donc bâclé et fut un échec commercial. Atari espérant un grand succès de la part du jeu avait produit énormément de cartouches qui fut donc invendues. De là, une petite légende urbaine naquit. En effet, une rumeur veut qu'Atari pendant une nuit ait déchargé un grand nombre de produits dans le désert du nouveau Mexique. La majorité de ces cartouches seraient justement les fameuses cartouches invendues du jeu vidéo E.T. Howard Scott Warshaw lui-même ne sait pas la vérité à propos de cette rumeur. Sauf qu'entre temps, des documentaires ont déjà prouvés la vérité mais tout ça, on le garde pour un autre Sharknecdote. Nous y reviendrons plus tard. Pour le moment, citons l'avis du testeur Hooper résumant l'avis global des quelques élus ayant pu jouer à E.T. The Extra-Terrestrial :

Qu'est-ce que c'est que cette merde ?

Déclare-il, avec une légère pointe d'animosité, juste ici

L'arrivée de Nintendo : le sauvetage

Mais alors pourquoi, nous qui sommes si jeunes, si beaux, qui avons toutes nos dents et nos cheveux (enfin j'espère pour vous sinon tant pis) baignons-nous dans cet univers vidéoludique toujours existant et croissant ? C'est simple, quelques entreprises japonaises, notamment une que l'on connaît bien, sont arrivées au bon moment sur le marché américain pour "sauver" le jeu vidéo.Le Krach du jeu vidéo prend en effet fin en 1985, date de sortie de Super Mario Bros. qui met tout le Monde d'accord avec plus de 40 millions d'unités écoulées à travers le Monde, relançant ainsi le jeu vidéo et plus précisément, lançant le jeu vidéo japonais en occident. Si ça, c'est la raison la plus connue et la plus évidente, il faut savoir que ce n'est pas juste Super Mario Bros. qui a contribué au succès de Nintendo. Non, c'est également la mise en place de règle stricte concernant la distribution des jeux sur la console de la firme japonaise. Nintendo ayant eu vent de ce qui s'est passé sur les consoles américaines met en place le fameux "seal of quality", une sorte de vérification pour chaque jeu arrivant sur la NES. Nintendo ne voulait pas une farandole de jeux de basse qualité et décida ainsi de contrôler la qualité des jeux arrivants sur sa console. Si la société estimait le jeu de qualité, le sceau de qualité doré apparaissait sur la boîte du jeu. Cela évitait ainsi les multiples jeux tiers bâclés et l'inondation de ces derniers sur la console.

La suite on l'a connaît : Nintendo continuera par la suite à vendre ses jeux par paquets avec de nouveaux épisodes Mario, des nouvelles licences comme Zelda et d'autres consoles feront leur apparition, notamment celles de SEGA un peu plus tard. La question maintenant, c'est de savoir ce qui se serait passé sans l'arrivée de Nintendo et surtout, de ce Super Mario Bros. ayant relancé l'engouement des joueurs américains. Le jeu vidéo aurait-il été une mode éphémère comme le laissait entendre les médias de l'époque ? N'existerait-il pas aujourd'hui ? Ou existerait-il sous différentes formes, différentes évolutions, seulement au Japon ? Si même certains devins comme Michael Pachter pensent avoir la réponse, personne ne le saura sûrement jamais tant les possibilités et hypothèses sont nombreuses. 

Bertrand Amar, spécialiste vidéoludique, résumant le Krach du jeu vidéo :


Sharknecdote #1 - Super Mario's Wacky Worlds

Sharknecdote #2 - La cartouche de Zelda hantée 

Sharknecdote #3 - StarFox 2 le jeu mort dans l'oeuf