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[Interview exclusive] Partie 1 : Entretien avec Third Éditions la maison d'édition dédiée aux jeux vidéo et à la Pop Culture - Annonce d'un tout nouveau livre Zelda

Par babidu - Le 21/10/2023 à 13:00

Third Édition est une maison d'édition toulousaine fondée en 2015 par Nicolas Courcier et Mehdi El Kanafi. Ayant fait du jeu vidéo et de la Pop Culture en général les bases de sa ligne éditoriale, Third Édition nous a déjà proposé des ouvrages sur la saga Zelda (en deux tomes), sur Mario mais aussi sur Pokémon ou encore sur l'histoire des consoles Nintendo 64 et Nintendo Wii que nous ne pouvons que vous recommander chaudement.

Dans le cadre de la sortie de leurs ouvrages consacrés à Assassin's Creed et à Undertale, qui sont respectivement sont tous les deux disponibles sur le site internet de la maison d'édition, ses deux fondateurs ont acceptés de revenir avec nous, au fil d'un entretien vocal, sur leur ligne éditoriale, la formule magique de leurs livres mais aussi sur leur rapport avec Nintendo et ses licences.

Third Éditions est la troisième maison d'édition de Nicolas et de Mehdi. En 2010, ils ont fondé Console Syndrome Éditions, une structure faisant suite à la publication de leur propre magazine Console Syndrome qui a connu quelques numéros jusqu'à la création de cette première maison d'édition. Un an plus tard, Console Syndrome Éditions est racheté par Pix N'Love et en devient la branche toulousaine. En 2015 ils quittent Pix N'Love pour lancer leur troisième projet, leur nouvelle maison d'édition : Third Éditions.

Ceci est la première partie de l'entretien, la seconde partie est dans un deuxième article.

Tous les livres abordés dans cet entretien sont à retrouver dans la bibliographie en fin d'article, tous les auteurs y sont cités mais ne sont pas tous cités dans le texte par soucis de fluidité.

Nicolas : Nous avons fait le cheminement classique voir habituel, d'abord un petit projet amateur de notre côté. Un magazine papier qu'on faisant dans notre coin puis nous sommes passés à l'étape supérieure, une maison d'édition et donc des livres. Puis une seconde maison d'édition plus tard quand nous avons eu besoin de prendre plus d'ampleur.

Mehdi : Console Syndrome Editions s'est fait racheter au bout d'un an, nous avons été à la tête de la branche toulousaine de Pix N'Love. Le siège de Pix N'Love, la branche à Paris, s'occupait plus du rétro-gaming et du versant historique du jeu vidéo et nous, nous nous occupions plus du traitement des jeux d'actualité et du versant analyse. Il y avait déjà deux sortes de lignes éditoriales et quand nous sommes partis de chez Pix N'Love, ils ont continué à faire du rétro-gaming parce que c'est ce qui leur plaisait et nous nous avons continué à travailler sur de l'analyse et des jeux d'actualité. C'était plus naturel que nous soyons deux sociétés à part malgré le fait que nous nous étions regroupés.

Nicolas : Nous nous connaissons avec Mehdi depuis 20-25 ans, nous sommes ami d'enfance. Nous habitions à côté et avons été au collège ensemble. Nous partagions cette même passion du jeu vidéo et nous avions la même admiration pour la presse jeu vidéo. Chaque mois nous allions acheter nos petits magazines pour les échanger entre nous et nous avons toujours eu le même attrait pour les jeux vidéo que pour la presse qui traitait du jeu vidéo. Avec notre fan-zine, c'était notre délire de faire notre propre magazine de jeux vidéo. Mais avec l'âge et en constatant que la presse jeu vidéo était déjà un peu moribonde, nous avons compris qu'il fallait que nous évoluions dans notre façon d'aborder le jeu vidéo. Cela s'est fait de manière plutôt naturelle au fil du temps, nous avons essayé de faire des formats plus poussés, plus longs, plus pointus. Nous voulions sortir du format News/Tests/Previews et cela nous a emmené vers le projet qui permettait de se consacrer pleinement à des formats d'analyses longs, à savoir le livre.

Mehdi : Nous avons toujours été fans des formats longs, les tests de jeux les plus longs possibles étaient ce qui nous intéressait le plus. Et comme l'a dit Nicolas, l'aboutissement du format long en écrit c'est le livre.

Les livres de Third Éditions se démarquent notamment par une structure propre à la ligne éditoriale de cette maison d'édition. Marqué par trois piliers, "Création, Univers et Décryptage", cette formule magique se voit déclinée au fil de leurs ouvrages et permet d'identifier immédiatement la signature de Third Éditions. Très didactique et permettant une analyse complète d'un sujet, Mehdi et Nicolas sont revenus sur la création de cette structure pour leurs ouvrages.

Nicolas : La structure s'est construite petit à petit sans qu'on ne s'en rende compte et lorsque nous avons écrit notre premier livre, celui sur Assassin's Creed (Ndlr : disponible chez Pix N'Love), nous avons du brainstormer pour réussir à la mettre par écrit pour en faire une véritable formule. Cela s'est fait naturellement dans le sens où nous allions déjà vers ce type de découpage et de structure, mais il fallait la formaliser.

Mehdi : Nous avions l'ambition de couvrir le plus exhaustivement possible un jeu ou une série de jeux. De sa genèse, qui est devenu le chapitre Création, tout son versant univers et scénario et enfin proposer de l'analyse dans le chapitre Décryptage, notre touche plus personnelle à l'époque, personne ne croyait en l'analyse. À cette époque, personne ne croyait en l'analyse parce que cela pouvait faire un peu peur, c'était un mot un peu trop sérieux pour une époque durant laquelle les jeux vidéo étaient plus considérés comme plus ludiques que sérieux.

Avec ces trois chapitres, "Création, Univers et Décryptage", tout est couvert. Du début d'un projet, avec l'idée même qui émerge jusqu'à sa publication.

Nicolas : Sans aller jusqu'à dire que c'est une formule magique, nous avons pu utiliser cette structure pour tous les différents jeux que nous avons traiter et même si aujourd'hui on essait de l'adoucir en la retranscrivant sous la forme d'un texte plus fluide qui mélangerait ces pilliers là dans un seul et même texte, sans avoir ces gros blocs de textes séparés comme nous faisions au début.

Un chapitre consacré à la musique se rajoute d'ailleurs parfois à cette formule. 

Nicolas : Pour l'anecdote, notre premier livre sur Assassin's Creed, nous étions partis le vendre au Toulouse Game Show et une personne est venue nous voir en nous disant que notre livre était trop cool mais qu'il manquait un chapitre sur la musique. Et ça nous a tellement traumatisé que nous sommes allés chercher Damien Mecheri qui travaille maintenant avec nous. Nous savions qu'écrire sur la musique était un peu sa passion, il le faisait déjà dans la presse, et c'est comme ça que Damien nous a rejoint dans l'équipe. Cette remarque nous a marqué et on salue cette personne si elle lit cette interview !

Initialement Mehdi et Nicolas étaient les auteurs de ces livres. Ils ont notamment écrit ensemble leur premier livre sur Assassin's Creed mais aussi le premier tome de Zelda : Chronique d'une saga légendaire ou encore l'ouvrage consacré à Final Fantasy VII. Maintenant qu'ils sont du côté de l'édition, ils n'écrivent plus d'ouvrage mais se consacrent à l'écriture de chroniques pour leur podcast audio hebdomadaire Red Alert qui est audible sur toutes les plateformes de Podcast et visible sur Youtube. 

Mehdi : L'écriture nous manque peut-être un petit peu mais maintenant que nous avons tout le versant podcasts et les chroniques qui nous permettent de donner notre avis, ça libère notre frustration.

Nicolas : Au début nous avons écrit les livres, par envie évidemment, mais aussi parce qu'en les écrivant nous-même, cela nous permettait d'économiser et de ne pas avoir à déléguer à un auteur.

Mehdi : Trouver des auteurs c'est quelque chose de compliqué. A l'époque, nous n'avions pas le réflexe de vouloir trouver des plumes pour écrire les livres que nous imaginions et il fallait paver la voie. Il fallait montrer notre formule pour qu'elle puisse se dupliquer, pour montrer ce que nous voulions comme ligne éditoriale. Les auteurs sont ensuite arrivés, se sont calqués sur cette formule et se l'approprient pour que leurs livres soient plus personnels.

Nicolas : L'objectif des podcasts c'était que si nous voulions ce rendement de podcast hebdomadaire, il ne fallait pas que cela nous prenne trop de temps dans la semaine. Nous avons aussi tout notre travail avec la maison d'édition à côté. Avec l'expérience, nous avons réussi à compacter ce processus pour qu'il nous prenne une journée de la semaine.

Mehdi : Une après-midi d'écriture et une matinée d'enregistrement. Ce n'est pas une vraie journée dans la semaine, c'est du temps fractionné sur toute la semaine mais si l'on compte c'est ce que cela nous prend, une journée de notre semaine.

S'il devait prendre une année sabbatique sans avoir à gérer l'édition de livres, Mehdi et Nicolas ne reprendraient pas forcément leurs plumes pour écrire de nouveaux ouvrages.

Nicolas : Je pense que mine de rien, nos ouvrages de cœur qui auraient pu nous inciter à nous remettre dans l'écriture, nous sommes en train de les réaliser par l'intermédiaire d'autres auteurs.

Mehdi : En ce qui me concerne, il y a un livre sur Final Fantasy VII Remake et un livre transversal sur le J-RPG qui vont sortir en fin d'année, c'est typiquement deux livres que j'aurais adoré écrire. Il y a deux auteurs qui s'en sont chargés et qui ont écrits deux livres, encore mieux que ce que j'aurais pu écrire, et c'est génial d'avoir pu les suivre en tant qu'éditeur.

Nicolas : Mais je pense qu'avec une année sabbatique, nous partirions plus sur le versant podcast et vidéo plutôt que dans l'écriture. Avec un gros rendement, plusieurs émissions avec plusieurs thématique set plusieurs angles.

Mehdi : Comme Nicolas l'a dit plus tôt, nous étions à l'époque aussi fans de jeux vidéo que de la presse traitant du jeux vidéo. Et aujourd'hui, encore plus qu'à l'époque, c'est compliqué d'être fan de presse de jeu vidéo parce qu'il y'en a moins mais il y a plein de Youtubeurs et plein d'alternatives. Les podcasts libèrent notre frustration de pouvoir analyser des jeux, de pouvoir en parler et de partager son décryptage. Mais c'est aussi la matérialisation d'un fantasme que nous avions déjà adolescent de faire partie de cette presse et nous sommes en train de l'assouvir.

Pour écrire les quatre livres consacrés à la saga Kingdom Hearts, Nicolas et Mehdi sont allés chercher Georges Jay Grouard, le fondateur de Gameplay RPG, le premier magazine consacré au J-RPG. 

Nicolas : Jay a été une grosse influence pour nous. Je pense notamment au chapitre Univers de nos livres, le côté analyse du background, du côté artistique mais aussi des influences mythologiques ou historiques d'un jeu qu'il pratiquait déjà. C'est presque un prêté pour un rendu mais il était évident pour nous que si nous avions notre propre maison d'édition, nous allions aller chercher Jay pour écrire des livres. De toutes façons pour Kingdom Hearts, je pense qu'il n'y avait pas plus évident que Jay pour traiter d'un tel sujet.

À la base, nous étions partis sur seulement deux livres sur la saga, un livre pour les premiers jeu jusqu'à Kingdom Hearts III et un second traitant uniquement de ce dernier mais ces deux livres étaient tellement épais que nous avons du les diviser en quatre.

Nous avons sorti des livres de 500 pages qui coûtent du coup 40 euros et il devient compliqué, surtout à notre époque, d'avoir des livres aussi cher. On préfère finalement fonctionner par volume pour aussi pouvoir mettre à jour nos livres sans avoir à les réimprimer. Sur des sagas fleuves comme Assassin's Creed ou Kindgom Hearts, cela nous paraît être la meilleure option.

Assassin's Creed, le tout nouvel ouvrage de Third Éditions est lui aussi divisé en au moins deux tomes, ce second tome étant encore à paraître. Mais si Third Éditions est revenu sur Assassin's Creed au travers d'un nouveau livre, est-il possible d'imaginer qu'un nouveau livre consacré à Zelda puisse lui aussi voir le jour ? Un nouveau tome de Zelda : Chronique d'une saga légendaire consacré à Tears of the Kingdom pourrait-il faire suite au second tome consacré à Breath of the Wild ?

Nicolas : Carrément. Assassin's Creed nous a pris du temps mais nous étions dès le début persuadé qu'il y avait un autre livre à faire sur la saga. D'ailleurs notre livre avait déjà été étoffé quand nous étions arrivés chez Pix N'Love avec Guillaume Delalande qui avait apporté sa vision sur le livre. Avec Thomas Méreur, nous arrivons avec une toute autre version mais nous sommes aussi convaincu qu'une licence comme Zelda tu peux aussi la traiter de plein de façons différentes. Pour les Zelda nous avons fait un livre sur la musique de la saga, qui était déjà une autre manière de traiter le sujet. Nous avons nos façons de penser et nos propres analyses mais quelqu'un d'autre pourrait écrire un tout autre livre aussi long et aussi complet que le nôtre mais avec sa vision.

Un livre sur The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom est prévu, c'est Valérie Précigout qui s'en occupe comme celui sur The Legend of Zelda : Breath of the Wild.

Non vous ne rêvez pas ! Third Éditions vient de nous dévoiler en exclusivité qu'un troisième tome pour Zelda : Chronique d'une saga légendaire est en préparation. Ce nouveau livre centré sur The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom et sera encore une fois écrit par Valérie "Romendil" Précigout. Si pour l'instant aucune date de sortie n'a été dévoilée par l'éditeur, nous vous tiendrons évidemment informés au plus vite sur ce projet.

Nicolas : L'anniversaire des 9 ans de Third Éditions sera plus discret que celui des 3 ans (Ndlr : Pour les 3 ans de la rédaction, Third Éditions avait proposé trois éditions spéciales de leurs livres sur Final Fantasy, Zelda et la saga des Souls, dans un format collector, avec un nouveau logo et édité à seulement 333 exemplaires), on se focalise plutôt sur les 10 ans pour apporter de la nouveauté, plus en profondeur.

Ces derniers temps, Third Éditions propose plus d'ouvrages axés Pop Culture et nous avons voulu savoir si ce virage avait coincidé avec une période un peu plus morne du jeu vidéo malgré des sorties régulières.

Nicolas : Ce virage n'est pas lié à l'actualité, nous n'anticipions pas que celle-ci serait un petit plus morne. Même si le mot morne reste discutable et que le Covid a du beaucoup joué là-dessus. Quand nous avons créé Third Éditions, nous savions que nous irions vers la Pop Culture, on avait déjà des noms en tête, tout simplement parce que nous en tant qu'êtres humaines on aime bien les jeux vidéos, c'est le loisir dans lequel on passe le plus de temps, mais nous sommes aussi fan de cinéma, de séries et nous lisons des mangas. Il était donc naturel d'étendre notre ligne éditoriale.

Il y a aussi le fait que nous commençons a avoir beaucoup de livres sur le jeu vidéo et qu'il n'y a pas 50 000 licences de jeux vidéo que nous pouvons exploiter, sans en avoir fait le tour évidemment. Il fallait donc que nous trouvions des débouchés autres. Aujourd'hui, nous définir comme une maison d'édition spécialisée uniquement dans le jeu vidéo, ce serait faux. Autant en termes de production qu'en terme de chiffres d'affaires, la partie Pop Culture a pris un essor assez énorme sur notre production.

Mehdi : Si vous avez l'impression que la Pop Culture prend le pas sur notre ligne éditoriale c'est parce qu'il y a au moins la moitié de notre production qui est liée à la Pop Culture. Notre premier livre "Pop Culture", celui sur Dragon Ball, est arrivé très tôt dans notre ligne éditoriale, c'est une arborescence de notre catalogue que nous avons voulu développer depuis le début et aujourd'hui cela se voit beaucoup plus qu'avant.

C'est difficile de trouver de nouvelles licences de jeux vidéo dont nous n'avons pas parlé et qui aurait un potentiel commercial. Dès qu'une nouvelle franchise sort, nous nous posons la question de savoir s'il serait intéressant de proposer une analyse sur celle-ci. Nous avons par exemple sorti un livre sur Death Stranding, nous sommes fans de Kojima. Mais aujourd'hui adapter chaque jeu en livre c'est compliqué. Les licences historiques, il n'y en a pas 50.

Nicolas : Et ce qui est chouette, c'est que notre approche Pop Culture a été bien accueillie. Ce pan de notre catalogue fonctionne autant voir plus que celui sur le jeu vidéo et nous n'avons jamais eu personne qui nous a reproché que nous avions délaissé l'aspect jeu vidéo.

Mehdi : Et nous avions un peu peur de cela, nous nous en sommes même défendu tout seul, mais jamais personne n'est venu s'en plaindre.

Nicolas : Je pense que les personnes hermétiques et qui ne veulent entendre parler que d'un seul média, c'est plutôt rare. Nous avons tous envie de s'aérer l'esprit et de toucher à plein de médias. Le livre sur Steven Spielberg peut paraître assez étonnant, mais Mehdi et moi avons quasiment la quarantaine et nous avons été élevés par tous les films de Steven Spielberg. On va essayer de toucher et de parler de tout ce qui nous plaît.

Mehdi : Pour notre collection Littérature nous l'avons lancé doucement avec les livres sur Dune et Le Seigneur des Anneaux et nous avons dévoilé la collection "Littérature" avec celui sur Terry Pratchett parce que le sujet était plus affirmé. Nous sommes par exemple beaucoup à connaître Le Seigneur des Anneaux surtout au travers des films.

Le livre sur la saga Harry Potter va quant à lui parler à 90% des livres par contre.

Mais le jeu vidéo pourrait-il reprendre une place centrale au sein de leur ligne éditoriale ?

Nicolas : Nous n'avons clairement pas envie de délaisser le jeu vidéo et nous sommes attentifs à tous les projets. On ne se fixe pas non plus l'objectif que le jeu vidéo soit majoritaire dans notre ligne éditoriale, nous essayons de faire en sorte qu'il en représente au moins la moitié. Nous avons aussi envie d'aller vers d'autres formats et de traiter le jeu vidéo par d'autres prismes, de sortir de notre formule. Nous avons par exemple créé la collection The Heart of, qui n'est pas encore très étoffée, mais qui petit à petit va le devenir. Cela reste une de nos pistes de développement là-dessus.

Pour rappel, cette collection regroupe pour l'instant deux livres. À mi-chemin entre le livre d'analyse et l'artbook, The Heart of s'est décliné avec Dead Cells et A Plague Tale.

Mehdi : Ce sont des livres très longs à réaliser parce qu'il faut que nous soyons en contact avec les studios de développement. Il n'est même pas dit que de nouveaux livres "The Heart of" sortent l'année prochaine. Il y a au moins deux autres projets dans cette collection qui vont sortir.

Nicolas : Nous avons déjà le catalogue de l'année 2024 a priori bouclé, même s'il y aura du changement. En ce moment nous travaillons plutôt sur 2025. L'édition c'est vraiment très long et il faut savoir anticiper.

L'anticipation est la clé pour réussir à coordonner la sortie d'un livre avec celle d'un jeu ou d'un film. Mais avec les jeux qui sont de plus en plus souvent repoussés, coordonner les sorties n'est pas une mince affaire.

Nicolas : Le livre sur Alone in the Dark est prévu pour janvier, en même temps que la sortie du remake. Il n'est pas encore annoncé officiellement, mais comme il faut référencer nos livres dans les bases de données des magasins très très en amont, c'est difficile de garder cela secret. D'ailleurs pour la petite histoire, nous avons appris le report du remake (Ndlr : Le jeu devait initialement sortir le 25 octobre 2023 mais il a été repoussé en septembre dernier pour une sortie le 16 janvier prochain), le lendemain du jour où nous avons envoyé notre maquette du livre à notre imprimeur. Pour notre livre sur Assassin's Creed c'était la même chose avec la sortie décalée d'Assassin's Creed Mirage. On essaie de deviner un peu les périodes de sorties des projets qui vont accompagner nos sorties.

Mehdi : Ce souci de synchronisation est vrai pour le jeu vidéo mais c'est aussi vrai pour le cinéma. Nous essayons aussi de nous synchroniser avec ce qui sort en salle mais avec les reports, les grèves etc...c'est infernal. Des fois nous avons des manqués de plus d'un an. Par exemple entre la sortie du cinquième film Indiana Jones et celle de notre livre sur la saga il y a eu plus d'un an. Nous sommes sortis en avance sur le film, ce qui a minoré un petit peu l'impact de notre publication. Il est essentiel d'être en rapport avec l'actualité dans nos sorties.

Nicolas : Bon après, avec le Covid et la grève des scénaristes, je pense que là nous avons connu les pires reports. Cela devrait se calmer dans les mois à venir. Pour Alone in the Dark, depuis le début nous nous disions qu'il ne fallait pas sortir le jeu en octobre (Ndlr : le mois d'octobre 2023 est surchargé en sortie de jeux avec Super Mario Bros. Wonder, Spiderman 2 ou encore Sonic Superstars) et qu'il fallait le décaler au début de l'année 2024. Finalement nous avons eu raison mais trop tard pour qu'on puisse coller avec notre livre. (Ndlr : le livre Alone in the Dark sortira quand même bel et bien en janvier, en même temps que le remake)

Si Third Éditions contient déjà dans son catalogue plusieurs livres sur la saga Zelda, sur Mario, sur Pokémon ou encore sur The Last Story, il reste énormément de licences Nintendo qui méritent un ouvrage et qui pourraient intégrer ce catalogue.

Nicolas : Il y a des licences Nintendo, peut-être que l'on se trompe, mais pour lesquelles nous pensons qu'il ne serait pas forcément intéressant commercialement parlant de sortir un livre les analysant.. après il y a aussi des cas qui évoluent. Maintenant que Third Éditions a 8 ans, il y a des livres que nous avons fait aujourd'hui que nous n'aurions jamais fait il y a 8 ans, les temps changent, les mœurs évoluent. Quand tu construits un catalogue jeu vidéo de quasiment 100 livres, tu te construit un public qui sera peut-être plus curieux si tu leur propose une analyse d'une licence plus méconnue. Tout peut varier. Je ne pense pas qu'il y aura un livre sur Kirby demain mais on ne sait jamais.

On exploite certaines pistes autour de licences Nintendo. Pikmin, je pense même qu'aujourd'hui ce n'est peut être pas encore le moment mais le quatrième épisode qui vient de redynamiser la licence et qui a su conquérir un public un petit peu différent, cela fait partie des étapes qui font que si la licence continue comme ça, cela pourrait devenir une piste intéressante pour un livre.

Après quand on dit qu'il n'y aura pas de livre Kiby parce que cela ne se vendrait pas, on ne dit pas qu'il ne serait pas intéressant d'avoir un livre sur Kirby, il y aurait carrément plein de choses super à dire sur Kirby. Pikmin aussi, Luigi's Mansion ou encore Super Smash Bros. il y a aussi des choses à dire. Ici on ne parle hélas qu'en terme de potentiel commercial, pas d'intérêt en tant que tel.

Mehdi : Le challenge pour nous c'est de féderer autour d'une licence, cela ne veut pas dire que les jeux ne sont pas intéressants ou pas joué. Super Smash Bros. c'est l'exemple type d'un jeu extrêmement populaire qui va regrouper des joueurs jeunes et moins jeunes mais est-ce que ces personnes seraient potentiellement intéressées par lire un livre sur Smash Bros. ?

Nicolas : Nous avons quand même fait un livre Shin Megami Tensei, à partir de là tout est possible ! Le but de notre travail c'est d'aller chercher des niches, cela peut sembler péjoratif mais cela ne l'est pas du tout. Aujourd'hui, internet a rendu possible l'existence de tous les types de niches, il y a des chaînes Youtube dédié à des choses super pointu mais comme elles s'adressent au monde entier elles trouvent leur public. Notre but c'est d'aller chercher des niches qui nous permettent au moins de rentabiliser le travail d'un auteur sur un livre. Années après années ces niches s'ouvrent de plus en plus.

Mehdi : En illustration de niche qui augmente, on peut prendre Dark Souls. Quand nous avons fait notre livre, le premier volume de Dark Souls : Par-delà la Mort, c'était pour la sortie de Bloodborne et la licence n'était vraiment pas le phénomène d'aujourd'hui. Depuis Elden Ring cela a encore pris une vitesse supérieure et la niche n'a plus rien à voir.

Nicolas : Cette niche devient le grand public. Elden Ring, dès le jour de sa sortie on nous a demandé un livre dessus. Le livre sur Taro Yoko est aussi un bon exemple, c'est un projet que nous avons lancé pour Nier Automata et c'était bien avant la sortie du jeu que nous avons engagé le processus de trouver un auteur et de lancer l'écriture. Il y a aussi une part de feeling et il faut avoir le nez creux.

Tous les deux ans, Third Éditions organise un tremplin d'écriture, l'année dernière, le thème était axé autour des "Grandes sagas du jeu vidéo". Nous avons voulu savoir si cette pêche aux auteurs s'était révélée bonne. 

Mehdi : Nous n'avons pas trouvé des auteurs pour toutes les sagas que nous avons présenté (Ndlr : dans l'image d'annonce de ce concours d'écriture, nous pouvions voir notamment les sagas Monster Hunter, Horizon, God of War ou encore Tomb Raider). Il reste encore des sujets que nous aimerions traiter.

Nicolas : C'est un livre sur la saga Dishonored qui a gagné ce tremplin, ce n'était pas forcément une licence que nous avions envisagé de traiter et le fait est que normalement un livre sur Dishonored devrait arriver au début de l'année prochaine. Les tremplins nous font découvrir de super auteurs et cela nous force à engager des livres sur des sujets que nous n'aurions pas traité. En-tout-cas l'annonce de ce livre a été très bien accueillie.

Parmi le catalogue de livres de chez Third Éditions, il existe déjà trois livres consacrés à des consoles Nintendo, les deux premiers sont consacrés à l'Histoire de la Nintendo 64 et à celle de la Nintendo Wii, le troisième est quant à lui un livre sur les jaquettes de jeux Gameboy. Toutes les consoles Nintendo vont-elles connaître leurs propres ouvrages ?

Nicolas : Je pense que toutes les consoles Nintendo mériteraient un livre dédié, il faut trouver le bon auteur et le bon sujet. C'est vrai que la Wii U, c'est peut-être la plus délicate à traiter. Il y a déjà de la littérature qui existe sur Nintendo, des livres écrits par nos collègues, parce que c'est les sujets qui intéressent le plus les gens et qui se vendent le plus. Nous avons aussi fait des projets sur Sega et ses consoles autour de la Saturn, cela a donné des livres super cool mais il y a effectivement de quoi creuser sur les consoles de jeux. Pour l'instant rien n'est prévu pour des consoles Nintendo mais cela peut changer d'ici là.

Mehdi : Il va y avoir un livre qui va arriver sur une console bientôt, mais on parle ici de la concurrence directe de Nintendo de l'époque. (Ndlr : Probablement un livre l'Histoire de la Mega Drive).

Limite de caractères oblige, nous sommes dans l'obligation de diviser cet entretien en deux et de vous proposer la seconde partie de celui-ci dans un autre article. 

Source : Thirdeditions