Nintendo Switch

Xuan Yuan: Mist Beyond the Moutain

Test Switch

Xuan Yuan: Mist Beyond the Moutain

Par Kosmo56 - Le 12/12/2023 à 11:00

A l'ère des RPG Maker et des studios indés, recréer un RPG Playstation à l'ancienne n'est pas une entreprise impossible. mais ces derniers avaient une certaine aura, un quelque chose a su rendre des jeux comme Suikoden ou Grandia intemporels. Fruit d'une longue série inconnue chez nous, Xuan Yuan Sword : Mist Beyond the Mountain n'est pas sans rappeler ces odyssées de l'ère 32-bit. Belle aventure ou coup dans l'eau

Test réalisé à partir d'une version envoyée par l'éditeur

Il était une fois, chez nous

L'histoire de Xuan Yuan Sword nous place dans un contexte assez inhabituel pour un RPG. En effet, nous sommes dans notre monde, et à une époque donnée très précise. Le jeu commence à Venise, et nous contrôlons un chevalier Franc travaillant pour Pépin le bref, père de Charlemagne. Notre héros, Septem, un jeune homme au sang asiatique, supporte mal les exécutions sommaires des Arabes et autres « hérétiques » et envisage de partir vers l'Arabie, puis vers l'Asie pour une quête personnelle. Souvent victime de quolibets, et lui-même menacé, le fait d'être chevalier ne lui manquera pas. Sauf que, en cherchant à libérer des marins prisonniers, Septem libère également un véritable hérétique, un Sataniste qui invoque une succube qui se met à son service. Cette dernière, répondant au nom de Nicole, est un peu nunuche, mais dévouée et utile, conduisant Septem à accepter son aide. Bien sûr rien n'était le fruit du hasard, et des forces inconnues sont à l’œuvre, et observent notre héros. Et Septem lui-même est un être bien mystérieux.



Vous l'aurez compris, malgré son setting, Xuan Yuan n'a rien d'un jeu historique. La magie est bien réelle, les monstres aussi, et Septem ne s'étonne pas trop de la présence d'une soubrette volante à ses côtés, ou que des gobelins vivent sous la ville aux canaux. Le tout rappelle un peu la série Super NES des Soul Blazer, Illusion of Time / Gaïa et Terranigma par ce contexte particulier, série dont nous n'avons jamais vu tous les épisodes en Europe. Mais pourtant, l'inspiration semble bien venir des RPG Playstation, et l'aura du jeu est incontestablement chinoise, et non japonaise. Il y a un style palpable dans sa direction artistique que l'on retrouve souvent chez les production chinoises, et voir notre vieille Europe romancée ainsi fait sourire. 

C'est comme avant, mais... sans temps de chargement

Xuan Yuan Sword est un RPG des plus classiques dans son exécution. Vous explorerez des villes, une grande carte du monde, il y a des batailles aléatoires en tour par tour, des level-ups, des capacités, des quêtes secondaires, enfin, tout le tintouin. Le tout est d'ailleurs très classique, et ne prend pas de risque dans son gameplay ou sa présentation, même si quelques touches vraiment sympas donnent au jeu son identité propre, comme la liste des objets présentée comme une estampe. La seule mécanique de gameplay un tant soit peu originale est le fait que l'on peut capturer les monstres et les appeler en combat, ou les utiliser pour fabriquer des objets. Une mécanique loin d'être unique, mais toujours bienvenue. Le jeu possède quelques ajouts de qualité de vie, comme un journal rudimentaire qui note les quêtes secondaires et principales, ainsi que la possibilité de sauvegarder hors des points de sauvegarde, même si des points de repose dédiés sont présents et proposent de sauvegarder également.

Graphiquement, le jeu reste aussi fermement ancré dans l'ère Playstation, avec ses décors en 3D précalculée et ses sprites 2D pas très bien animés. C'est un peu moche parfois, mais très nostalgique. Au moins, les décors sont variés, car le jeu va vous faire voyager, et on finit par se laisser porter par la patte graphique rétro, qui semble être fruit d'une volonté de coller aux classiques plutôt que d'une flemme de faire mieux. Pendant les combats, tout est en 2D, et les héros comme les monstres sont bien plus détaillés que sur la carte, et bougent un peu, tandis que les attaques spéciales ont des animations uniques. On pourra déplorer une résolution assez faible de ces sprites, par contre, qui leur donne un air flou et un look « mal découpé sur photoshop » par moments. Même les portraits lors des dialogues souffrent de cette tare. Peut-être que c'était la flemme de faire mieux, finalement.

Une goutte dans l'océan

L'histoire et les personnages sont la vie d'un RPG, surtout quand il se montre aussi classique dans son gameplay. Qu'en est-il de Xuan Yuan Sword là-dessus ? Eh bien, aucune bonne nouvelle de ce côté. Si l'histoire de base n'est pas déplaisante, la traduction Google des dialogues en anglais enlève toute personnalité et nuances aux personnages, et prive le jeu de toute qualité dramatique. Ajoutons à cela le fait que Xuan Yuan dose mal ses moments d'humour et moments de gravitas, notamment avec des portraits bien trop prompts à faire des têtes de manga générique, et on se détache rapidement d'une narrative qui pourrait pourtant avoir du mérite.

L'écriture, c'est un art, et un pauvre programme de traduction ne saurait transmettre les nuances d'une langue si différente de la nôtre. Quand on voit le désastre quand on passe automatiquement de l'anglais au français, on se doute de la catastrophe qu'est la traduction de Xuan Yuan Sword. Ce n'est pas que c'est incompréhensible, mais c'est aussi passionnant que de lire l'arrière d'un spray désodorisant parce qu'on a oublié son téléphone. Et sans ce boost scénaristique, il ne reste pas grand chose de Xuan Yuan Sword, à part un squelette fonctionnel dont l'ambiance est vaguement intrigante. Clairement, il y a mieux à faire sur Switch.

Cependant, ne tapons pas trop fort sur Xuan Yuan. Il reste un RPG accessible et sympathique, avec une ambiance qui lui est propre, et quelques bizarreries qui le rendent intéressant, comme les PNJs qui posent des problèmes de maths, son contexte semi-historique, et ses graphismes rétro, avec même quelques voix digitalisées bien crado comme il faut lors des combats. C'est un bond dans le passé, et on imagine sans peine ce titre être un jeu perdu de l'époque, avec tous les défauts qui incombent à ce genre, et la plupart de ses qualités.

6
Xuan Yuan Sword : Mist Beyond the Mountain est un RPG très classique, au setting intriguant mais à la réalisation parfois douteuse. Tout comme sa traduction, il est fonctionnel, mais manque quelque peu de saveur. Avec ses personnages robotiques et son manque global d'idées intéressantes, ce jeu n'est à conseiller qu'aux fans de RPG qui ont déjà terminé leur liste de jeux désirés, ou aux nostalgiques et aux curieux de l'époque, mais ceux-là auront sans aucun doute de quoi passer quelques bonnes heures.

  • Un look 32-bits réussi
  • Un contexte semi-historique bien réalisé
  • Des combats dynamiques (pour du tour par tour)
  • La traduction Google enlève toute saveur aux personnages
  • Un certain manque de finition
  • Beaucoup trop classique dans son éxécution
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