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Wolfenstein : Youngblood

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Wolfenstein : Youngblood

Par C-Ptique - Le 10/08/2019 à 21:00

Après Wolfenstein : The New Colossus, Bethesda remet une fournée de son uchronie où les nazis remportent la Seconde Guerre Mondiale sur Switch, visiblement satisfait des ventes du précédent opus. Youngblood propose toutefois une recette légèrement différente puisqu’il permet de mener la campagne non pas seul mais à deux, avec un ami à côté ou une personne en ligne, ce qui implique quelques changements. Tuer des nazis, c’est bien, mais tuer des nazis à deux, est-ce mieux ?

Blazkowicz, génocidaire de nazis de père en fille.

Comme toute bonne histoire de guerre, celle de Wolfenstein : Youngblood débute en Amérique. Nous sommes dans les années 1980 et le commandant Blazkowicz a mis de côté son activité favorite pour prendre soin de sa famille. Mais visiblement un brin traumatisé par ce qu’il a vécu, lui et sa femme enseignent l’art de la survie à leurs deux filles, le tir à distance pour Jess et la combativité pour Soph. Des enseignements qui vont se révéler utiles.

Car croyez-le ou non, mais après avoir aligné les génocides de nazis et tué Adolf Hitler en personne, le commandant Blazkowicz  a réussi à devenir prisonnier de l’ennemi. Ses deux filles n’hésitent pas une seconde à se plonger dans l’action et à se précipiter en zone ennemi pour retrouver leur père. Pour cela, elles vont à Paris dans une Europe maintenant totalement contrôlée par les nazis et entrent en contact avec la Résistance Française. On rencontre Juju et Jacques, visiblement les deux leaders du mouvement résistant parisien, qui nous viennent en aide pour retrouver le commandant, à condition de préalablement faire nos preuves en tuant un officier nazi dans un dirigeable. Juju fixe rapidement l’objectif : tuer des hauts commandants nazis afin de récupérer des informations sur la prison où est retenu le père Blazkowicz. Simple, clair et précis.

Si on joue les deux sœurs Blazkowicz, ce n’est pas par simple changement scénaristique, c’est aussi parce que cela permet de justifier la coopération, grande nouveauté du jeu. En effet, pour accomplir ces missions, Jess et Soph doivent se serrer les coudes et rester solidaires. Libre au joueur de faire appel à un autre joueur en ligne ou de se contenter d’une IA, mais dans les deux cas, il faudra veiller mutuellement sur l’autre : les deux sœurs possèdent en effet des barres de santé individuelles mais des vies communes, ce qui veut dire que si on ne secourt pas l’autre quand il est sur le point de mourir, les deux sœurs perdent une vie. La partie se termine quand les trois vies sont épuisées, que ce soit la faute de l’un ou de l’autre. Un mécanisme très malin et bien conçu, même si, comme nous allons le voir, il reste perfectible.

Seule ombre au tableau, comme on peut être coordonné avec un autre joueur en ligne, le jeu ne se met pas vraiment en pause. Les personnages continuent d’évoluer pendant que vous naviguez dans les menus. C’est normal lorsqu’on évolue à deux, mais c’est embêtant lorsqu’on est en solo. Certes, on ne peut pas être tué, mais on peut se faire repérer. On peut ainsi s’arrêter à un endroit qu’on pense calme pour améliorer ses armes, puis revenir et avoir la mauvaise surprise d’être nez à nez avec un nazi. Attention donc aux endroits où vous vous arrêterez.

Une furtivité qui passe vite aux oubliettes.

Pour avancer dans Wolfenstein Youngblood, on peut utiliser deux types d’approches. Soit on décide de la jouer furtivement et d’approcher l’ennemi pour l’éliminer sans déclencher l’alerte et économiser les munitions, soit on fonce dans le tas et on dégomme tout sur son passage. Mais pour être franc, vous utiliserez surtout la deuxième option tant la première est mal exploitée, des ennemis différents apparaissent dans chaque niveau, même si vous repassez plusieurs fois au même endroit, ce qui rend difficile la planification de parcours, les drones seront vos pires ennemis car ils survolent le terrain et vous ne les voyez pas forcément. Et en plus, il faut impérativement éliminer les commandants en premier car ils peuvent appeler des renforts, y compris des ennemis mieux armés. On vous le dit, vous ne réussirez pas souvent l’approche furtive.

C’est encore plus compliqué si vous jouez en solo et que votre partenaire est dirigé par une IA. Celle-ci a parfois la bonne idée de rester à découvert et donc de nous faire repérer. Ajouté au fait que parfois, elle s’éloigne de nous pour foncer sur l’ennemi et on a là toutes les raisons d’enchaîner les pertes de vies communes. La plupart du temps, l’IA est correcte mais il lui arrive de faire n’importe quoi. Il aurait fallu rajouter des commandes pour donner des ordres comme « Viens ici », « Attends là » ou « Caches-toi ». Il faut aussi comprendre qu’il faut l’appeler quand on est à terre, sinon elle ne nous soigne pas, même quand elle est à côté de nous  (votre humble serviteur a perdu plusieurs parties à cause de ça).

Mais la bonne nouvelle, c’est que si vous optez pour l’option bourrin, on retrouve tout ce qui fait la recette des Wolfenstein : de l’action nerveuse et dynamique, des ennemis qui tombent comme des mouches aux côtés d’ennemis coriaces, des recharges d’armes rapides, des sauts dans tous les sens et le plaisir de dégommer du nazi. Il n’est pas possible de se mettre à couvert, ce qui oblige à bouger en permanence, surtout que le jeu nous le récompense parfois en nous permettant de diriger des tourelles laser ou d’autres engins destructeurs. Les niveaux sont assez diversifiés, certains sont linéaires tandis que d’autres sont plus ouverts. Ils sont organisés à la façon d’un labyrinthe avec des voies sans issue qui servent simplement à accomplir des objectifs secondaires. Mais il est pénible que ces objectifs secondaires apparaissent en cours de mission car ils peuvent être situés à l’autre bout de la carte ou pire, dans un endroit qu’on a déjà vidé et où les ennemis réapparaissent. Ce n'est pas la sensation la plus plaisante. La progression en tous cas n'est plus linéaire. Désormais, on navigue dans un hub central, à savoir le QG de la résistance française sous Paris, afin de choisir le niveau que l’on souhaite, en mission principale ou en quête secondaire, ce qui est une excellente idée pour ne pas rester bloqué sur un niveau. On peut y trouver tout ce dont on a besoin : des munitions, des améliorations, des informations et même une borne d’arcade où on peut jouer ou rejouer au tout premier jeu Wolfenstein.

Chacune des sœurs Blazkowicz a sa spécialité. Comme on l’a deviné, Jess est plus orientée sur la furtivité tandis que Soph est davantage tourné vers le combat au corps-à-corps. Jess possède un Surmgewehr à lunette pour tirer à distance ainsi que des armes à moyenne et longue portée tandis que Soph possède un Kugelgewehr avec chargeur à percussion et des armes à courte et moyenne portée. Bien sûr, en avançant dans le jeu et en récupérant des armes, elles pourront s’inverser les rôles ou perfectionner leurs techniques.

Du nazi, en veux-tu, en voilà !

C’est un défaut inhérent à la série Wolfenstein depuis son reboot mais Youngblood  insiste beaucoup trop sur son message quand il dit que les nazis sont méchants et qu’il faut les tuer. OK sur le principe, mais une fois établi, ce n’est pas la peine d’en rajouter en disant qu’ils sont la lie de l’Humanité ou qu’ils commettent des atrocités, même les personnes qui ne connaissent pas grand-chose en Histoire savent à quel point ils ont été atroces. Surtout que ça se mélange mal avec les moments dramatiques ou émouvants de l’histoire. De manière plus générale, le principe de base de Wolfenstein, c’est de tirer sur des nazis parce qu’ils sont méchants. Répéter ce message tout au long du jeu est donc très poussif et assez gonflant.

En aspect positif, les décors dégagent toujours un peu de tristesse. Voir Paris orné de croix gammées et d’aigles allemands fait toujours son petit effet, surtout que dans le jeu, l’armée nazie a eu le temps de bien s’établir. Les graphismes sont toujours très soignés, sauf les visages qui sont trop lisses et manquent de détails comme des aspérités, des pores ou des cicatrices (qui ne sont visibles que dans la cinématique d’introduction). Pour le reste, c’est sublime et la direction artistique est excellente.

6.5
Wolfenstein : Youngblood renouvelle plutôt bien la recette de la licence à condition d’avoir un deuxième joueur réel sous la main ou en ligne, sinon il faudra s’habituer aux caprices de l’IA. Pour le reste, l’ambiance Wolfenstein est au rendez-vous. Le plus gros défaut étant la furtivité insuffisamment travaillée, on ne peut pas s’en servir suffisamment longtemps pour que ça marche. Les missions manquent aussi de diversité pour donner envie d’aller toujours plus loin. Un épisode un peu décevant, qui aurait mérité d’être plus travaillé, mais qui fera plaisir aux fans de la licence.

  • D’excellentes idées pour forcer la coopération entre les deux joueurs
  • Les combats dynamiques et rythmés
  • Le plaisir de dégommer du nazi
  • La découverte de Paris transformée par une longue occupation
  • Missions répétitives
  • La furtivité, option intéressante mais quasiment impossible à réaliser
  • IA du deuxième joueur en solo perfectible, une possibilité de coordination sur le terrain devrait être proposée
  • Messages trop poussifs. Pas la peine d’insister sur le fait que les nazis sont méchants, tout le monde le sait déjà