Sorti en juin 2025 sur Nintendo switch et développé par le studio indépendant Polychroma Games, Until then sonde les émotions adolescentes à travers un visual novel poignant qui prend place dans une Philippine qui vacille, frappée par le « Décret », une catastrophe naturelle et humanitaire sans précédent.
Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur
Vous avez dit : « déjà vu » ?
Une mélodie jouée au piano, un tour sur les réseaux sociaux en attendant le métro, un trajet maintes fois répété vers les bancs du lycée alors qu’au loin s’agitent déjà quelques silhouettes reconnaissables entre mille. La vie de Mark, c’est celle de millier d’autres adolescents avec ses tracas, ses interrogations et ces instants partagés avant que vienne la fin de l’insouciance. Le début de cette fin, Mark la trouvera en la personne de Nicole, une nouvelle élève de l’établissement. Alors que tout le monde se réjouit de cette arrivée, le jeune homme est assaillit par le doute. Il a déjà rencontré Nicole. Et tandis qu’un indescriptible sentiment de déjà vu commence à s’immiscer dans son quotidien, Mark devra faire des choix pour avancer, et des sacrifices pour affronter certaines vérités.
Lorsque le générique de fin défile, difficile de trouver tout de suite les mots justes pour décrire ce que l’on ressent. Il ne s’est écoulé qu’une dizaine d’heures depuis le lancement de la partie et pourtant, l’on jurerait que l’on partage ces bouts de vie depuis bien plus longtemps. S’appréciant sur le temps long, Until Then met quelques heures avant de véritablement se lancer, obligeant dans un premier temps le joueur à capitaliser sur sa curiosité. Mais une fois les bases posées et les différents protagonistes présentés, l’histoire prend un tournant bien différent de l’apparente tranquillité des débuts, oscillant entre drames, révélations surprenantes et moments de joie partagés dans un quotidien chamboulé.
Composé de cinq chapitres à l’ambiance bien différente, le titre aborde ainsi autant de thèmes forts comme le deuil, le déni, les violences intrafamiliales, l’amour, le mensonge et l’amitié. Une pluralité de messages qui, s’il rend le récit très riche, peut aller à l’encontre de la fluidité générale de celui-ci, les différentes scènes s’enchaînant parfois de manière brutale. Notons aussi l’absence de sauvegarde manuelle, remplacée par des sauvegardes automatiques souvent très espacées.
La vie n’est pas un long fleuve tranquille
Catégorisé dans un genre maîtrisé de A à Z, Until Then brille par la qualité d’écriture de ses dialogues et l’authenticité de ses protagonistes d’une justesse épatante. Profondément humains, aucun personnage ne laissera indifférent tant leurs histoires pourrait être celle de chacun d’entre nous et que l’on découvre en profondeur au fil des chapitres. L’on a particulièrement apprécié la relation entre Mark et sa meilleure amie Cath, aux échanges verbaux aussi drôles que poignant. Un réalisme renforcé par le faire que le joueur est véritablement immergé dans la vie de Mark, allant jusqu’à lui permettre d’interagir sur les réseaux sociaux en likant, partageant ou commentant des posts. Même la section commentaire est consultable, avec ces réactions à chaud si caractéristiques.
Essentiellement composé de dialogues à passer, le titre essaye tout de même de rendre le joueur actif en le faisant déplacer Mark dans des décors avec lesquels il peut parfois interagir pour déclencher des réflexions ou des dialogues. Quelques mini-jeux sont proposés au fil de l’aventure (jeu rythmique, labyrinthe,…) mais l’absence totale d’explication sur leur fonctionnement tout comme leur fulgurance les rendront vite oubliables et dispensables malgré des clins d’œil et hommages sympathiques à d’autres jeux-vidéos.
Notons enfin la présence de choix à réaliser au cours de l’histoire et qui, s’ils n’auront pas toujours d’impact significatif, pourront en revêtir davantage vers la fin du jeu car plusieurs fins seront à débloquer. L’on vous conseille d’ailleurs de toutes les faire, chacune apportant un message bien différent à l’œuvre.
Amour, gloire et pixel
Réinventés et modernisé au fil des années, notamment par la scène indépendante, le pixel art prouve encore une fois qu’il peut faire passer mille émotions et ce, aussi bien que n’importe quel autre style. Exécrant les plans fixes et les personnages statiques, l’univers d’Until Then est sans cesse en mouvement. Qu’ils s’agissent des passants qui défilent, des coups de klaxon qui retentissent, la lumière des phares d’une voiture qui passent ou le brouhaha de la foule, il se passe toujours quelque chose lorsque l’on fait défiler les dialogues. Point d’orgue de cette direction artistique soignée : de magnifiques petites animations qui subliment certains passages clés du jeu. La musique également, simple et bien choisie, participe à l’immersion dans ces paysages colorés tantôt animé et joyeux, tantôt teinté de sentiments ambivalents.