Nintendo Switch

Tunche

Test Switch

Tunche

Par Miki-Daisuki - Le 18/11/2021 à 08:00

Sorti cet automne 2021 sur consoles et PC, le dernier-né du développeur péruvien LEAP Game Studios nous livre sa vision du folklore d’Amérique latine avec un petit jeu qui a tout d’un grand. Mêlant Hack & Slash, Beat'em up et Roguelite, Tunche promet au joueur de le transporter dans une « nouvelle dimension vidéoludique ». Alors, promesse tenue ?

En attendant Tunche

Le récit nous plonge in medias res face à un feu de camp autour duquel sont regroupés nos cinq protagonistes. Tous semblent avoir le même objectif : retrouver un esprit dénommé « Tunche ». La chamane vous prévient : depuis quelque temps, la forêt est envahie par des monstres sans pitié. Qu’à cela ne tienne. Appuyer sur le bouton A, choisissez votre héros, et partez explorer les quatre destinations proposées par le jeu. Ah, et avant de foncer tête baissée vers le danger, relisez votre brochure touristique de la région : on dit que la forêt regorge de magie. Qui sait, vous pourriez bien déjà savoir comment la maîtriser ?

Au cours de votre voyage, marchands, habitants et autres esprits seront là pour vous aider ou simplement pour vous parler, insufflant un peu de vie dans ce milieu hostile où la Faucheuse vous attend au tournant. Ne vous fiez pas au peu de dialogues qui ponctuent le jeu : chaque personnage est aussi unique que son histoire, que vous aurez l’occasion de découvrir progressivement au travers de petites bandes dessinées joliment illustrées et disséminées çà et là sur votre route. Loin d’être de simples avatars, Rumi, Nayra, Qaru, Poncho et Hat kid (vous avez bien reconnu la protagoniste du jeu A Hat in Time !) ont chacun leur propre motivation et leur propre personnalité. Une petite attention qui dote cet univers d’une âme bien à lui. 

Tunche Down !

A chacun son gameplay. Si les cinq personnages jouables de Tunche possèdent des aptitudes « de base » identiques (attaque magique à distance - attaque de mêlée - saut) à l’intensité variable, leurs capacités s’étofferont à mesure que vous progresserez dans le jeu et ferez évoluer l’arbre de compétences de chacun. Avec sa large palette d’actions et d’attaques à débloquer, Tunche sait garder l’attention vive et la curiosité du joueur qui aime souffrir un peu avant de savourer une victoire bien méritée. Car avant de mettre la jungle à ses pieds, il faudra s’armer de patience et de persévérance. 

Retour à la case départ...

La mort est votre compagnon de route, l’inattention, votre pire ennemi. Exigent sans être ingrat, le jeu sait récompenser le joueur qui s’investit. Faites preuves d’imagination et d’audace dans vos combos car ici, à la manière d’un Devil May Cry, le jeu vous attribuera une « note de style » à la fin de chaque combat. A vous de mettre à profit toutes les capacités à votre disposition pour obtenir le meilleur rang possible et faire évoluer votre personnage. Ajoutons également que des « noyaux spirituels » viendront doter votre quintet de diverses capacités spéciales qui donneront de nouvelles dimensions à vos combats et de nouvelles possibilités d’exploser le score.

A contrario, Tunche ne fait pas de cadeaux à ceux qui osent fouler ses terres sans stratégie. L’ennemi isolé se sait vulnérable, il attaque en meute. Une meute hétéroclite où se massent petits ennemis agaçants et gros spécimens vivaces qui savent tirer parti de la profondeur des décors (méfiez-vous des monstres qui se fondent dans les arrière-plans). Ne pas repérer ses erreurs peut rapidement mettre à l’épreuve une barre de vie qu’il faudra préserver à tout prix tant les items de régénération sont rares et la mort intransigeante avec vos possessions, qu’il vous faudra restituer en cas de défaite. 

Savoir varier les (dé)plaisirs à plusieurs

Si c’est bien dans sa rejouabilité que Tunche trouve un de ses plus grands atouts, c’est aussi là qu’il y trouve une de ses plus grandes faiblesses. Ainsi, les tableaux changent d’ordre à chaque mort et nous donnent même parfois le choix entre plusieurs chemins. Une permission de rejouer à l’infini qui a le mérite de rendre chaque partie unique, mais qui entraîne dans son sillage une inexorable répétitivité au-delà de laquelle il faudra savoir passer. Sur ce point, le jeu aurait pu trouver sa planche de salut dans son mode coop, qui permet de faire intervenir jusqu’à quatre de vos amis en local. 

Alléchante au premier abord, cette promesse de campagne plurielle se solde par un constat très mitigé. D’un côté, le jeu gagne assurément en intérêt et en fun par ce joyeux bazar d’attaques spéciales qui se côtoient et s’entrechoquent dans l’arène. De l’autre, on regrette l’absence paradoxale de véritable enjeu coopératif dans une campagne où finalement chacun se contente de jouer de son côté pour venir à bout des vagues ennemies. En effet, ce mode se contente du strict minimum en vous proposant simplement de rajouter des gens sur un écran déjà largement surchargé par des ennemis qui s’agglutinent au point d’en rendre l’écran régulièrement illisible et occasionner des ralentissements, que la présence supplémentaire de vos amis ne va pas arranger. Laissez ses potes néophytes sur le carreau reste encore la seule solution pour profiter un minimum de l’expérience multijoueur, la mort de l'un n'entrainant de toute façon pas la défaite de l'autre qui peut continuer à jouer... tout seul. 

Et la magie fût.

Servi par une direction artistique aux petits oignons, le petit monde de Tunche se présente à la fois comme un héritier des jeux d’action 2D tout en se dotant d’une véritable identité graphique grâce au charme indéniable de ses jolis décors 2D dessinés à la main où la nature flirte avec le surnaturel. Sans doute un peu trop tard, cela dit.

C’est peut-être parce que l’on est conscient du potentiel de cet univers empli de magie que l’on est davantage frustré que les quatre mondes qui le composent soient aussi inégaux en matière d’inventivité. En schématisant un peu, les deux premiers ne se font pas défenseurs de l’extravagance et misent sur des paysages luxuriants typiques de la région, hantés par des créatures qui s’intègrent bien à l’environnement dans lequel ils évoluent, à défaut d’être particulièrement originaux. Si cohérence il y a, surprise il n’y a pas. C’est finalement arrivé à la moitié du jeu que le joueur percevra pleinement l’empreinte que la magie a laissé derrière elle. Les décors sont davantage inspirés du genre fantastique tout comme sa faune, largement plus créative que les précédentes. Dommage que ce grain de folie n’ait pas été exploité plus en amont ne serait-ce que pour donner davantage de relief aux boss qui, eux, bénéficient de ce soin imaginatif du début à la fin. 

Côté ambiance sonore, Leap Game Studios a poussé son concept de réappropriation des mythes et légendes péruviennes jusqu’au bout en proposant des morceaux qui s’inspirent de la musique traditionnelle des tribus amazoniennes combinés à des mélodies plus modernes issues de la culture péruvienne. Le résultat est un savant mélange d’instruments anciens et plus contemporain qui sait parfaitement retranscrire la dualité qui s’échappe de ces environnements à la fois calme et sauvage de l’autre bout du monde. Dépaysement musical garanti.


 

7
Avis aux amateurs du genre et aux curieux. Charmant et plein de bonnes intentions, Tunche entremêle habilement la rejouabilité, l’exigence et la frustration issues du Roguelite avec l’action de grand défouloir du beat'em up. Un mélange détonant qui fonctionne parfaitement, porté par des personnages sympathiques et de jolis décors colorés à l’ambiance sonore et visuelle unique. Dommage que le côté fantastique du jeu et ses possibilités créatives aient été si inégalement répartis dans la trame du jeu et que le mode coop n’en soit pas vraiment un. Une fois encore, la persévérance sera votre meilleure alliée si vous souhaitez profiter de tout ce que le jeu a à offrir. Le chemin est rude, mais la récompense est bel et bien au bout du chemin.  

  • Des combats dynamiques...
  • Un style graphique unique et agréable
  • Une large palette d'action
  • Une galerie de personnages attachants
  • Une bande-son immersive
  • Des boss inspirés
  • ... mais vite redondants
  • Une traduction française parfois approximative
  • Un mode coop à l'intérêt discutable
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