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The Company Man

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The Company Man

Par Miki-Daisuki - Le 31/01/2022 à 13:07

Développé par le studio indépendant malaisien Forust, The company man met en scène les aventures loufoques d’un salarié se rebellant contre une hiérarchie exploiteuse. Si le synopsis vous dit quelque chose, c’est que le jeu s’inspire librement de « The Office », la célèbre sitcom américaine des années 2000 qui a fait les beaux jours de la NBC. Accessoirement, et avant d’être une source inépuisable de mèmes, la série relatait le quotidien déjanté d’employés de bureau et de leur excentrique patron. Un pitch simple mais qui relate derrière son humour une réalité salariale parfois difficile. Alors prenez vos claviers, affutez vos mails, et prenez (enfin) le contrôle de votre entreprise.

Work Work Work

Exaspéré par un job sous-payé, des heures à n'en plus finir et une hiérarchie tout sauf reconnaissante, Jim n’a plus qu’un seul objectif : prendre la place du PDG. Mais le chemin jusqu’au sacrosaint dernier étage de l’entreprise sera semé d’embuches et de collaborateurs hargneux. Heureusement, notre salaryman a plus d’un tour dans son attaché-case. Armé de son clavier et de son plus beau costard, Jim découvrira bientôt que la Good Water Company n’est pas vraiment ce qu’elle semble être… Le studio, à l’instar de la série dont elle s’inspire, n’a pas fait les choses à moitié en choisissant pour cadre le monde de l’entreprise. Qu’on se le dise, il n’est pas question de faire de cadeaux au système : derrière chaque note d’humour, derrière chaque représentation grotesque et caricaturale des salariés de chaque service, derrière chaque arrière-plan, se dessine peu à peu les contours d’une gigantesque usine où les besoins d’ultra productivité ont fini par avoir raison de l’esprit d’une bonne partie de ses occupants. 

Petits conflits entre collègues

Se présentant sous la forme du jeu de plateforme couplé au jeu d’action, The Company Man invite d’abord le joueur à se frayer un chemin au travers des sept étages composant le building de l’entreprise en évitant les pièges disposés çà et là. Le joueur dispose pour cela d’une palette d’action relativement familière au genre comme le saut, le dash, ou la possibilité d’actionner des mécanismes qui impactent le décor. Si le genre est très bien maitrisé et que l’on retrouve avec plaisir des mécaniques familières, c’est finalement bel et bien dans ses phases d’action que le jeu dévoile toute son ingéniosité. Ce sont en effet dans ces dernières que toute l’audace du jeu est perceptible, à commencer par la forme que revêtent vos armes et vos attaques. Oubliez l’épée et autres équipements du chasseur de monstres, ici, ce sont vos fournitures de bureau qui vous sauveront la mise. Grâce à un super clavier d’ordinateur capable d’occasionner des dégâts par sa seule force brute comme par celle des mails dont il crée le contenu, Jim verra ses capacités offensives se renforcer au fur et à mesure qu’il mettra à genoux les différents services de la compagnie.

Encore faudra-t-il venir à bout des collaborateurs qui vous barrent la route. Un tantinet sur les nerfs, ceux-ci n’hésiteront pas à user de leurs meilleures armes pour vous éliminer. Avion en papier, et autres registres comptables constituent ainsi des dangers de tous les instants, créant un environnement imprévisible et hostile qui oblige le joueur à rester constamment en alerte. Difficile  de parvenir à s’ennuyer dans cette course survoltée vers le sommet où la moindre pause syndicale peut vous couter la vie, et votre poste. 

Côté difficulté, le jeu vous laisse la possibilité d’opter pour le mode « normal » ou « difficile ». Pour notre cas, en « normal », il en ressort un constat correct mais entaché d’une répartition disparate de la difficulté. En effet, alors qu’il avance à peu près tranquillement, le joueur pourra d’un seul coup avoir l’impression que le jeu lui complique artificiellement la tâche. Faute de proposer des ennemis graduellement résistants au fur et à mesure de la progression, le jeu préfère de temps en temps jouer la carte de l’apparition ou de l’attaque soudaine, quasiment impossible à anticiper. Il n’est ainsi par rare de se voir attaquer à peine le pied posé sur une plateforme par un ennemi hors champ, tout en sachant que la hitbox de votre personnage est extrêmement large et que les « pauses-café », ou « checkpoints » pour les intimes, ne sont pas si nombreuses. Gare aux erreurs d’inattention donc, l'ennemi n°1 d’une barre de vie que vous pourrez toujours améliorer grâce à l’argent récolté à chaque collègue vaincu. En outre, les choses se corsent véritablement face aux chefs de service, boss de chaque fin d’étage. Sans être insurmontables, ces derniers nécessiteront presque toujours plusieurs essais, tranchant nettement avec le niveau de résistance rencontré jusqu'alors. 

Bienvenue dans ce monde fou, fou

L’univers de The Company Man est loin de s’arrêter à ses personnages loufoques et originaux mais il convient de faire honneur à la remarquable imagination déployée par le studio quant à ces derniers à l’image de ces collaborateurs devenus experts en arts martiaux, pro de la dissimulation ou maitrisant les lois de la gravité. De leur côté les chefs de services, en définitive encore plus perchés que leurs employés, participent  activement à la cohérence d'ensemble du titre grâce à leur personnalité détonante et aux capacités surhumaine, parfois très surprenantes, dont ils usent pour garder la mainmise sur leur département.  

Jouant sur l’ultra caricature assumée du monde de l’entreprise jusque dans ses décors, le jeu offre une véritable personnification des services qu’il représente. Ainsi le service client, surpeuplé de standardistes et noyé sous le bruit des appels téléphonique et du blabla incessant des communications tranche-t-il nettement face à son homologue économique où l’argent coule à flot et où la climatisation permanente a fini par installer l’hiver dans les bureaux. De son côté, le service marketing a pété les plombs tandis que le département R&D mijote bien quelque chose de scientifiquement discutable. Aucun département n’est ainsi épargné par les clichés et les rumeurs qu’elles engendrent aux pauses café. Doté d’une véritable identité visuelle et sonore, chacun des services est sensiblement différent de l'autre et l’on se plait à imaginer dans quelle atmosphère délirante va nous plonger l’étage suivant.

Enfin, il a beau s’agir d’un jeu de plateforme en 2D, les décors, vertigineux, nous plongent véritablement au cœur de cette entreprise pas comme les autres. Non content de cela, le studio accentue encore un peu plus l’immersion dans son univers grâce à de jolis éléments de premiers plans bien placés et des ajouts bienvenus comme les flocons de neige, et des variations de couleur agréables et toujours très étroitement liées à l’atmosphère propre des lieux.

8
Droit dans ses bottes et carré dans ses délires, Forust ne se refuse rien dans cette satire du monde de l’entreprise où se côtoient sans management hyperproductivité, appât du gain, rentabilité poussée à l’extrême, épuisement salarial, pression des réseaux sociaux, manque de reconnaissance et gestion chaotique. Par un habile usage d’éléments fantastiques et d’humour, le studio sait déclencher le rire comme la réflexion, dans un jeu de plateforme surtout axé sur l’action. Une bonne pioche que ce titre dynamique, empli d’ingéniosité, d’humour et d’amour du travail bien fait.

  • Une dynamique addictive
  • Des ennemis loufoques
  • Un humour décapant
  • Des décors immersifs et originaux
  • Moins de 5h pour finir le jeu
  • Une répartition parfois hasardeuse de la difficulté
  • Une fin un peu abrupte
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