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Spacebase Startopia

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Spacebase Startopia

Par C-Ptique - Le 08/10/2021 à 08:00

Après avoir été repoussé de plusieurs mois, Spacebase Startopia développé par Realmforge Studios et édité par Kalypso Média (Tropico 6, Railway Empire, Port Royale…) est enfin sorti sur Switch. Ce jeu de gestion atypique de par son concept original, son humour cynique et son univers créatif a de quoi attirer l’attention. Alors enfilons les casques d’astronautes et partons en orbite pour gérer notre station spatiale.

Là-bas dans les étoiles !

Nous sommes le capitaine, plus souvent appelé « Command-R », d’une station spatiale Startopia, une des nombreuses stations spatiales de la galaxie de la Fédération. Il faut savoir que la Fédération Tayarien pour laquelle on travaille a conçu un traducteur universel qui a permis de résoudre de nombreux conflits entre espèces extra-terrestres. Grâce au prestige immense gagné, la Fédération a gagné en renommée et a construit les stations Startopia officiellement pour agir en tant que médiateurs, officieusement pour gagner un maximum d’argent sur les passagers qui viennent s’arrêter. L’objectif est bel et bien de gagner le plus possible d’argent en veillant au bien-être de nos visiteurs. Précisons que dans Spacebase Startopia, l’argent correspond en fait à l’énergie qui permet également d’alimenter nos structures.

Pour remplir cet objectif mercantile, nous avons par défaut un équipages de robots aussi simplets que maladroits appelés les floutés ainsi qu’un assistant vocal autant serviable que sarcastique. Les robots sont utiles pour construire des objets et des bâtiments ainsi que pour les tâches subalternes (construction et ménage notamment), cependant, il faut construire rapidement une station de recharge pour qu’ils puissent remplir leurs batteries et continuer à travailler. Mais plus important encore, il existe des travaux à réaliser que seules des espèces intelligentes peuvent réaliser, il faudra donc repérer de potentielles recrues parmi les visiteurs. Ainsi, les insectoriens seront là pour écouter les messages des vaisseaux spatiaux, les driyades s’occuperont des plantes, les léviathans assureront la sécurité tandis qu’on pourra compter sur les célébrameurs pour mettre l’ambiance dans les discothèques.

Chacun de nos employés biologiques est caractérisé par des compétences et des dévouements, la compétence détermine la capacité à s’occuper d’une tâche tandis que le dévouement correspond à la durée de travail qu’il accepte de faire avant de retourner satisfaire ses besoins (manger, dormir…). Au fur et à mesure qu’ils travaillent, ils gagnent en expérience et montent régulièrement en grade. Dommage que le procédé ne soit pas automatique, on ne reçoit même pas de notification pour prévenir que des montées en grade sont disponibles.

De la croisière de rêve au tas de ferraille.

S’il y a une chose qui importe davantage que le confort et le bien-être de nos employés, c’est celui de nos visiteurs/clients. Comme dit plus haut, le but premier est de faire en sorte qu’ils se sentent à l’aise, il leur faut donc impérativement un foyer où ils peuvent se reposer et se restaurer mais il faut également construire rapidement une infirmerie où ils peuvent se soigner, des attractions pour se distraire ainsi que des espaces naturels où ils peuvent se détendre. Chaque lieu peut être personnalisé à sa guise mais il existe des modèles préconstruits afin de gagner du temps. Dans tous les cas, plus il y aura de structures pour répondre aux besoins des passagers, plus ils seront satisfaits et nous donneront du prestige, ce qui permet de débloquer de nouvelles constructions. Attention car les installations les plus importantes ont souvent besoin d’énergie, il faudra donc puiser dans notre stock à intervalles réguliers.

Au début, il est perturbant de construire des usines et des centres de traitement aux mêmes niveaux que les centres de soin et les foyers pour les visiteurs, il aurait été plus logique de dédier un pont pour les passagers et un autre pour l’équipage et le fonctionnement de la station afin de montrer un visage plus radieux de notre station aux vacanciers. Cette déconcentration passe heureusement très vite. En avançant, on entre dans un cercle vertueux : plus on gagne d’argent, plus on peut construire d’infrastructures pour accueillir les passagers et plus on peut également agrandir la station spatiale. Bien sûr, cela va de pair avec les risques que la situation ne dérape, il faut notamment veiller à ce qu’il n’y ait pas de déchet qui traîne en-dehors des poubelles, que l’air soit suffisamment renouvelé et qu’il y ait suffisamment d’énergie pour tout alimenter. Des pannes peuvent également survenir mais pour peu que l’on attende quelques minutes, nos valeureux floutés s’en chargent aussitôt.

De temps en temps, on reçoit des propositions qui peuvent se révéler utiles pour sortir d’une situation critique. Si notre station est pleine à ras-bord de déchets par exemple et pour peu qu’on ait de l’argent d’avance, on peut recevoir la visite d’un prestataire qui se charge d’évacuer les déchets. À moins de gagner beaucoup de monnaie, ce n’est évidemment pas viable sur le long terme tant les règlements sont astronomiques. On peut aussi recevoir des propositions inverses, c’est-à-dire des vaisseaux qui souhaitent se débarrasser de leurs déchets chez nous en échange d’une somme très juteuse. Évidemment, pour ne pas briser l’immersion, il vaut mieux ne pas se demander pourquoi ils ne les évacuent pas directement dans l’espace, ni pourquoi ils ne le jettent pas directement dans notre incinérateur. Dans la même idée, on peut recevoir des améliorations et/ou des handicaps permanents à nos bâtiments (amélioration des cadences des robots éboueurs en échange d’un risque d’explosion pouvant disperser les déchets…).

La sécurité est également très importante car divers criminels peuvent se faufiler pour subtiliser les propriétés de nos visiteurs, sans compter les bombes glissées régulièrement à notre bord. Dès lors que l’on construit un centre de sécurité, nous avons les moyens de riposter, d’abord grâce à des drones pour capturer les voleurs, puis grâce à des méchas pour repousser les assauts de pirates. Cependant, c’est un aspect à part entière du jeu car les méchas ont besoin d’espace pour avancer et même d’un ascenseur spécial pour passer d’un niveau à l’autre, il est donc impératif de bien penser à la disposition des bâtiments pour ne pas entraver leur chemin.

En somme, on l’a compris, la gestion est l’aspect principal du jeu et il existe de nombreuses mécaniques qui permettent d’améliorer la qualité de vie à bord de la station. Du coup, il est très dommage que l’on ne puisse pas améliorer les bâtiments ou toute autre structure afin qu’elle puisse répondre à des besoins supplémentaires sans avoir à dépenser des sommes importantes pour un nouveau bâtiment. Il est également dommage qu’on ne puisse pas accélérer le temps pour atteindre plus vite notre objectif alors qu’il est possible de le ralentir. L’action ne se met même pas en pause lorsqu’on retourne dans le menu principal de la Switch, sauf si on a préalablement fait pause dans le jeu. Mais plus grave encore, et on se demande pourquoi les développeurs l’ont laissé passer, le confort de jeu est sévèrement entaché par les nombreux lags de plusieurs secondes à chaque fois que l’on fait une sélection ou que l’on ferme un menu.

Quand il n’y a plus d’énergie, il y en a encore.

Pour améliorer nos revenus, il est possible de réaliser du commerce et de produire de nombreux composants. On peut en effet construire une usine qui transforme les matières premières en produits plus sophistiqués qui se revendent plus chers. Cela suppose toutefois que l’on a déjà effectué des recherches pour réaliser ces dites transformations, recherches qui prennent plus ou moins de temps en fonction de la complexité des résultats à trouver.

Pour produire les matières premières, il faut se servir du pont biologique car certaines plantes produisent des fibres et autres matières que l’on peut récupérer. La toundra produit de l’oxygène, la forêt des fibres, la lune des minéraux, la savane de la nourriture et la forêt tropicale des médicaments. Ce pont sert également à produire de l’oxygène pour filtrer l’atmosphère de la station mais aussi pour satisfaire le besoin en nature des passagers. Il peut même être terraformé pour dessiner des reliefs, des plans d’eau et différents climats (et donc différentes plantes).

L’aspect industriel aurait gagné à être sophistiqué en permettant de fabriquer des usines de « seconde transformation » où les produits fabriqués seraient encore transformés pour obtenir des produits plus aboutis, à l’image de puces électroniques transformées en robots. De même, un aspect financier aurait enrichi le gameplay avec la possibilité d’emprunter de l’argent pour construire des bâtiments plus rapidement, voire même d’avoir un système actionnarial, ce qui aurait été prometteur avec le nombre important de passagers et la possibilité d’arrêter n’importe qui à n’importe quel moment.

Une créativité difficile à prendre en main.

Un autre aspect que nous devons évoquer avec Spacebase Startopia, c’est son humour et son autodérision quasi-continue. Le tutoriel est justifié par notre assistant qui nous dit que c’est une obligation de l’assurance pour être couvert, ce même assistant qui nous dit que la mort de visiteurs n’a aucune répercussion positive. Lorsqu’on termine une construction, notre assistant nous félicite car notre inaction a été récompensée. Il existe même un réseau social du nom de Spwitter où les visiteurs déposent leurs avis sur Startopia. Dernier exemple qu’on ne peut pas s’empêcher de relever : si on doit gagner de l’énergie comme but fondamental, c’est pour couvrir les salaires exorbitants du haut conseil de notre entreprise.

La créativité de l’univers est également palpable comme nous l’avons vu avec les différentes espèces extra-terrestres. Cependant, le jeu va parfois trop loin, il invente de nombreux termes pour désigner des choses qu’on a déjà tous rencontré, ce qui entraîne une importante confusion. Il y a l’exemple de l’énergie qui est utilisé en tant que monnaie mais on peut également citer le « stockage de matière » pour désigner l’inventaire. Certes, ça participe à l’ambiance mais le problème aurait pu être facilement être contourné en poursuivant dans l’autodérision, une simple phrase aurait suffi comme « Voici le stockage de matière, mais en langage profane, vous appelez ça inventaire ».

La prise en main n’est pas forcément plus évidente en passant par le tutoriel car si celui-ci explique très bien les mécaniques du jeu, il ne dit rien concernant les commandes sauf dans un petit panneau qu’il faut prendre le temps de trouver. C’est donc par nous-même que l’on doit comprendre qu’il faut appuyer sur les flèches directionnelles pour passer d’un étage à l’autre ou sur A pour saisir un objet. D’ailleurs, confusion supplémentaire, les objets peuvent être sélectionnés en appuyant sur Y mais les boutons dans les menus doivent être sélectionnés en appuyant sur A. Il aurait fallu qu’à la production du jeu, une décision soit prise pour assigner un seul bouton pour les sélections.

6
Spacebase Startopia est plein de bonnes idées et de bonnes intentions, il nous met véritablement dans la peau d’un commandant de station spatiale devant supporter les remarques sarcastiques de son assistant. Le rendu final est satisfaisant grâce à son mélange de gestion, de combat, de commerce et de production, d’autant que l’humour marche vraiment bien. Cependant, il est difficile de lui accorder une bonne note car certaines mécaniques auraient mérité d’être plus poussées, le résultat est assez brouillon et il est sérieusement entaché par des problèmes techniques, notamment des lags intempestifs et réguliers.

  • L’univers très créatif.
  • L’humour sarcastique omniprésent.
  • Les différents aspects à gérer (ressources, énergie, main-d’œuvre, sécurité…).
  • Les événements qui nous proposent des bonus/malus en échange de contreparties.
  • Les différents ponts qui nous font passer d’une ambiance à une autre.
  • Lags très nombreux.
  • Des mécaniques à approfondir (amélioration de bâtiments, transformations supplémentaires, finance, plus de ponts…).
  • Des termes parfois confus.
  • Tuto manquant de précision au niveau des commandes.