Dark Souls ! Mais en 2D ! Voilà, vous avez l'essentiel du jeu. Les ersatz de la série de From Software sont légion aujourd'hui, et nous pouvons en ajouter un à la pile. Mais qu'en est-il de la qualité ? Et de la variation ? Sommes-nous plus proche d'un Salt and Sanctuary, du cousin Hollow Knight, ou encore dans le territoire d'un Blasphemous ? On se prépare à mourir, et on répond.
Test réalisé d'après une version envoyée par l'éditeur.
Prepare to re-die !
Oh non ! Le monde décline lentement et le curseur de saturation des couleurs est bloqué à 20% ! Nous sommes bien dans un Souls-like, morne et sombre, et votre personnage, un ancien guerrier revenu sous la forme de squelette et ne pouvant pas communiquer avec les vivants, n'a même pas de nom au départ. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il est de bien bonne disposition en se réveillant, et a très envie d'aider les derniers survivants. Non, l'histoire n'est pas un point fort, c'est du vu et revu, mais c'est une bonne excuse pour combattre des monstres dégueux. D'ailleurs, le jeu nous prévient de la présence de gore et nudité à son démarrage. Tout un programme !
Skelethrone est donc un jeu d'action 2D avec des éléments de Metroidvania et des éléments de la série Souls. En témoigne le fait qu'on peut se téléporter à des feux de camps, et qu'on possède les trois même barres de Vie, Endurance et Magie que dans Dark Souls 3. Même certains PNJs sont venus rendre visite, comme la Messagère d'Emeraude de Dark Souls 2, aussi connue par ses amis sous le petit nom de Bèrsiksik. Les habitués sauront donc à quoi s'attendre. Pour les autres, l’apprentissage se fera dans la douleur.
Fier de ses inspirations, Skelethrone s'emploie à nous pourrir la vie par sa difficulté, et seuls les joueurs avertis s'en tireront, à force de patience la plupart du temps. Tous les ennemis se débarrassent de vous en trois coups, vous n'avez pas de période d'invulnérabilité, et même si vous êtes équipés pour faire face, la balance reste en votre défaveur la plupart du temps. Même le world design vous déteste, car vous mettrez un moment avant de trouver un deuxième feu, et même encore plus si vous décidez d'aller trucider le premier boss sans explorer. Heureusement, des checkpoints sont là pour vous empêcher de ragequit tout de suite, et les ennemis ne réapparaissent que si vous trouvez un feu, un vrai. Cela n'empêche pas pas Skelethrone de proposer un challenge souvent très déséquilibré, et la plupart du temps, ill sera plus malin de courir comme un dératé pour éviter tous les dangers plutôt que de passer 10 minutes à tout tuer, tout ça pour décéder face à un ennemi qui a décidé qu'il avait vraiment envie de vous tuer. Un équilibrage douteux qui nuit au jeu dans son ensemble.
Grind Souls
En fait, tout le début du jeu est un peu cruel, et vous laisse dans le noir. Les ennemis donnent peu d'expérience, et mourir vous fait tout faire tomber, en plus de réduire votre barre de vie. Vous avez l'impression que vous allez mettre des années à devenir assez fort pour ne pas galérer, les environnements sont très hostiles, enfin bref, c'est la mort. Mais, vous finirez par trouver, cachée dans le décor, une gemme verte, vous donnant accès à une sorte de spherier, et celui-ci booste vos stats bien plus fort qu'une montée de niveau ! Une fois celle-ci trouvée, le premier boss sera à portée de main, une fois son pattern appris, et il vous donnera accès à un double saut bien utile pour trouver d'autres secrets. De là, tout va mieux, et si ça reste difficile, on se rend compte que le game design a été plutôt bien pensé... en grande partie. Le fait que certaines gemmes soient cachées derrière le décor, ou que les ennemis puissent se fondre avec les couleurs ternes de l’environnement, sans parler des moments où vous perdez la vie à cause d'une succession de pièges, ennemis et reculs de votre perso sans rien pouvoir faire. Malgré beaucoup de bonne volonté, Skelethrone reste une épreuve pas très agréable à jouer, la faute à la faiblesse générale de votre personnage et au manque de ressources : soins, objets, expérience, etc. On manque tout le temps de tout et il faut beaucoup de détermination pour avoir envie de continuer.
Les boss, eux, sont impressionnants, et on sent que les développeurs avaient à cœur de rendre des affrontements épiques. Ceux-ci sont très difficiles, mais possèdent des attaques claires, et sont plutôt amusants, surtout que vous avez les outils pour vous battre efficacement. Votre squelette peut effectuer une roulade, un pas en arrière, et chaque arme lui donne accès à une ou deux techniques pour taper fort, et quelques fois bouger tout en infligeant des dégâts. Vous pouvez aussi vous soigner rapidement, avec des fioles dont le nombre augmente en fonction des cristaux trouvés, et également avec quelques quêtes ici et là. On pourra quand même déplorer qu'on meure bien trop vite à cause de notre défense rachitique, et que l'écran est souvent très encombré, rendant sa lecture peu évidente. Il y a plus de « die and retry » que de compétences pures dans ces affrontements.
La vie en gris
Skelethrone a une patte graphique particulière. C'est une 2D atmosphérique qui mélange des éléments peints sur ordinateur avec quelques objets en prise de vue réelle et d'autres en 3D transformée en sprites, donnant un tout étrange mais pas désagréable, même si l'ensemble n'est pas maîtrisé (aliasing, pop-in, etc). L'affichage des éléments peut même bugger, ou être tardif, et il n'est pas rare, dans certaines zones, de voir le décor apparaître par magie quelques secondes après nous. On sent aussi le travail d'une équipe novice sur certaines mises en scènes, même si on peut applaudir le fait qu'en général, ils arrivent à retranscrire leur vision à l'écran. C'est aussi le risque des jeux indés. Les décors sont variés, autant que le permette le cahier des charges d'un Souls en tout cas, et on différencie bien les différents décors sans s'ennuyer. La musique, elle, est très réussie, avec des pièces atmosphériques très adaptées, très sombres et stressantes qui accompagneront parfaitement vos parties. Les thèmes des boss sont également bien marqués, et pas trop lassants. Globalement, nous sommes sur une ambiance de Souls classique, mais qui fonctionne, avec une touche de Blasphemous pour les animations gores quand les monstres meurent.
Pour les fans du genre, Skelethrone est donc globalement à conseiller, avec son côté Metroidvania léger et son action efficace. Si le début est bien décourageant, le jeu sait vous guider vers votre prochain objectif. Des zones secondaires, et des éléments de game design très intéressants (comme le fait d'enlever des obstacles dans une zone après la mort du boss, qui en était à l'origine) savent renouveler l'intérêt, et différentes fins existent même, histoire de vous pousser à rejouer. On se retrouve à rester sur le jeu plus longtemps que prévu, et c'est bien là la marque d'un bon titre. Mais gare à vous si vous décrochez, car le jeu ne pardonne pas.