En 1999 sortait« Memories off », premier opus de ce qui deviendra une licence forte du Visual novel au japon. 25 ans plus tard, c’est avec « The starry sky » que le studio MAGES, à qui l’ont doit notamment la série des FAMICOM Détective club ou encore Stein;gate, vient de nouveaux jouer avec nos sentiments à coup d’introspections et de sombres histoires de famille.
Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Le club des six
Dans la petite ville de Sumisora, charmante bourgade japonaise à l’aspect idyllique, les histoires se croisent et se confrontent parfois brutalement. Une réalité qui surprendra bientôt Junya, étudiant effacé qui, une fois les cours terminés, se charge de petits boulots d’homme à tout faire pour le compte de l’entreprise de son père. Alors qu’il officie en tant que déménageur d’un jour dans un quartier du village, il croise la route d’une jeune fille qui reconnait en lui un visage du passé. « C’est toi qui aurait dû mourir à sa place », lui lancera-t-elle, les yeux emplis de désespoir. « Lui », c’était le grand frère de Junya, mort dans un accident de la circulation il y a un an dans des circonstances troubles. Un décès qui pourrait bien permettre à chacun de renouer avec son histoire personnelle et de surpasser ses blessures du passé.
Dans le genre très particulier du Visual Novel, nul besoin de nous étendre longuement sur le gameplay, conforme à ce que l’on retrouve habituellement dans les productions de ce type, à savoir passer des bulles de dialogues.Il en ressort une passivité à ne pas toujours prendre à la légère car des choix a priori anodin que vous ferez va dépendre la fin que vous obtiendrez. En effet, le titre propose pas moins de 14 fins différentes, chacune des cinq héroïnes avec qui vous choisirez de terminer l’histoire possédant une «good », « best» voire une « bad » ending.
D’entrée de jeu, le titre charme avant tout grâce à son aspect visuel soigné et son ambiance musicale immersive. Véritable havre de paix et de sérénité, Sumisora étale des paysages enchanteurs en concentrant en un même lieu tout ce que l’imaginaire collectif ferait entrer dans la définition même du petit village typique de l’archipel nippon. Entre Izakaya, café de quartier, mer turquoise, forêt luxuriante et demeures aux allures de temples anciens, rien n’est laissé au hasard dans cette carte postale à ciel ouvert sublimée par un jeu de couleur et de nuance de toute beauté. Le travail sur la musique est également à souligner, tant elles participent à l’immersion dans ces lieux hors du temps tout en renforçant l’émotion certaine qui sait se dégager du jeu à certains passages bien précis.
Dessine-moi un ciel étoilé
Côté narration, Since Memories se révèle rapidement très prenant grâce à deux premières heures où l’on apprend à connaitre Junya ainsi que les personnages qui gravitent autour de lui tout en ne boudant pas notre plaisir de faire un peu de tourisme. Cependant, passé ces premiers temps, l’histoire traine exagérément en longueur quitte à ajouter des scènes franchement inutiles et qui peuvent paraitre interminables pour qui avait l’impression de se lancer dans une grande enquête sans temps morts. Et pour cause : Since Memories est avant tout une ode à l’introspection et aux relations humaines sur fond de drames familiaux. Il ne faut donc pas s’attendre à de grandes révélations ni d’importants retournements de situation, mais plutôt accepter de se laisser porter jusqu’au dénouement dans une posture contemplative. Autre facteur de lourdeur : le parti-pris de la traduction anglaise de conserver les suffixes honorifiques japonais dans les dialogues, chose qui se ne fait plus depuis longtemps dans les adaptations étrangères d’œuvres nippones.
Enfin, que serait une histoire sans les gens qui la font vivre ? Sur ce point, Since Memories fait le pari réussi de limiter le nombre de ses personnages principaux comme secondaires, ce qui permet à chacun de briller à un moment où à un autre de l’histoire. Qu’elles soient pétillantes, mélancoliques, tsundere, ou mignonnes, les femmes présentes dans le récit, si elles n’évitent pas les stéréotypes de caractère et de physique des productions-types, possèdent un capital sympathie indéniable doublé d’un background que l’on prend plaisir à découvrir. Un soin que l’on retrouve jusqu’à la présence d’un doublage quasi-intégral. S’agissant du héros masculin du titre, Junya, les choses se corsent un peu. Rarement doublé et grand absent des nombreux CG du jeu, Junya peine à s’extirper de sa condition d’avatar du joueur, bien que ce soit par son biais que les relations évoluent entre chaque personnage. Si on ne le déteste pas pour autant, on en oublie souvent sa présence, éclipsée par la vivacité de tous les autres. Enfin, s’agissant de la romance qui plane sur l’intrigue, elle ne sera que très brièvement mise en avant, d’autant plus que le scénario oriente très clairement le joueur vers un personnage en particulier, rendant toutes les autres peu naturelles à côté.