Après une apparition vidéoludique en 2010 sur console de salon et PC, Sam & Max The Devil’s Playhouse se remet en selle dans une version remasterisée. Dernier opus de la trilogie de Telltale Games remis au goût du jour, c’est un jeu d’aventure en point and click dont le remaster est développé et édité par Skunkape Games. Dans cette aventure où le ridicule ne tue pas, nous accompagnons Sam et Max sur leurs enquêtes donnant sur des expériences étranges. Dans une logique grotesque et un humour décalé, le joueur ne saura plus où donner de la tête. Préparez vos neurones, car, d’allure très simple au premier abord, cette aventure tend vers des énigmes bien plus élaborées que l’on pourrait le penser.
Test réalisé à partir d'une version fournie par l'éditeur.
La chasse aux jouets de pouvoir
Le scénario se découvre à travers 5 chapitres, tous interconnectés les uns aux autres, que l’on sélectionne dans le menu principal. Au lancement du premier épisode, le jeu nous expose directement à l’action. Nous retrouvons un gorille de l’espace, le Supramiral Kosmonobo qui attaque la terre à travers des rayons lancés de son vaisseau. Nos amis Sam, le détective canin et Max, le lapin sociopathe, y sont emprisonnés. Nous apprenons les sombres desseins du méchant qui sont de détruire la terre et de dominer la galaxie grâce aux jouets de pouvoir et aux capacités psychiques du cerveau de Max. Un narrateur mystérieux apparaît, laissant la scène en fond pour nous exposer la situation actuelle et nous incomber la tâche de guider nos protagonistes. Il sera présent tout au long de l’aventure et apportera une touche de clarté et de suspense aux histoires abordées. Nous retournons ensuite à notre situation, où Sam et Max réfléchissent sur un moyen de sortir de la cage où ils sont enfermés. Cet évènement permet de nous familiariser avec quelques facultés psychiques que Max peut utiliser grâce aux jouets de pouvoir en sa possession. À l’aide du jouet en forme de téléphone, ils utilisent le pouvoir de téléportation pour rejoindre le lieu d’un autre téléphone appelé à proximité. Enfin libérés, nos héros vont devoir envoyer Kosmonobo vers la prison de la quarantaine dimension.
Pour cela, il faut apposer sur lui une balise qui permettra de l’aspirer dans le monde parallèle. Pour l’approcher, il vont devoir se camoufler, et cela tombe bien, notre ami aux longues oreilles peut également se métamorphoser. À partir d’une pâte rhinoplastique, aux apparence d’une simple pâte à modeler en forme de nez, il peut prendre la forme d’un objet inanimé dont le jouet devra avoir été apposé sur l’image de cet objet. Ils vont donc utiliser ce nouveau pouvoir pour que Sam puisse s’approcher discrètement derrière Max, transformé en plante verte grâce à un tableau de décoration trouvé dans le vaisseau. Ils arrivent ainsi à apposer la balise et ouvrir la fameuse brèche dimensionnelle, mais Kosmonobo lutte et s’accroche au tableau de bord de son vaisseau pour ne pas se faire aspirer. Grâce à une métamorphose de Max, ils parviendront finalement à venir à bout du gorille et notre narrateur introduira de manière très subtile les cinq prochains chapitres à venir, où il faudra être attentif à tout ce que l’on voit et ce que l’on entend pour pouvoir sauver l’univers au moment crucial. Nous réaliserons ensuite que toute cette péripétie n’aura été qu’une vision du futur de Max, à travers un jouet magique qu’il vient de trouver dans la rue. Nos compagnons se demandent ce que cela veut dire mais leur répit sera de courte durée, puisqu’un vaisseau spatial à la tête de gorille se dépose près d’eux.
Et nous voilà de nouveau face à Kosmonobo, venu en paix pour apporter sa technologie futuriste à notre planète. Perplexe, nos héros vont enquêter pour prouver ses véritables intentions, mais il apparaît déjà que le gorille cherche une relique, les yeux de Yog-Soggoth, l’un des jouets magiques parmi les centaines disséminés dans la galaxie, qui permet de voir le futur. Coïncidence, Max a déjà mis la main dessus, mais nos héros préfèrent garder cette information. Il s’en suivra alors toute une enquête afin de déjouer les plans de ce funeste gorille. Comme vous l’aurez compris, l’histoire repose sur une succession d'évènements grotesques, ce qui constitue la trame scénaristique décalée et représentative de l’ambiance du jeu. Marqué par un générique qui apparaît à chaque épisode, le jeu se donne le style d’une série à visionner, où l’on découvrira les aventures de la police free-lance dont Sam et Max sont les seuls membres. Dans ce troisième opus, les nouveaux venus prendront un train en cours de route, avec des personnages déjà bien ancrés et de nombreuses références sur les évènements des anciens jeux. Certains éléments abordés ne seront alors pas forcément parlant, mais en intégrant les informations au vol, rien n'empêche de continuer à suivre cette histoire délirante et pleine d’humour.
La police free-lance en action
Dans ce nouvel opus, Max est à présent doué de pouvoirs psychiques qu’il peut utiliser à travers différents jouets comme des jumelles pour voir le futur, une pâte à modeler pour se métamorphoser, un téléphone pour se téléporter ou encore un jeu de cartes pour lire dans les pensées. D’autres objets donnent sur des compétences bien utiles qui seront à découvrir en jouant chacun des chapitres proposés. Loin de s’accumuler, l’accessibilité aux compétences de Max sera variable en fonction des épisodes et des moments de l’histoire. Chaque chapitre, bien que reliées chronologiquement les unes aux autres, se démarque par l'apport d’une jouabilité différente tout en conservant son gameplay initial. Les déplacements se font dans un environnement en 3D et laissent de nombreux éléments à découvrir dans les lieux tandis que les commandes sont agréablement répartis entre nos deux personnages principaux. En règle générale, nous contrôlons Sam pour les déplacements et l’investigation des lieux, et Max pour l’utilisation de ses différentes facultés mentales. Nous serons donc amenés à nous balader dans différents endroits pour enquêter, et résoudre moults énigmes pour avancer dans l’histoire.
En fonction des épisodes, nous retrouverons des séquences cassant la routine, nous amenant à voyager entre différentes bobines d’une histoire pour récolter des renseignements permettant d’avancer, ou encore à faire des choix d’actions en temps réel pour enquêter ou se sortir du pétrin. Chaque chapitre révèle une façon revisitée de jouer et se renouvelle dans son gameplay. On remarquera néanmoins que la solution à certaines énigmes sera parfois bien alambiquée, donnant sur une certaine logique peu pragmatique. Par exemple, donner un téléphone à manger à un pigeon pour qu’il l’avale et le transporte jusqu’à un endroit en hauteur est peu courant de nos jours, et sans solution à portée de main, ce genre d’évènement peut rapidement nous faire tourner en boucle. Heureusement, Sam et Max peuvent intervenir de manière subtile en nous lançant une phrase pour nous réorienter sur le sujet à approfondir. Nous pourrons également compter sur le contexte et les différents indices récoltés à travers les capacités de Max pour aider à débloquer la situation, même s’il faudra parfois bien réfléchir pour venir à bout de l’énigme. De plus, Sam regroupe l’ensemble des objets en lien avec l’affaire dans son sac, qu’il nous faudra utiliser à bon escient pour avancer dans l’histoire.
Selon les cas, nous serons amenés à présenter ces objets à un personnage clé, les utiliser en interaction avec l'environnement ou encore les combiner grâce à la voiture remplie de technologie de nos deux héros. Comme dans toute enquête, la police free-lance sera amenée à échanger avec les autres personnages du jeu. Les différents choix de dialogues proposés mènent sur des répliques humoristiques, aux références loufoques qui tireront bien souvent un sourire ou permettront de cerner davantage la personnalité du personnage. Il sera également possible d’en apprendre davantage sur l’affaire en cours, d’obtenir des objets ou de collecter des indices importants pour débloquer la suite de l’histoire. En sachant cela, nous préférons donc sélectionner les différents choix de discussion afin de ne rien manquer de croustillant, même si certains dialogues restent bien trop génériques. En effet, on remarquera que certaines options de conversation restent sommaire et sans intérêt, rallongeant le temps d’échange avec le personnage interrogé sans toutefois apporter un réel intérêt, ce qui tend un peu trop sur la longueur. En résumé, il faudra constamment ouvrir l’oeil pour repérer dans chaque détail tout indice permettant de nous aider à avancer.
Une empreinte extravagante
Le jeu nous présente des personnages hauts en couleurs, avec des antagonistes et des personnages secondaires au caractère bien marquant. On adore nos héros et leurs répliques, de même que leur manière de tourner en dérision chacune des situations, avec humour même pour les pires catastrophes. Les dialogues des personnages sont intégralement doublés en anglais avec les sous-titres en français. Et même dans la langue de Shakespeare, il est difficile de nier que le choix des voix et le jeu de doublage sont vraiment réussis. Ils tiennent exagérément la route selon le caractère des personnages et respectent les intonations en fonction des situations. La narration des événements est excellente et le mystérieux personnage qui en fait la présentation tient l’attention du joueur sur le scénario, tout en donnant une allure dramatique et énigmatique à l’histoire abordée. Il nous présente une histoire sombre et sérieuse qui sera parodiée et vécue par nos deux protagonistes de manière complètement décalée dans un humour aussi noir que mature. La bande son accompagne comme il se doit l’expérience en jeu, dans le même ton que l’univers qui nous est proposé. Les différences graphiques sont notables entre la version originale et la version remasterisée, qui sera remise au goût du jour et gagne en profondeur au niveau des effets visuels, des graphismes ainsi que du design des lieux et des personnages dont on reconnaît un certain relief. Les décors et environnements sont très lumineux et colorés, tout en étant munis d’une multitude de détails à visualiser et analyser pour nous aider à avancer dans l’histoire.
Afin de ne louper aucun élément environnemental, il est d’ailleurs possible de faire apparaître sous forme de points l’ensemble des éléments importants d’un lieu. Il permet de balayer dans son intégralité les différentes interactions et dialogues en rapport avec l’endroit où se trouve nos héros. Malheureusement, les déplacements de Sam peuvent dans certains cas s’avérer fastidieux, car si l’on cible mal l’élément à analyser, notre personnage se déplace lentement vers le point en question sans que l’on ne le veuille vraiment. Ce n’est pas une situation récurrente, mais cela reste embêtant à cause du détour effectué vainement vers le point sélectionné. En cas de blocage, Sam prend en note les différents éléments importants tels que l’affaire, les suspects, les pouvoirs de Max et les preuves. Le fait de s’arrêter pour relire la situation peut permettre de faire le point pour mieux repartir par la suite, avec potentiellement de nouvelles idées. L'interface des capacités de Max donne sur des effets visuels déconcertants, parfois sans rapport avec la situation et tout droit venu du mental du protagoniste, faisant apparaître des photos, des objets ou des animaux sans aucun sens logique. Tout donne lieu à incorporer différentes scènes comiques pour garder l’ambiance excentrique digne de Sam et Max. D’une durée de vie d’environ 3 à 4 heures par épisode, le joueur pourra se réjouir d’être occupé jusqu'à une bonne vingtaine d’heures avec nos héros déjantés et leurs aventures rocambolesques.
