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Pokémon Let's Go Pikachu

Test Switch

Pokémon Let's Go Pikachu

Par ggvanrom - Le 22/11/2018 à 19:28

Accueil mitigé dès son annonce, clivage entre les jours de par le choix de Game Freak et Nintendo de proposer un jeu Pokémon plus axé sur Pokémon Go qu'un épisode canon de la licence, Pokémon Let's Go Pikachu et Pokémon Let's Go Evoli auront décidément fait parler d'eux entre le moment de leur annonce et celui de leur sortie. Maintenant que nous avons le titre entre les mains, il est temps de voir si ce remake de Pokémon version Jaune est une bonne mise en bouche pour tester le nouveau support HD qu'est la Nintendo Switch...

Bon retour à Kanto !

Bienvenue dans le monde merveilleux des Pokémon ! 22 ans après la parutions des premiers épisodes de la licence Rouge, Vert et Bleu, le Professeur Chen nous introduit une nouvelle fois dans la région de Kanto, fourmillant de plus de 150 Pokémon différents et encore plus de dresseurs vivant en harmonie avec les créatures, ou les faisant se combattre dans des combats Pokémon. Une fois que vous avez fait le choix de votre version de Pokémon Let’s Go (Pikachu ou Evoli), vous (re)découvrirez la première génération sur Nintendo Switch avec les spécificités techniques de notre époque. Nouveau moteur de jeu nous faisant oublié l’aspect pixellisé des versions Soleil et Lune sur 3DS, les créatures modélisées en 3D de plus en plus convaincantes, et le sujet qui a tant fait couler d’encres, le nouveau système de gameplay principalement repris de l’épisode mobile Pokémon Go.

Let’Go on PokéTrip

En terme de base, Pokémon Let’s Go Pikachu et Evoli n’ont pas été conçus à partir des versions Rouge et Bleue, mais la version Jaune qui nous permettait de commencer avec le starter Pikachu, qui suivait le joueur et qui avait ses émotions qui évoluaient au fil du jeu. Quelques ajouts étaient également de la partie comme la présence de Jessie et James de la Team Rocket, ou encore des mini-jeux comme le Surf de Pikachu. Pokémon Let’s Go nous permet donc comme à l’époque de débuter à nouveau avec la souris électrique phare de la licence, ou alors de commencer avec un Evoli, starter que prenait à l’époque notre rival.

Le spitch de l’histoire ne diffère que très légèrement de la mouture de base. Vous incarnez un garçon ou une fille, chargé par le professeur Chen de remplir le Pokédex, une encyclopédie regroupant les informations sur tous les Pokémon de la région de Kanto. Pour se faire, vous serez accompagné d’un Pikachu ou d’un Evoli, et devrez parcourir la région de Kanto pour découvrir de nouveaux horizons. Fort de plus de 20 années d’expérience, cette nouvelle mouture embarque diverses nouveautés comme la disparition des CS (Capsules Secrètes) permettant de surfer ou de déplacer des rochers, remplacées par les TS qu’apprendra votre starter sans avoir à sacrifier un slot d’attaque. Le joueur est également beaucoup plus pris par la main qu’à l’époque avec des chemins bloqués ou encore des personnages vous indiquant où aller toutes les 5 minutes. Là où les néophytes seront ravis de ces éléments, certains puristes y voir une tendance de plus en plus grande à l’assistanat. 

Gotta Catch’em All

La plus grande nouveauté mise en avant lors de la présentation de Pokémon Let’s Go a été son système de capture, qui se veut plus fidèle à la licence, tout en étant diamétralement opposé à ce que l'on a connu jusqu'à. A comprendre que grâce à la reconnaissance de mouvement incluse dans les Joy-Con, il nous faut à présent mimer le lancer d’une Poké Ball afin de pouvoir capturer le monstre convoité. Pour faciliter la capture, nous avons également accès à diverses baies à lancer aux Pokémon pour faciliter la capture, tout en faisant attention à ce qu’ils ne s’enfuient pas. Afin d’optimiser vos chances de capture, il vous faut envoyer la Poké Ball d’un mouvement du poignet au centre du cercle coloré apparaissant sur le Pokémon sauvage. Plus le cercle est petit, plus grande est la chance d’attraper ce Pokémon.

En revanche, il faut intégrer une notion importante, en dehors de la capture des Pokémon Légendaires et de quelques rares autres exceptions, il ne sera pas possible de combattre des Pokémon sauvage pour baisser leurs points de vie et donc faciliter la capture. C’est un choix étonnant mais qui reste raccord par rapport au gameplay tiré de Pokémon Go sur mobile. Alors que bons nombre d’amateurs de la licence paniquaient à l’idée de ne plus pouvoir combattre de Pokémon sauvages pour gagner de l’expérience afin d’augmenter le niveau de leurs monstres, Game Freak à tout de même mis en place un système d’expérience gagnées après chaque captures. Vous bénéficierez de points d’expérience pour chaque capture (comme Soleil et Lune), auquel s’ajoutera un multiplicateur d’XP s’appuyant sur divers facteurs comme la qualité du lancer, le nombre de ball utilisées, la rareté du Pokémon capturé etc., Chaque Pokémon de votre équipe gagnant une part d’XP lors des captures, maintenir une équipe équilibrée sera chose aisée. Chaque capture vous permettra également de récupérer des bonbons, pouvant augmenter une des six statistiques de base du Pokémon voulu. Des bonbons attitrés permettant de booster les six d'un coup seront également disponible sous certaines conditions.

Carton rouge par contre sur le gameplay utilisé. Si le mode portable permet l’utilisation du gyroscope afin de viser et capturer les monstres de poche, le mode salon quant à lui demande d’utiliser exclusivement le motion gaming en utilisant un Joy-Con. Outre le fait d’imposer le motion gaming, qui reste une technologie encore aléatoire en  2018, envoyer des Poké Ball avec les petites manettes est extrêmement frustrant lorsque nous visons un Pokémon à gauche, et que la ball part à droite, la frustration est d’autant plus présente lorsque vous vous retrouvez devant un Pokémon qui bouge toutes les deux secondes. Est-ce pour pallier le tir, ou pour vendre un maximum d’accessoires, Nintendo a planché sur une nouvelle manette appelée Poké Ball Plus, prenant la forme de la boule rouge et blanche culte de la licence, qui embarque la technologie motion-gaming qui semble plus précise après quelques heures de manipulation. En revanche vous l'aurez compris, si vous espériez pouvoir utiliser une manette pro pour jouer conformablement sur votre télé, c'est raté. C'est d'autant plus dommage que le mode portable à deux manettes et au gyroscope est, à mon avis, la meilleure manière de jouer. Nous priver d'un confort similaire en utilisant deux Joy-Con ou une manette pro une fois la console connectée à la TV est une mauvaise chose, et j'espère que Nintendo et Game Freak proposeront rapidement une mise à jour pour ajouter de nouvelles manettes compatibles.

Des combats qui oscillent entre deux ères

Si les combats contre les Pokémon sauvages ne sont plus d’actualité, les dresseurs quant à eux arpentent toujours la région de Kanto à des points fixes, bien décidés à en découvre avec vos équipe. On soulignera tout de même qu’encore en 2018 ils sont toujours aussi crispés sur leur lopin de terre. Une fois les combats lancés, on se retrouve sur la formule connue depuis des années : combat à 1 VS 1 ou 2 VS 2, 4 attaques pour notre Pokémon et les derniers types qui n’existaient pas à l’époque de la première génération sont tous là. Mélofée devenant par exemple de type Normal / Fée comme dans les derniers opus. A noter que si l’on conserve le système de PP pour les attaques, et que l’affection de votre Pokémon est toujours d’actualité, vous permettant d’éviter un coup critique, ou permettant à vos Pokémon de se soigner d’un soucis de statut.

Game Freak a cependant fait le choix d’abandonner le système de talents, accordant divers bonus ou malus à vos monstres, ainsi que la possibilité de porter des objets. Le tout ramenant l’aspect stratégique au stricte minimum. Let’s Go conserve tout de même un système d’analyse des IV, permettant de connaitre les stats de chaque Pokémon attrapé afin de se forger la meilleure équipe. Ces IV peuvent d'ailleurs être influencées en attrapant des Pokémon à la chaine. Dans sa globalité, le gameplay des combats est un point régressif pour la série, mais qui demeure logique si l’on admet que cet épisode est censé fédérer de nouveaux joueurs sans leur faire peur avec les subtilités mises en place ces dernières années. Si la difficulté du jeu est loin d’être son point fort tant votre starter roulera sur l’essentiel des adversaires rencontrés, la présence des Coach d’un niveau légèrement supérieur sera un plus durant l’aventure principale, et les Experts Pokémon, quant à eux, accessibles après la Ligue Pokémon, vous feront passer un sale quart d’heure et vous pousseront à entrainer au maximum vos monstres pour espérer les vaincre.

Une connectivité restreinte

L'essence de Pokémon réside dans sa manière de rapprocher les joueurs entre-eux, que ce soit pas le biais des échanges ou des combats, il n'y a qu'à voir les différentes compétitions qui ont lieu chaque année autour de la licence. Sur ce point, Pokémon Let's Go Pikachu et Evoli demeurent très frileux. Oubliez la possibilité de jouer ou d'échanger directement avec votre liste d'amis, les jeux vous permettront de vous connecter sur une autre console en local, ou alors en online grâce à un système de mot de passe à 3 symboles. Autant dire que du triple Pikachu en symbole, vous ne serez pas les seuls à utiliser ce code, et risquez fort de ne pas tomber sur la personne que vous désirez. Pour la fluidité rien à redire tant que chacun dispose d'une connexion correcte que ce soit pour échanger ou pour combattre.

Côté nouveauté, Pokémon Let's Go permet pour la première fois de jouer en coopération en permettant à un second joueur de rejoindre la partie en allumant un second Joy-Con (ou une Poké Ball Plus). Bien que l'idée soit louable et sera essentiellement utilisée pour jouer avec son petit frère ou son enfant, son intérêt reste relatif. La caméra reste centrée sur le joueur n°1, et le second joueur ne peut pas interagir avec la faune et la flore. Le seul intérêt de ce mode réside dans la possibilité de capturer des Pokémon à deux (engendrant de ce fait un nouveau bonus multiplicateur d'XP), et de combattre des adversaires dans des match clairement mal équilibré en 2 contre 1.

Dernière nouveauté faisant la liaison entre Pokémon Go et Let's Go : le Go Park. Remplaçant le Parc Safari, cet établissement permettra aux joueurs possédant un compte Pokémon Go et un appareil compatible la possibilité d'importer ses monstres fétiches dans leur jeu sur Nintendo Switch. Bien que demeurant au final accessoire, cette fonctionnalité demeure très pratique pour récupérer des créatures au potentiel intéressant, voire impossible à rencontrer à l'état sauvage dans votre version. En outre, cette connectivité permet de capturer le tout nouveau Pokémon Fabuleux Meltan. Le parc disposera également d'un lieu pour interagir avec les Pokémon de issus de votre smartphone, et vous pourrez également jouer avec eux par le biais de plusieurs mini-jeux permettant d'acquérir des bonbons.

Une réalisation convaincante mais...

Là où Rouge Feu et Vert Feuille avaient réussi à donner un peu de fraicheur aux premières versions de Pokémon lors de leur réédition sur GBA en 2004, Let's Go Pikachu et Evoli donnent un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler l'univers Pokémon de demain. Sans être dans un style ultra détaillé, l'environnement et les personnages sont hauts en couleur, et la musique retravaillée nous permet de nous replonger avec nostalgie dans des souvenirs vieux d'une vingtaine d'année. Et que dire de l'interaction possible avec notre partenaire de voyage qui, bien qu'accessoire, ne peux nous empêcher de nous décocher un sourire, que nous ayons 10, 20 ou 30 ans (le Evoï de Evoli est juste... trop mignon). Le jeu souffre tout de même de quelques lacunes, comme quelques ombres pixellisées pas franchement convaincante, ou encore cette maudite Forêt de Jade qui risquera de faire ralentir votre Switch à plusieurs occasions.

 

Comme souvent avec Game Freak, on en finit à critiquer fatalement le post-game. Une fois devenu maître de la Ligue Pokémon et complété notre Pokédex, que nous reste-t'il ? Les 150 Experts à combattre (ce qui se résume surtout à du farming intensif), la possibilité de re-combattre les champions d'arène... et c'est tout. Les éléments ajoutés dans les remaster de 2004 comme les îles Sevii sont tout simplement absents de Let's Go, et la présence d'une Tour de Combat aurait également permis de booster le contenu du titre. A titre personnel je regrette l'absence du casino ainsi que les Pokémon à gagner à Céladopole, mais pour ce cas, il s'agit d'une loi japonaise interdisant depuis Pokémon Platine de faire jouer les plus jeunes à des jeux d'argent (ah la belle époque). A voir maintenant si la nouvelle politique de suivi de jeux mise en place par le président actuel de Nintendo sera l'occasion de faire vivre le jeu par le biais de DLC et mises à jour gratuits en attendant l'arrivée de la 8ème génération de Pokémon.

7.5
Personnellement, je trouve que Pokémon Let's Go Pikachu et Evoli remplissent la fonction pour laquelle ils ont été conçus : amener de nouvelles têtes qui n'étaient pas forcément familières de la licence sur une nouvelle génération de jeux Pokémon. Game Freak et Nintendo tentent une nouvelle approche en terme de gameplay par le biais de ces deux spin-off, qui devraient demeurer au final différents de la nouvelle génération qui verra le jour fin 2019, début 2020. Pokémon Let's Go propose aux nostalgiques et aux nouveaux venus de replonger dans un Kanto toujours plus agréable à l'œil, permet de donner plus de réalisme aux captures (malgré une reconnaissance de mouvement aux fraises), et possède une réalisation artistique qui, sans pour autant mettre la Switch à genoux, a le mérite de proposer quelque chose d'extrêmement convainquant.

  • Une Direction Artistique réussie
  • Un nouveau système de capture intéressant
  • Intégration des nouveautés créées lors des derniers opus
  • Une évolution de notre équipe plus naturelle et moins axée sur le farming
  • Quelques (rares) nouveautés dans le scénario
  • La connectivité avec Pokémon Go demeure facultative
  • Divers clins d'œil aux épisodes de la série
  • Des cinématiques convaincantes
  • Possibilité de récupérer des Formes d'Alola
  • La fonction Juge pour voir les IV de ses Pokémon
  • Le motion-gaming hasardeux et imposé en mode salon
  • L'aspect stratégique mis de côté
  • De rares ralentissements dans certaines zones précises
  • On est toujours autant pris par la main
  • Un mode Online qui semble avoir été conçu dans la précipitation
  • Un post-game fictivement long