Nintendo Switch

Paradise Killer

Test Switch

Paradise Killer

Par C-Ptique - Le 09/09/2020 à 19:30

Développé par le studio britannique Kaizen Game Works, Paradise Killer est sorti en ce début de mois de septembre simultanément sur PC et Switch, ce qui mérite d’être souligné. Il s’agit de la première production du studio et donc de l’occasion de dévoiler les capacités des développeurs. Le jeu nous promettait beaucoup de choses, entre son ambiance décalée et son enquête mettant nos méninges à contribution mais il pose d’entrée un problème puisqu’il n’est pas traduit en français. La sauce parvient-elle à prendre malgré tout ?

Bienvenue dans un monde meilleur… Ou presque.

L’univers de Paradise Killer se déroule dans une autre réalité, une organisation appelée « le Syndicat » a crée une île paradisiaque afin d’y vénérer des dieux extra-terrestres morts. Cependant, le leader Montserrat, l’un des membres du Conseil qui dirige le Syndicat, a essayé de ressusciter les dieux et pour y parvenir, il a forcé des citoyens à accomplir des rituels psychiques. L’expérience a mal tourné et cela a entraîné une corruption qui se répand depuis dans l’île paradisiaque, forçant le Syndicat à créer régulièrement de nouvelles îles vers lesquelles sont transférés les citoyens.

C’est dans ce contexte qu’on incarne Lady Love Dies, une ancienne détective du Syndicat et quelque peu aguicheuse (ce qui rappelle Bayonetta sous certains aspects), qui a été trompée par un des dieux extra-terrestres, mettant en péril l’île, elle fût exilée pour l’éternité en guise de punition. 3 millions de jours plus tard (3 004 769 pour être précis, soit 8 226 ans !!!), elle est contactée par le Syndicat qui lui propose la liberté si en échange, elle enquête sur la tuerie des membres du Conseil qui met en péril tout le Syndicat. Un peu plus tard pendant notre investigation, les autorités nous apprennent qu’elles ont mis la main sur une personne qu’elles pensent coupables mais bien évidemment, notre flair de détective nous indique le contraire.

Il s’agit donc d'un jeu d’enquête assez classique dans son principe. On doit parcourir l’île afin de trouver des indices, inspecter les scènes de crime, interroger les suspects en obtenant leur coopération via des choix à faire dans les dialogues et faire des déductions. L’enquête, et donc le jeu, se termine une fois qu’on a rendu notre verdict au juge et qu’on désigne le coupable, verdict que l’on peut rendre dès le début sans sortir de la salle (ce qui ferait de vous soit le meilleur, soit le pire détective du monde). Une petite particularité est à souligner : le jeu ne nous aide pas dans les déductions, il se contente de souligner les indices et les preuves mais c’est à nous de réfléchir pour désigner le coupable. On s’en doute, le jeu cherche à nous embrouiller en multipliant les pistes et en donnant des mobiles et des alibis solides aux suspects, la déduction du coupable se heurte donc à notre capacité de déduction mais aussi à notre morale.

Sea, music and sun.

L’autre aspect majeur de Paradise Killer est l’exploration. On peut parcourir l’île dans son intégralité à la recherche d’indices ou d’objets à ramasser. On rencontre aussi des gens qui ont besoin d’aide et pour lesquels on mènera des petites enquêtes, ils ne manqueront pas de nous remercier en nous donnant des récompenses ou en dévoilant ce qu’ils savent sur notre affaire principale. Presque tout est optionnel mais bien sûr, plus on trouve d’objets et plus on résout d’énigmes, plus cela facilite notre travail pour le verdict final.

Le jeu encourage notre curiosité puisque des récompenses se cachent dans les entrailles du décor, on trouve des gemmes en haut d’un escalier, on débloque une nouvelle musique en activant de l’électricité… On peut même trouver des indices révélateurs pour notre enquête mais bien sûr, ce sont les plus difficiles à trouver.

En parcourant l’île et en prenant du recul, on ressent les difficultés techniques que l’équipe de production a dû traverser mais aussi les efforts pour magnifier le jeu du mieux possible. La plupart du temps, ça marche. Par exemple, l’histoire des habitants partis vers une autre île est certainement une excuse pour ne pas modéliser beaucoup de personnages, preuve en est avec les quelques-uns rencontrés qui sont affichés en 2D dans un décor en 3D . Est-ce un signe que la modélisation de personnages était compliqué pour le studio ? Le décor quant à lui, bien que splendide et avec une direction artistique soignée, est peu animé. Heureusement, la musique est très entraînante et parvient à elle seule à créer une ambiance accrocheuse.

Ambiance également entretenue par l’excentricité des personnages hauts en couleur. Le premier que l’on rencontre est un certain Shinji, un démon bleu à 4 bras, qu’on aura l’occasion de croiser régulièrement en parcourant l’île. Il nous aide à moitié car il nous donne des semblants d’explications teintés d’énigmes, ce qui rythme notre enquête. Difficile de dire qu’il nous aide vraiment car il est à moitié cinglé et on ne sait pas les raisons qui le poussent à nous aider. Heureusement, on peut compter sur des personnages plus joyeux comme notre amie d’enfance Lydia, reconvertie dans la conduite de taxis volants, ou encore Crimson Acid, une femme fatale francisée à tête de chèvre qui nous donnera des infos contre monnaie sonnante et trébuchante.

Une ambiance perchée plombée par des petits défauts.

Entre le cadre paradisiaque de l’île, la musique entraînante, le décor coloré et quelque peu macabre (présence de cranes violets par exemple) ainsi que les personnages excentriques, Paradise Killer parvient à créer une ambiance perchée et décalée mais pourtant entraînante. On prend un vrai plaisir à parcourir l’île et à chercher des indices.

Cependant, le titre n’est pas sans défaut, à commencer par le manque de repères. Certes, l’île est diversifiée mais on a du mal à s’y orienter, la faute à l’imprécision de la carte et à l’impossibilité de zoomer dessus. Le seul moyen de trouver son chemin est d’utiliser notre « instinct » qui permet de voir où sont situés les personnages à interroger et à quelle distance mais il n’est pas toujours évident de garder un cap tant il y a d’obstacles (immeubles, parcs, égouts…) et pour ne rien arranger, les personnages que l’on a fini d’interroger s’affichent toujours sur l’écran d’instinct, ce qui l’alourdit inutilement.

Quelques problèmes techniques ont été repérés comme le clipping, notamment lorsque notre personnage court dans des espaces dégagés. Certains choix de contrôle sont également étranges comme celui d’assigner le démarrage de l’investigation à la touche « Start »… Tandis que la touche « Select » sert à faire pause. Pourquoi ne pas avoir fait l’inverse ? La touche « Start » aurait ainsi rempli son rôle classique de mettre le jeu en pause. Autre exemple, pourquoi afficher un écran à chaque fois que l’on gagne une gemme pour nous dire qu’on en a une en plus alors que c’est la monnaie de base ? Ceci dit, même si ces défauts existent et se remarquent, ils n’entachent pas significativement l’expérience de jeu.

8
Paradise Killer est une aventure très sympathique et un excellent premier essai pour le studio. Malgré le fait que les décors manquent d’animation, l’ambiance est des plus réussie sur ce coin de paradis, la musique est rythmée et entraînante et parvient à elle seule à nous immerger. Il est vrai qu’on a un peu de mal à s’orienter à cause de la carte qui ne se révèle pas pratique mais l’histoire nous pousse à persévérer afin de percer le mystère qui nous est présenté. Un bon petit jeu pour passer le temps, à condition de maîtriser la langue de Shakespeare car aucune traduction française n’est proposée.

  • La musique qui crée l’ambiance à elle seule
  • La direction artistique splendide et excentrique
  • L’exploration de l’île en liberté totale pour enquêter
  • L’autonomie laissée pour déduire le coupable
  • Uniquement en anglais
  • Difficultés pour s’orienter
  • Problèmes techniques mineurs

C-Ptique

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