Nintendo Switch

One Step From Eden

Test Switch

One Step From Eden

Par Rubix_Man - Le 31/03/2020 à 16:00

Grâce à la pleine réussite du financement de son projet via la bien connue plateforme Kickstarter, le jeune développeur Thomas Moon Kang a pu faire parvenir son petit bébé, One Step From Eden, jusqu’à la Nintendo Switch. Largement inspiré de la série des MegaMan Battle Network, voyons ce que ce jeu d’action stratégique a dans le ventre.

Un système de jeu unique

En raison de son gameplay peu courant, il est primordial de présenter avant toute chose la façon dont One Step From Eden se joue. Pour ceux qui connaissent la série des MegaMan Battle Network, l’expérience vous sera certainement familière, puisqu’elle est la principale source d’inspiration du titre. Pour les autres, voici comment cela se passe. One Step From Eden est une succession de combats prenant place sur une grille de dimension 8x8, divisée en deux: votre personnage d’un côté, les adversaires de l’autre. Afin de vous défendre, vous avez à disposition une très large gamme de sorts ayant des compétences uniques.

Mais n’escomptez pas pouvoir enchaîner les sorts les uns après les autres aussi facilement. Une jauge de Mana, se remplissant automatiquement, est mise à votre disposition afin d’user de vos cartes qui possèdent donc chacune un coût en Mana. La plupart des cartes que utilisez devient inutilisable jusqu’à ce que vous ayez usé toutes celles de votre deck, à moins que n’ayez décidé de mélanger vos cartes pour relancer ce dernier.

Votre parcours se divise en 8 mondes, eux-même divisés en 7 niveaux disposés de manière aléatoire, le dernier d’entre eux étant systématiquement un combat de boss. A la fin de chacun d’entre eux, il vous est proposé de choisir la destination à suivre. Du simple affrontement au secours d’otage en détresse en passant par l’indispensable boutique ou le campement, les situations sont variées et le jeu fait de son mieux pour vous proposer un parcours unique à chaque nouvel essai (et croyez-moi, il va y en avoir). Comme le genre du roguelite l’exige, ces affrontements successifs vous octroient de l’expérience, expérience vous proposant diverses améliorations nécessaires à votre avancée. Notez aussi que chaque fin de combat vous proposera de nouvelles cartes à ajouter à votre deck, ainsi que de la monnaie à dépenser en boutique.

A des années lumières de l’Eden

Le titre emprunte à de nombreux styles différents: roguelite, jeu d’action, stratégie… Les inspirations sont nombreuses et l’on peut y trouver des points communs avec d’autres jeux tels que Slay the Spire, Downwell ou encore Kingdom Hearts : Chain of Memories, bien que la série des MegaMan Battle Network ait une influence dominante sur One Step From Eden, et il y a fort à parier que Thomas Moon Kang ait terminé tous les titres de cette série à 100% tant le jeu est exigeant. Concrètement, One Step From Eden fait l’effet d’un épisode de MegaMan Battle Network sous speed. Les adversaires ne vous laissent aucun répit et le jeu vous demande d’être partout à la fois. Il est en effet compliqué d’arriver à faire attention non seulement aux attaques des ennemis, mais aussi à votre jauge de Mana, à quel type de sort vous vous apprêtez à utiliser, à votre emplacement sur la grille afin d’espérer que votre coup porte tout en ayant vérifié au préalable que votre cible se trouve là où vous le désirez, en n’oubliant pas, bien entendu, de prendre en compte vos “états” (Flux, Trinité, Poison…) changeant pour certains d’entre eux les facultés de vos sorts.

Combiner toutes ces informations serait possible, envisageable même, si les adversaires ne semblaient pas être les enfants dégénérés de la caféïne et de l’ecstasy. Le bestiaire, chose louable de prime abord, est très varié, cependant leur trop grand nombre fait qu’il faut là aussi systématiquement se souvenir de leur compétence propre, leurs mouvements, leurs attaques. Les boss sont forcément les plus hargneux et nombre d’entre eux rempliront vos cases de sorts aux mouvements rapides et difficilement prévisibles. Ainsi One Step From Eden demande de l’investissement, beaucoup d’investissement. Le gameplay est, dans son essence, intuitif malgré les apparences et se prend rapidement en main. La montée en puissance, propre au genre roguelite, est grisante et donne forcément envie au joueur de retenter sa chance, mais il faut un long temps avant de pouvoir commencer à comprendre les nombreuses mécaniques offertes par le jeu.

One Step From Eden fait cependant de son mieux pour aider le joueur. Il est par exemple possible d’avoir un aperçu de l’effet de chaque carte, option bien pratique lorsque celles-ci nous sont proposées après les combats. Les différents attributs dont nous avons parlés (Trinité, Flux, Fragile, Gel, etc…) sont expliqués dans la description des cartes. Mais le problème ne vient ni du gameplay, ni de la structure du jeu: c’est bien la capacité de réaction demandée au joueur qui pêche. Très honnêtement, et malgré de nombreuses tentatives, je ne suis pas parvenu à finir une partie jusqu’au bout. J’irai même plus loin, il m’a été tout bonnement impossible de passer le cinquième monde. Et c’est une personne qui a battu tous les fantômes de F-Zero GX qui vous parle. J’ai fini Super Meat Boy à 100%, oui madame.

Du roguelite au Free-to-Play

Vous l’aurez compris, il n’est pas simple de ne pas ressentir un sentiment de frustration en jouant à One Step From Eden. D’un côté, nous avons un gameplay original et facile à prendre en main, de l’autre, une difficulté décourageante. Et pourtant le jeu ne manque pas d’attraits. Son esthétique, tout en pixel-art, sans en mettre plein les mirettes s’avère efficace et plaisante à regarder, l’univers développé est intéressant et la bande-son électro est de très bonne facture. Le titre offre de nombreux éléments à débloquer au fur et à mesure de nos tentatives, de nouvelles cartes, de nouvelles compétences, des tenues à gogo, des modes de jeu et même des personnages… Mais tous ces éléments sont si difficiles à obtenir! One Step From Eden joue avec nos sentiments et la frustration l’emporte à la manière des Candy Crush qui nous font faire face à des situations exagérément compliquées pour nous pousser à acheter des “bonus” presque indispensables à la réussite des niveaux. Sauf que dans le cas présent, le jeu ne nous force pas (et heureusement) à acheter, mais il est tout de même regrettable de n’avoir pas de mode plus facile que ceux proposés.

En dehors de cela, One Step From Eden propose de jouer avec ou contre un/une ami/e. Le mode coopération offre un handicap intéressant : les deux joueurs partagent le même deck et le même nombre de points de vie, une particularité qui n’est pas inintéressante et assez originale. Ne craignez pas, d’ailleurs, de toucher votre compagnon de route ou d’être attaqué par celui-ci, le friendly-fire étant heureusement désactivé. Quant à l’autre mode, il s’agit d’un JcJ, un PvP pour les anglophones, idéal pour se lancer dans des joutes qui ne manqueront pas de dynamisme. L’ennui dans ce genre de jeu est qu’il faut trouver un ami qui veuille bien prendre le temps de comprendre les règles d’un système assez complexe, ainsi, il est probable qu’un bon vieux Mario Kart ou un Overcooked l’emporte sur une partie de One Step From Eden, et c’est bien dommage car si l’on prend la peine de s’y intéresser, il est possible de bien s’amuser malgré tout!

En définitive et malgré sa difficulté, Il serait malhonnête de ne pas recommander One Step From Eden. Car même si les parties sont extrêmement ardues, l’expérience globale est bien trop satisfaisante et originale pour passer à côté. La frustration est de mise, certes, mais elle fait partie du jeu, elle en est presque le coeur. Après tout, le titre du jeu fait même écho à cet tentative d’accéder à l’impossible. D’échec en échec, une progression lente est palpable et au fur et à mesure des parties, on arrive tant bien que mal à voir le bout du tunnel. Donc si vous cherchez un challenge conséquent, puisqu’à l’heure où sont tapées ces lignes nous sommes en plein confinement et que vous pourriez avoir du temps devant vous, vous pouvez laisser sa chance à One Step From Eden.

7
Difficile de bouder son plaisir avec One Step From Eden. Nerveux, addictif, varié, cet enfant des MegaMan Battle Network cache bien des surprises et promet des parties qui mettront vos talents à rude épreuve. S’il peut être regrettable de se faire rouler dessus un peu trop souvent faute d’une difficulté par trop relevée, la densité et l’originalité des combats du premier titre de Thomas Moon Kang sont des arguments qui suffisent pour donner envie de se replonger dans ce monde sans merci et d’atteindre, peut-être, cet Eden tant espéré.

  • Un système de combat addictif et nerveux
  • De nombreux éléments à débloquer
  • Une bande-son électro énergique
  • Grande variété d'attaques et d'ennemis
  • Trop d'informations à gérer en même temps
  • Difficulté mal dosée

Rubix_Man

https://twitter.com/moulinauxbulles
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