Nintendo Switch

Murder Mystery Machine

Test Switch

Murder Mystery Machine

Par C-Ptique - Le 17/09/2021 à 08:00

Profitant du label Microids Indie, le studio Blazing Griffin sort sur Switch son jeu Murder Mystery Machine, un jeu d’enquête sorti presque simultanément sur PC, PS4 et Xbox One. Se vantant d’avoir un scénario écrit par des vétérans de l’industrie du cinéma et de la télévision et de trouver ses inspirations dans les films noirs, le jeu a fait plein de promesses. Il devenait donc incontournable que nous en fassions un test.

Une histoire ordinaire dans un cadre ordinaire.

Dans la ville malfamée de Police Plaza, notre héroïne Cassandra Clarke vient tout juste d’obtenir son diplôme et est affectée à la District Crime Agency (DCA) de la ville. Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre arrivée est tout sauf un rêve puisqu’en plus des locaux miteux, on doit gérer notre collègue Nate Houston guère enthousiaste de nous voir débarquer. Pour dire l’ambiance, il nous dit que la DCA n’est pas un tremplin pour notre carrière mais un placard et prend un malin plaisir à nous rabaisser. Heureusement, la détermination de Cassandra est plus forte que cette tête de pioche.

C’est ainsi que l’on se retrouve à gérer notre première enquête. Un candidat politique a été retrouvé mort à son domicile alors qu’il était en bonne position pour gagner les élections. On est évidemment tenté d’accuser son rival mais on comprend assez vite qu’il n’y est pour rien car s’il l’avait voulu, il avait une bien meilleure opportunité pour se débarrasser de lui. On découvre à force de témoignage de la secrétaire et de raisonnement que la femme du candidat est une meilleure suspecte. Dès lors, il s’agira de corroborer des preuves et de forcer les suspects à passer aux aveux.

On l’a hélas deviné, l’intrigue est des plus basiques. Les histoires sont tristement banales, de même que les enquêtes à résoudre. On enquête sur des meurtres, on va voir des témoins, on recoupe les indices et on accuse le coupable. Tout est linéaire et sans personnalité, du coup on voit comment vont évoluer les choses longtemps à l’avance. Même quand l’enquête se termine, on se contente d’arrêter le coupable et l’intrigue se finit, les liens entre les différents chapitres sont minces. Notre héroïne agit comme si elle était une parfaite détective qui se contente de faire son travail.

Pour preuve, il n’y a littéralement que deux policiers dans le commissariat, à savoir nous et Nate. On peut comprendre qu’il n’est pas facile de créer des histoires profondes et marquantes mais on aurait quand même apprécié de ressentir des efforts faits dans ce sens, ou alors, quitte à faire une histoire stéréotypée, il aurait été malin de l’assumer et que le jeu rigole de lui-même ou bien encore qu’il aille à l’essentiel pour se concentrer sur le gameplay.

Un jeu qui prend la tête au carré.

Murder Mystery Machine étant un jeu d’enquête, nous nous rendons régulièrement sur des scènes de crime. La petite particularité, c’est que le jeu nous offre une vue isométrique. Chaque scène est une surface carrée et nous pouvons changer le point de vue de la caméra à angles droits. Il y avait de l’idée car le jeu exploite parfois cette caractéristique, certains indices sont cachés par les éléments du décor et c’est en tournant la caméra qu’ils se révèlent. Il y avait là un filon qui est malheureusement très peu exploité, la plupart des indices sont en effet indiqués par un point blanc à l’écran et il suffit de se rapprocher pour les ramasser.

Comme souvent avec les jeux d’enquête, il existe aussi une partie raisonnement. Il s’agit de relier des indices et des témoignages entre eux afin de rapprocher les différentes pistes ou pour rendre flagrant les incohérences. Le but étant de répondre aux questions classiques que se posent les policiers : « Qui ? », « Comment ? », « Quoi ? », etc… Pour se repérer, on a un tableau des déductions mais celui-ci est peu pratique car les indices deviennent vite nombreux et c’est nous-même qui sommes censés organiser spatialement le tableau, alors que bien d’autres jeux ont compris que ce n’était pas amusant et ont mis une fonction pour organiser automatiquement en de telles situations.

Si ce n’était que ça, les enchaînements entre indices ne sont pas non plus évidents à trouver en partie parce qu’ils sont nombreux, on peut penser avoir trouvé la bonne combinaison alors qu’en fait non. Les déductions sont absolument atroces sauf peut-être si on a une grande intelligence logique, on se retrouve bien souvent à devoir essayer des combinaisons improbables jusqu’à avoir le bon enchaînement. Bien sûr, il y a la possibilité de demander de l’aide au jeu qui nous montre des indices devant lesquels on serait passé ou des déductions qui peuvent être faites, ils peuvent être utilisés autant de fois qu’on le souhaite mais évidemment, chaque utilisation entraîne une pénalité pour notre note finale.

Un jeu trop linéaire.

Non content d’avoir une intrigue basique et un système de déduction perfectible, certains dialogues avec les témoins ne se déclenchent qu’une fois une certaine déduction réalisée. Nous sommes d’accord avec le principe mais pourquoi faut-il qu’il y ait des moments où on passe alternativement de l’un à l’autre avec le même personnage ? Les situations où on fait un échange, puis une déduction, puis un échange, puis une déduction et encore un échange sont nombreuses, ce qui est vite gonflant. Il aurait été bien plus futée de résumer le tout en permettant de faire plusieurs déductions à la fois afin d’interroger les témoins en une seule traite ou presque.

Les seuls moments où on peut influencer un tant soit peu le scénario surgissent à la fin de chaque chapitre, on se retrouve à faire un choix moralement ambigu. Ainsi, à l’issue de la première enquête, on peut décider de conserver un suspect en tant qu’indic afin de faciliter de futures enquêtes ou bien de la traduire en justice comme on l’avait promis à l’épouse du candidat politique. Hélas, ce sont des choix de façade puisqu’ils n’influent en rien sur la suite des événements.

De même, les interrogatoires sont très basiques. Il y a bien sûr des questions qui se débloquent grâce à nos déductions mais une fois le choix du sujet effectué, on ne peut pas choisir quelle voie notre discussion doit prendre. Le jeu aurait gagné en profondeur s’il proposait différentes façons d’échanger comme suggérer des solutions diplomatiques et apaisées, proférer des menaces, faire de l’humour, compatir avec la personne, etc…

3
À notre époque où nous croulons sous les jeux policiers et même les films et séries policières, il est devenu capital de savoir se distinguer, certains jeux comme la série des Sherlock Holmes ou des chevaliers de Baphomet réussissent, d’autre comme Murder Mystery Machine échouent. Le jeu n’est pas raté mais il est terriblement simpliste et manque de profondeur. On ne va jamais au-delà du simple cadre des enquêtes et les relations entre personnages tiennent du pur professionnalisme. Le manque d’élaboration est d’autant plus flagrant que la difficulté est mal gérée, on a d’un côté une simplicité dans les phases d’enquête et de l’autre une complexité dans les phases de déduction. En somme, le jeu a davantage soigné son apparence que son fond.

  • Une intrigue qui fait le café (et les donuts).
  • L’héroïne qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
  • La vue isométrique qui cache certains indices…
  • … Une mécanique hélas peu exploitée.
  • L’histoire ultra-basique sans démarcation.
  • Nate qui est inutile.
  • Le manque d’organisation du tableau de déductions.
  • Dialogues linéaires.
  • Les passages au commissariat qui ne servent (presque) à rien.
  • Quelques fautes d’orthographe et de conjugaison.
  • Quelques traductions non réalisées de temps en temps (« bookmaker »).