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Mortal Kombat 11

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Mortal Kombat 11

Par rifraff - Le 12/05/2019 à 12:41

Jeu de combat 2D gore et ultra violent, le premier Mortal Kombat fait partie des chef d’œuvres du jeu vidéo. Il vient d’ailleurs de rentrer dans le fameux World Video Game Hall of Fame qui célèbre les plus grands jeux jamais sortis. Initialement conçu par Midway sur borne d’arcade en 1992, le jeu a été porté dès l’année suivante sur les consoles Mega Drive et Super Nintendo ou il a rencontré un grand succès populaire, malgré des versions « censurées ». Créé en premier lieu pour concurrencer mais aussi pour profiter du succès de Street Fighter II, alors sommité du genre,  Mortal Kombat en était en fait son parfait contraire en opposant son style réaliste et son hyper violence au côté cartoon et coloré du hit de Capcom. L’identité visuelle du jeu était d’ailleurs indubitablement un de ses points forts avec ses gerbes de sang tapissant l’écran de tous les côtés et ses combattants créés à partir d'images numérisées d’acteurs en chair et en os, ce qui renforçait d’autant plus sa violence en lui donnant un côté «  réaliste ».

A partir de ce moment,  Mortal Kombat va devenir une franchise lucrative qui sera déclinée en de nombreuses itérations et spin-off mais aussi en films, en séries télé et en produits dérivés de toutes sortes…  Pourtant au fil des années Mortal Kombat va se perdre dans des opus moyens jouant la surenchère d’effets gores de plus en réalistes au détriment d’un gameplay pertinent et il faudra attendre 2011 et le rachat de Midway par Warner Bros, pour que la licence retrouve tout son éclat en effectuant un véritable aux sources… Un retour gagnant qui, malheureusement n'est pas passé par les consoles Nintendo la licence n'y étant plus apparu depuis 2007 et le sinistre Mortal Kombat : Armageddon sur Wii...  Mais aujourd’hui, après deux opus acclamés par la critique, Mortal Kombat (2011) et Mortal Kombat X (2014) les développeurs de chez NetherRealm Studios remettent le couvert avec Mortal Kombat 11, un titre qui s’inscrit dans la droite lignée des précédents même si on note d’emblée un premier changement très important. En effet, si le titre sort sur PC, PS4 et Xbox One... Il sort aussi sur Nintendo Switch ! Et si c’était ça le véritable retour aux sources ?

Les poings sur la Switch

Mortal Kombat 11 est comme les titres précédents, un jeu de baston avec des personnages et des décors en 3D mais des combats qui se déroulent en 2D, sur un seul plan. Ceux qui ont joué aux deux derniers titres ne seront pas dépaysés puisque la formule n’a que peu évolué même si on note tout de même quelques améliorations.  Sinon, il s’agit toujours de réussir une succession de combats en effectuant différentes combinaisons au stick et aux boutons pour déclencher des coups et des combos plus ou moins dévastateurs. Et si appuyer sur n’importe quel bouton pourra parfois faire illusion, une fois encore pour progresser et espérer briller au Kombat, il faudra forcément s’y investir en choisissant son ou ses personnages préférés et surtout en prenant la peine d’apprendre une impressionnante liste de combinaison de touches et de directions. Autant dire que les nouveaux venus auront un peu de mal au début à ne pas voir leur personnage se retrouver sur le carreau, la moelle épinière arrachée et la boite crânienne défoncée, même si, heureusement, le jeu propose de nombreux modes et des didacticiels extrêmement complets pour se faire la main. On conseillera tout de même sur Nintendo Switch d'opter pour une manette Switch Pro, bien plus agréable que les deux Joy-Con. Et ne parlons pas du jeu avec un seul Joy-Con- même s'il est toujours appréciable de pouvoir partager sa partie très simplement sur Switch...

Un gameplay millimetré

A part ça, logiquement avec un peu de volonté et de persévérance, tout le monde peut facilement s’y retrouver d'autant plus que le gameplay de Mortal Kombat 11 se révèle bien plus tactique qu’il ne le laisse penser de prime abord en récompensant la stratégie et la précision bien plus que la vitesse d’exécution. La vitesse des combats a d’ailleurs été revue à la baisse et les développeurs ont ajouté tout un tas de contraintes obligeant le joueur à réfléchir (enfin une pico-seconde, il ne faut pas exagérer non plus) avant de balancer chaque coup. Beaucoup de coups sont en effet limités par différents stratagèmes et il faut donc faire bien attention de les utiliser au bon moment.

En pratique, chacun des 25 personnages disponibles dispose de deux coups de pieds et de deux coups de poings (légers et forts.) Il est possible d’effectuer un dash vers l’avant et vers l’arrière et, évidemment chaque perso peut parer un coup, saisir son adversaire mais aussi interagir avec certains éléments du décor. Grosse nouveauté, il y a désormais deux jauges, une pour les coups dit « d’attaque » et une autre réservée aux actions de défense. Ces deux jauges se vident à chaque coup dédié (et se régénèrent ensuite lentement), limitant ainsi le spam et l’utilisation de coups spéciaux. Il y a aussi le Fatal Blow, un coup dévastateur que l’on ne peut sortir qu’une fois et qui ajoute beaucoup de tension à la partie car en un seul coup il peut tout changer à condition, encore une fois, de réussir à bien le placer et que son adversaire ne l’esquive pas… Pour le reste, chaque personnage a ses propres coups dont les fameuses Fatality / Brutality que l’on ne peut sortir que pour « finir » son adversaire et qui sont toujours l’occasion de scènes spectaculaires et extrêmement sanglantes (et, avouons-le, jubilatoires.)

Beauté fatale

De ce côté-là d’ailleurs, le jeu s‘en donne à cœur joie avec des séquences d’une effroyable cruauté mais toujours d’une étonnante et monstrueuse créativité. Il faut le voir pour le croire et autant dire qu’il vous faudra avoir le cœur bien accroché en découvrant le sort réservé aux combattants, littéralement pelés et dépecés vivants, ou hachés menus,  étranglés avec leurs propres intestins, le visage arraché avec les dents,  les mains, la tête et les jambes passés au mixeur et donnés à manger aux cochons... Un festival d'atrocités ou l'horreur se teinte d'une bonne dose d'absurde et de grand-guignol. D'ailleurs, aussi réalistes que soient ces séquences gores, leur côté outrancier et grand-guignolesques a plutôt tendance à les atténuer en apportant une sorte de décalage voire de second degré (surtout que les personnages n’ont pas vraiment l’air d’en souffrir et n'en porte quasiment jamais aucune séquelle) même si, au final, ça reste une boucherie épouvantable !

Mortal Kombat 11 est un jeu très riche qui incite les joueurs à s’y plonger car plus il joue plus il amasse de ressources et différentes monnaies qui lui permettent de débloquer des modes ou des options, lui ouvrant de nouvelles possibilités et lui octroyant de nouvelles ressources et ainsi de suite. Mortal Kombat 11 permet d’ailleurs de personnaliser son ou ses combattants avec un nombre hallucinant d’accessoires et de costumes qui non seulement changent leur look mais surtout affectent leurs spécificités. Ainsi, plus le joueur prend la peine de jouer plus il est en mesure de créer son propre personnage et donc de s’approprier la partie.

Profusion de modes

Pour cela MK11 propose de très nombreux modes aussi bien en solo qu’en ligne à commencer évidemment par du 1v1 et des matchs classés en ligne. Le jeu se veut d’ailleurs assez complet à ce niveau-là avec pas mal d’options d’équilibrage et une « quitality » pour punir les « ragequit » ( en fait, tout simplement une mort subite à la sauce MK11.) Vu le nombre de personnages (des petits nouveaux mais aussi pas mal d'anciens) et leurs spécificités comme leurs différences, c'est un vrai plaisir d'enchaîner les Kombats face à d'autres joueurs ou même contre l'I.A. ne serait ce que pour découvrir des coups ou des enchaînements délirants.  Mortal Kombat 11 propose sinon un mode Konquête extrêmement généreux permettant d’accéder aux Tours du temps et aux Tours Klassiques invitant à une succession de défis parmi les plus difficiles du jeu. Ce sont des modes très exigeants à la difficulté parfois ahurissantes (même si depuis la sortie des mises à jour l'ont un peu abaissé.) Il y a énormément de tours différentes. Certaines tours sont liées à des personnages particuliers, d'autres ont une durée de plusieurs heures ou de plusieurs jours, d'autres encore exigent d'être surmontées à plusieurs... Il y a vraiment de quoi faire ce qui permet d'engranger des items, des cinématiques et pas mal de monnaie (sachant qu'il y en a trois, et même quatre,  différentes avec lesquels il faut jongler... )

Le mode Konquête abrite aussi le mode Histoire qui débute là ou celui du X s’était terminé. Il invite le joueur à suivre un scénario totalement délirant qui s'amuse avec le temps, à revisiter les origines de la franchise pour le plus grand bonheur des fans. C'est brillant et extrêmement bien écrit avec de grands moments de tension, des scènes spectaculaires digne d'Hollywood, des retournements de situation mais aussi des répliques hilarantes (sachant que le jeu est entièrement- et excellemment, doublé en française.)  Le mode Histoire du X avait déçu notamment car jugé trop classique et surtout, trop court.  NetherRealm Studios se rattrape ici avec un mode Histoire bien mieux structuré, découpé en douze chapitres bien plus longs (comptez plus ou moins sept heures de jeu) et bourré d’action et de rebondissements même si en pratique, le mode se limite toujours à une succession de combat ponctués par de superbes cinématiques. Il est dommage d'ailleurs que le lien entre les séquences de jeu et les cinématiques ne soient pas toujours très cohérent comme lorsqu'on éclate littéralement la tête de son adversaire en combat pour l'aider à se relever ensuite comme si de rien dans la cinématique suivante... Comme avec les Tours, le mode permet d'engranger pas mal de monnaies mais aussi de débloquer  un personnage et des arènes.

Toujours dans le mode Konquête, il y a aussi le mode Krypte dans lequel, en mode TPS, on se ballade dans les méandres d''une crypte à la recherche de coffres à trésor à ouvrir... Il s 'agit d'un petit mode dans lequel il n'y a pas grand chose à faire, à part déambuler et qui permet surtout de faire le plein d'objets et de skins divers. Ce qui est dommage, c'est que chaque coffre (dont le contenu est aléatoire) nécessite un nombre de pièces précis pour être ouvert (logique quant on sait les coffres renferment souvent... des pièces) ce qui fait qu'assez vite, on se retrouve coincé, obligé d'aller fureter dans d'autres modes pour récupérer des pièces qui permettront ensuite de revenir pour progresser dans la Krypte en ouvrant d'autres coffres... C'est un peu le principe des vases communicants (valables dans tous les modes de jeu) qui fait que plus on progresse dans l'un des modes plus on peut progresser dans les autres... Pour autant,  cela implique de véritablement jouer longtemps (très longtemps) sans jamais vraiment savoir à l'avance si cela sera récompensé en retour ce qui est vraiment frustrant.

Comme les modes, le jeu dispose de plusieurs monnaies: les pièces, les Âmes et les Cœurs, avec lesquels il faut jongler pour obtenir différentes récompenses et items. Et il y en a même une quatrième, les Kristaux du temps, qui n'est utilisable que dans la Boutique du jeu (accessible via le menu principal) et qui est en quelque sorte la monnaie ultime puisqu'on peut l'acheter sur l'eShop de la Switch avec de l'argent réel. En fait ces kristaux permettent d'aller plus vite en  achetant le personnage ou le skin que l'on souhaite sans  attendre de le débloquer par hasard ou en jouant très longtemps. Un système facultatif puisque tout ce qui peut-être acheté peut-être obtenu en jouant mais très incitatif à l'achat tant le processus d'obtention des récompenses est long et hasardeux. Sans comptez que c'est toujours un peu injuste de se dire qu'on a bataillé pendant des heures pour obtenir une petite récompense alors que d'autres ont obtenu la même, parfois en mieux, simplement en allongeant la monnaie. Pour un jeu qui essaie de célébrer le "beau jeu", ce serait sans doute une bonne idée de trouver un moyen de mieux récompenser l'implication des joueurs... A noter qu'à côté des micro-transactions, Mortal Kombat 11 dispose de DLC payants qui devraient ajouter dans les mois à venir six nouveaux combattants. 

Que vaut la version Switch ? 

Il n’y a pas à discuter : Mortal Kombat 11 est un excellent jeu, au gameplay parfaitement maîtrisé et au contenu gargantuesque… Mais qu’en est-il plus spécifiquement de la version Nintendo Switch ?  Est-elle à la hauteur du jeu ? Avant de répondre à cette question,  on ne peut que se féliciter qu’un jeu de cette ampleur débarque sur Nintendo Switch avec la même version et en même temps (sur l'eShop) que les autres consoles. Cela devrait être une norme mais malheureusement ce n’est pas vraiment le cas- et cela pour diverses raisons. Une fois cela dit, on ne peut que constater que la version Switch s’en sort très bien avec un jeu toujours fluide et un framerate stable (60 FPS en jeu et 30 FPS durant les cinématiques) et cela même en mode portable même si, parfois, l'aliasing pourra piquer les yeux.  Evidemment, comparé aux versions PS4/Xbox One, les graphismes ont été « downgradés » avec des textures moins travaillées et des effets revus à la baisse. Pour autant, le titre reste très beau et vous en mettra, malgré tout,  plein les mirettes. Il faut tout de même noter que dans un premier temps les effets gores du titre avaient été atténués par différents stratagèmes (sang coloré en marron par exemple) mais cette anomalie (censure ?) de la version Switch a depuis été corrigé par une mise à jour. D'ailleurs,  depuis sa sortie le jeu a été mis à jour et a vu ses graphismes nettement améliorés sur Nintendo Switch. Et on espère que ce n’est qu’un début. C'est en tout cas un très bon jeu de combat et si vous avez une Switch, le fait de pouvoir y jouer n'importe où, reste un vrai plus. Dommage que le jeu exige d'être connecté en permanence à Internet lors de certains modes solos sous peine de ne pas recevoir de récompenses voire de ne pas pouvoir jouer du tout (même si ça reste rare.)

8
Tout simplement fantastique ! Proposant un mode Histoire très prenant et de nombreux modes de jeu exaltants, Mortal Kombat 11 s'impose comme l'un des meilleurs opus de la série. Sur Nintendo Switch, malgré des graphismes un peu en dessous de ceux des versions concurrentes, le jeu s’avère être parfait aussi bien en mode télé qu'en mode portable. A réserver cependant à un public averti.

  • Gameplay solide
  • Simple et subtil
  • Le mode Histoire
  • Les options de personnalisation
  • Contenu très riche
  • Très joli- même sur Switch
  • A emporter partout
  • De l'aliasing qui pique parfois les yeux
  • Le jeu avec un seul Joy-Con
  • Connexion Internet permanente quasi obligatoire
  • Le système de micro-transaction