Nintendo Switch

Kana Quest

Test Switch

Kana Quest

Par Ex-Nihylo - Le 10/04/2023 à 14:00

Apprendre le japonais en jouant, est-ce possible ? Les développeurs de Not Dead Design tentent de nous convaincre que cela est possible à travers leur dernière production, intitulée Kana Quest. Disponible depuis le 28 mars 2023 sur nos Switch, le jeu souhaite se démarquer de la concurrence en nous faisant lier des dominos comportant chacun un kana entre eux, afin de former des chaînes de manière logique. Reposant sur le principe de l'apprentissage par une méthode mélangeant son et écrit, le jeu tire t-il son épingle du jeu de par son approche originale ? C'est ce que nous allons tâcher de voir dans ce test !

Un concept original

Sous la forme d'un puzzle game, l'idée principale ici est de faire glisser des tuiles, ou dominos, qui comportent chacune un kana. Pour les non-japonisants, un kana est un son composé d'une consonne et d'une voyelle, du type Ka, Hi, We, No, Mu. Vous déplacez les tuiles sur une grille dont la taille varie, le but étant que les kanas correspondent entre eux. Ainsi, les kanas de type "k" (ka, ki, ku, ke et ko) vont ensemble, et il en va de même avec ceux qui ont la même voyelle finale (ex : mu, tu). Quand les kanas s'associent parfaitement, une petite animation liant les tuiles apparait à l'écran, sous forme de coeur. Bien sûr, les kanas sont écrits dans leur langue, donc sous forme de signe à l'écran, mais une touche permet de les prononcer à volonté afin de savoir à quel son correspond tel kana.

Le but du jeu est simple, il faut faire le moins de déplacement possible à vos tuiles pour décrocher une des 3 premières places, la première étant récompensée par une médaille d'or. Mieux vaut les cumuler pour avoir droit de franchir, après une série de niveaux, un nouveau monde, étant donné que la collecte des médailles de bronze - votre rang minimum après chaque niveau franchit - ne suffira pas à vous faire franchir chaque monde. Heureusement, en fouillant dans les options, vous vous apercevrez que vous pouvez déverrouiller, et donc avoir accès, à tous les mondes et à tous les niveaux d'entrée de jeu. Mais cela gâchera forcément le plaisir du jeu, surtout qu'il y a une véritable progression dans votre apprentissage.

Une difficulté progressive

Le jeu a été traduit en français, ce qui vous permet de vous plonger directement dans les premiers niveaux sans prise de tête. On comprend rapidement ce que l'on doit faire, au pire des indications sont données entre chaque niveau, dans un petit encadré qui nous donne toujours une astuce utile. Assembler les blocs pour créer la connexion adéquate s'avère facile, et quand on a compris dans quel sens doivent s'embriquer toutes ces tuiles, on peut très aisément recommencer un niveau pour obtenir la médaille d'or, correspondante au minimum de déplacement requis pour finir le niveau. Et c'est à force de manipuler les dominos et d'en écouter les sons que notre cerveau devrait, dans l'idéal, pouvoir en faciliter le déchiffrage. C'est là-dessus que repose tout le côté éducatif du jeu.

Au fur et à mesure de votre progression, différentes conditions sont introduites. Ainsi, des tuiles de pierre font leur apparition rapidement dans le jeu : vous ne pouvez les déplacer sur le plateau et cela vous oblige à réfléchir davantage sur le positionnement des dominos car vous devez évidemment les relier à ces pierres, qui comportent elles aussi un son. Cela complexifie le jeu dans le sens où cela devient plus difficile de calculer le nombre de vos mouvements, et donc l'obtention de la médaille d'or devient un peu plus délicat. Heureusement, une fois compris, on peut recommencer le niveau autant de fois qu'on le souhaite pour obtenir cette fameuse médaille. Les ultimes tableaux seront plus délicats à maîtriser car il faudra associer plus de 20 tuiles différentes avec un déplacement pour certaines tuiles limité à certaines directions, mais là encore la difficulté n'est en rien insurmontable, surtout que vous pouvez utiliser à l'infini un bouton pour réinitialiser vos déplacements si vous vous sentez perdu.

L'essentiel, c'est la pratique

Si l'univers proposé est bien teinté d'un certain esprit japonais, n'espérez par contre aucune cinématique ou ligne de dialogue, le jeu allant toujours à l'essentiel. On enchaîne les courts puzzle et c'est tout. Comme dans un cours d'école, il n'y a rien de superflu dans cette petite production, la narration se résumant uniquement au fait qu'une tuile manquante, nommée Kana, cherche à se faire des amis. Ce qui est à l'origine de l'assemblage des tuiles par vos soins, ni plus ni moins, et qui justifie les coeurs qui apparaissent quand une tuile est reliée comme il faut à une autre. 

On aurait sans doute aimé être un peu plus pris par la main, avoir un véritable tutoriel ou encore avoir davantage de niveaux pour permettre une mémorisation plus progressive de l'ensemble des kanas qui vous attendent, ou encore nous faire faire de véritables tests pour savoir si on a réellement bien mémorisé tel son associé à tel caractère. Le jeu ne peut pas non plus se targuer de proposer de jolis graphismes ou même une OST envoutante, on sent que l'intérêt du soft réside ailleurs et cela n'est pas forcément plus mal. Techniquement daté et même archi-daté, on lui pardonnera ce défaut tant le jeu a été pensé pour être pratique le plus simplement du monde.

Les limites du savoir

Le jeu permet de mémoriser des sons à force d'en voir les caractères à l'écran, de les utiliser pour les mettre bout à bout. Et c'est là que le soft montre ses limites, car ici, on ne forme aucun véritable mot, et on apprend encore moins de grammaire japonaise. Il s'agit donc d'une étude purement visuelle qui vous attend, et c'est à peu près tout. Le jeu peut donc se targuer d'être une sorte d'aide à la lecture du japonais, en complément de véritables cours, mais c'est à peu près tout : il ne remplace en aucun cas une bonne vieille méthode traditionnelle d'apprentissage de la langue de Mishima. La méthode Assimil, ou une autre du même acabit, n'a donc aucun soucis à se faire...

Mais même limité, le jeu n'est pas dépourvu de qualité. D'abord, sa simplicité le rend agréable, et pour le rendre encore plus intuitif, mieux vaut lui consacrer du temps en mode portable. En effet, c'est sans doute bien plus agréable de déplacer les tuiles en utilisant le tactile de la console pour les faire glisser dans chaque puzzle. Ensuite, cela ouvre une porte sur une langue compliquée, qu'il s'agisse d'un public d'enfants, pour qui l'apprentissage d'une langue étrangère est déjà un obstacle en soi car ils doivent d'abord pleinement apprendre et maîtriser leur langue maternelle, mais aussi d'adultes désireux d'apprendre en douceur une des langues les plus difficiles au monde.

6.5
Au final, Kana Quest est une intéressante entrée en matière en ce qui concerne l'apprentissage du japonais, mais le jeu demeure très limité en terme d'apprentissage, et son gameplay très basique risque de lasser rapidement ses utilisateurs. A recommander aux étudiants qui souhaitent un complément dans leur apprentissage de la langue de Soseki Natsume sans avoir à se casser trop la tête, ou aux plus jeunes pour éveiller leur curiosité naturelle linguistique.

  • Une belle entrée en matière pour apprendre quelques bases
  • Simple mais efficace dans son style
  • Ce serait mensonger de prétendre apprendre le japonais à travers ce jeu !
  • Techniquement archaïque