Nintendo Switch

Jurassic World Aftermath Collection

Test Switch

Jurassic World Aftermath Collection

Par Kosmo56 - Le 20/11/2022 à 14:00

2 ans après sa sortie pour casques de réalité virtuelle, Jurassic World Aftermath s'invite sur Switch afin que les joueurs n'ayant pas les moyens pour cet équipement puissent en profiter. Mais est-ce que la conversion en valait-elle la peine ? Ou est-ce que ce jeu devait rester enterré et devenir un fossile lui aussi ? Après tout, on sait bien qu'il ne faut pas tout ressusciter! 

Vous avez crée des raptors ? Encore ?

Dans ce jeu basé sur les films Jurassic World, et s'insérant scénaristiquement entre l'original et sa suite, vous incarnez Sam, un personnage muet, cardiaque et feignant. Non, pas vraiment, mais c'est tout comme, vous verrez. Sam est engagé par le docteur Amelia Everett pour se rendre sur Isla Nublar et récupérer des données vitales présentes sur les ordinateurs de l'île. Mais l'opération commence mal alors que l'avion s'écrase à cause de ptéranodons, et ne laisse que Sam et Amélia en vie, sans ressources et sans espoir d'être secourus dans une île en quarantaine et envahie de reptiles préhistoriques affamés. C'est donc, on le comprendra, en traînant les pieds que Sam se met à a recherche de son objectif, ainsi que d'un moyen de sortir vivant de ce bourbier, et ce sans mot dire, avec Amelia qui le harcèle par radio, lui intimant d'aller s’infiltrer dans des salles pleines de raptors et lui passant des vieux enregistrements en attendant que les ordinateurs sous Windows 95 chargent. Peut-être que Sam aurait dû dire le mot magique...



Votre mission est donc de très lentement vous infiltrer dans les labos abandonnés et d'échapper aux raptors cherchant leur prochain repas. Vous n'avez pas d'arme, pas de moyen de vous échapper en cas d'urgence, et pas beaucoup d'options en général, faisant de ce Jurassic World une sorte sous clone sous Xanax de Alien Isolation. Et si j'insiste sur la lenteur du jeu, c'est bien parce qu'il est mou du genou et sans surprise. Sam se déplace à deux à l'heure, et ne peut que trottiner légèrement pendant 4 secondes avant que les bruits de son pauvre cœur ne retentissent, le temps qu'il souffle un peu. Après tout, il n'est poursuivi que par des raptors, des bestioles vives qui vous attraperont en deux temps, trois mouvements après vous avoir vu. Et ce sans cri d'horreur, jumpscare ou quoi que ce soit. Tout juste un « fade to black » teinté de rouge, vous laissant une vague sensation d'exaspération alors que vous devrez péniblement vous promener encore une fois à travers le complexe.

Sa vision est basée sur... une IA pas top

Les différentes sections du labo ne sont pas très variées. Malgré un cel-shading très bon, des graphismes agréables et une ambiance sonore discrète mais réussie, on a très vite l'impression de tourner en rond, tant on évolue dans des intérieurs similaires, sans véritablement de folie visuelle pour bien signifier que nous sommes dans un endroit en particulier. L'approche très réaliste de la direction artistique fait que nous explorons des bureaux vides, des salles de stockages vides et des couloirs vides, les uns après les autres, tous plus ou moins abîmés par le temps, la nature et les dinosaures. Certains décors changent légèrement, avec des égouts ou de rares passages en semi-extérieur, mais rien ne se distingue vraiment du reste. Afin de nous guider à travers ces lieux, Amelia nous parlera par radio, pointant des objectifs qui impliquent souvent de faire fonctionner tel ordinateur ou telle machine grâce à une manipulation basique. La comédienne de doublage d'Amelia est très douée et convaincante (c'est Laura Bailey, la voix de Lucina et de Nadine Ross, entre autres), ainsi que le reste des voix entendues en jeu, notamment celle de Jeff Goldblum qui reprend le rôle du docteur Malcolm dans certain enregistrements. Les bruits et les pas des raptors sont aussi utiles pour s'immerger dans l'ambiance.

Parlons justement des raptors et de leur IA. Ils servent de gardes dans la plupart des salles, les patrouillant au hasard et vous tuant s'ils vous voient. Vous pouvez vous cacher dans des casiers, dans des conduits de ventilation et sous des grand bureaux pour leur échapper, mais votre timing devra être bon, car vous n'avez presque aucune chance s'ils vous repèrent. Ils réagiront à tout bruit dans les environs, que ce soit des ordinateurs qui s'allument, vos bruits de pas ou des appareils que vous avez détraqué afin de les distraire quelques secondes. Et c'est tout. Ils sont très basiques, vous traquant aléatoirement, mais restant toujours dans les parages, même alors que vous changez de pièce. Ils abandonnent la chasse dès que vous êtes caché, et viendront forcément vers vous lorsque vous réussirez un objectif, à tel point qu'on pourrait presque voir le script s’exécuter devant nous. Nous n'avons clairement pas à faire au Xénomorphe, à Mister X ou même aux gardes de Metal Gear Solid 2. Même lorsque plusieurs raptors sont présents, ils ne représentent au mieux qu'une perte de temps, le temps qu'ils s'éloignent de votre objectif, et après une petite heure de jeu, ils ne sont même plus une menace. Un très bon passage met en scène des dilophosaures qu'il vous faudra éclairer avec une lampe torche avant qu'ils attaquent, mais ce chapitre si réussi est trop court, et à part l'inévitable confrontation avec le T-Rex, qui sert de point d'orgue aux deux chapitres du jeu, on ne pourra que regretter que le bestiaire ne soit pas plus varié. La deuxième partie de la compilation est un peu plus dynamique, mais y parvenir est une gageure, et finalement, on finira par s'y ennuyer également. 

Le cœur du problème, c'est bien le changement d'ADN

Mais alors, Jurassic World Aftermath Collection est-il un mauvais jeu ? Non. Et ce n'est pas un mauvais portage non plus. C'est juste que ce jeu n'a rien à faire sur consoles. En effet, les problèmes du jeu, sa lenteur, ses mécaniques simplistes, son design peu inspiré, sont en fait le produit de son origine en réalité virtuelle. Un jeu en VR se doit d'être simple à appréhender, et doit obéir à certaines règles afin de proposer une expérience hautement interactive adaptée à son support. On imagine très bien vérifier son radar en regardant son poignet, jeter des coups d’œil à droite à gauche alors qu'on manipule l'interface d'un ordinateur en VR, mais toutes ces expériences rendent très mal sur console, et ralentissent un gameplay qui devrait être bien plus nerveux au vu du mode contrôle. On peut aussi comprendre que l'aspect horrifique soit faible, car avec le casque, les raptors, leurs bruits, et la surprise de les voir débarquer doit être immense, mais assis sur un canapé avec une manette, on s'ennuie ferme. Au revoir toute l'interactivité avec le décor, l'immersion et l'expérience proche du réel, et bonjour la maniabilité raide et lente.

On ajoutera aussi que si vous n'êtes pas spécialement fan de Jurassic World et n'avez pas vu les derniers films, le scénario vous laissera de marbre, vous balançant des noms semblant importants, mais n'ayant pas d'impact pour vous. Ce fût malheureusement mon cas. Le jeu fait en fait le pont entre les deux films, et contient des révélations qui sont sûrement indispensables pour les mordus de la licence, mais si on joue au jeu par simple curiosité, cette histoire nous paraîtra bien vide et décousue. Ajoutons à cela l'absence de diversité dans les dinosaures et un gameplay trop mou, et on se retrouve avec un produit qui n'est vraiment pas à mettre entre toutes les mains.

5
Jurassic World Aftermath Collection n'est pas un mauvais jeu, mais c'est un jeu au rythme très lent, aux éléments horrifiques dilués, et qui ne parlera qu'aux fans les plus hardcores des films récents. Allez donc déterrer votre casque VR si vous en avez un. Sinon, le jeu n'est à recommander qu'aux passionnés, ou à ceux qui voudraient qui une expérience de jeu d'horreur très light.

  • Un très beau cel-shading
  • Une bonne atmosphère
  • Un sound design au top!
  • De l'histoire en plus pour les mordus
  • C'est leeeeeeeeeeeent
  • Pas de sens de danger
  • Un bestiaire hyper réduit
  • Un gameplay simpliste et répétitif
Pas d'images pour ce test.