Nintendo Switch

Hollow Knight

Test Switch

Hollow Knight

Par rifraff - Le 07/07/2018 à 06:10

Attendu depuis pas mal d’années suite à une campagne de crowdfunding réussie, Hollow Knight débarque enfin sur Nintendo Switch, un peu plus d’un an après sa sortie sur PC, porté par un cortège de critiques dithyrambiques et auréolé (déjà) du statut d’œuvre culte. Résultat, en moins de quinze jours, le titre s’est déjà écoulé à près de 250 000 exemplaires sur l’eShop de la console de Nintendo. Mais ce succès est-il vraiment mérité ? Si vous ne connaissez pas ce jeu et que vous ne vous êtes pas déjà précipité sur la fin de ce test, comme on le fait toujours pour découvrir la note, sachez qu’il ne vous faudra pas longtemps, manette en main, pour avoir la réponse à cette question. Car si au départ, le jeu peut sembler un peu classique dans le genre « Metroidvania »,  très vite on ne peut qu’être subjugué par la sombre beauté de ce monde perdu mais surtout par l’incroyable maîtrise avec laquelle il a été construit.

 

Un Cafard au Dessert


Hollow Knight est un jeu fantastique dans tous les sens du terme. Dès les premières secondes, on se retrouve happé dans un autre monde triste et merveilleux dont au départ on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’il se nomme Hallownest et qu’il s’agit d’un monde souterrain oublié et en ruines, hanté par des insectes qui font figure d’humain. La courte cinématique (entièrement dessinée à la main) qui ouvre le jeu est d'ailleurs assez énigmatique. Elle a au moins le mérite d'imposer le style du jeu qui renvoie à l'univers de Tim Burton ou encore à Lewis Carrol mais aussi et surtout d'introduire le héros classieux du jeu, un chevalier cornu, façon perce-oreille, drapé dans ce qui semble être une feuille d’arbre… Qui est-il ? Ou va-t-il ? Que cherche-t-il  ?  Au départ, on n'en sait rien...  Mais peu importe ! On le dirige sans trop savoir ou on va à travers les ruines de ce monde désolé et on progresse dans le jeu au gré de ses découvertes et des rencontres avec les habitants d'Hallownest... Le Shovel Knight n'a qu'à bien se tenir !

Nid de guêpes

Le jeu est vraiment bien calibré ce qui fait qu'instinctivement sans didacticiel ni mode d'emploi, on sait ce qu'il y a à faire. Il faut dire que dans le fond c'est du basique de chez basique :  on avance comme on peut et on dégomme les ennemis que l'on croise sur notre chemin sans faire de chichi. La prise en main est quasi immédiate et ne pose pas de problème. Le personnage réagit au quart de tour en courant, sautant et surtout en maniant l'épée- ou plutôt le clou, à la perfection avec des attaques horizontales mais aussi verticales que l'on sort le plus naturellement du monde- surtout lorsque l'on a un peu d’expérience...   Evidemment, comme dans tout bon Metroidvania qui se respecte, au début la palette de mouvement du héros est limitée mais on sait par avance  qu'elle va s'étoffer au fur et à mesure avec de nouvelles capacités qui non seulement vont élargir le champ des compétences du chevalier (avec le double saut, le saut mural, le grappin, etc) mais aussi vont lui permettre d'accéder à de nouvelles zones et d'aller ainsi toujours plus loin dans son exploration du monde. Là encore, rien de très nouveau sous le soleil de minuit, on reste dans du basique de chez basique.

Quelle mouche te pique ?

Là ou le jeu détonne par rapport à la multitude de jeux qui pullulent sur le marché, c'est bien évidemment par son univers sombre et désespéré. La ville d'Hallownest n'est plus qu'un champ de ruines, mystérieusement envahit par le mal et les ténèbres. Les rares insectes que l'on y croise sont soit des aventuriers en quête de trésors, soit des marchands, soit de drôles d'hurluberlus dont on se demande parfois s'ils ont toute leur tête.. Sinon toutes les autres créatures qui survivent dans les dédales d'Hallownest, sont des insectes corrompus, belliqueux et dangereux.  Il y en a plus de 130 différents dans le jeu, chacun avec ses spécificités et ses propres schémas d'attaque et de défense. Entre les petits hérissons échappés de Metroid qui tournent bêtement sur leur plateforme,  les scarabées Rhino qui essayent de vous embrocher dès que vous les croiser, les doryphores armés d'une épée et d'un bouclier, les punaises contaminées qui vous bombardent de leur pus dégoulinant ou encore les coccinelles dandys qui sautillent autour de vous en vous attaquant, la variété est de mise ! Et même s'il y a des doublons, le bestiaire délirant est véritablement une des forces du jeu, d'autant plus qu'il n'aura de cesse de se renouveler jusqu'à la fin du jeu. Et autant vous prévenir que l'option kamikaze (genre on fonce dans le tas en martelant tous les boutons) n'a que peu de chance d'aboutir dans Hollow Knight et cela aussi bien face à un ennemi lambda que face à un boss. Car oui, en plus des ennemis, le jeu propose une trentaine (!) de boss délirants, chacun avec un design originale, une personnalité propre (ou sale) et des schémas d'attaque évolutifs parfois bien gratinés. 

Pas piqué des hannetons

Globalement, Hollow Knight est de toute façon un jeu très difficile pour ne pas dire un jeu exigeant. Il nécessite des réflexes mais aussi souvent pas mal de réflexion et d'observation. Si on veut éviter de recommencer dix mille fois la même séquence, se faire toujours éclater par le même (petit) boss ou encore tourner en rond dans les mêmes couloirs pendant dix ans, il faut être attentif et précis. Il faut aussi avoir des nerfs d'acier et faire preuve d'humilité. Notre chevalier n'est pas immortel et il faut évidemment bien surveiller sa barre de vie. Elle est constituée (au départ) de six masques qui se brisent les uns après les autres à chaque coup reçu- basique. Grâce à une jauge d'âme qui se remplit lorsque l'on se débarrasse de ses adversaires, on peut, en restant immobile deux secondes, en récupérer ce qui  en contrepartie vide la jauge d'âmes- re-basique. Il faut donc constamment faire la balance de façon à garder toujours au moins un masque mais aussi de quoi en récupérer grâce à sa jauge en cas de coup dur. Et lorsque le dernier masque part en morceaux, notre chevalier rejoint alors instantanément le royaume des ombres et doit recommencer la partie à partir de son dernier point de sauvegarde. C'est à dire, à partir du dernier banc blanc sur lequel notre héros s'est reposé.

Un nouveau départ qui, en fonction de la situation et du nombre d'actions à refaire, peut passablement irriter sachant que le bancs blancs peuvent être très espacés et que lorsque le chevalier meurt, il perd aussi tout son argent... Un détail important à prendre en compte car l'argent permet l'achat de tout un tas d'objets utiles notamment des cartes mais aussi des charmes qui améliorent les capacités du héros et dont certains coûtent très cher.... Lorsque l'on a mis du temps à amasser un petit pactole (pièce après pièce) dans l'idée de s'offrir un charme important et que l'on perd tout en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "nom d'une moustache" , on a juste envie de balancer sa console ! Heureusement, à la manière du chevalier à la Pelle, notre chevalier perce-oreille peut à chaque fois espérer récupérer l'intégralité de son argent perdu en se rendant à l'endroit de son dernier trépas ou l'attend gentiment son ombre qu'il suffit ensuite de terrasser (en deux coups d'épée.)

Chercher des poux

Contrairement à de très nombreux jeux, Hollow Knight ne prend pas le joueur par la main et cela fait du bien même si cela pourra sans doute déconcerter les plus jeunes joueurs mais peut-être aussi surprendre les plus vieux, désormais habitués, comme les autres, au pilotage automatique.  Dans Hollow Knight, une grande liberté est laissé au joueur et cela dès le départ. Emprunter tel chemin plutôt qu'un autre, affronter un ennemi coriace ou soigneusement l'éviter, trucider tout le monde pour collecter un maximum de pièces et acheter tel objet ou tel charme ou essayer de trouver un moyen pour progresser rapidement... C'est au joueur de faire son choix. D'entrée de jeu, le joueur se retrouve largué dans un monde tentaculaire fait de couloirs en 2D partant dans tous les sens et dans lesquels il peut aller partout- ou presque !   Il y a bien des passages fermés qui exigent l’exécution de certaines actions mais la plupart du temps il y a une alternative même si on ne la voit pas toujours. Le level design a été en cela extrêmement pensé avec des ramifications un peu partout et des tas de passages plus ou moins évidents à trouver. Une carte ne sera d'ailleurs pas de trop pour éviter de se perdre même si cela arrivera de toute façon avec ou sans carte ! Il est vrai aussi que de toutes façons,  les cartes ne sont pas toujours très lisibles ni complètes (donc très utiles!)

Des papillons dans le ventre

Pour autant, le frisson de l'aventure est présent de bout en bout dans Hollow Knight. Les développeurs de la Team Cherry ont construit leur jeu de sorte que l'on ait toujours envie de se surpasser et d'en découvrir plus, à l'affût d'un passage inexploré, d'une grotte cachée ou d'une plateforme à priori inaccessible.  C'est d'ailleurs réellement le moteur du jeu : le plaisir de la découverte.On ne sait jamais sur quoi on va tomber au détour d'un couloir : une fontaine merveilleuse ?  Une gare désaffectée ? Une boutique perdue ? Un insecte radoteur ? Un monstre impitoyable ? La curiosité et l'audace sont souvent récompensées d'autant plus que le jeu est tout simplement magnifique ce qui participe grandement à son intérêt.  Entièrement réalisé en 2D sur un seul plan, les graphismes semblent avoir été délicatement dessinés à la main dans des tons pastels avec toujours de délicats détails et de jolis effets de perspective pour donner une impression de profondeur. On pense à Tim Burton, à Moebius ou encore à Giger ! Au départ le jeu est à dominante bleue avec quelques gerbes de couleurs ici ou là mais il voit sa palette de couleurs évoluer et se renouveler au fur et à mesure de la découverte de nouvelles zones,  coïncidant avec l'arrivée de nouveaux décors mais aussi de nouveaux ennemis et de nouveaux mécanismes de jeu. L'enchantement est total. Impossible de jouer les blasés. On ne se lasse pas de se balader dans les niveaux pour en apprécier les moindres détails comme les ennemis qui se font avoir par des pièges destinés au joueur ou les carcasses sans vie des ennemis abattus qui s’effondrent au sol ou encore les nombreux éléments destructibles des niveaux qui à priori ne servent à rien comme l'herbe que l'on peut couper (même s'il n'y a jamais rien dedans) Chaque environnement traversé fourmille aussi d'éléments en mouvement  avec des ombres d' oiseaux ou de chauves souris, qui"flashent" et traversent l'écran de temps à autre, des petites lucioles qui virevoltent dans tous les coins ou encore des gouttes qui ruissellent des stalactites. Il n'y a vraiment rien à dire, le jeu a vraiment été soigné dans ses moindres détails et le résultat est tout simplement merveilleux.

La puce à l'oreille

Rien ne semble avoir été laissé au hasard et tout à, semble-t-il été fait pour immerger totalement le joueur dans ce monde à part. Par exemple, lorsque le chevalier est touché par un ennemi, à chaque fois,  il y a un effet de flou qui secoue l'image...  Un effet rehaussé par des étincelles mais aussi de discrètes vibrations HD et une baisse subite du son comme si le héros était étourdi, voyait flou et devenait sourd l'espace d'une seconde après avoir pris un coup sur la tête ! Un effet saisissant et au diapason de la bande son du jeu. Très souvent,  dans les jeux vidéo, la bande son est négligée par rapport aux graphismes et se limite au mieux à de la musique et à quelques sons d'ambiance. Dans Hollow Knight, le son participe grandement à la réussite du titre au même titre que l'image. Non seulement la discrète  bande originale est envoûtante et délicate mais le "sound design" a été particulièrement travaillé.  D'ailleurs, comme dans les bons jeux Nintendo, on pourrait presque jouer les yeux fermés en se laissant guider par les bruits et les sons environnants dont certains agissent comme de véritables indices. C'est le cas des bruit de pas d'un ennemi qui trahit sa présence ou encore les pleurs d'une "petite" chenille perdue que l'on peut plus facilement localiser (c'est une sous-quête très prenante...)

C'est la chenille qui redémarre

Hollow Knight est un jeu onirique, magique et envoûtant. C'est un titre unique et en même temps, il fait penser à énormément d'autres jeux comme Shovel Knight, Zelda II : Link's Adventure, Faxanadu,  Ori and The Blind Forest ou encore The Binding of Isaac, pour ne citer que les références évidentes et revendiquées. D'une durée de vie conséquente (entre 20 et 30 heures) le jeu dispose de nombreux à-côtés et sous-quêtes qui invitent à prolonger l'aventure.  Une durée de vie allongée encore avec les DLC gratuits, Rêves Cachés et  La Troupe Grimm qui ajoutent de nouveaux boss, une nouvelle station de voyage, une nouvelle façon de voyager et de nouvelles musiques... Sans oublier la "grosse" mise à jour sortie pour célébrer l'arrivée du jeu sur console. Nommée Sang-De-Vie (Lifeblood) cette mise à jour améliore pas mal de petites choses notamment dans le comportement des villageois ou encore des boss. Ainsi certains boss sont encore plus difficiles à battre que dans la première version sortie sur PC et un autre a vu ses mouvements totalement chamboulés !  Hollow Knight  est un titre qui s'adapte parfaitement à la Nintendo Switch. Pourtant, pas de gyroscope, de détection de mouvement ou d'écran tactile mais le jeu est parfait aussi bien sur un grand écran qu'en mode portable. Ainsi, une fois que vous commencez à jouer, vous n'avez plus aucune raison de vous arrêter !

9
Hollow Knight est un petit bijou du jeu d'aventure qui ne vous laissera pas indifférent et se révèle parfait sur Nintendo Switch ou il peut être joué sur la télé ou en mode portable.Visuellement magnifique et laissant une grande liberté d'action aux joueurs, Hollow Knight est un jeu aussi exigeant que gratifiant. Il mettra vos nerfs et vos petites cellules grises à rude épreuve mais en contre partie vous émerveillera et vous étonnera jusqu'à sa fin mémorable et bouleversante

  • Magnifique
  • Univers fabuleux
  • Game design original et maîtrisé
  • Sound design incroyable
  • Séquences mémorables
  • Belle durée de vie
  • Superbe fin
  • La carte à apprivoiser
  • Parfois frustrant
  • Allers-retours incessants lassants
  • Difficulté parfois titanesque