Le jeu de rôle sur table est un loisir qui a la côte en ce moment : limités seulement par leur imagination, les joueurs inventent des aventures incroyables en compagnie d'un maître de jeu, chose qu'un jeu vidéo ne peut offrir. Le monde a forcément ses limites, codées dans le programme. Mais Foretales prend courageusement le pari de vous faire vivre une expérience de jeu de rôle à sa façon.
Maître Corbeau a appris du Renard
Bienvenue dans Foretales. Vous êtes Volepain, un bec-en-sabot voleur au grand cœur, et à la chance toute relative. Accompagné de votre compère Léo, un tigre filou, lui aussi, vous devez subtiliser un artefact à une noble. Seulement voilà, une fois le larcin commis, Volepain est pris de visions terribles, lui montrant le décès de ses proches, sa ville brûlée, et même la fin du monde. Armé de votre esprit affûté, de vos doigts agiles et d'une bonne dose de trouille, il est de votre responsabilité de prévenir ces désastres. Mais comment ? Irez-vous rendre l'artefact, espérant de l'aide d'un expert ? Ou courrez-vous au secours de Léo, emprisonné pendant votre transe ? Chaque choix aura ses conséquences, et le temps vous est compté, alors choisissez bien, petit corbeau, et sachez que ce n'est que le début de votre aventure.
Le jeu se présente sous l'aspect d'une table remplie de cartes illustrées, chacune représentant un lieu, un objet, une ressource. Aucune scène cinématique, aucune animation recherchée, seules les cartes, quelques voix, et un narrateur vous racontent votre histoire. Une présentation loin d'être vraiment austère pourtant, car l'ambiance sonore et visuelle change en fonction du contexte, aidant votre imagination à faire vivre cet univers qui vous est conté. Car oui, se voulant proche du jeu de rôle papier, Foretales vous demandera implicitement de faire marcher votre tête, et d’imaginer vous-même le détail des scènes se déroulant devant vous, ce qui donne une superbe immersion à ceux qui y arriveront.
Vos choix, vos conséquences, votre histoire
Des cartes, donc. Beaucoup de cartes. Mais qu'indiquent-elles ? Les cartes en bas de l'écran vous montrent vos personnages, ce qu'ils peuvent faire, et leurs ressources. Chaque personnage possède un éventail d'actions, allant de provoquer les ennemis à voler quelque chose. Ces actions se piochent dans un ordre aléatoire, et reviennent lors d'un repos. Bien entendu, des personnages variés signifient des actions toutes aussi variées. Alors, qui prendrez-vous avec vous ? Vos ressources comportent vos objets, votre or, votre nourriture, vos alliés temporaires, ainsi que votre honneur et votre infamie, que vous gagnerez et perdrez selon vos actions. L'or peut corrompre les gardes mais peut aussi vous ouvrir des portes, l'honneur vous permettre d'éviter les conflits, mais l’infamie gagnée à maltraiter les gens peut vous faire gagner des faveurs par la peur. Ce sera à vous de jongler avec ces ressources et de savoir quand les utiliser, que ce soit pour éviter un combat difficile ou au contraire pour maximiser votre puissance de frappe, ou encore pour contourner le problème. Et si vos ressources sont remises à zéro à chaque niveau, certaines valeurs sont gardées en mémoire, comme le nombre d'ennemis tués, ou votre infamie totale.
Les autres tas sont différentes pioches. Il y a les ennemis à vos trousses, qui peuvent apparaître sur les lieux à visiter, les morts laissés dans votre sillage, vous jugeant silencieusement, différents endroits à visiter, plein de secrets qui se révéleront selon vos actions, et les cartes de repos, vous redonnant des capacités, mais attirant aussi des ennemis ou des alliés. Et une fois le dernier repos terminé, votre temps est compté, c'est le game over. Ne traînez donc pas... trop. Que de choses, que de conditions, que de choix, penserez-vous peut-être. Mais c'est bien l'essence même du jeu de rôle. C'est cette rejouabilité qui fait tourner la tête et qui donne du corps à un univers. Si vous êtes perdus, un système d'indices vous aidera même à vous remettre sur le bon chemin, d'une des façons possibles.
Tout jeu possède ses règles et ses limites
Bien entendu, Foretales n'est pas limité par votre imagination, mais par son code, ainsi que par les cartes que vous tirez. Ainsi, il pourra vous arriver d'être coincé, bêtement, par un passage peu évident, une énigme retorse ou un combat presque impossible. C'est dommage, mais c'est intrinsèque au système de jeu. Par contre, peut-être pourrez-vous l'aborder autrement en recommençant le niveau en cours. L'histoire est en effet découpée en niveaux, à enchaîner à votre convenance, eux-mêmes découpés en chapitres. Chaque niveau est indépendant des autres, donc si les ressources vous manquent vous pourrez le recommencer sereinement, sans avoir à refaire tout le jeu. Gardez en tête quand même que l'ordre dans lesquels vous finirez les niveaux aura son importance.
Graphiquement, le jeu a du style, mais semble bien plus à sa place en mode portable que sur une télé. D'ailleurs, les commandes tactiles sont plus instinctives que celles à la manette, des fois étranges. Les illustrations sont charmantes, et le tout possède un cachet fort sympathique. L'ambiance sonore est très bonne, avec des sons d'ambiances adaptés et une musique discrète en plus de quelques voix anglaises convaincantes et pleines de vie. Niveau écriture, nous pouvons nous réjouir du fait que le jeu soit français et que nous bénéficions donc de la version originale de l'histoire, sans y perdre quoi que ce soit à cause de la traduction. C'est un degré d'immersion en plus. Une fois l'interface comprise et digérée, ce qui est aidé par un chapitre tutoriel plutôt bien fait, elle ne sera plus qu'un repère de plus pour vous, et pas une gêne vous sortant de l'expérience de jeu.
