Nintendo Switch

Dry Drowning

Test Switch

Dry Drowning

Par C-Ptique - Le 22/02/2021 à 19:50

La Switch accueille en ce jour un nouveau point and click avec Dry Drowning, un titre qui s’est distingué d’emblée par son ambiance très sombre et son courage de parler de sujets difficiles comme l’immigration, l’extrémisme politique ou les discriminations. Pas un jeu de rigolos en somme, c’est pourquoi il mérite bien qu’on lui accorde un test pour en juger.

Grosse ambiance !

Comme souvent en démarrant un jeu vidéo, les deux premières choses qui frappent sont la patte graphique et l’ambiance. Si ce n’était pas déjà clair auparavant, le jeu est très sombre, aussi bien dans sa direction artistique que dans son histoire. Beaucoup de jeux se prétendent « dark » pour paraître cool alors que c’est bien souvent superficiel et juste un argument pour faire vendre des galettes, ce n’est pas le cas de Dry Drowning. Autant le dire tout de suite, le jeu n’est pas à mettre entre toutes les mains, notamment les personnes risquant la dépression.

La patte graphique est absolument sublime, tout semble dessiné à la main et donne l’impression de regarder une bande dessinée tant le travail à ce niveau est poussé. Les animations sont également soignées, quoique plus minimalistes puisque les personnages sont immobiles la plupart du temps. Cela permet la réflexion et de mieux garder la tête froide malgré les situations rebutantes que nous affrontons.

Quant à l’histoire, elle nous place en 2066 dans la ville de Nova Polemos, une cité-État d’Europe du Nord qui fait beaucoup parler d’elle pour la fermeture de ses frontières et l’expulsion de ses immigrés. La ville considère en effet qu’il n’y a pas pire humiliation que d’être sans emploi et comme les extrémistes qui dirigent la ville considèrent que les immigrés prennent les emplois des habitants, cela donne une idée à quel point ce doit être l’éclate de vivre dans cette ville. On notera aussi la sobriété technologique de l’endroit car peu d’éléments nous montrent que nous sommes dans le futur, ce qui n’est pas forcément un mal.

Un détective en repentir dans un monde sans pitié.

Au milieu de cette masse obscure se dresse Batman Mordred Foley, un détective qui noie ses craintes dans l’alcool. Il revient à Nova Polemos après une relaxation judiciaire, faute de preuve convaincante, on comprend qu’il s’est fait de nombreux ennemis, aussi bien parmi les criminels puisqu’il en a envoyé beaucoup sur la chaise électrique que parmi la police qui n’a pas apprécié sa relaxation. En fait, Mordred ne peut pratiquement compter que sur sa femme Héra.

Le lendemain de son retour, Mordred et Héra reçoivent dans leur cabinet Julie Ward, la secrétaire de Richard Baker, un politicien extrémiste anti-immigration, ce qui n’est pas sans heurter Héra qui a des origines grecques. Julie partage des informations confidentielles et demande à Mordred d’enquêter sur une affaire de meurtre, Richard Baker est en effet suspecté d’être le meurtrier. Sa requête est simple : prouver l’innocence de Baker, peu importe le véritable coupable, y compris si on fait porter le chapeau à un innocent. Il va vite s’avérer que le meurtrier est en fait Pandora, un psychopathe en cavale hélas bien connu de Mordred et Héra.

Régulièrement, il faudra faire le bilan de notre enquête pour montrer à la police ou à Julie comment progresse notre investigation. Ce sera aussi nécessaire pour mettre un suspect face à ses propres contradictions, Mordred a en effet la capacité de détecter les mensonges puisqu’il est pris d’hallucinations lorsque cela arrive : les personnages sont affublés d’effrayants masques animaux. Eh oui, l’horreur est une autre composante du récit et contribue à obscurcir encore davantage l’histoire.

À certains moments, il nous faudra faire des choix cornéliens et ils sont rarement bons ou mauvais. Chacun d’entre eux influence la suite de l’histoire, cela ira de la révélation ou non d’éléments de l’enquête à des personnages au choix d’inculper ou non un personnage quand bien même tout prouve qu’il est coupable (ou inversement). Toute l’histoire peut s’en retrouver bouleversé, il va s’en dire qu’il faudra bien réfléchir avant de prendre une décision.

Rechercher moins pour réfléchir plus.

Côté gameplay, Dry Drowning s’avère être un point and click assez simple. On explore les lieux, on ramasse les objets qui sont facilement repérables et on les inspecte pour en apprendre davantage. Certes, c’est un peu léger et sur ce point, il ne fera pas la leçon au genre mais le challenge est ailleurs. Car il faudra bien inspecter les indices et les témoignages recueillis afin de faire les bonnes déductions, au risque sinon d’entacher notre réputation et de provoquer le game over.

Il n’empêche qu’au niveau gameplay, le parcours à suivre est très linéaire. Ça ne rend pas le jeu moins bon bien sûr mais il aurait pu être magnifié en nous permettant d’aller vers tel ou tel lieu en premier, d’interroger telle ou telle personne, ce qui nous aurait induit en erreur. Mais il est vrai que l’exercice est assez difficile quand le scénario est très développé. Au moins, on ne passe pas trop de temps à se demander quoi faire, ni où aller.

On peut cependant déplorer l’absence de combinaison. Lorsqu’on ramasse des objets, ils restent séparés et ne peuvent être assemblés, ce qui aurait pourtant pu constituer un moyen de résoudre des énigmes. Le jeu se rattrape avec des défis mis en place sur notre parcours par les meurtriers.

7
Dry Drowning nous happe dès le début et ne nous lâche plus. Malgré son pessimisme et son ambiance dépressive, on est toujours tenté d’en savoir plus et de poursuivre l’aventure, cela grâce aux points de vue très humains des personnages, de l’envie de percer le mystère au grand jour mais aussi un plaisir coupable de voir les prochaines horreurs commises par les meurtriers. Il n’est clairement à donner à tout le monde mais les personnes appropriées resteront marquées par le jeu. Peut-être aidera-t-il aussi à conforter quelques opinions et à remettre en cause d’autres mais là, c’est un terrain sur lequel vous restez seuls maîtres.

  • Un jeu sombre qui tient ses promesses.
  • La place centrale accordée à la réflexion et à notre conscience.
  • La patte graphique et l’ambiance très travaillées.
  • La touche d’horreur et de fantastique bienvenue.
  • Pas de version française, aussi bien en audio qu’en sous-titres.
  • L’enquête assez linéaire.
  • Animations un peu simples.

C-Ptique

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