Nintendo Switch

Drawngeon : Dungeons of Ink and Paper

Test Switch

Drawngeon : Dungeons of Ink and Paper

Par Rubix_Man - Le 07/01/2020 à 09:00

Le jeu vidéo « indépendant » s’est, depuis la dernière décennie, largement développé. Les jeunes joueurs d’hier, nourris voire gavés dès leur plus tendre enfance d’expériences vidéoludiques aux univers variés sont devenus, pour certains d’entre eux, les créateurs d’aujourd’hui. Ces derniers, pour se lancer, doivent souvent faire leurs preuves seuls. Undertale, Downwell, Baba is You… Nombreux sont les exemples d’oeuvres aux concepts uniques faites par des passionnés. Penchons-nous ici sur le travail de Stanislas Filippov qui nous présente Drawngeon : Dungeons of Ink and Paper, un jeu à la direction artistique pour le moins atypique.

Drawngeon, sur le papier, ça donne quoi ?

Commençons par le commencement. Drawngeon est une aventure de style jeu de rôle, en vue à la première personne, dont l’approche se veut franchement « rétro » dans son gameplay. Comprenez par là qu’il vous faudra vous débrouiller tout seul ; le jeu ne vous tient pas la main durant votre périple, et vos débuts risquent de vous déstabiliser un brin. Choisissez parmi les trois classes proposées (héros, sorcier, brigand), passez à un menu passablement abscons au premier abord et vous voila propulsé au beau milieu de nulle part où rien ou presque ne vous sera expliqué tout au long de votre aventure. « Où dois-je aller, ? », « Quel est le but de ce jeu ? », « Que fait cet objet ? », « A quoi servent tous ces chats ? », « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur ma tête ? » seront tout autant de questions qui resteront sans réponse tant que vous les déduirez pas par vous-même et n’espérez pas compter sur les quelques PNJ disséminés ça et là dans ce monde, ils ne vous apporteront guère plus de renseignements. Sachez, par ailleurs, que la mort de votre personnage vous sera fatale. Pas de sauvegarde (à part si vous quittez vous-même la partie), pas de checkpoint. Vos points de vies tombent à zéro ? Tant pis pour vous, quand bien même vous venez de passer deux heures à explorer le monde, vous perdez tout et vous devez tout recommencer du départ, ou presque. A chaque défaite, suivant la qualité de votre aventure, vous obtiendrez des méta-points accumulables à travers les parties qui vous permettront de recommencer une nouvelle partie avec des bonus que vous pourrez choisir via le menu suivant la sélection de la classe de votre héros. Un choix judicieux et bien agréable, d’autant que vous risquerez de mourir souvent lors de vos premières parties.

Ce côté old-school n’est pas sans rappeler les premiers jeux de la NES. Pensons particulièrement au premier Zelda qui n’avait apparemment pas pour objectif premier de faciliter le voyage du joueur. Même si les premiers pas dans cette aventure manquent, vraisemblablement volontairement, de clarté, Drawngeon demande un peu de temps, de patience pour se laisser approcher et il n’est pas désagréable d’apprivoiser son univers, de découvrir, petit à petit, tout ce que propose cet univers presque entièrement fait de noir et de blanc, d’encre et de papier. Dématérialisé, ça va de soi.

Un monde fait maison

Comme son nom l’indique, l’argument premier de Drawngeon est que toute sa direction artistique tient sur ce thème, à savoir le dessin à la main. Stanislas Filippov s’est appliqué à dessiner lui-même au stylo chaque élément constituant le jeu, de l’interface jusqu’aux textures appliquées sur les murs. Dans l’idée, ça ne rend pas trop mal, malheureusement la résolution des images scannées est absolument épouvantable. La plupart des personnages et des textures est floue, baveuse et manque de netteté, ce qui donne un aspect assez malpropre. On regrette également que cette idée ne soit pas plus largement développée, car à l’instar du premier Paper Mario, l’aspect « encre et papier » n’a pratiquement aucun impact sur le gameplay. Hormis quelques flacons d’encre permettant de vous soigner, le titre du jeu n’a de réel rapport qu’avec la direction artistique qui elle même n’est pas assez aboutie. Ne comptez pas sur l’ambiance musicale pour rattraper le coup, elle est tout simplement absente. Quelques bruits de pas résonnant dans le silence éternel de l’espace infini (qui m’effraie), un son unique pour tous les ennemis du jeu, le vent coupé par le mouvement de votre arme, voila ce dont il faudra vous satisfaire pour vous imprégner de l’atmosphère pittoresque de Drawngeon.

Et, chose curieuse, ça fonctionne. Au moins un peu. Le tout a un côté si étrange, si solitaire, si désolé, qu’on finit par s’attacher à ce monde aux allures bancales. A mesure que l’on parvient à comprendre et à maîtriser les mécaniques du jeu, l’ambiance obscure, ironiquement renforcée par ce silence omniprésent finit par convaincre et offre un caractère unique à cet étrange périple. Pour cinq euros (le prix actuel de vente de Drawngeon sur Switch), on se dit que sous son allure qui ne paie franchement pas de mine, cette petite aventure RPG a tout de même des arguments pour passer un bon moment qui ne laisse pas tout à fait indifférent. Même si son gameplay reste classique, même si son interface n’est pas toujours lisible, même si, même si, même si… Il y a un petit quelque chose qui retient notre attention. On se croirait dans une version améliorée de certains jeux faits sous Flash qu’on pouvait trouver sur des sites spécialisés dans ce genre. Ceux qui ont navigué dans les méandres de feu Absoluflash y verront peut-être un lointain côté Sherwood, mais je divague. Reste que Drawngeon offre une aventure certes un peu courte, imparfaite, mais atypique, et pour cela, elle vaut au moins qu’on s’y intéresse.

6.5
« Qu’est-ce que c’était que ce truc ? » C’est une question qu’on est en droit de se poser une fois qu’on a expérimenté l’aventure Drawngeon. Il est certain que ce jeu ne plaira pas à tout le monde, loin de là, mais c’est au moins une expérience audacieuse et personnelle qui nous est proposée et elle a le mérite d’avoir un intérêt non négligeable. Avec son gameplay certes classique, carrément vieille école, sa direction artistique décalée, Drawngeon se révèle être une aventure suffisamment originale pour qu’on se permette d’y jeter un coup d’oeil, malgré ses nombreuses imperfections.

  • Une direction artistique originale...
  • Une aventure offrant un certain challenge...
  • Un bon rapport qualité/prix
  • ...Mais qui aurait pu avoir plus d'impact en jeu
  • ...Qui peut être difficile à appréhender
  • Les informations de jeu sont souvent illisibles

Rubix_Man

https://twitter.com/moulinauxbulles
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