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Crash Team Racing : Nitro-Fueled

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Crash Team Racing : Nitro-Fueled

Par Mimir - Le 04/07/2019 à 00:00

20 ans plus tard, il revient, mais il triche. À lui les couleurs et le lifting, à vous les rides et les poils en plus. L’un profite du temps passé, l’autre le subit. L’injustice a un prix : 30 euros. Elle a aussi un nom : Crash Team Racing Nitro-Fueled, le remake de Crash Team Racing premier du nom sorti en 1999 sur Playstation One. C’est à Beenox, sous la supervision d’Activision, que l’on doit ce retour fracassant de celui qui, à l’époque, entendait concurrencer Mario Kart sur son propre terrain. Car pas de doute possible : avec Crash Team Racing, Naughty Dog entendait proposer une alternative à l’une des plus célèbres licences de Nintendo en lui empruntant à peu de choses près tous les codes qui la caractérisent. Un pari sans doute réussi il y a deux décennies de cela, mais qu’en est-il aujourd’hui ? Réponse dans les lignes qui suivent.

Le détail est dans le pixel

Qu’en restait-il, si ce n’était des souvenirs et de la nostalgie ? Plus grand-chose, il faut bien l’avouer. L’héritage de Crash Team Racing s’est perdu dans les méandres du temps, en témoigne les itérations suivantes qui n’ont jamais vraiment su conquérir le cœur des joueurs, et surtout pas de ceux qui ont apprécié le premier opus. Il faut dire que le Bandicoot a changé de mains, et si parfois le changement peut-être salvateur, il peut aussi causer des dégâts.

Et c’est bien parce que ce premier épisode est le seul à être resté dans les mémoires qu’il a droit à une place de choix, aux côtés de Crash N Sane Trilogy et Spyro Reignited Trilogy, eux aussi remis au goût du jour. Le dragon violet le plus célèbre s’apprête d’ailleurs à faire un détour prochain sur Nintendo Switch, preuve, s’il en fallait, que ces remakes font des heureux ($).

À bien des égards, Crash Team Racing Nitro-Fueled profite donc du même traitement. Un traitement qui se veut avant tout visuel. Fini les décors découpés à la serpe, place aux belles courbes toutes fines, aux couleurs chatoyantes, aux jeux de lumière miroitants, aux détails fourmillants et aux textures… texturées. De ce côté-là, à n’en point douter, Beenox a mis les petits plats dans les grands, d’autant plus que ce ne sont pas moins de 32 circuits qui ont été remis au goût du jour, les pistes de Crash Nitro-Kart, sorti sur Playstation 2, venant rejoindre celles de Crash Team Racing. Et même si les tracés présentent moins d’attrait, toute nostalgie mise à part, on ne peut que saluer ce choix.

Difficile de reprocher quoi que ce soit à ce remake sur le plan de la direction artistique, qui devrait à la fois plaire aux plus jeunes et réjouir les nostalgiques, car malgré un changement visuel évidemment conséquent (20 ans d’écart…), le titre d’aujourd’hui reste fidèle à celui d’hier.

En revanche, s’il fallait pointer du doigt en premier lieu une lacune certaine, notre index se porterait sur la technique, tant sur la résolution que le nombre d’images par seconde, des histoires de chiffres qui comptent pour beaucoup de joueurs. Avec du 720p sur la télé et du 480p sur l’écran de la Switch, Crash Team Racing Nitro-Fueled ne constitue pas vraiment une prouesse technique. L’aliasing se rappelle d’ailleurs à notre bon souvenir. Honnêteté oblige, sinon autant ne rien écrire, en course, cela se remarque peu. Alors certes, on perd en détail, mais dans l’ensemble on ne remarquera pas d’effets disgracieux.

Potentiellement plus difficile à comprendre, le jeu se contentera d’afficher 30 images par seconde. À défaut d’être bon élève, et hormis quelques micro freeze intempestifs constatés à quatre occasions, la fluidité reste de mise. Et quelque part, heureusement. Ça devait arriver, et c’est maintenant : la comparaison avec Mario Kart 8. Le titre de Nintendo sur Switch, qui affiche comme CTR de bien belles choses, et fait même sans doute un peu mieux, roule en 1080p et 60 fps. Aussi, il est étrange de constater de telles faiblesses sur Crash Team Racing, d’autant plus que la version Switch n’est pas la seule à souffrir de cette limitation du framerate : toutes les machines sont concernées.

Dans les faits, hormis les plus pures des puristes, le commun des mortels se contentera sans trop sourciller de ces caractéristiques techniques.

La Nitro s’Oxyde

Et c’est d’ailleurs à peu de choses près le même refrain côté gameplay. Ceux qui espéraient ou redoutaient de la nouveauté peuvent, au choix, désespérer ou bien se réjouir. Nous avons là une copie quasi conforme du jeu de 99. Beenox a semble-t-il choisi de rester fidèle au jeu original, comme tout choix, il est discutable. On retrouvera donc sans surprise pas moins de huit bolides lancés à une vitesse toute relative sur une multitude de circuits sur lesquels nous reviendrons plus tard.

Ce qui différenciera le joueur en tête du peloton du dernier à la traîne, outre la part de chance qui caractérise ce type de jeu, ce sera son habileté à jouer de la gâchette au bon moment. En effet, une bonne partie du gameplay de Crash Team Racing repose sur son système de glissade qui permet, entre autres, de prendre des virages serrés sans perdre de vitesse et sans risquer de finir dans le décor. Encore que, force est d’admettre qu’il est parfois délicat de s’engager sur certains virages sans prendre de précautions particulières. Parfois, mieux vaut viser large sous peine de faire une rencontre malvenue. Après cela, plus qu’à jouer du joystick pour corriger sa trajectoire et faire durer le plus longtemps possible cet état.

Car au-delà du fait de nous offrir une glissade, les virages, notamment les plus longs, sont aussi une belle opportunité pour distancer vos concurrents en chargeant votre jauge de boost. Concrètement, en faisant durer votre dérapage, vous chargerez une jauge qui, lorsqu’elle devient rouge, vous permet d’obtenir un turbo en appuyant au bon moment sur la gâchette opposée. Mais s’arrêter là en si bon chemin serait une erreur, étant donné qu’il est possible (et vivement conseillé), d’enchainer jusqu’à trois boosts consécutifs pour, à chaque fois un peu plus, mettre le turbo.

C’est pour ainsi dire la maîtrise de cette technique, peut-être un peu rebutante au début, qui vous permettra de vous hisser vers les hauteurs du podium. Il faudra donc en user et en abuser, toujours en contrôlant son timing pour l’enclencher au bon moment. À force de pratique, elle deviendra assez naturelle à l’utilisation et vous finirez par survoler les circuits. Petite option pratique : les roues du kart changent de couleur quand le moment est venu d’utiliser le turbo, ce qui permet de garder les yeux davantage sur la route.

Pas de surprise non plus au niveau des items : on retrouve la copie conforme de ce qui existait auparavant. Les missiles à tête chercheuse, les fioles, les TNT, les masques… Une petite panoplie plus ou moins efficace qui se voit renforcée si vous collectez 10 fruits Wumpa sur la route. Toutefois, la distribution se veut assez hasardeuse, et les objets en eux-mêmes ont parfois quelques limites. Ne comptez pas sur un missile pour poursuivre votre adversaire s’il n’est pas proche de vous et dans l’alignement. Le moindre virage semble être un véritable obstacle pour eux, de même que les murs invisibles. Quant aux fioles et caisses de TNT/Nitro posées par vos soins, vous vous étonnerez de les voir toujours présentes après trois tours, l’IA semblant posséder un don particulier pour les éviter.

Modes à la mode

Côté contenu, même si on ne dira pas qu’il y a autant de karts que de circuits, il est cette fois-ci possible de customiser son bolide : du kart, aux roues en passant par la peinture. Tout n’est que visuel et sans incidence sur la conduite, ce qui peut-être un point regrettable, tout comme l’interface un poil archaïque qui, pour le coup, aurait pu s’inspirer de ce que proposait Mario Kart 8 d’un point de vue ergonomique.

Pour ce qui est des modes de jeu, on fait le plein. Rien qui ne soit particulièrement original, mais il y a de quoi faire pour chacun. Que ce soit le mode bataille, qui consiste classiquement à se tataner à coup d’item dans une arène fermée, le contre-la-montre sur l’ensemble des circuits, les jetons CTR à récupérer dans les courses, tout en devant finir premier, ce qui n’est pas une mince affaire, ainsi que des cristaux à ramasser dans des arènes… Autant d’alternatives aux courses classiques qui permettent de débloquer quelques niveaux dans le mode aventure « scénarisé ».

Un scénario qui tient sur un timbre poste, et en même temps, c’est ce qu’on lui demande : un extraterrestre s’est décidé à venir faire la course avec le meilleur pilote. Si par malheur le vilain homme vert fluo gagne la course, alors la planète passera un mauvais quart d’heure. Le but est donc on ne peut plus évident : remporter toutes les courses, défier les boss qui se dresseront sur votre route et coller une rouste à Oxyde. Un programme chargé que vous réaliserez au travers d’un hub réunissant tous les circuits accessibles en mode aventure. L’occasion, ici ou ailleurs, de savourer la quarantaine de secondes de temps de chargement à l’entrer ou la sortie d’un circuit. Quand on sait que certains tours, au nombre de trois, peuvent durer moins de 40 secondes, vous passez donc un quart de votre temps de jeu devant un écran statique. Alors oui, on grossit un peu le trait, il n’empêche que c’est une réalité pour pas mal de courses.

Et les choses ne s’arrangent malheureusement pas pour le mode en ligne qui pèche par une interface austère et limitée. Peu de fonctionnalité, un temps d’attente pour trouver des concurrents assez important, d’autant plus que les courses ne comptent que huit joueurs… Et on en trouve rarement huit. À noter quelques soucis au cours des parties également. Inexplicablement, les concurrents se déplaceront lors de certaines courses en mode diaporama, et pourtant pas d’horloge activée à l’horizon. Ça, et le fait qu’il n’y ait pas de collisions entre les joueurs. Tout le monde se passe au travers comme des fantômes, et il arrive donc de passer ou se faire passer au travers, même lorsqu’un masque ou champ de force est actif sans en subir les avantages/inconvénients...

7
Si à l’époque Crash Team Racing offrait une solide alternative à Mario Kart 64, aujourd’hui il fait face, du moins sur Switch, à un concurrent tout frais alors que lui-même, hormis visuellement, semble s’être arrêté en 1999. Beenox a fait le choix de la copie quasi conforme, un choix aussi louable que courageux, mais qui fatalement fait ressentir le poids des années qu’un Mario Kart 8 ne connaît pas et qui se rappelle très vite à notre bon souvenir. 20 ans plus tard, à moins d’avoir goûté à l’original et de l’avoir savouré pleinement, vous risquez de trouver Crash Team Racing Nitro-Fueled un peu fade. De là à dire qu’il manque de sel pour raviver les saveurs, il n’y a qu’un pas que nous franchissons.

  • Visuellement rafraîchi
  • Fidèle à l’original
  • Un contenu généreux
  • Pas de technique, pas de victoire...
  • Techniquement à la peine
  • Une distribution d’items loin d’être optimale
  • Un mode en ligne qui cafouille
  • Des temps de chargement bien trop longs
  • Une interface qui manque d’ergonomie
  • ... C’est le turbo ou la défaite