Chicken Police est un titre sorti sur Nintendo Switch le 5 novembre 2020. Il s'agit d'un polar développé par le studio Wild Gentlemen. Basé sur une histoire se voulant sombre, originale et remplie de mystères, le titre en est-il pour autant convaincant ?
La Brigade des Gallinacés
C'était un soir pluvieux, après une journée harassante, il était temps de rentrer. Au volant de sa vieille tire, Sonny Featherland songe à sa ville, Clawville, et ses maux qui la rongent. Après tant d'années à servir au sein de la police, il lui tarde de prendre sa retraite. Malgré tout, quelle nostalgie en repensant à ses jeunes années. En revanche, la journée n'allait pas se finir comme il l'avait prévu, bien au contraire. Une surprise, non des plus agréables l'attendait. Arrivé chez lui, il remarque immédiatement qu'il a de la visite. Le voilà face à une belle jeune femme, quelque peu réservée, une Impala à la silhouette fine et élancée, Déborah Ibanez. Celle-ci est mandatée par son employeuse qui reçoit semble-t-il des menaces.
Mystérieuse, il est cependant difficile de lui soutirer suffisamment d'informations. Sonny procède alors à un interrogatoire afin d'en savoir davantage. Il comprend très rapidement que cette jeune Impala est apeurée. Il sent le coup fourré. Afin de gérer cette affaire, il décide de retrouver son vieil ami Marty MacChicken. Pourquoi ne pas reformer ce vieux tandem, séparé il y a dix ans, afin de gérer une affaire qui semble sentir la mauvaise graine. Ainsi, ce duo pourrait redevenir la fameuse Chicken Police. Après des retrouvailles quelque peu piquantes, ils se décident à œuvrer ensemble et retrouver l'employeuse de Déborah afin de débuter cette enquête qui s’avérera sombre et sinueuse.
Sortez vos calepins
Vous l'aurez compris, Chicken Police est avant tout axé sur son intrigue. Il faut dans un premier temps qualifier le genre du titre : hybride entre un Polar et un Point & Click. Soyons clairs, le soft ne vous tiendra jamais par son action, il n'y en a pas (ou peu, très peu). Mais ce n'est pas là qu'est l'essence de cet univers, plutôt dans sa narration, ses personnages et leur particularité, celle d'être des animaux au corps d'humain (anthropomorphes). Vous allez devoir mener l'enquête dans différents lieux de Clawville. Pour cela, il faudra bien évidemment vous parler à toutes les personnes que vous croiserez. Pour ce faire, vous déplacerez un curseur dans chaque décor dans lequel vous serez et aurez la possibilité de consulter des documents, examiner des endroit précis ou adresser la parole à la personne de votre choix.
Ainsi, s'adresser à cette multitude de personnes sera la clé pour mener à bien cette enquête. Lorsque vous poserez le curseur sur quelqu'un, il sera possible d'avoir jusqu'à quatre choix différents. Observer : vous discutez avec votre partenaire de l'individu en question, parfois, il s'agira de vieilles connaissances, ce sera alors l'occasion de ressasser le passé. Discuter : une discussion s’engagera entre les personnages et ce sera peut-être l'occasion de picorer quelques informations. Questionner : vous poserez des questions à la recherche d'indices ou afin de comprendre certaines situations. Interroger : vos talents d'enquêteur devront s'exprimer à ce moment-là, ce sera à vous de choisir de quelle manière amener votre témoin à vous révéler ce que vous voulez savoir. D'ailleurs, ses réactions peuvent vous orienter sur la tournure de vos prochaines questions. Enfin, une fois l'interrogatoire terminé, vous serez évalué sur votre qualité à cuisiner vos congénères.
Au-delà des interactions avec les autres protagonistes, vous aurez à votre disposition votre précieux carnet qui regorgera d'informations forts utiles. Ainsi, vous y consignerez les différents indices que vous aurez glanés, ce que vous apprendrez sur les différents personnages ainsi que sur les lieux visités. Un codex dans le carnet viendra compléter tout ce que vous aurez à savoir. En outre, vous garderez quelques précieux objets dans votre mallette telle que votre vieille pétoire. Enfin, la carte vous servira bien évidemment à vous rendre d'un lieu à l'autre.
Sin Poulets
Ce qui vous frappera, ce sera le style choisi tout en noir et blanc. Malgré tout, de rares couleurs viendront accentuer certaines parties comme le rouge (dans ce cas, comment ne pas faire référence à Sin City). Et comment oublier les yeux de la belle Natacha Catzenco ? Bien que nous soyons principalement sur des décors fixes, ceux-ci offrent un rendu exceptionnel et nous servent une ambiance plus qu'appréciable pour un polar. Parfois, quelques jeux de lumière viendront encore renforcer l'ambiance du lieu ou la pluie battante qui accentuera cet aspect sombre à l'histoire. Côté ambiance et visuel, il n'y a rien à redire pour le genre, c'est du tout bon. Il est donc aisé de s'immerger dans cet univers si particulier. Côté technique, compte tenu du type de jeu, il n'y a ni besoin d'évoquer le framerate ou encore la fluidité (bien évidemment, tout tourne parfaitement bien) puisque nous sommes la plupart du temps sur des plans fixes.
Mais le tour de force réside dans son écriture. Tout est soigné aux petits oignons. Le doublage (uniquement en anglais) y contribue beaucoup. D'excellente qualité, on ressent aisément l'état d'esprit du personnage ou bien sa personnalité. Vous remarquerez sans mal le côté cynique de Sonny par exemple. Comme nos protagonistes sont des animaux, il n'est pas rare que les réflexions sur ce qu'ils sont fusent. Ainsi, malgré une ambiance parfois sombre, l'humour contrebalance très bien en forçant les clichés que l'on connaît sur les différents animaux. Une telle qualité d'écriture doit être soulignée. Mais ce n'est pas tout, les musiques quant à elle, jazzy la plupart du temps, viennent encore enfoncer le clous concernant l'ambiance et l'immersion. De ce fait, difficile parfois de se décoller de l'écran tant on veut poursuivre l'intrigue.
