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Brigandine : The Legend of Runersia

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Brigandine : The Legend of Runersia

Par C-Ptique - Le 26/06/2020 à 10:00

Plus de 20 ans après la sortie du jeu de stratégie Brigandine: The Legend of Forsena, le studio Happinet sort sa suite, The Legend of Runersia en exclusivité Nintendo Switch. Mieux encore, le studio est parvenu à embaucher du beau monde afin de travailler sur le projet comme le scénariste Kenji Terada (Final Fantasy 3, Batman : Dark Tomorrow…), le chara-designer Raita Kazama (Xenoblade Chronicles…) ou encore le compositeur Tempei Sato (série Disgaea…). Tous les ingrédients sont là pour faire un jeu réussi, il est temps de voir le résultat.

6 factions, 1 destin.

Dans Runersia, un continent imprégné de mana, une sorte de force magique, un homme a voulu autrefois parcouru toutes les terres connues pour récolter le plus de mana afin d’avoir la connaissance. La contrepartie, c’est que sa connaissance a permis la création de monstres, les 6 nations peuplant le continent s’en sont servis comme armes afin de réaliser des conquêtes. En plus, le livre rédigé par cet homme qui récapitulait toutes ses connaissances a été perdu.

Nous en arrivons à l’époque du jeu. 6 nations se partagent Runersia et chacune n’a qu’une idée en tête : tout envahir. Chaque pays voit en effet les autres comme des rivaux. En début de partie, il nous faut choisir entre le royaume de Norzaleo, la République de Guimoule, la tribu Shinobi, le Saint-Empire Gustava, la Théocratie Mana Saleesia et les Îles Unies de Mirelva. Chaque faction dispose de son propre scénario mais tous tournent autour d’un même fil conducteur, ce qui permet d’avoir plusieurs points de vue lorsqu’on rejoue. Une cinématique s’enclenche après chaque tour afin d’en savoir plus sur l’histoire de notre faction, ce qui permet de tirer le fin mot de l’histoire.

Par exemple, en incarnant la République de Guimoule, on s’inquiète de l’extension du Saint-Empire Gustava qui a annexé une partie du royaume de Norzaleo. Pire, la Théocratie Mana Saleesia était notre allié jusqu’à ce qu’elle renvoie un diplomate tué, la situation est tellement grave que l’épée des anges est apparue dans l’Église de la capitale alors qu’elle n’apparaît que lorsque le pays est en grand danger. L’épée a choisi Jill, la potentielle nouvelle présidente qui est une célèbre danseuse dans la vie professionnelle. Autre exemple, la Théocratie est le royaume le plus prospère du continent mais le pouvoir est divisé entre les sectes Zai et Mohana qui sont rivales, ce qui est prétexte à toutes les disputes. Alors quand le souverain est assassiné par le chef de la secte Mohana, la secte Zai soupçonne la République d’avoir aidé les Mohana, surtout qu’elle semble se préparer à la guerre. Dernier exemple, dans le Saint-Empire Gustava, un homme fait du trafic illicite d’artefacts car l’Empire est réputé pour son manque de culture, surtout que contrairement aux autres factions, il n’est pas dirigé par un Brigandine (ce qui selon eux réduit les risques de corruption), la famille Gustave dirige l’Empire et profite de sa position de force pour s’étendre sur tout le continent.

Au final, on l’a deviné, chaque pays a ses propres raisons de partir en guerre. Il faudra donc savoir jouer ses pions pour avoir le contrôle total du continent. La partie n’est perdue qu’après avoir perdue notre dernière base.

Il est dommage en revanche qu’il n’y ait aucune interface diplomatique. Les 6 pays semblent être en état de guerre permanente entre elles. On peut les attaquer comme bon nous semble mais les autres aussi. Du coup, il est difficile de savoir qui attaquera le prochain et nos troupes sont facilement dispersées.

En avant vers la victoire !

Comme souvent avec les jeux de stratégie, Brigandine possède deux interfaces principales : la carte générale et le champ de bataille. Sur la carte, le jeu fonctionne selon des saisons ayant chacune deux phases, une phase d’attaque où on peut préparer une quiche envoyer les troupes attaquer des bases ennemies et une phase d’organisation où on se prépare pour la prochaine attaque. Durant cette dernière, on peut entraîner ses unités, les disposer dans telle ou telle base et les préparer à l’attaque ou à la défense. Lorsqu’on a donné les ordres, ceux-ci sont exécutés à la fin de la phase d’attaque et si on croire des unités ennemies d’une façon ou d’une autre, une bataille s’engage.

Pour attaquer, il faut faire déplacer des troupes d’une de nos bases vers une base ennemie adjacente. Sur chacune d’entre elle, on peut voir le nombre de légions et le nombre de monstres affectés. Souvent, si on est supérieur en nombre, on peut remporter la victoire.

Notre armée est distinguée en légions contenant des soldats, des cavaliers et/ou des monstres. Un commandant est adjoint à chaque légion, on peut changer le nombre d’unités mais les monstres ne peuvent pas se déplacer seuls. Autre point important à gérer : si on transfère des troupes vers une autre base, on ne peut pas leur demander d’attaquer avant le tour suivant.

Il y a également des points de magie qui entrent en compte pour savoir combien de cavaliers et de monstres on peut embaucher dans chaque légion, cela dépend du commandant qui la dirige. Bien sûr, chaque unité demande plus ou moins de points en fonction de ses dégâts sur le champ de bataille.

Il est vraiment dommage que l’interface soit une vraie galère à utiliser. Au lieu d’avoir un seul tableau où on peut visionner ses unités avec une partie où recruter et où attendent les unités en attente, il faut se diriger vers un tableau dédié pour le recrutement, puis se rediriger vers le précédent tableau pour l’affecter. Même chose avec les monstres qui ont droit à leur propre interface pour être invoqués. Ça et d’autres points encore rendent l’interface lourde et non-évidente à utiliser. Elle aurait gagné à être simplifiée et mieux organisée.

La réalité du terrain.

Lorsqu’une bataille se déroule, on se rend compte que certaines unités s’en sortent plus ou moins en fonction du terrain. Certaines s’en sortent mieux dans les plaines, d’autres sur les terrains accidentés, d’autres encore dans les marais ou les forêts… Il y a des unités volantes qui non seulement peuvent traverser divers obstacles (rivières, ravins…) et qui ne subissent pas de pénalité de terrain, mais en contrepartie, ils n’en tirent pas non plus des avantages et sont très sensibles face aux archers. Par ailleurs, chaque unité a ses spécialités, les licornes guérissent, les Saints-Eléments peuvent faire des attaques sur une longue ligne droite, les cyclopes empoisonnent et les Dragons font de gros dégâts mais il faut faire attention à ne pas avoir d’allié sur son chemin au risque de leur faire aussi du mal.

Par ailleurs, le terrain peut vite nous jouer des tours. Il peut y avoir un pont enjambant une rivière, ce qui veut dire que les unités terrestres ne peuvent traverser qu’en file indienne, les unités à l’avant qui sortent les premières du pont sont donc particulièrement vulnérables tant que l’intégralité des troupes n’est pas passée.

Petite caractéristique de Brigandine, chaque attaque provoque une contre-attaque de la part de l’adversaire et c’est valable aussi bien pour nous que pour l’ennemi d’en face. À chaque attaque, il faut donc calculer si l’attaque portée vaut le coup  de prendre le risque ou non. Le seul moyen d’éviter cette contre-attaque est d’utiliser des attaques à base de magie mais bien évidemment, elles consomment des points de magie et on ne peut pas s’en servir de façon illimité pendant une bataille.

Une unité peut passer entre deux unités ennemies s’il y a au moins trois cases de distance entre elles, autrement, le passage est bloqué. Et c’est le problème : l’IA semble être consciente du problème et ne laisse jamais ses troupes se disperser, ce qui fait que les batailles tournent rapidement au bourrinage où tout le monde se regroupe au même endroit et où tout le monde se tape dessus.

Lorsqu’on déplace une unité, tant qu’elle n’a pas attaqué, on a la possibilité de la faire revenir à son point de départ et de recommencer, ce qui est très appréciable et permet de perfectionner sa stratégie, surtout que les déplacements se font en hexagones comme dans les derniers Civilization. Lorsque l’unité est battue, si elle est une unité « normale » alors elle est seulement KO pour le reste de la bataille et reviendra pour la prochaine, tout le contraire des monstres, il faudra en recruter de nouveaux pour assurer la relève. Il est possible de les ressusciter mais il faut d’abord avoir une pierre de résurrection.

Pour remporter la victoire dans une bataille, il faut soit vaincre toutes les unités ennemies, soit faire fuir tous les commandants ennemis. Ça vaut aussi pour nous pour perdre une bataille. Mais attention, si les commandants ennemis fuient, on a certes gagné la bataille mais ça veut aussi dire qu’ils vont se regrouper dans une autre base qui sera du coup plus difficile à prendre.

À l’issue de chaque bataille, les unités gagnent de l’expérience et montent progressivement en grade (plus de santé, plus de magie…). Il est possible pour leur en faire gagner de les envoyer accomplir des quêtes pour avoir des récompenses ou de les envoyer s’entraîner, dans un cas comme dans l’autre, elles seront indisponibles pour une saison. On peut aussi les faire changer de classe, mais dans ce cas, elles repartent tout en bas de l’échelle.

7
Brigandine : The Legend of Runersia est classique mais efficace. Le jeu apporte quelques nouveautés bienvenues dans un jeu de stratégie comme le déplacement hexagonal ou les contre-attaques et il est indéniablement réussi au niveau de sa direction artistique. Mais il manque d’un brin de créativité dans ses mécaniques car il n’apporte rien de vraiment neuf dans le genre. L’absence d’une interface diplomatique pour traiter avec les autres pays et l’absence de traduction française, même dans les sous-titres, limitent aussi son intérêt. Cependant, si on parvient à surmonter le manque de clarté de l’interface, il offre tout de même au joueur un bon moment, au moins pour patienter jusqu’au prochain gros titre.

  • Les points de vue des différents pays abordés.
  • Des mécaniques intéressantes comme les contre-attaques.
  • Graphisme et direction artistique très soignés et détaillés.
  • Musiques superbes…
  • … Mais qui tournent trop vite en boucle.
  • Interface confuse.
  • Pas de doublage, ni de sous-titre français (mais un doublage chinois si ça vous intéresse).
  • Un aspect diplomatique aurait rajouté un peu de piment.

C-Ptique

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