Nintendo Switch

Bloodstained : Ritual of the Night

Test Switch

Bloodstained : Ritual of the Night

Par ggvanrom - Le 02/07/2019 à 22:21

Bloodstained : Ritual of the Night est un jeu qui a su prendre son temps. Après un financement Kickstarter ayant permis de récolter 5,5 Millions de dollars pour la réalisation de ce projet, le bébé de Koji Igarashi a essuyé reports, arrivées et départs de membres du développement et critiques des joueurs après la mise en ligne de la première version alpha jusqu’à arriver à ce mois de juin 2019 et la sortie du jeu. Successeur spirituel des Castlevania 2D est-ce que l’attente en valait la peine ou allons nous subir une déception comme pour le regretté Mighty No 9 ? La réponse ci-dessous.

Test réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur

Une Angleterre en proie aux démons

L’histoire de Bloodstained : Ritual of the Night prend place dans l’Angleterre du 18ème siècle ayant échappé à une invasion de démons une dizaine d’année avant le début de l’histoire. Alors que la paix semblait revenue, voilà qu’un immense château surgit de nulle part, entraînant au passage la sortie de coma de Miriam, qui se révèle être un Cristalliseur. Sans entrer dans les détails, un Cristalliseur est un être humain pouvant catalyser les pouvoirs démoniaques à l'aide de cristaux implantés. La cause de l’arrivée de ce château et des créatures démoniaques qui s’en échappent ? Gebel, seul Cristalliseur encore en vie au même titre que Miriam, ayant décidé d’en finir avec l’Humanité.

Aidée de ses amis et de personnes qu’elle rencontrera durant son aventure, Miriam va donc se lancer à la conquête du château pour en défaire ses occupants et tenter de ramener son ami à la raison. Pour cela, elle devra compter sur ses propres aptitudes physiques, et surtout sa capacité à cristalliser les pouvoirs des démons pour se les accaparer. De l’aveu de Koji Igarashi, Bloodstained : Ritual of the Night se veut être une suite spirituelle à Castlevania : Symphony of the Night, mais emprunte également beaucoup à Aria of Sorrow et Order of Ecclesia.

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes

Si vous êtes un fan de la licence Castlevania quand elle était encore en 2D, vous ne devriez avoir aucun mal à retrouver vos marques. Vous évoluerez dans un château et ses environs constitués d’une multitude de tableau, chacun d’entre eux étant remplis de pièges et d’ennemis en tous genres. Comme tout Metroidvania qui se respecte, certaines de ces zones ne vous seront accessibles qu’une fois un pouvoir bien spécifique débloqué, ce qui vous fera enchainer de nombreux allers-retours dans les entrailles du château. 

Afin de se défendre, Miriam aura accès à un large catalogue d’armes allant de la dague à l’épée longue en passant par le fouet ou même le pistolet. Chacune ayant leurs propres mooveset il vous faudra apprendre à bien les maitriser pour venir à bout de la vermine qui traine dans les couloirs. Elément qui rappelle forcément Aria of Sorrow et Order of Ecclesia, vaincre des ennemis nous permet de temps en temps de les cristalliser pour s’accaparer leurs pouvoirs, comme de la magie élémentaire, des invocations d’armes ou encore des familiers. Ces pouvoirs s’utilisent moyennant des PM qui se rechargeront automatiquement ou en récupérant du Mana en détruisant les nombreux objets destructibles du décor.

Bien que plus vraiment humaine, Miriam n’en reste pas moins de chair et de sang, de ce fait la mort peut la frapper à tout instant lorsqu’elle croise un ennemi. Pour retarder l’échéance (parce que fatalement ça vous arrivera), vous pourrez l’équiper de diverses pièces d’armure, et utiliser des potions récupérées dans des coffres ou achetées à la revendeuse dans le village aux pieds du château.

Conçu comme un Castlevania à l’ancienne, tout game over entrainera le retour de Miriam au précédent point de sauvegarde, et toutes la progression faite que ce soit en matière d’XP ou de récolte d’items sera définitivement perdue. Il ne tient qu’à vous de prendre vos précautions avant de partir à l’assaut quand on sait que ces fichues salles de sauvegardes peuvent être sacrément espacées et que les ennemis réapparaissent sitôt une salle quittée. Le mieux à faire en début de partie est de prendre vos marques lentement mais surement, partir avec un bon stock de potions de soins, et enchainer les monstres de base pour engranger de l’expérience, monter de niveau et accroitre ses capacités.

L’Artisanat : Plus qu’un métier, une nécessité

Bloodstained applique la même formule que dans Castlevania concernant ses ennemis. Une fois ces derniers défaits, ils ont un % de chance de faire tomber un objet plus ou moins rare. Item de soin, pièce d’équipement, parfois même armes. Et à d’autres occasions, ils laissent tomber des objets inutilisables tels quels. C’est là que Arvantville sera d’une aide précieuse, QG de base de vos alliés et des rares survivants de la ville, vous pourrez vous réapprovisionner en matières premières et en items variés auprès de l'exorciste Dominique. A l’extérieur vous aurez également un paysan qui vous proposera de planter vos graines pour récupérer un nombre non négligeable de légumes et autres féculents.

Et bien sur, votre ami Johannes, alchimiste de son état vous permettra de créer et d’améliorer armes et équipement si vous avez suffisamment de matériaux et des schémas récupérés dans le château pour les construire, mais également d’améliorer vos cristaux magiques pour les rendre toujours plus puissants. A cela s’ajoute également une option intéressante : la préparation de plats. Si ces derniers vous permettront de régénérer plus ou moins de santé et de vous donner quelques légers bonus, le principal atout est qu’à chaque ingestion d’un plat nouveau, Miriam se voit bénéficier d’un gain de statistique permanent. Donc pour éliminer les démons, pensez à avoir la panse pleine.

Si vous cherchez également un moyen de gonfler la durée de vie du titre et de récupérer des objets utiles au passage, une habitante dans la maison vous proposera d’éliminer des monstres spécifiques contre récompense, une religieuse vous demander des objets pour décorer les sépultures des défunts, victimes des démons, et une grand-mère vous demandera de lui apporter des plats avant son trépas. Dispensables en soi, ces quêtes seront tout de même très pratiques pour récupérer de rares items.

Une évolution classique mais tirée par les cheveux

Dans sa construction, Bloodstained n’est pas différent des Castlevania de l’époque. Myriam commence son aventure dépourvue de tout pouvoirs, et vous allez donc parcourir les nombreuses zones du château pour récupérer un maximum d’items, de cristaux de pouvoir, et vaincre les boss des zones pour vous approprier leurs capacités uniques tels que le double saut ou encore la possibilité de traverser les murs. Bien sûr les zones ne seront pas toutes accessibles d’office et il vous faudra nécessairement un pouvoir clé pour pouvoir avancer à tel ou tel endroit, ce qui vous vaudra de nombreux aller-retour dans les différentes ailes du château.

Bien qu’il ne soit pas désagréable de se déplacer dans cette gigantesque bâtisse, je n’ai pu m’empêcher de pester à plusieurs reprises contre le jeu, de par la logique des développeurs pour nous amener à penser où aller une fois l’objectif actuel complété. Le jeu n’étant pas coupé en chapitre, il s’agit d’une action continue, et à plusieurs reprises je me suis retrouvé à faire 4 ou 5 fois le château dans tous les sens car je ne trouvais pas comment accéder à une zone spécifique. L’exemple le plus parlant étant un des niveaux se passant sur un train, mais dont l’accès est fermé par un portique de sécurité. Pour le passer, il fallait comprendre que la solution était d’aller voir un bibliothécaire à l’autre bout du château qui faisait jusque-là office de simple PNJ, pour qu’il nous annonce pouvoir nous faire un titre de transport. 

De la même manière pour débloquer une des différentes fins du jeu, nous avons besoin de passer une salle remplie de pics, qu’il est possible de traverser qu’en utilisant une pièce d’équipement unique qui se trouve une nouvelle fois à l’exact opposé de notre zone de recherche, dans une zone où il faut plus compter sur la chance qu’autre chose pour pouvoir mettre la main dessus. Ces rares instants (au nombre de 3 personnellement) m’ont fait passer 3-4 heures à errer dans les couloirs. Certes ce n’est jamais chose perdue, après tout nous engrangeant de l’expérience, nous ramassons des cristaux, et il y a suffisamment de secrets disséminés dans les murs pour limiter la casse.

Comme indiqué un peu plus haut, Bloodstained n’est pas un jeu à fin unique. Si vous vous obstinez à foncer au sommet éliminer votre ami comme vous lui aviez promis jadis, vous finirez avec un gout de victoire amer, ainsi qu’un écran de game over. Il y a en réalité moult actions à réaliser afin de voir ce qui se cache dans les murs du château, et pouvoir débloquer la vraie fin du titre. C’est notamment en cherchant cette fin que vous en apprendrez un peu plus sur les différents protagonistes, les éléments narrés dans les livres que vous retrouverez çà et là, et surtout les motivations de chacun depuis l’apparition du château. Pour ma part, il m’a fallu compter une douzaine d’heures pour en voir le bout, sans compter les pièces secrètes qui n'apparaissent pas sur la map, et les différents boss secrets vous offrant des items très utiles pour crafter les équipements ultimes, et les 13 DLC gratuits promis par l'équipe de développement après la sortie du jeu, dont 2 nouveaux personnages jouables et de nouveaux modes de jeu.

L’aspect technique coagule sur Switch

Avec les sorties multiplateforme, on se sent toujours un peu obligé de regarder les performances des versions autres que la Nintendo Switch, et Bloodstained ne déroge pas à la règle. En matière de spécificité techniques, si la version PS4 arrive à tourner à 60 fps et supporte l’affichage 4K, la version Switch quant à elle culmine à 30 FPS et un affichage à 720p. Si vous êtes de ceux qui n’ont pas de quoi comparer et que vous avez une unique version Switch, en soi l’expérience reste tout à fait jouable, mais force est de constater qu’il y a un pont entre les deux versions. En revanche là où le bât blesse, c’est au niveau du framerate de la version Switch, car en plus de se limiter, ce dernier a également de gros soucis de stabilité dès qu’il y a un peu de mouvement sur l’écran. Sur 2 boss de fin notamment, le jeu a été bloqué à 15 FPS tout le long des combats, rendant l’expérience extrêmement désagréable.

La punition s’applique également au niveau des textes, je ne sais pas si c’est une convention pour les jeux issus de financement participatifs, mais la ponctuation c’est un vrai festival à chaque fois. Du texte qui sort de la bulle de dialogue, les quelques coquilles qui trainent, et surtout cette manie de mettre trois espaces après une apostrophe, ou les points de suspension à mi-hauteur de texte. A noter que ces soucis ne se retrouvent pas dans les manuscrits que l’on ouvre dans les bibliothèques… en revanche dans ces dernier il manque parfois des espaces entre les mots, et ce n’est même pas une histoire de justification de texte. Nous passerons également rapidement sur le doublage du jeu, si le doublage japonais tient la route et la distribution des rôles plutôt logique, le doublage anglais est à mes yeux (ou oreilles en l’occurrence) de bien moins bonne facture, que ce soit en terme d’équilibrage audio, ou tout simplement le jeu d’acteur.

Concernant les environnements en eux-même, le jeu est plutôt réussi, on évolue dans un environnement en 2,5D qui nous offre des effets visuels plutôt sympathiques, et les environnements offrent des styles et des palettes de couleurs suffisamment différents pour se repérer aisément sans sortir la carte toutes les deux minutes, et les musiques du titre collent parfaitement à l’ambiance pour profiter de l’expérience au maximum. Point noir en revanche du côté de l’animation des personnages semblant dater du siècle dernier, ou de leur chara design à proprement parler qui manque d’inspiration à 1 ou 2 exceptions près. A noter cependant que Miriam est largement personnalisable grâce aux différents accessoires qui changent son modèle 3D, mais aussi la possibilité de changer de peau, de coiffure et même d’yeux en parlant à un PNJ en particulier.

En matière de bestiaire l'équipe de n'est pas moquée de nous avec un total de 127 démons. Allant de la simple chauve-souris aux dragons, en passant par les créatures sous-marines, chaque zone du jeu propose ses propres échantillons d'ennemis à occire. Même si l'on compte quelques Color Swap pour augmenter le contenu, le tout est suffisamment consistant, sans compter le fait que chacun d'entre-eux drop des items ainsi que des cristaux de pouvoir. Les amateurs du 100% pourront donc s'en donner à cœur joie. Sans compter la présence d'un compendium et d'un listing complet des créatures pour en apprendre toujours davantage sur le jeu.

En plus des soucis de performances cités plus haut s’est ajouté également un autre bug fâcheux qui se déclenchait en mettant à jour le jeu en version 1.0.1 sur une partie déjà commencée. Ce dernier ouvrait les coffres verts contenant des items bien spécifiques pour avancer dans l’aventure. Sans lesdits items, impossible de finir le jeu et obligation de redémarrer une nouvelle partie. La seule solution à l’heure actuelle est simplement de mettre le jeu à jour avant de commencer l’aventure. A cela s’ajouteront également des freezes intempestifs, des chargements de certaines zones très longs, ou encore le jeu qui crash sans raison apparente en parlant à un PNJ. Le tout entache forcément l’expérience de jeu, mais les équipes de développement indiquent être actuellement entrain de confectionner un patch apportant aux possesseurs de la version Switch le confort de jeu qu’ils méritent. Ce qui ne serait pas du luxe quand on sait que les ventes des versions Switch sont plus élevées que les ventes des versions PS4 et Xbox One réunies…

7.5
Bloodstained : Ritual of the Night est un titre qui nous promettait beaucoup de choses lors de son annonce et qui nous a donné bien des sueurs froides durant ses longues années de développement. Une fois le titre en main on ne va pas se mentir le jeu est perfectible sur bien des points, mais le contenu est bien présent, le bestiaire fourni et les sensations des Castlevania d'antan sont là. Maintenant que le jeu est sorti, Koji Igarashi va pouvoir se concentrer sur la stabilisation de la version Switch via de futures mises à jour, ainsi que le déploiement des 13 DLC gratuits promis. Comptez entre 10 et 15h de jeu en fonction de votre habileté pour accéder à la véritable fin du jeu, et si vous optez pour remplir 100% de la carte et obtenir tous les items existants, armez-vous de patience !

  • Les sensations des Castlevania 2D sont bien là
  • Miriam est rigide mais la prise en main se fait plutôt bien
  • Les armes et les différents moveset
  • Les équipements et leurs nombreux effets
  • 10-15h pour en faire le tour en normal
  • Le contenu à venir via des DLC gratuits
  • Le château est rempli de pièces secrètes et d'items cachés
  • Un environnement en 2,5D convainquant
  • L'animation des personnages datée
  • Le doublage vocal anglais
  • La traduction française maltraitée sur bien des points
  • Le framerate inconstant
  • Les crash intempestifs
  • Des mécaniques d'évolution dans le château parfois floues