Nintendo Switch

Bad North

Test Switch

Bad North

Par Mimir - Le 26/01/2020 à 12:00

Sorti en 2018 sur une poignée de plateformes, Bad North a traversé les mois pour débarquer sur Nintendo Switch dans sa toute fraiche et reluisante édition Jotuun... à l’été 2019. Développé par Plausible Concept et édité par Raw Fury, Bad North présente toutes les caractéristiques d’un roguelite qui se veut moins punitif qu’un roguelike traditionnel, avec des niveaux générés de manière procédurale pour que chaque partie soit une redécouverte, et des personnages qui une fois mort... le restent. Pour ne rien gâcher, les joies du temps réel viennent mettre un peu de pression au joueur qui voit le sang couler à loisir… C’est déjà de bon augure.

Le roi est mort...

Les armes vikings sont passées par là, et c’est bien connu, ce peuple-là ne fait pas dans la dentelle. Le royaume est attaqué de toutes parts, et c’est au fils qu’il revient de reprendre la main, de reconquérir les terres et de repousser l’envahisseur. C’est à peu de choses près tout ce qu’il y a à savoir sur le fil rouge de Bad North, car hormis ce détail, rien ne sera raconté au joueur tout au long de son aventure. Aussi, si vous recherchiez un jeu qui relate une histoire, vous pouvez d’ores et déjà passer votre chemin, car vous serez déçu. En revanche, si ce que vous recherchez est bel et bien un jeu de stratégie en temps réel, que le blabla qui enrobe le tout vous indiffère, alors peut-être Bad North est-il taillé pour vous.

Si vous aimez les longues traversées, vous serez servi. Votre partie débutera sur une carte en 2D tout à fait classique. Vous commencez tout à gauche et, vous l’aurez deviné, vous devez aller tout à droite. Entre ces deux points que tout oppose, une multitude d’îles se présenteront sur votre route, îles qu’il vous faudra défendre au prix du sang. Toutefois, il vous sera techniquement impossible de toutes les visiter. Plusieurs chemins s’ouvrent à vous, et faire un choix dans une direction vous éloignera fatalement de l’autre voie. Il faut donc très légèrement anticiper votre parcours, car si vous n’avez pas le visuel sur toutes les îles à venir, noyées dans un brouillard, les plus proches sont visibles et confèrent quelques indications de première importance.

Vous verrez ainsi le type d’ennemis que vous y rencontrerez, la configuration des lieux, c’est-à-dire si l’île est plutôt plate ou sillonée de reliefs, si elles comportent beaucoup de maisons ou non. De même, des récompenses diverses seront symbolisées par un simple symbole pour des objets, ou bien des étendards pour les escouades.

L’ennemi vient de la mer

C’est bien connu, pour faire la guerre, il faut des hommes et de l’or. Et pour avoir des hommes et de l’or, il faut faire la guerre. Vous amorcez donc votre reconquête avec une escouade de 9 hommes, qui se compose d’un commandant et de ses 8 soldats. Au fil de vos explorations, vous pourrez porter secours à d’autres escouades qui vous rejoindront dans votre lutte, et c’est ainsi que vous verrez votre nombre grandir. Si vous pouvez recruter autant d’escouades que rencontrées, vous ne pourrez en mobiliser que 4 par île. Vous devrez donc composer avec un groupe restreint pour faire face à l’envahisseur qui vient de la mer.

Les Vikings accosteront en groupe de taille variable, de un à plus d’une dizaine de guerriers par embarcation. Vous les verrez émerger du brouillard de guerre qui borde l’île que vous défendrez, de sorte à les voir ni trop tôt ni trop tard, pour peu que vous ayez pris soin de dézoomer. Car si vous devez vous contenter d’une vue de dessus pour gérer la bataille, vous pouvez pivoter la caméra pour observer l’île sous toutes ses formes et aussi régler le niveau de zoom, aux boutons ou à l’aide du tactile bien intégré. Cela n’est pas anecdotique : de près, il est plus facile d’observer le déroulé d’un combat et ainsi voir qui a l’avantage sur qui afin de prendre les décisions qui s’imposent, mais c’est aussi le risque de manquer les embarcations qui arrivent. Et clairement, laisser les Vikings poser un pied sur un bout de l’île si vous en êtes à l’autre extrémité, même si les terres sont plutôt petites, peut causer des ravages.

Les brutes n’hésiteront pas à incendier les maisons et réduire en charpie un bataillon isolé et oublié. Sachant que la seule ressource pour alimenter et renforcer vos troupes est l’or, or que vous remportez en fonction du nombre d’habitations encore debout à l’issue de votre victoire, vous comprendrez qu’il vaut mieux les préserver. Cela est d’autant plus vrai que vos escouades ont parfois besoin d’un peu de repos. Vous croiserez le fer avec des ennemis pour le moins redoutables qui peuvent raser un bataillon mal engagé. Mais tant que votre commandant survit, vous pouvez l’envoyer récupérer dans une maison et ainsi le voir ressortir tout fringant avec un bataillon tout beau tout neuf. Et quand on sait qu’un commandant mort le reste, et avec lui l’escouade, vous apprendrez à prendre soin. Ce ressourcement a toutefois un prix : le temps.

Stratégie en temps réel

Les combats se déroulant en temps réel, c’est un luxe dont on ne dispose pas toujours. Eh oui, vous n’avez pas tout le loisir de réfléchir. Vous devez prendre des décisions rapidement et juger en un éclair quelle escouade est la plus à même de vous sortir du marasme. La sélectionner, profiter d’une pause active durant laquelle vous pouvez switcher d’une escouade à l’autre d’une simple pression sur la gâchette (et accessoirement réfléchir), et l’envoyer sur les lieux à proximité du groupe à décimer. L’escouade se chargera du reste : elle combattra de manière automatique l’ennemi et le poursuivra sur une petite distance s’il prend la fuite. À vous ensuite de tirer parti des capacités de vos unités, des objets à votre disposition et de la géographe de l’île…

Vous ferez face à des ennemis basiques, des archers, d’autres équipés de boucliers, certains avec une force qui vous éjecte sans mal quelques soldats d’un coup d’épée, et d’autres avec une portée et une capacité à causer la mort telle que vous tremblerez en les voyant arriver. Dit, comme ça, vous n’avez aucune chance de victoire. Heureusement, vous avez des atouts.

Commencez par spécialiser vos soldats parmi les 3 classes proposées. Des combattants armés d’une épée et d’un bouclier, des lanciers et des archers, chacun avec des caractéristiques propres. Les boucliers peuvent bloquer des attaques ennemies, notamment les flèches, et les épées leur confèrent une bonne attaque. Les lanciers eux sont taillés pour tenir les positions et empêcher les ennemis de progresser. Sans surprise, les archers excellent pour attaquer à distance et vider les barques ennemies avant même qu’elles n’atteignent la côte.

Et c’est en combinant les caractéristiques de chacun, alliées à leurs compétences (pluie de flèches, charges de lancier…) que vous pouvez débloquer moyennant finance, que vous viendrez à bout de l’envahisseur. Exemple de coup classique : bloquer le chemin avec les lanciers pendant que les archers décochent tranquillement leurs flèches. Et si cela ne suffit pas, pourquoi ne pas faire sauter votre escouade d’épéistes du somment d’un relief pour empaler proprement vos cibles ? Si toutefois les armes conventionnelles ne suffisent pas, alors vous avez toujours moyen de recourir aux objets que vous obtiendrez au cours de vos pérégrinations, qu’il s’agisse de pièges où d’effet bonus comme l’augmentation de la taille d’une escouade ou l’accroissement du gain d’or. Certaines combinaisons sont d’ailleurs terriblement efficaces. Un groupe d’archers avec un trait de départ augmentant leur vitesse déplacement, associé à une augmentation de la taille de l’escouade… Autant dire que peu d’ennemis posent pied-à-terre.

Mais parfois il n’y a pas d’autres choix que de se réfugier à l’autre bout de l’île ou dans un renfoncement d’une falaise pour échapper au pire et revenir à la charge au moment opportun. Jouer avec la géographie du terrain est donc indispensable pour décrocher la victoire, et le tout est assez intelligemment fait, d’autant plus que les îles sont générées de manière procédurale. Aussi, vous aurez parfois des îles parfaitement plates, qui vous laissent donc plus à découvert, et d’autres très escarpées qui peuvent vous offrir des opportunités, mais dont les chemins parfois tortueux et longs augmentent les délais d’intervention de vos troupes.

Mais il ne faut pas se mentir, parfois ça ne suffira pas, et la fuite, même si elle n’est pas glorieuse, permet de survivre. Vous pouvez donc abandonner l’île à tout moment à son triste sort en empruntant les embarcations ennemies arrivées sur vos côtes. Une bonne idée, d’autant plus que les barques doivent correspondre en taille à ce qu’il reste d’hommes dans votre escouade. En revanche, cela traduit aussi une difficulté, si ce n’est aléatoire, en dents de scie. Des îles se boucleront sans grande peine, alors que d’autres seront une véritable épreuve. Heureusement, il est tout à fait possible de recommencer une bataille mal engagée, et des points de passage vous permettront de conserver votre progression. Et, bien sûr, vous pouvez choisir le niveau de difficulté.

Épuré d’un bout à l’autre

Vous n’avez d’ailleurs pas beaucoup plus d’options ni de fonctionnalités. En vérité, Bad North est un jeu simple de prime abord, et dans tous les sens du terme. Vous ne serez pas noyé sous les menus, sous les multiples possibilités d’évolutions de vos escouades ou de vos objets. Vous vous contenterez de payer un peu d’or pour les rendre plus puissants. Et c’est tout. Livré à vous-même sur une île, vous ne croulerez pas non plus sous une myriade de compétences à activer pour livrer bataille. Les mécaniques du jeu reposent essentiellement sur l’observation et l’anticipation : voir quel type d’ennemis arrivent, leur nombre et le lieu où ils accosteront, et même lesquels arriveront en premier, ceci afin d’établir votre stratégie au mieux, disposer vos quelques pièges et profiter du terrain quand il le permet. Le jeu évolue donc assez peu, si ce n’est en termes de difficulté.

Visuellement aussi la simplicité est de mise. Les environnements sont sobres, les couleurs un brin pastel, vos unités sont de petits soldats sans visages… et l’ensemble fonctionne très bien. C’est harmonieux, c’est propre, c’est clarinette. Le sang versé vient colorer les côtes pour amener un peu de gaieté. C’est un bon sans fautes auquel les effets météo amènent un petit plus entre pluie, neige et orage. Certaines îles auront inévitablement un air de déjà-vu, même sur une même partie, mais en soi ce n’est pas très dérangeant.

Le tout est accompagné d’une musique discrète et de bruitages de qualité. Entendre le cor sonner, annonciateur de l’arrivée de l’ennemi, fait son petit effet. L’ensemble crée finalement une atmosphère plutôt bien menée. En bref, vous êtes prêt à faire la guerre.

7
Bad North est un jeu trompeur. S’il semble simple à appréhender de prime abord, rapidement on se rend compte qu’il fait appel à plus d’exigence qu’on ne le pensait. Anticiper son parcours sur la carte est indispensable, de même que déterminer les meilleures unités à employer en fonction des ennemis que vous rencontrerez, tout en tirant parti de la géographie de l’île, le tout en temps réel. Malgré la pause active, vous devrez donc rapidement prendre des décisions pour rencontrer le succès. D’un autre côté, ce parti pris de la simplicité apparente au profit d’une réflexion accrue peut rendre les parties assez répétitives sur le long terme, du fait du manque d’option proposée. Ce sera donc à chacun de déterminer ce qui lui plaît le plus. Toutefois, on n’aurait pas dit non à une petite histoire, même anecdotique, racontée au gré des îles, qui aurait peut-être permis aux joueurs de s’y aventurer avec plus de conviction. On pleurera aussi l’absence d’un mode multijoueur, qu’il soit local ou en ligne, d’autant plus que je le jeu aurait pu parfaitement s’y prêter. Malgré cela, Bad North n’en reste pas moins un jeu intelligemment pensé.

  • Simple, mais profond
  • La direction artistique épurée et efficace
  • Les bruitages au poil
  • Le concept adapté au tactile
  • Une difficulté qui s'adaptent à tous les âges
  • Profond, mais simple
  • Répétitif par nature
  • Ne raconte rien
  • Pas de multijoueurs
  • De rares plantages
Pas d'images pour ce test.