Ce qui est bien avec les jeux indépendants, c'est qu'ils sont libres de ne pas écouter nos attentes, de faire preuve d'une créativité rarement vue dans une industrie souvent attachée à ses codes. Alors quand on est face à un OVNI comme Astlibra Revision, un jeu qui a pris quelques décisions inhabituelles, il est normal de se demander si c'est du lard ou du cochon. Bonne surprise ou pétard mouillé ? Découvrons cela sans attendre.
Test réalisé d’après une version fournie par l’éditeur
Projeté dans l'inconnu
Notre histoire commence lors d'une nuit d'orage, alors qu'un jeune garçon et une jeune fille fuient leur village, attaqué par des démons. Courant pour leur vie, il suffit d'un moment d'inattention, et tout devient noir. Le jeune garçon se réveille seul, l'esprit embrumé, dans une cabane inconnue. Tout est calme, et personne n'est présent à des kilomètres à la ronde, à l'exception d'un corbeau parlant et amnésique. Tous deux cherchant à fuir ce purgatoire désert dont ils ne savent rien, ils finissent par se mettre en quête de la vérité sur les événements mystérieux qui se sont passés et le sort de la jeune fille. Sans succès. Il se passera 8 ans avant qu'ils ne tombent sur la moindre présence humaine... ou hostile. Mais une fois leur épopée lancée, et un mystérieux artefact en leur possession, les choses s'enchaînent très vite, et les deux amis sont emportés dans une quête qui transcende leur destinée. Au sens propre.
Astlibra Revision est un RPG d'action en vue de côté, à la manière d'un Castlevania classique, avec des combats hyper dynamiques et un système de progression libre. Fruit évident de plusieurs inspirations, c'est un jeu qui a passé près de 15 ans en développement par une petite équipe dédiée qui a fait tout son possible pour équilibrer les différents systèmes qui régissent l'expérience. Et il y a de quoi faire ! Avec des niveaux, des compétences, des attaques spéciales, une grille de progression, du craft, de la récolte, des quêtes secondaires et tout le tintouin, Astlibra Revision est un titre qui voit grand, et qui se donne les moyens de réaliser ses ambitions.
Commençons par le commencement : le titre est donc un RPG d'action en 2D. Vous explorerez des donjons un peu tarabiscotés, mais pas trop, vu qu'il n'y a pas de carte, et surtout, vous découperez du monstre en rondelle par dizaine. Le système de combat est très dynamique, vous proposant d'attaquer autant que vous voulez et de bloquer entre les attaques au début. Rapidement, vous débloquerez la capacité de faire un pas en arrière qui vous rend intangible l'espace d'un instant, de bloquer instantanément, ou même d'effectuer des super attaques et des magies pour finir par faire des combats tout aussi dantesques que jouissif, et punir les ennemis vous ayant donné du mal auparavant est toujours un délice. Un système qui, donc, sait évoluer, et ce tout au long du jeu, grâce à plusieurs systèmes qui s'imbriquent. Attention ça devient technique.
Des systèmes dans des systèmes, au service de votre fun
Le premier système de progression est une classique montée de niveau, durant laquelle vous distribuerez des points de stats. Jusque là, c'est facile. Vous pouvez monter votre attaque, votre défense, votre magie, votre vitesse, vos HP ou votre chance, qui régit ce que vous pouvez récolter d'un adversaire tombé au combat, ainsi que la quantité de points d'expérience engrangée, mais aussi votre adaptabilité, qui décide de certains de vos mouvements en terrain difficile. Mais vos stats monteront bien plus grâce au deuxième système, une sorte de sphérier dont vous pourrez acheter les cases grâce à des objets donnés par les monstres. Il vous demandera de fouiller un peu partout sur sa grille pour trouver des clefs qui libéreront des passages vers la suite, ou même vers des nouvelles attaques spéciales. Le dernier système de renforcement décide de vos capacités. Vous avez un certain nombre de points à allouer à des capacités glanées ça et là, y compris en portant du nouvel équipement souvent, et ces pouvoirs vont du double saut au fait de pouvoir voir les barres de vie ennemies, ou même de pouvoir bloquer instantanément. De quoi vous garder occupé, et surtout personnaliser votre style de combat.
La personnalisation est le mot d'ordre, d'ailleurs, vu que vous êtes encouragé à changer souvent d'arme, d'armure et de bouclier, autant d'éléments qui vous apprendre des nouvelles compétences, mais qui changeront aussi votre façon de jouer grâce à leur portée, à la vitesse qu'elle vous confère ou vous enlève, et aux boosts apportés. Mais obtenir ces équipements ne se fera pas sans récolter l'argent nécessaire, mais aussi les matériaux demandés par le vendeur. Ces objets de craft se trouvent sur les monstres, bien entendu, d'où l'utilité de monter votre chance, mais aussi sur les points de récoltes dédiés. Et avec les objets que vous n'utiliserez pas pour votre équipement, vous pourrez confectionner toute sorte de choses, comme des objets de soin puissants, des clefs pour offrir des coffres ou d'autres ressources utiles pour de la fabrication avancée. La dernière surprise est un système étrange de balance qui vous offrira des effets bénéfiques en fonction des objets placés dedans et de leur poids. Ouf...
Vous devrez mettre le nez dans ces systèmes de toute façon, car à partir du mode normal, Astlibra Revision ne prend pas de gants, et vous mettra face à des situations où votre habileté sera mise à l'épreuve. Sachant que les objets ne s'utilisent pas immédiatement, mais demandent une période de calme sans se faire toucher pour fonctionner, impossible de foncer dans le tas sans réfléchir. Vous devrez apprendre les signes révélateurs des mouvements des monstres, savoir bloquer, exploiter les frames d'invincibilité de vos attaques magiques, qui sont faites pour, et faire preuve de patience pour triompher de boss faisant bientôt tout l'écran. Si le grind n'est jamais de mise, il pourra vous aider en cas de gros coup dur, ce qui fait deux bonnes nouvelles ! Quel plaisir quand même, de se trouver face à un jeu qui respecte son joueur. Mais pas d'inquiétude, vous pouvez baisser la difficulté à tout moment si vous regrettez vos choix de vie. Dans le jeu, hein!
Un look inhabituel
En parlant de choix, l'histoire de Astlibra ne vous en laissera pas, et propose une trame des plus classiques, même si le jeu a tendance à trop de se prendre au sérieux par moments, avec son générique qui revient à chaque fin de chapitre, son mélodrame semi-psychologique, et ses personnages ayant tous des secrets sombres et enfouis. Toutefois, on ne sombre pas dans le nanar grâce à quelques touches d'humour et d'autodérision, et un fil principal qui tient bien la route. C'est un peu un film d'auteur du jeu vidéo, aux inspirations multiples donnant un résultat qui a un goût de déjà-vu tout en restant unique... et qui ne plaira peut-être pas à tout le monde. Et encore moins à ceux qui ne parlent pas anglais. Et non les amis, pas de français pour vous, il faudra vous contenter de la langue de Shakespeare. Mais pas d’inquiétude, vous finirez par tout comprendre, ce n'est pas de la haute littérature.
Un vrai point de contention pourrait être les graphismes. Mélange étrange de prises de vue réelles et de dessins, certains pourraient les trouver carrément amateurs, et d'autres très réussis, mais ils ne vous laisseront pas de marbre. En tout cas, ils donnent une vraie identité visuelle au titre. La bande-son contribue elle aussi à cette identité un peu étrange, préférant les morceaux rythmés typés rock aux musiques d'ambiance la plupart du temps, un peu à la manière des derniers Ys. Une musique qui colle aux combats dynamiques et au lattage de monstres par dizaine qui se produit régulièrement, d'ailleurs. Des combats qui réussissent à faire tomber la framerate de temps en temps, d'ailleurs, même si cela reste rare. Le tout reste quand même très bien ficelé, et fonctionne le plus souvent comme il le faudrait.
