Les détectives célèbres ne font pas seulement fureur en romans, au cinéma ou sur le petit écran, ils sont également présents en jeu vidéo. Hercule Poirot en fait partie et il débarque aujourd’hui dans The ABC Murders adapté du roman A.B.C. contre Poirot. Sorti originellement en 2016 sur PC, Xbox One et PS4, le voici qui débarque à présent sur Switch. Mais il n’est pas le premier, le détective belge parviendra-t-il à se démarquer ?
Une lettre d’un mystérieux inconnu.
C’est un beau jour d’été. Hercule Poirot et son assistant, le capitaine Hastings, se reposent dans leur bureau. Un instant paisible interrompu par l’arrivée d’une lettre signée par un certain ABC et qui dit de prêter attention aux événements du 21 dans la ville d’Andover (à l’ouest de Londres). En pareille situation, personne n’accorderait d’importance à ce qui ressemble à un troll du 19ème siècle et c’est ce que font justement Poirot et Hastings. Grave erreur, car un meurtre se produit ce jour-là dans la ville désignée. Poirot est alors immédiatement appelé par Scotland Yard pour enquêter sur les lieux.
Une fois sur place, après avoir fouillé les lieux, obtenu des indices et fait des déductions, il s’avère que le mystérieux ABC est derrière le meurtre, et ce malgré le montage pour accuser d’autres personnes. Plus tard, une autre lettre sera envoyée par le même ABC pour prévenir d’un autre meurtre. Cette fois, il devient clair que le meurtrier joue avec Poirot et veut mettre ses méninges (et ses nerfs) à rude épreuve, le fil rouge de l’aventure sera de l’arrêter avant qu’il ne termine ses plans.
On retrouve dans le titre toute l’ambiance typique des Hercule Poirot : des meurtriers froids et calculateurs, un Hercule Poirot distingué, réfléchi et un brin arrogant, les milieux bourgeois et aristocrates de l’Angleterre du début du 20ème siècle, etc… On retrouve même quelques gags comme Poirot qui refait sa moustache devant les miroirs ou ses taquineries envers Hastings. Sur ce point, le jeu est une réussite et peut se révéler être une bonne porte d’entrée pour se plonger dans les œuvres de la Reine du Crime.
Une seule fausse note concernant le scénario, au bout de quelques heures, le jeu nous montre dans une cinématique le fameux ABC dans sa vie quotidienne. Ce qui est surprenant, c’est qu’il n’est même pas caché dans l’ombre ou un élément du décor, on le voit de façon nette sans laisser de place au doute, et ce avant même que Poirot (et donc nous) ne soit parvenu à déterminer qui est le coupable. Cela détruit toute la tension et à partir de ce moment, il faut bien avouer que notre enquête perd quelque peu en intérêt.
Sherlock Holmes, quand tu nous tiens.
The ABC Murders fait dans le classique mais efficace, même si on peut reprocher par moments son manque d’audace. En effet, le déroulé du jeu consiste à se rendre sur les lieux du crime, inspecter les alentours, résoudre des énigmes, écouter des témoignages et faire des déductions. Il n’y a pour ainsi dire aucune scène excentrique qui s’éloignerait de ce schéma qui nous ferait sortir de notre routine comme une course poursuite ou des phases de tirs, ce qui est un peu dommage.
En revanche, le jeu a du mal à dissimuler son inspiration de la série vidéo-ludique Sherlock Holmes sans qu’il ne parvienne toutefois à se glisser à la hauteur ou à s’en détacher pour avoir sa propre force. Ainsi, contrairement à son collègue britannique, Hercule Poirot opte pour un schéma plus dirigiste. On sait immédiatement quand on fait des erreurs et on a tôt fait de se corriger pour revenir sur le droit chemin, ce qui nous amène fatalement à la désignation d’un seul et même coupable et rend les enquêtes un peu fades.
Cette influence de la série de Frogwares se ressent notamment durant les phases de déductions où il faut imaginer le profil et la méthode du meurtrier à partir des indices collectés. On le perçoit aussi pendant les interrogatoires où on peut profiter de moments où le personnage est occupé pour l’observer et obtenir des indices sur sa personnalité, ce afin de déduire la crédibilité de leur témoignage.
Cependant, la faute n’est pas totalement à rejeter sur Artefacts Studio puisqu’à l’époque, Agatha Christie avait créé son héros en s’inspirant largement du détective de Baker Street, il paraît donc logique que leurs points communs se retrouvent dans leurs aventures vidéo-ludiques.
Faisons travailler nos petites cellules grises.
Il faut reconnaître que la difficulté est bien dosée. Les énigmes ne sont ni trop évidentes, ni trop difficiles, ce qui fait qu’on avance sans grande complication tout en ayant envie de poursuivre. Par ailleurs, il faut se montrer rusé face à certains témoins qui refuseront, de leur plein gré ou non, de coopérer en trouvant un moyen de pression ou de leur venir en aide. Par exemple, le premier témoin de ce genre est l’épicière voisine de la victime, comme elle refuse de révéler ce qu’elle sait, il faut fouiller dans la boutique pour se rendre compte qu’elle avait des dettes envers la victime, ce qui lui donne un mobile parfait pour l’accuser. Bizarrement, elle délie ensuite sa langue.
Les doublages français sont corrects dans l’ensemble, même si certains passages sonnent un peu faux, faute de raccords entre les interventions. Mais on peut regretter que les cinématiques et les dialogues soient encombrés par les notifications qui nous annoncent que l’on a gagné un trophée. Pour le coup, étant donné que le jeu est dirigiste et qu’en plus, ils sont internes au jeu, ces trophées sont totalement inutiles. Ils permettent certes de débloquer des bonus mais cela aurait pu très bien se faire en terminant des niveaux par exemple.