Nintendo DS

99 Seconds

Test DS

99 Seconds

Par everred - Le 23/07/2012 à 01:18

Attendu on ne sait trop pour quelle raison avec une impatience quasi mystique chez quelques joueurs avides d'OVNI (objets vidéoludiques non-identifiés), 99 seconds débarque enfin dans nos vertes contrées. Si vous espériez une dissertation sur l'ampleur artistique du travail de EnjoyUp, c'est râpé : vendu sur l'eShop en tant que Dsiware au modeste prix de 2 euros, 99 seconds est si minimaliste, que réussir à en faire un test avec plus 99 mots relèverait presque de l'exploit !

 

Le titre de 99 Seconds fait à la fois référence à une idée de gameplay originale et au temps que le développeur a passé à coder le jeu, seul dans l'obscurité torride de sa cave espagnole sous la menace d'un éditeur pressé à l’œil inquisiteur. Aux commandes d'un vaisseau humanoïde (enfin chacun y verra ce qu'il veut...) vous évoluez dans une sorte de grand néant blanchâtre et interminable tandis que des blocs de formes distinctes défilent pour vous nuire. L'idée est bien entendu d'esquiver ces formes le plus longtemps possible afin de décrocher le high-score. Évidemment, c'est plus facile à dire qu'à faire car les formes bougent parfois sur elles-mêmes et sont souvent plus rapides que notre véhicule. Anecdote curieuse, alors que notre vaisseau est doté d'un skin plutôt épais, il a en réalité une hitbox riquiqui située sur le point rouge en son centre. Cela dit, rien de très baroque jusque-là.

La véritable singularité du titre découle en réalité de deux petites mécaniques intelligentes et relativement bien utilisée. La première vient de l'immortalité totale de l'avatar du joueur durant les 99 premières secondes de jeu. En effet, durant ce laps de temps où le chrono défile sur l'écran tactile, vous pouvez vous empêtrer dans tous les obstacles venus, sans que cela ait pour autre conséquence que de les rendre statiques. Par contre, qui dit obstacles statiques dit aussi score qui arrête de monter jusqu'à leur remise en mouvement. Ceci mis à part, c'est toujours mieux que la mort non ? Parce qu'une fois ce délai dépassé, c'est ce qui risque de vous attendre au moindre choc... La deuxième originalité vient du pouvoir dont vous disposez durant votre invulnérabilité. Une simple pression sur n'importe quelle touche vous permettra de progressivement ralentir jusqu'à même faire revenir en arrière, tous les blocs à l'écran (évidemment le temps du chrono n'est pas affecté). Un renouvellement de codes classiques plutôt agréable donc.

Et c'est déjà là que s'arrête la maigre liste des qualités de 99 seconds. Car sa jouabilité, pourtant pas plus nulle qu'une autre, est suppléé entre autres par une dimension esthétique carrément douteuse. Certes, un vaisseau aux contours verts qui avance sur un fond blanc avec des obstacles noirs, ça évite les confusions et les erreurs de jugements dans le feu de l'action. Seulement, était-il vraiment nécessaire de pousser le vice jusqu'à en arriver à cette absence totale de design caractéristique d'un immonde jeu flash en pré-alpha du siècle dernier ? Le plus absurde étant d'ailleurs qu'une fois les 99 secondes d'immortalité passées, tant que vous ne récupérez pas de bonus à même de vous faire bénéficier d'un rab de 9 secondes supplémentaires, votre vaisseau, le fond et même les objets à éviter changent entièrement de couleur et passent au rouge, ce qui rend difficile de juger où se trouve précisément notre hitbox, un sentiment très désagréable surtout quand la difficulté monte. De plus, ce n'est qu'un détail, mais les motifs qui apparaissent en gris sur les obstacles sont vraiment laids. D'autre part les deux seules musiques qui égayeront (ou pas) vos parties sont, en plus d'être vite répétitives, de composition franchement assez inégale.

Mais le pire n'est même pas encore là ! En effet, le jeu peut en plus se targuer d'avoir une espérance de vie à tout casser de 30 minutes ! Il n'y a aucun niveau à finir, et en pas loin de 99 secondes (oui, c'est facile de compter du coup) vous aurez déjà vu l'ensemble des motifs possibles que peuvent prendre les obstacles pour vous défaire. Niveau renouvellement de l'expérience de jeu, c'est sensiblement le degré zéro. Pour tout dire, sans être franchement féru de ce type de jeux, il m'a fallu 5 essais pour décrocher le meilleur score en mode facile. J'aurais bien tenté ensuite sur les modes normal et difficile, mais à quoi bon ? A part la vitesse à laquelle les barricades viendront vous obstruer le passage (et encore ce n’est pas flagrant) l’expérience est strictement identique ! En difficile, on en vient même à pester contre la vitesse particulièrement lente du vaisseau qui force à abuser de notre pouvoir chrono kinésique, ce qui créé une cacophonie autant sur le plan visuel qu'auditif puisque la musique hésite entre accélérer ou ralentir et le décor entre se teindre de bleu ou de blanc cassé... Un régal. Un classement en ligne aurait pu donner un semblant d'intérêt à cette débâcle, mais comme de juste, il n'y en a pas.

4
On ressort de l'expérience que procure 99 seconds un peu perplexe. Il semblerait que EnjoyUp ne nous ait pas tant pondu un jeu que simplement un concept de jeu. On se retrouve donc face à un titre avec un gameplay honnête, mais qui est garni par du vide. Or, on aura beau dire, c'est tout de même très très léger. Comment alors définir 99 seconds ? Facile : un jeu ni beau, ni long et ni très intéressant. Alors c'est vrai qu'il ne coûte pas cher cependant, ça n'a jamais suffi à justifier la médiocrité.

  • Un concept de gameplay sympa
  • Pas trop trop cher
  • Tout le reste en fait !
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